Le 18 octobre 1984, le président du Faso, le capitaine Thomas Sankara, présidait la cérémonie d’inauguration de l’entrée en production de la mine d’or de Poura, dans la province du Mouhoun. Retransmis par la Radiodiffusion nationale, cet événement, riche en discours et en symboles, a marqué un tournant décisif : après un siècle de pillage colonial, l’or de Poura entrait enfin dans l’histoire comme un bien du peuple, placé sous le signe de la souveraineté et de la justice sociale. Ce jour-là, l’or n’était plus destiné à engraisser les rapaces impérialistes, mais à devenir un flambeau pour nourrir la dignité et l’espérance d’un Faso debout. Nous remercions le service des archives de la radio et de la télévision burkinabè qui a accepté de nous le confier pour l’offrir au visiteur de notre site. Nous l’avons reçu en audio et le travail de retranscription a été réalisé par Joagni Paré. Vous trouverez le reste du reportage à https://www.thomassankara.net/inauguration-de-de-poura-18-octobre-1984-audio-retranscription/
La Rédaction du site.
L’audio du discours
Un extrait vidéo (L’extrait du discours de Thomas Sankara commence à la seconde 25, le reste traite de l’impact actuel sur l’environnement. Il s’agit d’un reportage de le RTB)
Le texte du discours retranscrit par nos soins
L’impérialisme, à bas!
L’impérialisme, à bas!
Les Alibaba, à bas!
Les chacals, à bas!
Les Alcapone, à bas!
“Camarades, c’est surtout aux camarades travailleurs de Poura que je voudrais m’adresser. Tout en saluant tous ceux qui sont venus de près ou de loin pour s’associer à nous dans cette fête, qui est la fête du peuple burkinabè, la fête du peuple à la conquête de ses richesses, la fête du peuple en train de démasquer ses voleurs, ses ennemis d’hier et de toujours. [Applaudissements].
Je ne voudrais pas faire de rappel historique, tant les camarades qui sont passés avant moi ont été brillants et éloquents là-dessus. Pourra est de nouveau une réalité. Mais quelle réalité? Une réalité désormais burkinabè. L’or existe au Burkina Faso. Les richesses existent au Burkina Faso, mais le Burkina Faso est pauvre. C’est là la contradiction. C’est là la preuve aussi que notre pays est un concentré de ces contradictions qu’il faut combattre.
Je sais que ces richesses posent des questions importantes, même des questions de survie et de sécurité pour notre peuple. Quand nous regardons les autres pays, à côté de nous ou plus loin de chez nous, nous comprenons que le malheur des peuples, et principalement le malheur des peuples d’Afrique du Sud – leurs malheurs proviennent essentiellement des richesses de leur sol et de leur sous-sol. Nous ne voulons pas que Poura devienne Soweto. Nous ne voulons pas que Poura devienne Copperville. Nous ne voulons pas de Katanga. Nous ne voulons pas de Kolwezi.
C’est dire que nous devons faire en sorte que cette richesse, que cet or, ce métal jaune, ce métal précieux, brille et serve le peuple burkinabè. Donc, nous devons être conscients qu’autour de cet or se disputent et s’entre-déchirent des forces diverses.
D’abord, il y a la réaction nationale, il y a la bourgeoisie bureaucratique, il y a aussi la petite bourgeoisie qui ensemble, essaient de faire de Poura leur affaire. Il paraît qu’à Poura, pendant que les mineurs transpirent à grosses gouttes, dans les fonds des mines, pendant que la silicose menace les poumons de nos mineurs – il paraît que certaines personnes ici, sortant de la piscine, enfourchent la voiture climatisée pour se retrouver en première dans les avions et aller discuter ailleurs de ce qui deviendra l’or de pourra. Je n’ai pas vu, c’est ce qui m’a été rapporté.
Il paraît aussi que certaines personnes ici ont compris que cette mine était leur affaire personnelle et ont essayé de recruter et ont recruté leurs oncles pour servir de chauffeurs, leurs tantes pour servir de secrétaires, leurs grand-mères pour servir de standardistes. Bref, tout leur village, c’est-à-dire leur électorat, peut servir de béni oui-oui.
Il paraît que l’ambition de certaines personnes ici était de fêter leur premier million, leur deuxième milliard. Bref, il paraît qu’il y a des gens riches à Poura. Très riches. Et qu’ils ne sont pas nombreux. Il paraît qu’ils ont des noms. Et il faudra appeler un chat, un chat! Il paraît même qu’ils ont inventé des fonctions d’assistant parallèle coordonnateur. On en reparlera. On en reparlera. Eh bien, il faudrait que tout cela prenne fin. Et il faudra que ce soit vous qui y mettiez fin. Nous avons fait — nous avons organisé les TPR à Ouagadougou. Nous avons organisé les TPR à Bobo Dioulasso. Nous avons organisé les TPR à Pô. Alors, à quand les TPR à Poura?
[La foule crie aujourd’hui! Aujourd’hui! Aujourd’hui!]
Merci camarades! Il paraît aussi que certaines personnes venues de loin, de très loin, d’au-delà des mers, ont apporté ici la science et le savoir-faire. L’exploitation de l’or. Mais alors, pour qui brille cet or-là? Et il semble que certaines personnes venues donc de très loin, avec un souvenir nostalgique de la Rhodésie du Sud, avec des épanchements pour l’Afrique du Sud, avec des alliances parentales au niveau de ceux qui décident des actions et des dividendes de Poura, il paraît que ces personnes-là viennent reproduire à Poura une vie, une vie anti-burkinabè, une vie qui offusque les masses populaires, une vie d’un passé révolu, d’un passé colonial.
Il paraît que certaines personnes ont été envoyées ici parce que, hier, la Haute-Volta, aujourd’hui le Burkina Faso, n’est qu’une colonie. Eh bien, là aussi, nous disons que les TPR, forme suprême de la justice populaire et révolutionnaire, forme inédite de cette justice démocratique, forme achevée de la loi des peuples contre les ennemis des peuples, les TPR sauront dire à chacun quelle est sa place. Il ne saurait y avoir deux foyers à Poura. Ils ne saurait… À partir d’aujourd’hui, toutes les popotes sont ouvertes à tous les travailleurs de Poura. Eh bien, s’il y en a qui ne veulent pas, s’il y en a qui ne veulent pas boire dans la même popote que le travailleur qui transpire et qui est recouvert de poussière, alors qu’ils aillent s’acheter une glacière et qu’ils aillent à Ouagadougou acheter la glace.
Et nous savons que les travailleurs de Poura sont des travailleurs vigilants. Nous savons que les travailleurs de Poura sont des travailleurs conséquents et révolutionnaires. C’est pourquoi nous disons que les travailleurs de Poura ne sont point des travailleurs racistes. Ils ne combattent point le Noir, ils ne combattent point le Blanc, encore moins le Jaune, le Vert, l’Orange et toutes les couleurs de l’arc-en-ciel. Les travailleurs de Poura combattent les voleurs, ils combattent les ennemis des peuples. Et lorsque les travailleurs de Poura apprennent qu’en Afrique du Sud, des mines, des mineurs se sont mis en grève, eh bien, ils sont eux aussi soucieux. Lorsqu’ils apprennent qu’en France, des mineurs se sont révoltés contre l’exploitation capitaliste, les travailleurs de Poura sont également inquiets. Ils se révoltent de concert avec les travailleurs du monde entier, depuis que notre peuple s’est réconcilié avec tous les peuples du monde entier, ils se révoltent contre le capitalisme sauvage international et pilleur. Ils se révoltent contre toutes les couleurs d’exploitation. Ils sont solidaires des Français et luttent contre les ennemis des Français, c’est-à-dire les Français qui exploitent les Français. Il faut le comprendre, il faut le savoir et comprendre que c’est là l’internationalisme prolétarien tel que nous l’a enseigné le grand éducateur du prolétariat, Lénine.
Eh bien, camarades, Poura doit être un baromètre de la révolution. Poura doit être également un baromètre de notre engagement aux côtés de tous les peuples, de tous ceux qui en ce moment luttent pour leurs droits. L’on nous parle de nouvel ordre économique international. Eh bien, nous disons que c’est la nouvelle mascarade internationale. Comment voulez-vous que des pays exploités, dominés, néocolonisés s’associent pour demander aux rapaces qui les exploitent, de bien vouloir répartir de manière équitable les richesses? Les richesses ne pourront se conquérir, ne pourront s’obtenir que par la lutte ardue. Les richesses ne pourront s’obtenir qu’en renversant l’ordre, l’ordre du pillage, c’est-à-dire par un combat conséquent, un combat révolutionnaire.
C’est pourquoi nous ne croyons pas, nous n’avons jamais cru, nous ne croirons jamais à un nouvel ordre économique international qui se discute dans les salons et dans les forums. Le nouvel ordre économique international se discute sur des chantiers comme Poura, là où quotidiennement, nous affirmons ce qu’est l’équité, l’équité des peuples.
Certes, nous avons besoin des autres peuples pour nous aider. Certes, nous avons besoin de leur technologie et de leur avance. Certes, nous avons besoin des moyens dont ils disposent et que nous n’avons pas encore. Mais à une condition, à la condition des partages égaux. L’ère des traités inégaux est révolue. Et ce sont des arènes, ce sont des chantiers, ce sont des terrains comme Poura, qui le démontreront et qui le démontreront de manière éclatante. C’est pourquoi nous avons confiance. Nous avons confiance que le monde entier, le monde qui suit avec beaucoup d’intérêt les luttes engagées ça et là pour libérer les peuples, le monde entier saura tirer profit de l’expérience que Poura donnera en partage à tous les peuples, tous les peuples travailleurs du monde.
Camarades, il y a aussi ceux qui s’opposent au peuple, ceux qui se mettent à l’écart du peuple par populisme, par gauchisme. Qu’est-ce que c’est que le gauchisme? Le gauchisme est une flore dangereuse qui pousse sur les mêmes terrains que la révolution, qui est arrosée par la même eau que l’eau de la révolution, qui se nourrit du même engrais que l’engrais de la révolution, mais qui, à la différence de la révolution, ne produit ni grèves nutritives… (applaudissements) ni fourrage utile. Au contraire, cette graine dangereuse sécrète une toxine.
C’est pourquoi il faut être conscient qu’existe le gauchisme. Ainsi donc, ils s’opposent au peuple parce qu’ils ont peur du peuple éclairé. Parce qu’ils ont peur du peuple révolutionnaire, ils monopolisent la science révolutionnaire. Privilégiés par le régime néocolonial qu’ils prétendent combattre, ils ont été à l’école et ont lu dans les bouquins. Ne retenant dans ces bouquins que la phraséologie, que la théorie et surtout la mystification, toutes tares qui permettent d’étouffer un peuple dans la marche radieuse vers ses acquis. Nous disons, attention! Il existe désormais une arme, une arme implacable contre ceux qui font obstruction systématique à la marche radieuse du peuple vers sa victoire. Tous ceux qui se seront montrés ingrats à l’égard du peuple, ils l’apprendront et à leurs dépens. Posez des questions à ceux qui l’ont déjà appris à leurs dépens. Vous en saurez davantage.
Il paraît donc que par gauchisme, c’est-à-dire, en dernière analyse par esprit petit bourgeois, esprit petit bourgeois résolument tourné vers les aspirations bourgeoises, certains éléments font tout pour détourner le peuple de ses luttes réelles. Ainsi donc, ils veulent que l’or de Poura soit partagé entre eux. C’est-à-dire qu’ils sont les alliés de ceux que j’ai dénoncés précédemment, ceux qui sont vautrés dans les piscines. En fait, ils veulent chasser ceux-là des piscines pour eux-mêmes aller barboter dans les piscines. Ce sont les mêmes caïmans de la même mare. Combattez-les. L’iguane est le frère cousin du caïman. Pas de pitié pour l’iguane.
Eh bien, ils estiment cela. Ils estiment que ce n’est pas encore la révolution au Burkina Faso. Évidemment, ça ne peut pas être la révolution pour eux, parce qu’ils ont peur eux-mêmes de la révolution. Ils veulent la révolution qu’eux vont conduire, c’est-à-dire la révolution qui va préserver leurs acquis et qui va permettre qu’eux aspirent et réalisent leurs aspirations bourgeoises. C’est cela qu’ils appellent LA révolution. Mais la révolution qui associe le peuple, un peuple qui est capable de comprendre et de dire qu’en fait, camarade, toi-même qui parles, tu ressembles à ces valets locaux de l’impérialisme. Ils ne veulent pas de cette révolution-là. Ils veulent de la révolution des sectes, la révolution qui se passe en vase clos, là où on terrorise les militants par le langage musclé, par les diktats et les oukases. Ils veulent également la révolution des sectes, là où on martyrise tous ceux qui veulent s’épanouir et s’ouvrir à la lutte des peuples. Ils veulent la révolution des sectes, des gangs, là où on agresse même physiquement ceux qui osent dire « Je ne suis pas d’accord ». Ils ne veulent pas de la révolution où existent la critique et l’autocritique. Ils ne sont pas révolutionnaires. Ce sont des pseudo-révolutionnaires. Ce sont des contre-révolutionnaires. Ils sont des ennemis du peuple parce qu’ils se mettent à l’écart du peuple et de ses droits. Ils se mettent à l’écart du peuple et de ses aspirations. Ils ont peur du peuple.
Mais camarades, il faut se dire que ceux-là utiliseront toutes sortes de méthodes d’intimidation. Ainsi donc, ils complexeront les militants sincères. Ils complexeront les militants de la RDP et leur feront croire qu’ils sont des égarés. Ils leur feront croire qu’ils n’ont pas le langage qu’il faut. Évidemment, quand l’on a passé des années à lire quelques tomes choisis – parce qu’on ne les a jamais tous lus, quelques tomes choisis – et lorsque l’on a retenu quelques bribes que l’on peut réciter en perroquets, eh bien, l’on peut se prévaloir de ce type de révolution. C’est donc dire que ces éléments-là, par gauchisme, qui s’attaquent au peuple, qui s’attaquent aux travailleurs, n’hésiteront pas à employer les méthodes que eux-mêmes condamnent. Se réfugiant derrière la lutte, derrière la défense des libertés démocratiques, ils attaqueront et assassineront la démocratie. Se réfugiant derrière leur engagement, derrière un purisme, un purisme circonstanciel, c’est-à-dire agissant en situationniste, ces éléments-là, ces éléments-là, camarades, n’hésiteront même pas à tendre la main, à prendre langue avec ceux qu’ils ont condamnés hier, avec ceux qu’ils ont combattus hier, parce que, se disaient-ils, ceux-là n’étaient que de vulgaires réformistes, des putschistes, des révisionnistes.
Aujourd’hui, la mano an la mano, ils s’en vont ensemble. Camarades, l’or de Pourra est un ordre révolutionnaire. C’est pourquoi quand on parle d’or de Poura, on ne doit pas se préoccuper seulement de savoir que dira la Bourse de Paris, que dira la Bourse de Wall Street ou de Londres. On doit se préoccuper de savoir qu’est-ce que l’or de Poura apporte de plus à la révolution. Eh bien, l’or de Poura doit briller, doit briller une lumière, d’une lumière éclatante, d’une lumière de clarification.
Oui, c’est vrai, la lumière de la clarification. Parce qu’il faut oser dire que certains éléments, vous les entendrez bientôt aboyer, vous les entendrez bientôt gribouiller sur des papiers, vous les entendrez bientôt, vous les lirez, vous les verrez bientôt parler de liberté démocratique menacée, alors qu’eux-mêmes n’ont jamais voulu donner la parole. Ils ont peur des CDR. Ils tremblent devant les CDR. Les CDR effrayent tous les faux révolutionnaires et bien sûr la réaction. Ils n’oseront jamais venir dans un débat démocratique dans un CDR. Par contre, dans les sectes, un peu comme un vaudou, ils n’hésiteront pas à chanter la messe, la messe macabre et sabbatique d’une contre-révolution en perdition.
Camarades, il y a aussi que ces éléments n’hésiteront pas à aller à la provocation. Eh bien, attention! Le CNR, par mansuétude politique, a permis à toutes les punaises, a permis à tous les cabris dangereux, perturbateurs dans les villages, de déranger les paisibles militants. Mais cette mansuétude a pris fin et depuis belle lurette. C’est pourquoi nous disons qu’à la provocation, nous répondrons par une réplique vigoureuse, implacable. Et ceux qui ne le croient pas, qu’ils essayent, ils verront. Eh oui, parce que nous sommes en terrain politique. Le mensonge sera démasqué et combattu. La calomnie sera démasquée et combattue. L’intoxication et la perturbation seront attaquées au lance-flammes, sans pitié.
Par contre aussi, nous serons prêts à tous les débats. C’est pourquoi nous tiendrons compte des critiques, même lorsqu’elles viennent de sectes, de sectes égarées. Nous tiendrons compte des critiques tant qu’elles peuvent servir le peuple burkinabè. Nous tiendrons compte de ces critiques-là sans nous laisser égarer, sans nous laisser entraîner également dans des faux débats, sans nous laisser également manœuvrer par ceux qui essayeront de mieux nous critiquer pour mieux nous avoir à leur cause. Nous tiendrons compte de tout ce qu’ils diront qui sera vrai. C’est-à-dire que nous saurons faire la part des choses entre le syncrétisme pur et le syncrétisme du crétinisme. Nous ferons la différence. Nous ferons la différence comme vous autres mineurs, vous savez faire la différence entre l’or et l’argent.
Eh bien, contre tous ces dangers qui guettent l’or de Poura, contre tous ceux-là qui rôdent autour de Poura, directeurs réactionnaires, affiliés, alliés, purs produits des partis réactionnaires dissous, ou bien expatriés venus faire du CFA dans les colonies, ou bien encore cadres petits bourgeois, sectaires, gauchistes et putschistes et populistes. Contre tous ceux-là, de quelle arme disposons-nous? Nous disposons de l’arme du peuple, l’arme invincible du peuple, le peuple qui s’exprime à travers les comités de défense de la révolution, les CDR. Le peuple qui fait confiance au CNR, parce que la victoire du peuple, c’est la victoire du CNR et la victoire du CNR, c’est la victoire du peuple. Les CDR à Poura doivent être organisés et mobilisés. C’est des partis de la torpeur. Les CDR doivent se dire que la révolution ne se mesure pas seulement au langage. La révolution ne se mesure pas seulement à la capacité de citer Lénine, de réciter Karl Marx et de montrer comment Engels a été conforme à Karl Marx. La révolution ne se limite pas seulement à montrer comment Trotsky a été combattu par Lénine, même si on n’a rien compris, même si soi-même, on ressemble à Trotsky. Les camarades doivent comprendre que la révolution et la lutte dans les CDR est une marche de courage. Oser entreprendre le dialogue, oser entreprendre le débat, oser lutter contre tous, réactionnaires de droite, réactionnaires de gauche, contre-révolutionnaires de droite, putschistes de gauche ou opportunistes du milieu. Il faut lutter contre tout le monde.
C’est pourquoi, En entendant tout à l’heure le camarade délégué CDR, j’ai éprouvé un sentiment de satisfaction parce que j’ai senti que le CDR de Poura est un CDR qui a besoin – nécessaire a dit un camarade, indispensable, j’ajoute – c’est un CDR qui a besoin de l’appui du peuple, de tous les peuples. Mais c’est un CDR qui a besoin d’une clarification. C’est un CDR qui a besoin d’un dynamisme. C’est un CDR qui a besoin d’aller un peu plus de l’avant. Le CDR de Poura ne doit avoir peur de personne. Le CDR de Poura ne doit avoir peur ni de celui qui dit que les gants et les bottes sont dans le bateau, ni de celui qui écrit qu’il faut lutter contre le régime néocolonial, qu’il faut lutter contre la bourgeoisie, alors que tout le temps, il est fourré dans le bureau du directeur pour demander des avantages, des stages et des indemnités… [Cris et applaudissements]
Camarades, je les connais. Je les connais, je les connais. Quand je parle, je les connais. C’est quoi? [Cris et applaudissements]. (Rires) Le CDR de Poura lutte pour le CDR de Poura et pour le peuple. Parce que le CDR de Poura doit comprendre et a compris du reste que l’ordre de Poura servira à donner du travail aux travailleurs qui sont ici, à leur créer des conditions décentes, à leur permettre un meilleur, un bonheur, mais également que l’or de Poura servira au peuple burkinabè. C’est cet or là qui va nous permettre, non seulement de respecter nos engagements vis-à-vis de tous ceux qui nous ont prêté de l’argent, ont mis leur argent ici, et en tout cas de nous permettre d’être encore plus libres et de dire à ceux-là : Écoutez, cher partenaire, voilà jusqu’où veut aller notre liberté et nous allons nous battre. Vous verrez, ils verront. Eh bien, le CDR de Poura doit savoir aussi que l’or de Poura servira à construire des écoles.
Camarades, les écoles… au peuple!
Les écoles, au peuple!
Les dispensaires, au peuple!
Les centres sociaux, au peuple!
Les écoles, au peuple!
Les lycées, au peuple!
Les collèges, au peuple!
L’université, au peuple!
Eh bien, l’or de Poura servira à tout cela. L’or de Poura servira aux populations, aux militants qui sont à Banfora. L’or de Poura servira à ceux qui sont à Gaoua. L’or de Poura servira à ceux qui sont à Dori. L’or de Poura servira à ceux qui sont à Pô. L’or de Poura servira à ceux qui sont à Kantchari, à Diapaga et puis aussi à nous qui sommes à Ouaga. L’or de Poura servira à tout le monde. L’or de Poura servira à tout le monde. Et Oui, et à ceux qui sont à Poura et à ceux qui ne sont pas à Poura, tant qu’ils sont pour la révolution du Burkina Faso. Même mieux, l’or de Poura n’hésitera pas à aller au secours des autres peuples, tant que cet or peut nous permettre d’avoir la possibilité de parler et de faire avancer la révolution. L’or de Poura sert à tous les peuples. L’or de Poura sert à la liberté et à l’indépendance.
Et puis, en disant cela, je veux vous assurer que le camarade ministre du Travail… Camarade, levez-vous, que l’on vous voit. Le camarade ministre du Travail suivra de très près le travail à Poura, fera en sorte que les travailleurs de Poura puissent s’exprimer, fera en sorte que les travailleurs de Poura puissent discuter de leurs conditions de travail. Tout en tenant compte de l’intérêt de leur peuple, eh bien, les travailleurs de Poura auront droit à la parole. Le directeur qui ne veut pas que le travailleur de Poura soit assis à côté de lui, le directeur qui ne veut pas que le chauffeur, que le planton, que l’ouvrier de Poura, soit dans la même salle que lui, eh bien ce directeur-là, il faut qu’il plie bagage. [Cris et applaudissements]
Où est-ce qu’il faut l’envoyer?
Où est-ce qu’il faut l’envoyer?
Où est-ce qu’il faut l’envoyer?
Où est-ce qu’il faut l’envoyer, camarades, ce directeur?
[cri de la foule…]
Eh bien, camarades, je vous dis une chose. En vérité, en vérité, je vous le dis ici, il y a des directeurs qui vont descendre à la mine avec les bottes comme de simples ouvriers. Le diplôme ne suffit plus.
[Cris et applaudissements].
Parce qu’il y en a qui croient que l’or s’extrait simplement en étant dans les bureaux climatisés. Ils vont aller extraire l’or aussi en bas. Eh bien, l’expatrié qui ne veut pas donner la parole à l’ouvrier analphabète parce qu’il estime que ces gens ne comprennent rien, que ce sont des pauvres nègres de Bougnoules, cet expatrié-là, s’il y a de la place dans le pointer et s’il a le temps, il ira prendre cet avion, s’il a le temps.
Les chacals, à bas!
Les vipères sournoises, à bas!
Les renards, à bas!
Les charognards pourris, à bas!
Les crocodiles galeux, à bas!
Les dindons gonflés, à bas!
Les pintades orgueilleuses, à bas!
Les pintades orgueilleuses, à bas!
Les margouillats affolés, à bas!
Les chacals, à bas!
Les hyènes, à bas!
Les Ali Baba, à bas!
Les Al Capone, à bas!
Les Ali Baba, à bas!
Les Al Capone, à bas!
Victoire, au peuple!
Dignité, au peuple!
Pouvoir, au peuple!
Amitié avec tous les peuples, répétez.
Amitié avec tous les peuples, répétez.
Amitié avec le prolétariat international.
Amitié avec le prolétariat international.
L’or, au peuple
L’or, au peuple!
Les richesses, au peuple!
L’or, au peuple!
Voilà!
La foule crie : La popote au peuple!
Sankara : Mais la popote vous appartient déjà. C’est à vous. [Cris et applaudissements] Qu’est-ce qu’il y a? Mais quand vous dites la popote, vous faites un combat arrière-gardiste. Quand vous dites la popote, vous faites un combat arrière-gardiste.
La foule crie: L’économat! L’économat!
Sankara : L’économat, c’est à vous, c’est au peuple. Qu’est-ce qu’il y a? On dit un chat, c’est un chat. J’ai déjà dit ça, c’est terminé. L’économat, c’est à vous. La popote, c’est à vous. Merci, camarades.


















