Dialogue : C’est ça, le sankarisme? (humour)

Contrairement à certains de ses congénères, Maître Stanislas Bénéwendé Sankara est sans doute le médiaphile le plus futé et ne rate aucune occasion pour le faire savoir. Leader de l’Union pour la Renaissance, Mouvement sankariste, l’homme a maintes fois prouvé qu’il avait un «punch» politique appréciable. Mais le regroupement des mouvements qui se réclament du «sankarisme» dont on en attend le contenu réel semble causer problème aux différents acteurs de la «galaxie».
L’Union des partis sankaristes (UPS) semble avoir volé en éclats avec le retrait de l’ancien chef du Front des forces sociales (FFS). L’avocat pourra-t-il, cette fois, sauver une idée qui lui paraît si chère?
Le Front des forces sociales, c’était d’abord «sa chose»; façonnée, polie et mise en branle par ses soins. Le parti a pris du poids à la grande joie de Norbert Tiendrébéogo dont l’aura grandissait. Mais cela ne suffisait pas à la recherche de «bottes de sept lieues» pour aller à la conquête d’un fauteuil présidentiel. L’essai ne fut pas concluant, mais on sait qu’en politique c’est le premier pas qui coûte; l’on recommence…
De nombreux admirateurs des partis sankaristes se perdent en conjectures et se demandent pourquoi leurs leaders ne réussissent jamais à se mettre d’accord sur l’essentiel.
Bénéwendé et Norbert voudraient en débattre, mais…

Sankara: Ainsi dit, tu «largues» tout le monde, quoi!
Norbert: Non… j’ai mis tout le monde devant des faits réels!
Sankara: Je ne vois pas de quels faits tu veux parler!
Norbert: Nul n’ignore le poids du FFS dans la balance des mouvements sankaristes!
Sankara: Ni ton poids aussi, j’imagine? Non… ça ne se fait pas comme ça; cela rappelle des méthodes dépassées…
Norbert: Quelles méthodes? Les faits sont là!
Sankara: Ça rappelle les méthodes CDR! C’est fini, l’époque où un groupuscule décidait pour tout le monde…
Norbert: C’est pas le cas ici! Je demande seulement qu’on tire les conclusions…
Sankara: Oui, mais… toi, tu t’es livré à une plaidoirie «pro domo»! 
Norbert: C’est quoi, ça?
Sankara: En clair, on sent que tu vises quelque chose!
Norbert: Je ne sais pas si en plus de tes nombreux talents tu as le don de lire dans les pensées, mais moi, j’ai été assez clair…
Sankara: Aussi clair que profonde est la déchirure…
Norbert: Quelle déchirure? Chaque parti dispose d’une identité propre!
Sankara: Le hic est que tu as été élu sur une liste UPS!
Norbert: Et alors?
Sankara: Les efforts ont été communs, qui auront abouti à l’élection…
Norbert: Ah… et la personnalité du candidat, elle compte pour du beurre? L’écharpe-là, je ne l’ai pas acquise en bâillant dans mon salon!
Sankara: Reconnais au moins que l’unité des sankaristes s’en trouve ainsi retardée!
Norbert: C’est pas parce qu’on a trébuché qu’il faut arrêter la marche!
Sankara: Bien sûr qu’on va poursuivre; sauf que le train ne sera plus à l’heure…
Norbert: Mieux vaut tard que jamais! Présentement, les gens ont d’autres chats à fouetter…
Sankara: … d’autres «feuilles» à chercher, oui! D’ailleurs, le groupe parlementaire Alternance, démocratie et justice en a parlé; il faut que ça change…
Norbert: Oui, mais il faut apaiser le climat social…
Sankara: Il faut appeler les uns et les autres à plus de civisme, pour ne pas mettre la démocratie en péril…
Norbert: C’est que les gens ne sont pas d’accord sur les voies et moyens à adopter…
Sankara: Ce sont les épices de la démocratie! Mais il y a des règles à suivre!
Norbert: Ça, c’est un boulot de tous les jours…
Sankara: Et pourtant! Je pense que les leaders politiques, les dirigeants, doivent donner l’exemple…
Norbert: Tu oublies les masses?
Sankara: Bien sûr que non! Le peuple reste Grand jury et tranche en dernier ressort; sans appel possible…
Norbert: Ha, ha, ha! Ça, c’est quand il n’a pas faim! Autrement, on lui fait avaler même des couleuvres!
Sankara: Justement, il faut que le peuple prenne conscience de la valeur d’un bulletin de vote; qu’il sache que silencieusement, il peut tout changer…
Norbert: C’est une question de temps…
Sankara: On pourrait aller plus vite, pour peu que les hommes politiques acceptent le jeu démocratique dans toute sa plénitude…
Norbert: Tout le monde t’entende!
Sankara: En attendant, il nous faut explorer d’autres voies pour les sankaristes…
Norbert: Nous sommes toujours prêts pour le dialogue!
Sankara: Oui, mais y en a qui détestent les inépuisables dialogues perpétuels…

Propos recueillis, ý DagnoÎn, par JJ

Source : Le journal du Jeudi du 861 du 20 au 26 mars 2008 (voir à l’adresse http://www.journaldujeudi.com/861/fs_semaine_archive.htm). .

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