Vendredi, 07 Janvier 2011
Il considère, comme beaucoup de jeunes de sa génération, Thomas Sankara comme le symbole de la dignité africaine. Pograwa Moumouni, puisque c’est de lui qu’il s’agit est un jeune entrepreneur qui a crée un collectif à la mémoire de Sankara. L’informateur.net l’a rencontré. Entretien.
Vous avez portez sur les fonts baptismaux récemment le Collectif des Sankaristes Africains pour l’humanité. Quelles sont les motivations d’une telle initiative ?
Le collectif a été mis sur pied tout simplement parce que nous avons voulu créer un cadre de réflexion, de concertation, et de consultation pour permettre à tous ceux qui se réclament de l’idéologie de thomas Sankara de pouvoir s’exprimer. Mais bien au delà, le collectif ambitionne de fédérer tous les mouvements et associations Sankaristes disséminés partout en Afrique pour qu’on puissent parler d’une seul voix et donner de la force à notre combat pour la bonne gouvernance , contre l’impunité et la corruption et surtout pour le bien être de nos peuples sans oublier l’intégration des peuples.
Quels en sont les objectifs ?
Les objectifs du collectif sont très simples, il s’agit d’abord de faire la promotion de l’idéologie panafricaniste de thomas. Ensuite, essayer sur la base du discours d’orientation politique de thomas adapter ses solutions dans le cadre des règlements des maux qui minent aujourd’hui le Burkina-Faso et l’Afrique en Général. Le collectif se veut en quelque sorte un outil d’intégration, de promotion de la bonne gouvernance, et de la défense des droits de l’homme. Nous n’avons nullement l’intention de jouer les moralisateurs, mais d’être un creuset d’éveil des consciences.
Dans la droite ligne de vos objectifs, vous avez commémoré le 15 octobre dernier pour la première fois en Côte d’Ivoire l’anniversaire de l’assassinat de Thomas Sankara. Quel bilan faites-vous de cette manifestation ?
En terme de bilan, je dirais que je suis satisfais de cette première édition de l’hommage que nous avons rendu à thomas Sankara à Abidjan. C’est un évènement historique et je me réjouie de la grande mobilisation des sympathisants du défunt. Vous savez quand on évoque le nom de Thomas, cela ne concerne plus que les Burkinabè, la dimension posthume de Thomas va aujourd’hui au-delà des frontières africaines. Et je prends l’engagement à mon humble niveau à travers le Cosah de fédérer davantage de monde à sa cause.
La famille de l’illustre disparu réclame depuis des années que justice soit rendue, vue les circonstances de son assassinat. Cette question fait-elle partie des préoccupations du Cosah ?
Certainement. On ne peut prétendre défendre les idéologies de thomas Sankara sans exiger de la part de ses assassins qu’ils s’expliquent devant un tribunal. L’action juridique est en cours, et le collectif qui combat l’impunité sous toutes ses formes est partie prenante de cette action. Je voudrais donc dire à la famille de Sankara et surtout à sa veuve qu’elle n’est pas seule dans ce combat qu’elle mène depuis 23 ans et qu’elle ne sera jamais seule, car les Sankaristes du monde entier sont mobilisés à cet effet. Tôt ou tard, justice sera rendue.
Le régime Compaoré a tout de même organisé il y a quelques années une journée nationale du pardon. Ce geste, à votre sens, suffit-il à tourner définitivement la parenthèse des crimes commis au Burkina-Faso ?
Une journée de pardon peu suffire à l’oppresseur d’oublier ses crimes ou de se donne bonne conscience. Mais l’opprimé vit le restant de sa vie avec sa douleur. Le vrai pardon, à mon sens, ne peut intervenir que lorsque la vérité est dite. On ne peut pardonner sans comprendre le mobile du crime. C’est une fois cela fait que les cœurs peuvent être disposés ou non au pardon.
Ils sont nombreux aujourd’hui les partis politiques au Burkina qui se réclament de Thomas Sankara. Vous dont le collectif se veut fédérateur, êtes vous interpellé par cette réalité ?
En effet, le Cosah est quelque peu gêné par cette réalité qui est à la limite décevante. C’est à côté des personnes convaincues, se trouvent malheureusement des mouvements se réclamants de l’idéologie de thomas Sankara mais qui agissent dans le sens contraire de ce que Thomas Sankara a été. Vous remarquerez que c’est uniquement les mouvements Sankaristes politiques qui sont en quête du pouvoir d’Etat coute que coute, qui se livrent une guerre sans merci et qui sont incapables de surmonter leurs divergences et leurs intérêts individuels. Ils oublient que si l’idole qu’ils adulent tant avait été quelqu’un de mesquin, son nom ne survivra pas à sa mort. Si l’on se souvient encore de Thomas 23 ans après son assassinant c’est parce que c’était un homme tolérant, plus soucieux des autres que de sa personne lui-même.et pour se mettre ensemble parce qu’ils suivent le chemin d’un homme. Je voudrais donc lancez un appel aux ainés de se ressaisir et de mettre un point d’honneur à l’unité et à la solidaire. C’est à ce seul prix que la cause sera gagnée.
Un message à l’endroit de la diaspora burkinabé en Côte d’Ivoire qui compte parmi elle de nombreux sympathisant de Thomas ?
Je voudrais d’abord dire merci à tous les Sankariste de Côte d’Ivoire sans distinction. Je voudrais également indiquer à toute fin utile que le collectif est une association apolitique qui regroupe tous les africains qui ont aimé Thomas Sankara. A ceux qui se sont déplacement massivement le 15 octobre dernier à Williasmville, je voudrais leur témoigner toute ma gratitude d’avoir répondu présent à cette journée historique. A tous ceux qui dans l’ombre nous ont aidé à l’organisation de cette journée, je voudrais leur dire merci. Notamment à Maître Benewendé Sankara représentant la famille Sankara pour son soutien.
Par Jean-François Fall, Informateur.net
Source : http://informateur.net/