Par Merneptah Noufou Zougmoré
Le Panafricanisme est né hors de l’Afrique. Il a vu le jour dans les Antilles Britanniques et dans les Amériques. Ce courant idéologique va connaître des étapes et l’un des grands tournants fut le 5ème Congrès. Cette grande rencontre qui marque la passation du flambeau du panafricanisme à l’élite africaine a eu lieu du 15 au 19 octobre 1945 à Manchester en Grande Bretagne. Trois acteurs majeurs ont joué un grand rôle pour le succès de ce rendez-vous. Il s’agit de Georges Padmore, l’un des tenants du courant du panafricanisme. Kwamé Nkrumah jouera le rôle du secrétaire permanent du 5èmeCongres. Cette tâche lui confèrera le poste d’organisateur qui secondait Padmore pour les préparatifs de la rencontre. Le 3ème acteur TR Makonnen sera le bras financier qui a aidé à la tenue dans les bonnes conditions du congrès. C’est ce richissime qui a délié le cordon de la bourse pour que l’activité puisse se tenir sans encombre. A ce tournant du Manchester un manifeste parait et proclame : « Nous sommes résolu à être libre… Peuples colonisés et assujettis du monde, unissez-vous ». 90 délégués et 11 observateurs étaient présents.
La présidence du débat est assurée par WEB Du Bois, il est secondé par Padmore et James, tous deux leaders du mouvement. On constate la forte présence de l’Afrique de l’Ouest et les Antilles par-rapport à la partie orientale et australe du continent. Les États-Unis n’ont pas de représentants officiels parce que WEB Du Bois n’a pas pu obtenir d’aide financière pour permettre le déplacement des délégués des USA. Parmi les participants à ce congrès, un nombre important de leaders seront aux avants postes de la lutte pour l’indépendance de leurs pays. A titre illustratif, il s’agit de Kwamé Nkrumah du Ghana, Wallace Johnson de la Sierra Leone, de Obafemi Awolwo du Nigéria, de Jomo Kenyatta du Kenya de Hastings Banda du Malawi… Les rencontres panafricaines précédents le 5ème congrès avaient bénéficié du soutien de la classe moyenne des intellectuels formés dans les écoles des missionnaires mais au tournant du Manchester il y avait également les syndicats et la gauche estudiantine. Une absence remarquée a été celle des représentants d’organisations chrétiennes. L’une des grandes recommandations de Manchester était que les Africains s’organisent dans les partis politiques, dans les syndicats, dans les coopératives et d’autres organisations dans l’optique de la lutte pour l’indépendance politique et le progrès économique.
Dans le livre biographique de l’Anglais David Rooney, intitulé Nkrumah, L’homme qui croyait à l’Afrique, il indique à la page 28 que : « La première résolution formelle proposée aux délégués, rédigée par Du Bois, déclare que les peuples colonisés doivent choisir de lutter pour leur liberté, en employant la force si nécessaire. » Il souligne par-ailleurs dans la même page que : « Nkrumah est l’auteur de la deuxième résolution qui réclame l’indépendance pour tous les peuples colonisés afin de mettre fin à l’exploitation impérialiste, ce combat qui doit être appuyé par des grèves et des campagnes de boycott s’il le faut. » A l’issue des discussions, Padmore encourage les délégués à mettre en place une représentation permanente du congrès qui fusionnera avec le secrétariat nationale de l’Afrique de l’Ouest, une structure créée auparavant pour coordonner les actions en faveur de l’indépendance des territoires sous tutelle Britannique, Français, Belge. Wallace Johnson devient le président et Kwamé Nkrumah, le secrétaire général. Nkrumah dont le but du séjour en Grande Bretagne après le cycle universitaire américain était de poursuivre ses études, met ce programme en veilleuse pour se consacrer à l’activité politique de l’après congrès de Manchester. Pendant la période, il fait une excursion à Paris dans la capitale de la République Française pour vendre son idée de l’Union des Républiques socialistes de l’Afrique. Il rencontre deux grandes personnalités de l’Afrique Francophone de l’époque, Félix Houphouët Boigny et Léopold Sedar Senghor qui ont manifesté un désintérêt pour son offre.
Chaque génération comme le disait le clinicien de la colonisation, Frantz Fanon : « doit dans une relative opacité découvrir sa mission : La remplir ou la trahir ». Padmore, Du Bois, Nkrumah et les autres ont accompli leur mission, la génération présente leurs doit une fière chandelle mais pour qu’ils soient fières à leur tour de la nôtre, il faut que nous fassions le serment de poursuivre la lutte de l’émancipation de l’homme Africain ou tout simplement de l’homme noir.
Georges Padmore panafricaniste et marxiste. Il était présent au congrès de Cotonou organisé par les militants du parti du regroupement Africain (PRA) pour décider d’aller à l’indépendance ou de rester dans la Communauté Franco-Africaine. A cette rencontre tenu du 25 au 27 juillet 1958, l’option des participants étaient l’indépendance. C’est à Niamey quelques semaines plus tard que la majorité a reconsidérée sa position. Padmore y était pour soutenir la position des indépendantistes.
Merneptah Noufou Zougmore



















