A partir du 4 août 1983, le régime révolutionnaire avec son leader Thomas Sankara s’est lancé dans un vaste programme de rénovation. La justice s’appliquait à tous, quelque soit le rang qu’on occupe. L’image du Burkina Faso était celle d’un pays qui force l’admiration et le respect.

Dès son avènement en août 83, le régime révolutionnaire annonçait déjà son objectif principal : ériger une société nouvelle débarrassée de l’injustice sociale. Cette affirmation n’était pas un vain slogan, ni une vue de l’esprit. C’était l’expression d’une volonté convaincue de la justesse du projet. Cela était un souci permanent voire un sacerdoce. Dès lors, il fallait commencer par libérer les esprits, décoloniser les mentalités. C’est le sens du changement du nom Haute-Volta pour le Burkina Faso, un nom authentiquement issu du terroir et qui est en lui-même une philosophie de vie : “le pays des hommes intègres”. Ce qui suppose une dimension de la justice chez ses hommes car on ne peut pas objectivement s’afficher “homme intègre” et accepter les dénis de justice dans son environnement. C’est fort logiquement donc que le nouveau pouvoir supprima en octobre 1984, l’impôt de capitation et lança le programme du développement populaire. Ce fut un acte de haute portée. La majorité de la population était soulagée d’un fardeau imposé par les colonisateurs et que les élites nationales n’ont pas eu ni la clairvoyance ni la sagesse d’abolir, 23 années durant.

Par cette abolition, “la majorité silencieuse” pouvait enfin se sentir pleinement digne et libre. Bien avant, le Conseil national de la révolution (CNR) avait instauré les tribunaux populaires de la révolution afin de permettre aux peuples de recouvrer tous ses droits en demandant à ceux qui ont eu le privilège de gérer les biens du peuple de rendre compte. Des premiers responsables jusqu’au bas de l’échelle, chacun était amené à s’expliquer sur sa gestion. Tout le monde était susceptible de passer à la barre. Les petits frères du président, les chefs couronnés tout comme le petit planton ne pouvaient bénéficier de grâces dues “à certaines considérations”. La position sociale n’avait pas droit de cité dans les juridictions. On peut aujourd’hui reléguer toutes leurs insuffisances aux défaillances mais on ne dira jamais qu’elles pratiquaient le favoritisme comme nous le voyons de nos jours. La transparence dans la gestion était une pratique quotidienne.

La lutte contre la corruption constituait l’un des chevaux de bataille de la révolution d’août. On se souviendra que, pour la première fois dans l’histoire de l’Afrique indépendante, des hauts fonctionnaires des institutions interafricaines furent jugés et condamnés à Ouagadougou. Pour les autorités de l’époque, le président Sankara en premier chef, la justice ne peut pas être enfermée dans un vase clos, elle est universelle et doit s’appliquer à ceux-là qui ont commis des malversations de quelque nature que ce soit. Par ailleurs, l’Afrique entière a vu l’exemple de bonne gouvernance au Burkina Faso révolutionnaire. Cette transparence doit commencer par les gouvernants d’abord. C’est là que fut institutionnalisée en avril 1987 la déclaration des biens de tous les hauts responsables au niveau de l’État.
Dans l’ère de l’État dit de droit, les citoyens ne peuvent pas aujourd’hui connaître le contenu des lettres déposées par leur président au niveau de la cour suprême. C’est l’opacité totale. La différence entre les deux périodes est très criade.

L’une des différences fondamentales entre les pratiques de la période révolutionnaire et celle de la IVème République, c’est aussi le respect envers les peuples. Sankara disait en substance : “Qui aime son peuple, aime forcément les autres peuples”. Par une gestion rigoureuse du peu dont il disposait, le peuple burkinabè avait gagné la confiance des autres peuples. La dignité que Sankara a affiché lors du sommet de Vittel (France) en 1983 a amplifié tous les hommes d’honneurs, en particulier ceux de la race noire qui voyaient en cet homme, l’espoir de la renaissance du monde noir. La création de l’Institut des peuples noirs (IPN) en 1986 va consacrer le rêve de l’unité des Africains et ceux de la diaspora à travers leur culture. Le rayonnement du Burkina était au-delà du continent.

Le discours prononcé en octobre 1984 à l’ONU par le “porte-parole des sans voix” a ouvert les portes du monde. Sa voix était respectée, voire crainte par certains. Au Nicaragua en novembre 1986, au nom de 180 délégations étrangères présentes, le privilège sera accordé au Burkina par la voix de Sankara de parler en leur nom.

Le Burkina était devenu un haut lieu de la résistance aux oppressions des peuples. C’est le sens de la conférence panafricaine anti-apartheid Bambata à Ouagadougou du 8 au 11 octobre 1987 où étaient représentés 29 pays et 40 organisations. A cette période, un ambassadeur fut-il de la France, ne pouvait pas manquer du respect pour notre peuple. Mitterrand a eu son compte en novembre 1986 lors de sa visite à Ouagadougou.

Comme on le constate, la Révolution démocratique et populaire d’août 1983 avait commencé des œuvres de rénovation pour notre peuple. Il avait en un laps de temps réussi à hisser le Burkina Faso au rang des nations respectables et respectées.

Par Famaghan Traoré

Source : Bendré du 5 aout 2009 http://www.journalbendre.net/spip.php?article2935

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