Un journaliste français déclare avoir été manipulé par Guy Penne et les services secrets avant l’assassinat de Thomas Sankara

Dans le cadre des cérémonies de remise du prix Albert Londres, un échange avec des journalistes du Sud pa été organisé pour partager leurs expériences. Près de 600 personnes ont assisté au débat à l’Université Cheikh Anta Diop. Dans une intervention remarquée le journaliste François Hauter du Figaro a parlé des pressions dont sont victimes les journalistes. Nous en avons reçu la transcription suivante mais un passage en avait malheureusement été coupé. Mais selon plusieurs témoignages que nous avons recoupés par des personnes présentes à cette conférence, la personne dont il est question par la suite n’est autre que M. Guy Penne bien connu par les visiteurs du site. M. Guy Penne a été jusqu’en 1986 conseiller Afrique de François Mitterrand, un poste qu’il a cédé à Jean Christophe Mitterrand, le propre fils du président français  pour devenir sénateur des français de l’étranger. Le quotidien dakarois Le Matin daté des 10, 11  et 12 mai 2008 relate ainsi le témoignage de François Hauter : «Il a raconté une expérience personnelle liée à la manipulation dont il a été l’objet de la part d’un collaborateur de Mitterrand, (NDLR Guy Penne), et qui sachant que le Burkina Faso était un pays où il devait mener ses investigations, l’a préparé à se faire une mauvaise idée sur celui-ci. Edifié sur cette première description, il a rendu compte dans ses papiers du régime Sankara d’une manière telle qu’il se croit, suite à l’assassinat de ce dernier survenu quelques semaines plus tard, le « pion » manipulé par les hautes sphères tapies dans l’ombre pour réussir un coup d’éclat contreu n audacieux capitaine doublé d’un arrogant jeune homme ».

Une partie des propos de François Hauter  retranscrits telle que nous les avons reçus avec un enregistrement vidéo : «

«  Les pressions dont d’origines industrielles, financières etc. Vrai, c’est des pressions des actionnaires des journaux, soir des grands groupes financiers. Aves l’expérience je me suis rendu compte que la manipulation est à chaque instant. Pendant mon séjour à Washington où j’étais correspondant au Figaro, la maison blanche par exemple à l’époque de Georges Bush p-re tende faire….

Coupure…

On ne propose jamais à un journaliste de rencontrer un chef des services secrets. Oui, l’amiral Lacoste à l’époque m’appelle le surlendemain à la maison de la direction des renseignements généraux pour me proposer de rencontrer le chef des opérations africaines. J’accepte de le rencontrer dans un café avenue Georges Pompidou. De là on, me dépose dans un air dégouté un dossier sur la table en me disant « j’ai reçu un ordre ». Nous allons vous laisser lire ce dossier, faites-le. On passe rarement des fiches de renseignement à un journaliste. Je lis le dossier et je tombe sur des exactions du chef des services des services secrets burkinabé qui était un malien. Il se comportait au Burkina Faso comme une sale brute dans un pays où les populations n’avaient jamais connu de tortures pour des raisons politiques. Celui-là se faisait des exactions extravagantes, je vous passe les détails parce que c’est épouvantable. Tout ça c’est triste… il y avait des numéros. Je n’avais pas de preuves de ça. J’en ai parlé avec Guy Penne… J’ai eu envie de lui balancer à la figure (NDLR : pas très clair dans l’enregistrement) . J’ai été manipulé dans cette affaire de façon horrible. Je vous donne cet exemple, il est le plus dramatique que j’ai vécu. Je pense pas que la seule façon pour aujourd’hui nous les jouirnalistes, c’est de nous tenir à une éthique, à une colonne vertébrale et de faire attention aux conséquences de tout ce qu’on peut écrire. »

 

Ci-dessous l’article paru dans le numéro 140  de l’hebdomadaire L’Evènement qui a attiré notre attention et qui nous a donné envie d’en savoir un peu plus.. Les responsables du journal ont reconnu une erreur sur le fait que le journaliste n’était pas de l’Expansion mais du Figaro

BJ

 

 


 

La mauvaise conscience d’un confrère français

Source : http://www.evenement-bf.net/pages/lucarne_140.htm

"Médias et pouvoirs : l’indépendance des médias au XXIè siècle, regards croisés Nord-Sud", c’est le thème d’une conférence-débat organisée à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar dans le cadre des activités du prix Albert Londres. Devant près d’un millier d’étudiants et de scolaires, un confrère de L’Expansion a fait la confession suivante : " J’ai le sentiment qu’on m’a utilisé pour assassiner Thomas Sankara." Quand Guy Penne vous appelle pour, dit-il, vous filer un tuyau et que par la suite, il vous met en contact avec un responsable des services secrets qui vous oriente sur le Burkina où, dit-il, il s’y passe des choses intéressantes journalistiquement parlant, il y a de quoi emballer un journaliste reporter par vocation très friand des affaires croustillantes. Et voilà notre journaliste qui débarque à Ouagadougou, enquête sur la réalité de la révolution burkinabè faite de goulags, de répressions contre les opposants etc. De retour dans sa douce France, il balance dans le Figaro (il évoluait à l’époque au sein de ce canard) un papier incendiaire contre la révolution burkinabè et son dirigeant. Deux semaines après, le chef de la révolution burkinabè qu’il a vilipendé dans son journal est assassiné. Que ne fut pas la colère de notre confrère qui a tout de suite compris pourquoi on a mis tant de zèle à lui filer des tuyaux alors que d’ordinaire, les journalistes peinent à arracher des informations. A Dakar, il a donc décidé de soulager sa conscience en expliquant comment les journalistes pouvaient comme lui être victime de manipulations.

1 COMMENTAIRE

  1. > Un journaliste français déclare avoir été manipulé par Guy Penne et les services secrets français avant l’assassinat de Thomas Sankara
    A l’époque on a dit qu’il y avait manipulation et tout le monde a crié a l’hysterie des pouvoirs burkinabe qui etaient aux abois aujourdd’hui la verité appaarait…. certains journaux africaains (y compris sa dakaar là bas) ont ete a la pointe d ela lutte contre la revolution. Au moins cet journaliste reconnait qu’il a été victime d’une manipulation et montre ainsi comment les journalistes travaillent: ils ne font pas de verification preliminaire ni d’enquetes fiables mais seulement sur la base de reactions emotionnelles et de recherche de scoop. Alors on est vite fragilisé et trompé! Quoi qu’on dise, ce journaliste connait bien ce que sont les renseignements generaux et ce que ces memes renseignements generaux font dans nos pays. Il le dit lui meme; alors cela devrait lui mettre la puce a l’oreille pour rester vigilant. C’est la deontologie meme du metier de journaliste qui l’impose
    SOME

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