En tournée au Cameroun depuis quelques jours, elle a été invitée à prendre part à une conférence-débat organisée par la Société des amis de Mongo Béti (Sambe) sur le thème “ Thomas Sankara, quel enseignement pour aujourd’hui ”.
La sœur cadette de celui qu’on surnommait “ le héros du peuple ”, s’est confiée au Messager.[…]Il n’était pas de ceux qui aiment le profit. Dans notre continent aujourd’hui, nos dirigeants veulent d’abord s’enrichir avant de songer au peuple.

Qui est exactement Odile Sankara ?

Odile Sankara est une comédienne, originaire du Burkina Faso. Je suis actuellement en tournée en Afrique centrale et en Afrique de l’Ouest pour la promotion d’une pièce de théâtre qui s’intitule “ Quarttet ”. Voila ce que je peux dire en bref…

On sait que vous êtes la sœur cadette de Thomas Sankara, l’un des monuments de la révolution africaine. Quels souvenirs gardez vous de lui ?

Oui je suis effectivement la sœur cadette du feu président Thomas Sankara. Vous savez, c’est vraiment difficile de répondre à la question que vous me posez. L’homme a tellement de facettes qu’il est difficile de parler de lui aussi aisément. Toutefois, l’un des grands souvenirs que je garde de lui, c’est celui de l’amour de son peuple. Sankara aimait son peuple plus que tout. Ce qui l’a aidé dans cette lutte c’est parce qu’il était débarrassé de tout bien et de tout gain. Il n’était pas de ceux qui aiment le profit. Dans notre continent aujourd’hui, nos dirigeants veulent d’abord s’enrichir avant de songer au peuple. Chez Sankara, c’était tout le contraire. Le bien matériel n’a jamais été un appât pour lui. Sankara est mort pauvre. Je garde aussi l’image d’un chef qui voulait le changement, d’un frère plein d’amour et d’humour.

Comment se présente aujourd’hui la famille Sankara depuis que Thomas est décédé ?

Je crois que la famille Sankara, Dieu merci, est restée elle-même. Elle garde l’image qu’elle a toujours eue avant, pendant et après Sankara. C’est une force parce qu’elle nous permet de perpétuer l’image de Thomas Sankara. Malgré le fait que par la force des choses elle soit dispersée aujourd’hui, elle est restée unie et elle essaye de conserver les valeurs que Thomas a su si bien incarner de son vivant à savoir, l’amour, l’intégrité et l’équité.

Y’a-t-il eu de quelque manière que ce soit un quelconque rapprochement avec le président Blaise Compaoré ?

Pas du tout. Après les événements du 15 octobre 1987, Blaise Compaoré n’a plus jamais mis les pieds en famille. Pourtant, il en avait l’habitude au moins une fois par semaine. C’est peut-être difficile pour lui. Mais il a essayé de corrompre la famille pour se rapprocher d’elle. Ce qui est inconcevable. Car un fils d’Afrique éduqué dans la pure tradition de chez nous sait que ce n’est pas avec de l’argent qu’on lave le sang. Le sang se lave autrement. Je crois qu’en essayant de poser cet acte, la rupture s’est véritablement consommée avec la famille. Plus jamais, le rapprochement ne sera possible.

En tant que membre de la famille Sankara, quel message pouvez-vous adresser aux Africains aujourd’hui ?

Je dirais une chose essentielle. Sankara est le dernier mythe de l’Afrique aujourd’hui. Vu que c’est lui le dernier qui a été tué. Tout le monde souhaite puiser dans sa pensée. En Afrique, nous avons beaucoup de mythes, mais nous sommes hélas des champions dans l’oubli. La première richesse de l’homme c’est l’homme, dans sa valeur d’homme et non les biens qu’on amasse. L’homme est venu sur terre nu, et il n’en repartira qu’avec cette nudité. J’invite donc mes frères à se détourner de ce chemin que les dirigeants africains les obligent à suivre, à savoir amasser par tous les moyens les biens, notamment par la voie de la corruption et les détournements de fonds publics. Les Africains doivent emprunter le chemin de l’intégrité telle que prôné par Thomas Sankara

© Quotidien 2009 Le Messager : Entretien avec Jean François CHANNON Le 26-02-2009

Source : http://www.lemessager.net/

1 COMMENTAIRE

  1. Entretien avec Odile Sankara “Sankara est mort pauvre ”
    Bonjour Odile,

    Permettez que je vous appelle par votre prénom, car depuis la visite solitaire que j’ai faite au mois de novembre 2009 sur la tombe de votre frère, j’ai l’impression non d’appartenir à votre famille mais a votre communauté. Communauté d’esprit.
    Si j’avais su à l’époque que vous résidiez aussi près de chez moi, à Belfort, j’aurai cherché à vous rencontrer.
    Sachez simplement que votre frère est pour moi un modèle et que pendant mon séjour au Burkina Faso j’ai beaucoup pensé à lui et j’en ai parlé autour de moi.
    Si je peux vous joindre un jour je vous enverrai le récit de mon voyage. J’allais dire presque un pèlerinage dans cette Afrique que j’ai connue de 1968 à 1970 comme coopérant.

    Si je reviens un jour à Ouaga alors j’irai vous rendre visite, en signe de sympathie.

    Daniel

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