(actuel Burkina Faso), le devoir de mémoire s’impose à nous car, dans l’histoire des peuples, il y a de ces hommes et de ces femmes qui ne meurent jamais et dont le nom restera à jamais gravé dans les mémoires collectives. Thomas Sankara est bien de ceux-là qui marqueront éternellement l’histoire des peuples d’Afrique et du reste du monde.

Fodé Keita

A 34 ans, l’enfant prodige de Haute-Volta sonna très fort dans les cœurs et dans les consciences des ennemis des peuples laborieux. Né le 21 décembre 1949, Sankara a conduit son pays à la Révolution Populaire. C’était le 04 août 1983. Ce beau jour, la Haute- Volta a été libérée du pouvoir réactionnaire et antipopulaire du médecin commandant, Jean Baptiste Ouédraogo. Ce changement, Thomas Sankara l’avait souhaité bien avant.

Pour la dernière fois, à la rencontre du 1er août 1983 à Bobo Dioulasso, il avait jeté, en sa qualité de Premier ministre, à la face de son président Ouédraogo, que la gestion de la Haute-Volta doit connaître un nouveau départ, une orientation radicalement nouvelle et cela à l’avantage des masses laborieuses de Haute- Volta.

A partir de cette contradiction profonde entre les deux premières personnalités du pays, le changement n’était désormais qu’une question de temps, voire de jours et même d’heures. La réponse du berger à la bergère ne s’est pas faite attendre.

Le bouillant capitaine, Premier ministre, est envoyé en prison par son commandant président. Mais ce que le médecin commandant n’a pas bien diagnostiqué c’est qu’il n’était pas possible de garder Sankara en prison. Sans avoir maille à partir avec le peuple laborieux de Haute Volta, le capitaine s’étant déjà ouvertement démarqué de gestion calamiteuse des affaires sous la responsabilité du président Ouédraogo.

La population voltaïque ayant déjà décidé d’occuper les rues des villes et campagnes du pays. Le soutien des commandos Para de Pô dirigés à l’époque par le capitaine Blaise Compaoré ne s’est pas fait attendre : celui-ci a tout simplement menacé de marcher sur Ouagadougou si Thomas Sankara n’est pas immédiatement libéré. La route fut barrée aux ennemis du peuple tapis dans l’ombre du pouvoir réactionnaire et contre révolutionnaire du médecin commandant.

La rue ne sera libérée de ses occupants que le 4 août 1983, Sankara et ses compagnons d’armes ont déclaré la chute du régime et l’instauration du pouvoir révolutionnaire. La cloche de la liberté révolutionnaire venait de sonner dans ce pays d’Afrique. Thomas Sankara n’a pas perdu de temps: il s’est engagé à démontrer que son pays n’était pas condamné à végéter éternellement dans l’humiliation de la misère. Il a démontré qu’il était temps pour l’Afrique d’amorcer un nouveau départ quand bien même Réné Dumont avait dit : “l’Afrique Noire est mal partie”. Au bout d’un an, la Haute volta est devenue Burkina Faso (pays des hommes intègres).

Sankara a initié pour le Faso bien de travaux d’intérêt commun entre autres, des travaux, des routes, des écoles, des hôpitaux dans les 30 provinces d’alors. La bataille du rail a prouvé à la force du monde que les peuples africains peuvent réussir leur propre développement par la mobilisation sans faille des ressources nationales. Des cités somptueuses ont accompagné le combat ainsi engagé en terre libre du Burkina Faso.

Tenez vous bien : les constructions revenaient (et reviennent toujours d’ailleurs) aux vrais ayants droit contrairement aux logements sociaux qui ont hélas, débuté en retard dans les capitales régionales du Mali. Sankara a montré dans les faits que le peuple a droit aux logements, aux soins de santé, à l’instruction, à la culture, à la nourriture décents. Pour le régime révolutionnaire du Faso, le peuple n’a pas besoin de tambour et de trompette pour avoir droit au bien-être socio-économique et culturel auquel tout homme aspire.

Au plan agricole, Thomas a demandé aux Burkinabé de prendre en main leur propre destin car, avait-il compris, tant qu’un peuple tendra la main à l’extérieur pour se nourrir, se loger, se vêtir, se soigner, il, ne saurait prétendre au bonheur à la vraie liberté.

Au plan juridique, le discours d’Orientation politique (D.O.P) a tracé les canevas des conduites à tenir désormais face aux personnes et aux biens matériels du peuple “Faso-Fani”, “Faso Dans Fani”. Les Tribunaux populaires de la révolution (T.P.R), à l’encontre des juridictions réactionnaires bourgeoises, ont juré de dire le droit révolutionnaire à l’avantage des masses laborieuses du pays des hommes intègres. Ainsi, nul ne se sentait désormais au dessus de la loi.

Au Faso, il ne pouvait y avoir des intouchables. Les délinquants et les vautours financiers étaient traqués sans merci et sans favoritisme aucun. Tous les déprédateurs du tissu économique burkinabé rendaient compte car pour Thomas Sankara la nature n’a donné à personne le droit de sucer le sang des autres.

Sur le terrain scolaire, Sankara a ouvert la porte des écoles aux professeurs étrangers pour donner du sang nouveau et du tonus à l’enseignement dans son pays, le Burkina. La lutte sans merci a été engagée contre les multiples maux qui minaient, hélas, le continent africain et en particulier le Burkina Faso.

En définitive, disons que la révolution du 04 août 1983 a permis à Sankara et à ses compagnons de démystifier le pouvoir par cette occasion historique, Tomas Sankara a prouvé que les affaires africaines peuvent être gérées autrement et à la grande satisfaction des masses laborieuses d’Afrique et d’ailleurs. Sankara était un révolutionnaire convaincu. C’est bien son sens aigu du patriotisme qui lui a coûté la vie. Il aimait dire, à l’image du Congolais Patrice Emery Lumumba, que sa mort importe peu, pourvu que son peuple comprenne.

22 ans après son assassinat par Blaise Compaoré, les peuples laborieux d’Afrique et du reste du monde se souviennent toujours. Comme pour dire que Thomas Sankara a donné sa vie pour sauver son peuple et donc tous les peuples épris de paix et de justice sociale. Ce qu’il faut dire aux générations montantes et cela à juste titre, c’est que Thomas Sankara était fondamentalement opposé à la démocratie bourgeoise ennemie des peuples.

22 ans après lui, l’Afrique patauge dans le démocratisme béat qui n’a pratiquement pour seul socle que les élections qui, il faut le dire, peuvent dire, ne peuvent porter au pouvoir (en tout cas pas pour maintenir!) les vrais représentants des masses travailleuses.

04 août 1983 04 août 2009

La révolution burkinabé reste vivace dans les consciences populaires. Cela est d’autant exact que les peuples perdent chaque jour davantage confiance en la démocratie fabriquée de toutes pièces et imposée du dehors à l’Afrique.

Aujourd’hui, plus qu’hier l’Afrique comprend que la démocratie capitaliste ne libérera jamais ses peuples du joug du colonialisme négrier. Bien au contraire, elle constitue à n’en pas douer, une nouvelle forme de colonialisme dans et sur le dos des peuples travailleurs d’Afrique. Les élections n’ont jamais mobilisé dans nos pays la simple moitié de nos populations.

Au nom de cette démocratie, nos dirigeants dans leur quasi totalité se donnent le droit de piétiner les intérêts des travailleurs. Ce mal s’explique aisément par l’affairisme, le clientélisme, la gabegie, la délinquance financière, la nomination à des postes clés d’individus sans foi ni loi dont le gage est et demeure la spoliation des damnées de la terre que sont les peuples.

Pour Tomas Sankara, la lutte des classes seule libérera les peuples africains de l’oppression et de l’exploitation dont ils ne cessent d’être victimes.

22 ans après la mort tragique du camarade Thom Sank’, les peuples laborieux pleurent toujours l’homme de Yako. Le moins que l’on puisse retenir de cette révolution du 04 août 1983, c’est qu’elle a permis aux peuples de comprendre que leur salut réside dans leur combat pour leur devenir.

Dadis sur les traces de Thomas Sankara

22 après la disparition tragique du capitaine Thomas Sankara, un autre patriote, un 2ème Sankara, fait parler de lui en République de Guinée. Là, on veut brouiller à tout prix les pistes de la révolution en cours. Témoin : ce que l’on appelle là-bas la “classe politique” s’est empressée de clamer haut et fort “le retour des militaires dans les casernes, un an de transition” pourquoi cet empressement, pendant que les politiciens guinéens ont dirigé la Guinée de façon nébuleuse et insouciante. La pourriture, qui a précédé la prise du pouvoir par le CNDD, fut conçue de longue date par des politiciens véreux.

Pour mener à bien son travail d’assainissement, Moussa Dadis Camara se doit d’aller chercher les vrais amis de la Guinée en Chine, à Cuba, en Corée du Nord, en Russie, bref il doit demander incessamment la solidarité de tous les pays d’obédience populaire socialiste cela lui permettra de faire face aux velléités réactionnaires de l’intérieur comme de l’extérieur.

Un an de transition, c’est pour arrêter le travail patriotique du CNDD. Le peuple laborieux de Guinée et les intellectuels crédibles doivent le saisir judicieusement. L’opinion internationale dont on fait cas dans les prises de position apatrides, a assisté non sans intérêt, à la désagrégation du tissu socioéconomique et culturel de la Guinée. Elle l’a d’ailleurs soutenue mordicus.

Pour s’inscrire en droite ligne dans l’option révolutionnaire de Sankara, Dadis Camara doit se convaincre d’une seule chose: la démocratie colmatée par l’impérialisme yankee et ses mandibules euro- africaines ne peut servir les intérêts supérieurs du peuple guinéen.

26 ans après le démarrage de la Révolution populaire de Haute- Volta, nous pouvons dire Thomas a donné sa vie pour que germent des millions de Thomas Sankara à travers l’Afrique et donc le monde.

4 août 1983- 4 août 2009

La réminiscence est un devoir patriotique révolutionnaire. Les ennemis des peuples d’Afrique succomberont au combat engagé par Thomas Sankara, le 4 août 1983.

Fodé KEITA

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