Les exhumations des tombes présumées de Thomas Sankara et des personnes assassinées avec lui ont débuté le 25 mai 2015. Cette fois les médias en France, mais aussi dans d’autres pays, se sont largement fait l’écho des exhumations . Nous avons sélectionné pour vous quelques articles ci-dessous,extrait de Libération, du Monde, et de L’Humanité, Nous y avons adjoint la revue de presse du quotidien suisse Le Temps avec des renvois vers d’autres articles dans la presse française mais aussi la presse burkinabè. Pour résumer l’information, les exhumations ont permis de récupérer des restes de personnes enterrées à cet endroit. Le dépouillement va durer plusieurs semaines, et avant d’affirmer qu’il s’agit bien des corps de Thomas Sankara et des personnes assassinées avec lui, il faut attendre les résultats des tests ADN.

La rédaction

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Libération du 25 mai 2015 Au Burkina, la justice de transition déterre Thomas Sankara, reportage

par Isabelle HANNE envoyée spéciale à Ouagadougou

Vingt-sept ans après l’assassinat du «Che africain», la justice burkinabé rouvre le dossier.

Derrière les murs du cimetière de Dagnoën, dans la périphérie est de Ouagadougou, se joue un acte important de l’histoire du Burkina Faso. Ce lundi, on commence à exhumer les restes de treize corps : ceux, supposés, du président et icône du panafricanisme Thomas Sankara, et douze de ses hommes, assassinés le 15 octobre 1987 lors du putsch qui porta au pouvoir Blaise Compaoré.

Vingt-sept ans que les proches des victimes attendent une véritable enquête, «jusqu’ici totalement bloquée par le régime de Compaoré», explique l’un des avocats de la famille Sankara, Ferdinand Djammen Nzepa. C’est d’ailleurs la chute de «Blaise», le 31 octobre 2014, qui a permis de relancer le dossier.

«Réconciliation nationale»

Le président intérimaire Michel Kafando en a fait la promesse le 21 novembre dernier, lors de son discours d’investiture: «Au nom de la réconciliation nationale, j’ai décidé […] que les investigations pour identifier le corps du président Thomas Sankara seront (menées)», avait-il déclaré. Car de nombreux proches du héros national doutent fort que le corps inhumé dans sa tombe soit bien le sien. La famille Sankara demande depuis 1997 son exhumation, toujours refusée par la justice burkinabè.

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En plus des journalistes, des centaines de voisins, badauds, ou militants, tentent de rentrer dans l’enceinte du cimetière, mais ils sont tenus à distance par de nombreux gendarmes. La foule grossit à mesure que les heures passent. Les journalistes, eux, sont poussés sur le côté. «On veut voir avec nos yeux ce qu’ils font là-dedans», lance un jeune homme énervé. «Qu’est-ce qu’ils font vraiment avec le corps, s’ils ne veulent pas que les journalistes y assistent ?», s’interroge son voisin. Des curieux ont escaladé une petite colline de terre, à quelques dizaines de mètres du cimetière, pour tenter d’y voir quelque chose.

Un chapiteau bleu et rouge protège les tombes qui sont réouvertes aujourd’hui. Elles avaient été placées sous scellés depuis plusieurs semaines. Les autorités ont permis à quatre membres de chaque famille des victimes, et à leurs avocats, d’assister à l’exhumation. Ces travaux sont supervisés par deux médecins légistes burkinabè et un français, assistés par la police scientifique du pays. L’ADN trouvé sur les restes de Sankara sera ensuite confronté à ceux de ses enfants, deux garçons aujourd’hui étudiants aux Etats-Unis.

Ces exhumations sont la deuxième phase de l’enquête qui doit tenter d’élucider, en pleine transition, les conditions de l’assassinat de Thomas Sankara, qui fut président du Conseil national révolutionnaire de 1983 à sa mort. Le juge d’instruction du tribunal militaire a commencé il y a quelques semaines déjà les auditions des parties civiles. Celle de Mariam Sankara, la veuve de «Thom Sank», a duré plus de huit heures lundi dernier. « C’est là première fois, depuis la mort de son mari, qu’elle a été entendue: elle avait beaucoup à dire!, lance Maître Ferdinand Djammen Nzepa. Il n’y a jamais eu d’enquête policière : il faut tout reconstituer, 27 ans plus tard ».

«Est-ce que les juges iront plus loin?»

L’instruction, menée par la justice militaire après épuisement des recours devant la justice civile pendant l’ère Compaoré, est menée pour assassinats et faux en écriture. Le certificat de décès établi à l’époque faisait en effet état, pour le leader anti-impérialiste, d’une «mort naturelle» fort peu probable.

«Est-ce que les juges iront plus loin qu’ouvrir la tombe ?, s’interrogeait la semaine dernière Bruno Jaffré, biographe de Thomas Sankara joint par téléphone. Seront-ils capables de convoquer certains protagonistes de haut rang? Ça ne va pas être simple.» Bruno Jaffré vise Blaise Compaoré, le tombeur de Sankara aujourd’hui en exil en Côte-d’Ivoire, et Gilbert Diendéré, son ancien chef d’état-major, à la tête du commando meurtrier d’octobre 1987. Cet ex-numéro deux du régime vit toujours à Ouagadougou, et n’est pour l’instant pas inquiété par la justice.

Bénéwendé Sankara, autre avocat de la famille (mais sans lien de parenté) s’est voulu optimiste, tout en reconnaissant qu’il pouvait «y avoir des obstacles.» D’autant que l’assassinat de Thomas Sankara n’est pas qu’une affaire burkinabè: certains accusent la France, ancienne puissance coloniale, la CIA et la Côte-d’Ivoire d’y être mêlés. Des députés du Conseil national de transition au Burkina viennent d’ailleurs de demander l’ouverture d’une enquête parlementaire française à ce sujet.

«Attendons de voir si la montagne accouche d’une souris, lance Smockey, l’un des leaders du Balai Citoyen, ce mouvement de la société civile qui fut en première ligne pendant l’insurrection. Nous, on maintient la pression.» Les autorités de transition n’ont que quelques mois pour avancer, sous la surveillance d’une population aux aguets. Mais l’affaire Sankara est un dossier très sensible qui attendra le prochain président du Faso, élu en octobre prochain.

Isabelle HANNE

Source : http://www.liberation.fr/monde/2015/05/25/au-burkina-la-justice-de-transition-deterre-thomas-sankara_1316257

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Le Monde du 27 mai 2015 : Burkina Faso, ouverture de la tombe de Thomas Sankara

Par Cyril Bensimon

Depuis près de trente ans, la sépulture multicolore du cimetière de Dagnoën, à Ouagadougou, recouvre une icône africaine, mais aussi un mystère. Elle a été ouverte mardi 26 mai pour tenter de lever une interrogation : est-ce bien la dépouille de Thomas Sankara qui repose en son sein ? Si tel est le cas, l’enquête devra tenter de déterminer par la suite les conditions exactes dans lesquelles l’ancien président du Burkina Faso a trouvé la mort le 15 octobre 1987, à 37 ans, avec douze de ses compagnons, avant d’être enterré dans la plus grande discretion.

Trois mois après la disparition de ce putschiste iconoclaste, arrivé au pouvoir en 1983 et renversé quatre ans plus tard par son frère d’armes Blaise Compaoré, le certificat de décès établit que la mort était de cause « naturelle ». Une version à laquelle même son tombeur n’a pas souscrit. Suspecté d’être le commanditaire du meurtre, l’ex-président Compaoré déclara que le décès de son prédécesseur était le fait d’« un accident ». Il aura cependant fallu attendre sa chute en octobre dernier pour que la justice soit autorisée à ouvrir une enquête, dix-huit ans après la première plainte contre X pour assassinat déposée par la famille.

Figure politique et avocat de la famille, Maître Bénéwendé Sankara (qui n’a aucun lien familial avec Thomas Sankara mais sera le candidat de la mouvance sankariste aux futures élections) évoque une journée particulière : « L’exhumation a permis de retrouver des restes d’ossements et des morceaux de vêtements. Rien ne dit encore que c’est vraiment lui [des tests ADN doivent être pratiqués] mais ce qui vient de se passer est lourd de sens. C’est une exhumation au sens propre comme au figuré. Désormais, il est là. Avec nous. »

« Laisser une trace dans l’histoire »

Au Burkina Faso, le renversement de Blaise Compaoré a été vécue par certains comme la revanche posthume de Thomas Sankara. Le lieutenant-colonel Isaac Zida, la figure de proue du coup d’état mené fin octobre 2014, n’a pas manqué de reprendre à son compte les thèmes chers au défunt capitaine pour s’attirer les faveurs des manifestants qui ont favorisé sa prise du pouvoir. « Michel Kafando le président de transition], et Isaac Zida [désormais premier ministre] ont conscience d’être redevables à la population. Ils savent que pour laisser une trace dans l’histoire, avoir laissé la justice travailler sur ce dossier restera. Même si cela ne présage en rien de la conclusion des enquêtes », estime Bruno Jaffré, auteur d’une biographie de Thomas Sankara et animateur du site [thomassankara.net.

« L’exhumation a permis de retrouver des restes d’ossements et des morceaux de vêtements. Rien ne dit encore que c’est vraiment lui », affirme l’avocat de la famille, Maître Bénéwendé Sankara

Pour éclairer les zones d’ombre qui planent encore sur cet assassinat, la justice militaire devra notamment interroger plusieurs officiers et personnalités toujours influents au Burkina Faso. Autre sujet qui depuis des années agite militants sankaristes et historiens : les autorités françaises de l’époque ont-elles joué un rôle dans la mort de ce jeune et fougueux dirigeant qui ne manquait pas de critiquer leur politique africaine ?

En 2011 puis en 2012, des députés du Front de Gauche et d’Europe Écologie les Verts ont demandé, en vain, l’ouverture d’une enquête parlementaire. Au début de ce mois, 26 élus Burkinabés de l’assemblée de transition, considérant que « La France a pu être citée dans ce crime abominable par plusieurs sources, sans qu’elle ait formellement démenti son implication », ont introduit la même requête auprès du président de l’assemblée nationale française. La réponse est attendue.

Personnage mythifié, Thomas Sankara trouve également des promoteurs inattendus. Une anthologie de ses discours a été publiée en 2013 sous la direction du polémiste d’extrême droite Alain Soral.

Cyril Bensimon

Source : http://www.lemonde.fr/international/article/2015/05/27/au-burkina-faso-ouverture-de-la-tombe-de-thomas-sankara_4641516_3210.html

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L’Humanité du 27 mai 2005 La dépouille présumée de Sankara a été exhumée

par Rosa Moussaoui

Des députés burkinabés demandent à leurs homologues français de créer une commission d’enquête pour faire toute la lumière sur le rôle de Paris dans l’assassinat de Thomas Sankara.

Au passage du corbillard transportant la dépouille, la foule rassemblée à l’entrée du cimetière de Dagnoën, à Ouagadougou, a entonné l’hymne national, puis scandé ces slogans : « On veut la vérité !  », « La patrie ou la mort, nous vaincrons ! » Hier, la justice de transition du Burkina Faso a procédé à l’exhumation des corps présumés de Thomas Sankara et de ses douze compagnons assassinés le 15 octobre 1987 lors du coup d’État qui porta Blaise Compaoré au pouvoir. Une étape cruciale dans le combat pour la justice et la vérité que livre depuis bientôt trois décennies la famille du père de la révolution burkinabée.

Une justice contrôlée 
par un régime autoritaire

Après leur assassinat, le président Sankara et ses compagnons ont été enterrés à la sauvette. Jamais les corps n’ont été présentés à leurs familles. Les commanditaires de ce massacre ont même poussé le cynisme jusqu’à inscrire la mention « mort naturelle » sur les certificats de décès. D’où le doute sur le fait que la sépulture du cimetière de Dagnoën soit bien celle de Thomas Sankara… Dès 1997, la justice déclarait irrecevable la « plainte contre X pour assassinat et faux en écriture administrative » déposée par Mariam Sankara, la veuve du président assassiné, auprès du tribunal de grande instance de Ouagadougou.

En 2002, le même sort était réservé à une plainte contre X pour séquestration. Quant à la requête déposée en 1999 par la famille pour demander une expertise ADN, elle s’est longtemps enlisée dans les sables mouvants d’une justice contrôlée par un régime autoritaire : le 30 avril 2014, le tribunal de grande instance de Ouagadougou se déclarait incompétent sur la demande d’exhumation. Avec la chute de Blaise Compaoré, ce dossier, comme celui de l’assassinat du journaliste Norbert Zongo, le 13 décembre 1998, a été rouvert.

Au-delà de l’identification du corps de Thomas Sankara, l’instruction ouverte fin mars pourrait permettre de soulever la chape de plomb qui occulte les responsabilités politiques, de Ouagadougou à Paris en passant par Yamoussoukro. Thomas Sankara refusait de voir l’Afrique croupir dans la condition d’« arrière-monde d’un Occident repu ». C’est bien cet engagement qui lui a coûté la vie. L’assassinat de ce dirigeant charismatique a bouleversé tout un continent, brisant l’espoir d’émancipation au Burkina Faso, cette Haute-Volta qu’il avait rebaptisée « pays des hommes intègres ». Incorruptible, Sankara était épris de paix, de justice sociale, féministe convaincu, écologiste avant l’heure, anti-impérialiste. En quatre ans, il avait réussi à faire accéder un pays du Sahel à l’autosuffisance alimentaire.

L’implication des réseaux françafricains dans l’élimination de ce révolutionnaire dont les choix dérangeaient l’ex-puissance coloniale, comme ses affidés dans la sous-région, est un secret de Polichinelle. À l’époque, régnaient sur le pré carré des personnages aussi interlopes que Guy Penne, le « Monsieur Afrique » de François Mitterrand, ou Jacques Foccart, rappelé par Jacques Chirac, de retour à Matignon à la faveur de la cohabitation.

Vingt-six députés du Conseil national de transition viennent de s’adresser à leurs homologues français, leur demandant la création d’une commission d’enquête parlementaire pour faire toute la lumière sur le rôle de Paris dans l’affaire Sankara (voir à http://thomassankara.net/?p=1765). Leur démarche rejoint celle des députés du Front de gauche et d’Europe Écologie-les Verts, qui ont déposé en 2011 et 2012 des demandes en ce sens. Trop longtemps complice d’un régime bâti sur l’impunité, la France ne peut rester sourde à cet appel.

Signez la pétition pour l’ouverture d’une enquête parlementaire sur les conditions de l’assassinat de Thomas Sankara !

Rosa Moussaoui

Source : http://www.humanite.fr/la-depouille-presumee-de-sankara-ete-exhumee-574990

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Le Temps du 27 mai 2015 «La vérité» sur la mort de Sankara? Le Burkina Faso retient son souffle

Par Olivier Perrin

Enterré à la sauvette le 15 octobre 1987, après l’assassinat qui porta Blaise Compaoré au pouvoir, le corps du père de la révolution burkinabé, Thomas Sankara, est resté pendant près de trois décennies une énigme. Sa dépouille supposée a été exhumée en ce début de semaine sur ordre de la justice du gouvernement de transition. Mais ses proches craignent que la montagne n’accouche d’une souris
Les liens

Depuis le début de la semaine, «la justice burkinabé, explique Radio France internationale, a engagé les exhumations des dépouilles supposées de l’ancien président Thomas Sankara et de ses frères d’armes dans le cimetière de Dagnoën à Ouagadougou». Ce, près de trente ans après que, en 1987, l’homme politique – anti-impérialiste, panafricaniste et tiers-mondiste – a été assassiné lors du coup d’Etat qui a amené Blaise Compaoré au pouvoir.

Mais pourquoi ces corps ont-ils été exhumés? La Croix répond: «En présence du commissaire du gouvernement et d’un juge d’instruction, cette opération, autorisée par le gouvernement de transition», vise «à éclairer les circonstances» de l’assassinat. «C’est la conséquence de la chute de Blaise Compaoré, en octobre 2014.» En ligne de mire de cette opération vérité? La responsabilité de ce dernier, car «sous sa présidence, la justice s’y était toujours refusée».

«Mort naturelle»

Après des années de blocage judiciaire, l’enquête pourrait ainsi connaître une avancée décisive, grâce à des tests ADN. Car lors du coup d’Etat de 1987, «un commando de militaires de la sécurité présidentielle avait éliminé le président ainsi qu’une dizaine de ses proches. Ils avaient été aussitôt enterrés …], sans que leurs familles puissent les identifier. Les nouvelles autorités avaient parlé de mort naturelle». «Faisant fi d’une recommandation du Comité des droits de l’Homme de l’ONU, en 2006, puis d’une décision de la Cour africaine des droits de l’Homme, en 2008, qui ordonnait la tenue d’expertises, le gouvernement Compaoré a, une à une, jugé irrecevables les requêtes de la famille», précise [France 24.

Le prestige de Thomas Sankara est encore très vif au Burkina Faso, surtout parmi les jeunes qui ont chassé Compaoré. L’exhumation «représente un événement symbolique pour la jeune génération de Burkinabé, dont la plupart des membres n’étaient même pas nés en 1987». L’enjeu de l’instruction ouverte ce printemps est double, selon Le Monde: savoir si la dépouille du capitaine «se trouve bien dans le cimetière de Dagnoën […], conformément à la version officielle, et éclairer les causes et circonstances» de la mort du héros de la révolution alors «enterré à la sauvette».

Ainsi, «pour sa famille et ses nombreux partisans», il a bel et bien été assassiné. «Et beaucoup doutent également qu’il ait bien été inhumé dans le cimetière de Dagnoën. Notamment sa veuve, Mariam Sankara. Entendue pendant près de huit heures par la justice le 14 mai, elle réclame depuis des années «la vérité sur la mort de son mari

Dès lors, pour Jeune Afrique, «le Burkina retient son souffle». «Chacun retient son souffle», confirme le quotidien burkinabé L’Observateur Paalga. Ce mardi, l’AFP, notamment reprise par le site Romandie.com, a écrit que «des ossements ont été exhumés de la tombe supposée contenir la dépouille de l’ex-président». L’avocat représentant la famille, Me Benwendé Stanislas Sankara (sans lien de parenté) a déclaré que les restes retirés de la poussière sont aussi constitués «de tissus au fond rouge avec des traits noirs». Il pense que ce matériel pourra «permettre aux experts de faire leur travail scientifique et de produire le rapport que nous attendons». Au passage du corbillard transportant les caisses contenant ces restes, escorté par la gendarmerie, «la foule amassée aux abords du cimetière [a] entonné l’hymne national».

D’ailleurs, «les témoins oculaires de ces opérations …] pouvaient se compter sur le bout des doigts, selon [Le Pays de Ouagadougou. Les nombreux journalistes de la presse nationale et internationale, tout comme la foultitude de Burkinabés qui ont fait le déplacement du cimetière de Dagnoën, en ont été tenus éloignés. Si pour les partisans de Thomas Sankara et autres badauds, l’on peut comprendre que des mesures draconiennes aient été prises pour les tenir loin des tombes, l’on peut avoir du mal, en revanche, à s’expliquer que les journalistes aient été logés à la même enseigne

Le doute s’instille donc. «Des gens croiront que si la presse a été tenue très loin des exhumations, c’est parce que l’on veut leur cacher la vérité.» Et «s’il est vrai que Thomas Sankara a de nombreux partisans qui veulent que toute la lumière soit faite hic et nunc sur sa mort, il est vrai aussi que le défunt et illustre président du Faso a des détracteurs qui pourraient n’avoir aucun scrupule à organiser un capharnaüm sur les lieux des fouilles pour que l’opération échoue.»

La justice ira-t-elle plus loin?

Mais la question, maintenant, est surtout de savoir, selon Libération, si «les juges iront plus loin qu’ouvrir la tombe». Elle a été posée la semaine dernière par Bruno Jaffré, le biographe de Thomas Sankara, qui tient un blog sur Mediapart. «Seront-ils capables de convoquer certains protagonistes de haut rang? Ça ne va pas être simple.» En fait, «Jaffré vise Blaise Compaoré, […] aujourd’hui en exil en Côte d’Ivoire, et Gilbert Diendéré, son ancien chef d’état-major, à la tête du commando meurtrier d’octobre 1987. Cet ex-numéro deux du régime vit toujours à Ouagadougou, et n’est pour l’instant pas inquiété par la justice.»

L’affaire est d’autant plus compliquée «que l’assassinat de Thomas Sankara n’est pas qu’une affaire burkinabé: certains accusent la France, ancienne puissance coloniale, la CIA et la Côte d’Ivoire d’y être mêlés. Des députés du Conseil national de transition au Burkina viennent d’ailleurs de demander l’ouverture d’une enquête parlementaire française à ce sujet

Le défi du prochain président

«Attendons de voir si la montagne accouche d’une souris», lance dans Libé Smockey, l’un des leaders du Balai Citoyen, ce mouvement de la société civile qui fut en première ligne pendant l’insurrection. «Nous, on maintient la pression.» «Les autorités de transition n’ont que quelques mois pour avancer, sous la surveillance d’une population aux aguets. Mais l’affaire Sankara est un dossier très sensible qui attendra le prochain président du Faso, élu en octobre prochain.»

Olivier Perrin

Source : http://www.letemps.ch/Page/Uuid/a746f2e4-0440-11e5-a2d8-dac5eea792f9/La_v%C3%A9rit%C3%A9_sur_la_mort_de_Sankara_Le_Burkina_Faso_retient_son_souffle

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Le Figaro 2 juin 2015 Les derniers mystères de la mort de Thomas Sankara

Publié dans le Figaro du 2 juin 2015

Par Tanguy Berthemet

RÉCIT – La justice du Burkina Faso a ordonné l’ouverture de la tombe
supposée de l’ex-président du pays pour éclaircir les circonstances de son
assassinat, le 15 octobre 1987. Coupable désigné de ce coup d’État
sanglant, son successeur déchu, Blaise Compaoré, qui a toujours nié son
implication. Tout comme Paris.

Un coin du voile se lève. Un simple petit coin, mais il dissipe déjà l’épais brouillard
qui entoure la mort de Thomas Sankara. Presque vingt-huit ans que le président
du Burkina Faso est tombé sous les balles, et rien ne se sait depuis. Alors, quand le
25 mai à l’aube, un juge et trois médecins légistes, dont un Français, ont entamé
l’exhumation des restes de «Thomas» et de ses douze fidèles, morts à ses côtés, on
s’est massé dans l’attente. Les premières nouvelles, brèves, ont été accueillies avec
une sorte de soulagement dubitatif. Sous 40 centimètres de terre rouge, les
fossoyeurs ont mis au jour des ossements et des morceaux de survêtement. Il y a
donc un corps dans la tombe. Car le mystère Sankara allait jusque-là. Personne ne
pouvait dire si, sous la dalle de béton vert et rouge, reposait bien une dépouille. On
ne s’accrochait, pour l’affirmer, qu’à une légende. Elle raconte l’enterrement le soir
de leurs assassinats, à la sauvette, dans une honteuse nuit tombante de cet
automne 1987, des héros de la révolution burkinabée dans un petit cimetière de
Ouagadougou qui n’était alors qu’un terrain vague. Des analyses ADN devraient
confirmer si l’histoire disait vrai, si c’est bien là que gisait celui dont la mort a fait
un mythe vivant.

Les proches de l’ancien chef d’État, à commencer par son épouse, Mariam, ont
toujours fait part de leurs doutes sur cette sépulture. Comme ils ont toujours
habillé son successeur, Blaise Compaoré, des habits du tueur. L’ancien ami,
l’adjoint quand Sankara n’était que le commandant de la division parachutiste
basée à Pô, le soutien à l’heure du coup d’État de 1983, est celui à qui le crime a
profité. Blaise Compaoré (http://www.lefigaro.fr/international/2014/10/31/01003-20141031ARTFIG00259-
blaise-compaore-d-un-putsch-a-l-autre.php) a aussi tout fait pour que les
investigations sur la mort de son frère d’armes n’existent pas. La justice
burkinabée, civile et militaire, a été entravée, les pressions internationales ont été
repoussées ou très mollement acceptées. Ce n’est que la brusque chute de ce
président (http://www.lefigaro.fr/international/2014/10/31/01003-
20141031ARTFIG00112-blaise-compaore-l-ex-putschiste-renverse.php) qui
passait pour indétrônable, en novembre après trois jours d’émeutes, qui permettra
enfin l’ouverture d’une véritable enquête.

«C’était lui ou moi»

Avant, les exégètes de la geste de Sankara devaient se contenter de disséquer les
instants du drame. Car si sa mort est un mystère, on sait tout des jours, des heures,
des minutes qui précèdent le 15 octobre 1987 à 16h35. Alouna Traoré, le seul
survivant de la tuerie, l’a souvent raconté. L’arrivée, vers 16h30, de Sankara dans
sa 205 à la villa du Conseil de l’entente, siège du Conseil national de la révolution
(CNR), nom du gouvernement d’alors. La réunion des membres de son cabinet
autour d’une table vite interrompue par des tirs de kalachnikov. «Sankara est allé
seul vers la porte. Il a été fauché par des tirs, affirmait au Figaro il y a peu Alouna
Traoré. Nous avons alors tenté de sortir mais tous les autres ont été tués sauf moi.»
Sankara s’est-il emparé d’une arme alors que les assassins approchaient, comme le
disent certains? «Peut-être. Cela lui ressemble autant de vouloir mourir les armes
à la main que d’avancer seul vers la mort», résume un ancien ministre burkinabé.
Les tueurs sont, eux, restés muets. Ils sont tous connus, tous des proches du
lieutenant Gilbert Diendéré. Cet officier était déjà l’adjoint du capitaine Compaoré
et il le restera jusqu’au bout. Compaoré aussi s’est astreint au mutisme sur
l’épisode, sauf quelques mots en forme d’aveux qu’il aurait prononcés, «c’était lui
ou moi», et démentis depuis. Tout aussi incertaine est la sentence prophétique que
l’on prête à Sankara: «Si un jour on apprend que Blaise veut me tuer, il sera trop
tard.» Mais cela nourrit les soupçons déjà étayés qui désignent le discret Compaoré
comme l’âme du coup.

Rivalité entre ex-capitaines

Car le contexte est lourd. En cet automne 1987, l’amitié entre les deux capitaines
n’est qu’un souvenir. Ils ne se parlent plus. La rupture totale n’est plus qu’une
question de temps, de jours sans doute. Car la réunion du CNR, ce fameux aprèsmidi-là, n’a rien d’ordinaire. Elle doit entériner la création d’une nouvelle
composante militaire, la Force d’intervention du ministère de l’Administration
territoriale (Fimats). Ce groupe a tout d’une arme anti-Compaoré qui, jusqu’alors,
avait la haute main sur la sécurité des personnalités du régime. La feuille de route
de cette Fimats, «préserver les acquis de la révolution» contre «ses ennemis», ne
fait que rendre les choses plus claires.

Depuis des semaines, une intense campagne de dénigrement par tracts ou fanzines
contre Sankara ou Blaise Compaoré inonde Ouagadougou. Chacun sait qu’ils
viennent des deux frères désormais ennemis. Compaoré accuse le chef de l’État de
dérive autoritaire et les Comités de défense de la révolution, les fameux CDR qui ont essaimé dans le pays, d’imposer une dictature. Sankara, lui, a nourri un dossier contre son ancien bras droit pour une autre dérive, droitière celle-là. La liaison de Compaoré avec Chantal Terrasson de Fougères fut une sorte de rupture.

Cette métisse de la grande bourgeoisie ivoirienne n’est pas au goût d’un régime qui
met la simplicité et la proximité avec le peuple au centre de sa philosophie.
Surtout, la famille de la jeune femme est proche de Félix Houphouët-Boigny, le
président ivoirien, qui ne cache pas son aversion pour Sankara.

Le vieux baron de l’Afrique de l’Ouest n’apprécie pas les idées révolutionnaires de
son jeune pair, et encore moins qu’elles plaisent tant à la jeunesse du continent. Le
commandant de la Haute-Volta, vite rebaptisée Burkina Faso, le «pays des hommes
intègres», a bousculé l’ordre établi et sans ménagement. Séducteur, le verbe haut,
il se veut proche du peuple, roulant en R5, voyageant en classe économique quand
il ne boit pas des bières en terrasse des bars en jouant de la guitare. Il a vendu aux
enchères les limousines et les villas du gouvernement. Il plaide pour la
redistribution des richesses, l’autosuffisance et la mise à l’écart des chefferies
traditionnelles. En quatre années de pouvoir, son image s’est certes ternie, ses
inclinations à la brutalité se sont faites plus nettes, mais il attire encore. Et gêne.

La piste du complot français

Paris non plus n’aime pas le fringant Burkinabé. François Mitterrand ferait bien
rentrer dans le rang ce Saint-Just du Sahel et son anticolonialisme virulent. «Leurs
dettes ne sont pas les nôtres
», dit Sankara régulièrement. En 1986, en voyage à
Ouagadougou, le président français affrontait ainsi un violent discours sur la
Françafrique auquel il répondait froidement avant d’avouer: «Ce capitaine est un
homme dérangeant
.» Le hiatus remonte à loin. En mai 1983, Guy Penne, le
conseiller Afrique de Mitterrand, avait soutenu, si ce n’est plus, l’arrestation de
Thomas Sankara alors premier ministre. Quand, six mois plus tard, le
néoputschiste arrive en chef d’État à Vittel pour le sommet France-Afrique et se
trouve accueilli par le même Guy Penne, le clash survient. Les frictions vont
s’enchaîner, de l’arrestation d’un proche de Sankara à Paris, au mépris affiché
envers Blaise Compaoré dépêché en France, en 1984, pour renouer les liens. «Les
relations entre Mitterrand et Sankara sont celles d’un jeune rebelle qui veut
enseigner à un homme d’État rompu de nouveaux tours, que ce dernier connaît
depuis longtemps, et qu’il n’apprend que lentement
», résumait The Times dans un
éditorial.

Car les divergences ne se limitent pas à ces jeux protocolaires. Sankara appuie sur
les faiblesses du socialiste Mitterrand, dénonçant les relations de la France avec
l’Afrique du Sud ou le soutien au rebelle angolais Jonas Savimbi, proche de
Pretoria. Surtout, il se rapproche très vite du Ghanéen Jerry Rawlings – ce qui est
déjà suspect aux yeux des très francophones autorités de Paris et d’Abidjan – qui
lui présente Mouammar Kadhafi. Les relations entre les deux hommes
commencent bien. À Paris, alors en guerre presque ouverte contre Tripoli dans le
désert tchadien, cette alliance passe pour une trahison. Mais le Guide et Sankara,
l’intègre, s’éloignent après un temps. Le leader burkinabé, déjà brouillé avec le
Mali après la brève et grotesque «guerre des pauvres» de décembre 1985, est très
isolé. L’arrivée à Matignon de Jacques Chirac en 1986, qui relance Jacques Foccart
et ses réseaux, n’arrange rien. La solitude internationale de Sankara éveille les
tensions et les ambitions à Ouagadougou. Elles ne feront que monter avant de se
régler dans le sang.

Une cohorte de questions gênantes

Le meurtre de Sankara est-il le fruit d’un vaste complot, passant par la France et la
Côte d’Ivoire? Plusieurs analystes, appuyés par l’association Survie, l’affirment.
D’autres le contestent, comme les proches de Blaise Compaoré. Reste le doute
solide qui ne faiblit pas. Tout au long de son règne, Blaise Compaoré sera poursuivi
par le fantôme de son prédécesseur et une cohorte de questions gênantes. Il aura
beau le déclarer héros national en 2001, le peuple burkinabé n’a jamais cessé de
réclamer des réponses claires.

Quoi que donnent les résultats des tests ADN entamés sur les ossements, ils
ouvriront donc une ère d’intenses recherches. Les témoins encore vivants,
notamment Hyacinthe Kafondo, membre du commando de tueurs, ouvriront-ils
leurs âmes? Le nouveau gouvernement au pouvoir à Ouagadougou a pour sa part
déjà décidé de s’appuyer sur le legs sublimé de cette époque. Il a annoncé des
funérailles nationales enfin à la mesure de la légende de Sankara.

Tanguy Berthemet

Source : http://premium.lefigaro.fr/international/2015/06/01/01003-20150601ARTFIG00241-les-derniers-mysteres-de-la-mort-de-thomas-sankara.php ou la journal entier du 2 juin 2015 entier en PDF à http://kiosque.lefigaro.fr/le-figaro/2015-06-02

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L’opinion 31 mai 2015La France était-elle impliquée dans le meurtre de Thomas Sankara ?

de Pascal Airault

Les restes de l’ex-président révolutionnaire du Burkina, tué en 1987 lors du coup d’Etat qui a porté Blaise Compaoré au pouvoir, ont été exhumés mardi. La France était-elle impliquée dans le meurtre de Thomas Sankara ?

Les faits – Le 15 octobre 1987 à 16h45, le capitaine Sankara, alors chef de l’Etat, était tué par ses frères d’armes devant la villa du Conseil de l’entente, siège du Conseil national de la révolution (CNR), alors qu’il y présidait une réunion. Son corps a été exhumé mardi par la justice militaire burkinabè qui a ouvert une enquête, en mars dernier, à la demande des autorités de transition qui ont cédé à la pression populaire.

Ce jour-là, Thomas Sankara portait un survêtement rouge avec des rayures noires. Telles sont les découvertes faites par l’équipe chargée de procéder à l’exhumation, mardi matin, du corps de l’ancien président révolutionnaire. « Après 27 ans, les opérations sont aussi minutieuses qu’une fouille archéologique, explique Me Bénéwendé Sankara, avocat de la famille de l’ex-chef de l’Etat. Son corps avait été posé à même le sol dans la tombe. Il n’y a plus que des morceaux de tissus et des ossements ». Depuis lundi, la justice militaire exhume aussi les corps de douze de ses proches, tués le même jour, qui sont enterrés au cimentière de Daghnoen dans la banlieue de Ouagadougou, en présence des familles. Outre la vérification des identités des défunts, les experts recherchent des projectiles ou des balles pour éclaircir le mystère de leur mort.

Promesse des autorités de transition, la réouverture de l’affaire Sankara a été confiée à la justice militaire qui a ouvert en mars une enquête. Le juge d’instruction a fait appel à deux experts burkinabés près la Cour d’appel de Ouagadougou, le professeur Robert Soudré et le Dr Norbert Ramdé, ainsi qu’au Français Alain Miras, médecin légiste expert près la Cour d’appel de Bordeaux, pour les exhumations.

Le régime de Blaise Compaoré, renversé fin octobre 2014 par une insurrection populaire, avait refusé la poursuite des enquêtes sur les circonstances du meurtre. Cela fait pourtant des années que Mariam Sankara, la veuve du défunt, et ses enfants mènent ce combat. Ses fils, Philippe et Auguste, ont récemment fourni des échantillons d’ADN qui seront comparés à celui des restes de leur père. Et Mariam Sankara a été longuement entendue, le 18 mai, par le juge militaire en charge de l’affaire. Son retour au pays a été triomphal et sert de catalyseur aux partis sankaristes. Son avocat, Bénéwendé Sankara (aucun lien de parenté), a été désigné le 17 mai comme candidat à la présidentielle d’octobre prochain, lors d’une convention réunissant neuf partis politiques et des associations qui se revendiquent de l’ancien capitaine de la révolution.

Arrivé au pouvoir à la faveur d’un coup d’Etat orchestré avec son frère d’armes Blaise Compaoré, en août 1983, Thomas Sankara développe un discours nationaliste et populaire bien loin des us et coutumes de chefs d’Etat du pré-carré français comme l’ivoirien Felix Houphouët-Boigny. Sankara s’en prend directement à l’ancienne puissance coloniale, dénonçant l’ex-métropole comme le principal frein au développement de l’Afrique.

Au fil des années, ses rapports se détériorent avec Blaise Compaoré, qui s’est amouraché de Chantal Terrason de Fougères, une riche héritière franco-ivoirienne devenue son épouse. Compaoré est le grand bénéficiaire de la mort de Thomas Sankara puisqu’il hérite du pouvoir. La famille du défunt et ses proches collaborateurs semblent persuadés que Compaoré a commandité son assassinat – ce que ce dernier a toujours nié – avec la bénédiction de la France et de la Côte d’Ivoire. A l’époque Felix Houphouët-Boigny et François Mitterand sont au pouvoir mais la France est en pleine cohabitation, Jacques Chirac étant le Premier ministre de Mitterrand, lequel s’est rendu au Burkina Faso en 1986. Son homologue burkinabé l’agace avec ses discours anti-impérialistes mais de là à le faire assassiner… Selon un témoin socialiste de l’époque, Mitterrand aurait même envoyé deux émissaires au président burkinabé pour le prévenir qu’il courait de grands risques.

« Il faut plutôt y voir la main des réseaux Foccart et ceux du président Houphouët-Boigny », précise l’un des émissaires. Une hypothèse jamais confirmée par les historiens, Français comme Ivoiriens, qui ont débriefé les anciens compagnons de Foccart et du président de Côte d’Ivoire. Pour l’avocat de Thomas Sankara, la France doit en tout cas laisser la justice burkinabé accéder à ses archives pour permettre à la vérité de se manifester. L’avocat demande également l’audition de Blaise Compaoré, qui vit en exil en Côte d’Ivoire, et de Gilbert Diendéré, son ancien chef d’état-major particulier, qui a aussi dirigé la garde présidentielle et les renseignement généraux. Encore en vie, ce dernier a été aperçu par des témoins sur les lieux du crime après la tuerie du 15 octobre 1987.

Pascal Airault

Source : http://www.lopinion.fr/26-mai-2015/france-etait-elle-impliquee-dans-meurtre-thomas-sankara-24590

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