Publié le 26 mai 2015 sur http://lobservateur.bf/

Exhumation des restes de Sankara : « Des ossements à 45 cm de profondeur » (Me Bénéwendé Stanislas)

Disponible pour parler à la presse, Me Bénéwendé Sankara l’est assurément. Les journalistes étaient donc à l’affût pour lui arracher quelques mots. Et voici ce qu’il nous a confié hier en début de soirée au cimétière de Dagnoën.

Comment s’est déroulé le 2e jour de l’exhumation?

D’abord, c’est pour moi un travail d’archéologie qui est en train de se faire parce que ce sont des corps qui ont été laissés à même le sol. Voilà pourquoi le travail est très difficile et prend du temps. Au début, ce n’était pas évident parce qu’il fallait d’abord procéder par les mains pour s’assurer de la profondeur. Ce matin,(NDLR :hier mardi), on a commencé par la tombe supposée être celle du président Thomas Sankara. À 45cm environ de profondeur, on a trouvé les premiers éléments qui étaient composés d’ossements, de morceaux de tissus à fond rouge avec des traits noirs. Aux environs de onze heures, on a pu extraire tout ce qu’il y avait comme restes et cela a été mis en sécurité pour les besoins de l’expertise.

A la fin de cette journée, on peut dire que le travail a beaucoup avancé parce qu’on a pu (si ma mémoire ne me fait pas défaut) exhumer cinq restes plus les deux d’hier ça fait déjà sept et le travail va se poursuivre.

Les mots me manquent pour qualifier ce que nous autres ressentons quand on voit ces corps. Au-delà de l’émotion, ça donne vraiment des frissons et franchement je comprends pourquoi certaines familles ne veulent pas voir l’horreur. Ça nous renvoie quand même à la dimension de la tragédie d’il y a plus de 27 ans. C’était horrible, franchement dit, c’était horrible.

Peut-on avoir l’identité des quatre autres personnes dont les restes ont été exhumés ce jour ?

Quand nous avons fini avec la tombe supposée du président Sankara, on a tout de suite entamé celle de Abdoulaye Gouem. Je crois qu’après lui, ont suivi les tombes de Der Somda, Sibiri Zagré et Wallilaye Ouédraogo.

S’agissant de la tombe de Sankara, vous avez déclaré qu’à 45 cm profondeur, on a pu trouver les premiers éléments. Qu’en est-il des autres?

Les profondeurs ne sont pas les mêmes. Il y en a par exemple qui sont à environ 30cm de profondeur mais chez le président, je dis qu’à 45cm, on a vu les premiers éléments.

Est-ce ce que toutes les parties du corps sont été retrouvées, notamment le crâne?

Il est difficile à ce stade de dire certaines choses. Seuls les experts pourront donner plus de détails.

Où va se dérouler le travail d’expertise?

Il y a deux éminents experts burkinabè qui sont dans le processus plus bien sûr l’expert français. Vous savez que même les professeurs éminents qui sont au Burkina travaillent avec des laboratoires agréés aussi bien en Europe qu’en Amérique. Donc je me dis que si les besoins d’analyse doivent se faire ailleurs parce que nous n’avons pas de laboratoires qualifiés, ça se fera. Je précise aussi qu’il doit y avoir un travail balistique. Toutes les tombes sont fouillées, la terre est tamisée. C’est pour ça d’ailleurs que sur chaque tombe, on peut passer plus de 4h parce que même quand on prend les restes, le sol est fouillé avec des appareils au millimètre carré.

A-t-on trouvé des traces de balles sur les ossements?

Non, je ne peux répondre à cela puisque on ne nous présente pas ce qui est mis sous scellé. C’est à la fin du rapport qu’on nous présentera tout ce qu’on a trouvé.

Les restes reviendront-t-ils à Dagnoën ou seront-ils transférés ailleurs?

Bien sûr que quand on a déterré, il faut enterrer. Nous nous pensons que quand on aura les résultats, quand on va pouvoir identifier les corps, dire que voici désormais tel corps pour telle famille, il va falloir en ce moment-là que les familles s’en approprient. Mais vous savez bien que quelqu’un comme Sankara, chef d’État et militaire, n’a pas eu de funérailles dignes de son rang. Il est tombé avec douze autres et nous pensons qu’il reviendra en tout cas aux familles et peut-être au gouvernement d’aviser et de prendre toutes les mesures idoines pour leur rendre l’hommage mérité. C’est notre souhait et je pense que le gouvernement nous écoute à travers vos médias. C’est une requête que nous formulons.

Êtes-vous optimiste pour la suite de la procédure?

Tout à fait. Je suis très optimiste en ce sens que nous attendons d’abord un rapport d’étape. Le rapport sera fait par tous les experts et sera communiqué. Nous avons pensé que les experts pourraient même communiquer avec les familles, mais à ce stade, ce n’est pas possible. C’est quand les résultats vont nous parvenir qu’on peut véritablement analyser et tirer toutes les conséquences.

Propos recueillis par Adama Ouédraogo Damiss et Nicole Ouédraogo (stagiaire)

Source : http://lobservateur.bf/index.php/societe/item/3883-exhumation-des-restes-de-sankara-des-ossements-a-45-cm-de-profondeur-me-benewende-stanislas

Affaire Thomas Sankara : l’heure de la vérité au cimetière de Dagnoën (video)

Video d’Ismaël Compaoré (Droit Libre tv http://www.droitlibre.net)

C’est sous haute surveillance policière que se déroule au cimetière de Dagnoën à Ouagadougou, l’opération d’exhumation des restes du capitaine Thomas Sankara et de ses 12 compagnons assassinés le 15 octobre 1987. Débutée le lundi 25 mai 2015, c’est dans la matinée du mardi 26 mai que la tombe supposée être celle de Thomas Sankara a été ouverte. Me Bénéwendé Sankara, l’un des avocats de la famille de l’ancien président, encore sous le coup de l’émotion, nous dit ce qui a été trouvé.



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