Un spectacle de  Serge Aimé Coulibaly

 

Contacts :

Faso Danse Théâtre

Lise Leclerc Chargée de Production et de Diffusion

Tel : 06.64.86.78.96.    fasodansetheatre@yahoo.com 

www.fasodansetheatre.com

 Le Grand Bleu Etablissement National

Anne Désidéri Chargée de Production et de Diffusion

Tel : 03.20.00.55.71 adesideri@legrandbleu.com 

www.legrandbleu.com

Fiche technique :

Création Décembre 2007  Le Grand Bleu – Lille

Chorégraphie et mise en scène : Serge Aimé Coulibaly

Interprétation : Manibi Djakaridja Koné

Texte :  Serge Aimé Coulibaly  Renaud Antal

Création lumière : Yann Hendrickx

Création costumes : Emilie Dufossé

Arrangement musical : Benjamin Collier

Coproduction : Le Grand Bleu, Etablissement National Lille Région Nord-Pas de Calais, Culturesfrance – Ville de Lille, Faso Danse Théâtre,

Avec le soutien de Doni Doni et de la Condition Publique

 

Propos :

Dans un jardin public, un homme assis seul essaye de se retrouver physiquement, se bat avec lui même, avec une violence déconcertante.

Cet homme est Burkinabè. Voilà plusieurs années qu’il est parti de son pays, au lendemain des premières réformes pour la démocratie.

Marié en France, père d’un enfant, il vit dans la rue depuis des mois, chassé par sa femme pour infidélité.

Membre des Comités de Défense de la Révolution (CDR) créés pendant le pouvoir de Thomas Sankara, il est parti du pays après l’assassinat de celui-ci.

Après un long voyage qui l’amène dans plusieurs pays, il atteint finalement la France.

Ce jour là, assis sur ce banc, dans un mélange de dépression et de révolte contre la société, il nous raconte l’espoir qu’avait suscité au Burkina Faso et en Afrique le Capitaine Thomas Sankara.

 

Note d’Intention de l’auteur :

En tant qu’artiste étranger en Europe, je pense qu’il est important de donner des témoignages qui nous permettent d’aller à la rencontre de l’autre dans un monde où l’étranger est perçu comme la source de tous les maux de la société, de questionner l’autre à travers notre humanité, nos espérances, nos solitudes, nos richesses, nos différences, et à travers notre histoire commune.

Quand j’étais révolutionnaire est d’abord né de ma rencontre avec un autre artiste burkinabé vivant en Europe,  Manibi Koné, qui vit en Belgique depuis plusieurs années.

Nous avions la volonté commune de parler de nos vies d’étranger en portant un regard sur la société dans laquelle nous nous inscrivons, et cela à travers le regard d’un sans domicile fixe, qui erre en marge de la société.

D’autre part, je souhaitais parler de la révolution menée par Thomas Sankara, président du Burkina Faso du 4 août 1983 au 15 octobre 1987. A travers nos souvenirs de jeunesse de « pionniers de la révolution », nous avons imaginé l’histoire de ce SDF qui autrefois était fier, travailleur digne, progressiste ambitieux, et qui désormais se retrouve complètement vide, sans ambition, avec le passé comme unique espérance.

Cette pièce donne la parole à celui qui ne supporte plus l’indifférence des autres, qui ne supporte plus le regard critique des autres, qui se réfugie dans le passé pour espérer trouver l’ombre d’une fierté, pour espérer trouver une certaine reconnaissance.

Le texte, la musique, la danse de Quand j’étais révolutionnaire répondront à un seul désir : celui de faire passer l’émotion pour mieux interpeller l’autre.

Dans les sociétés traditionnelles en Afrique, tout commence par la parole. Quand la parole ne suffit pas à exprimer tout ce qu’on a envie de dire, on chante, puis le corps se met mouvement pour transcender la voix. De ce mouvement naît la vibration, sensation qui se passe de mots, de chant, de parole.

La rencontre avec Manibi est déterminante dans l’écriture de la pièce : musicien-conteur, comédien, danseur traditionnel et contemporain, il incarnera ce rôle qui relève d’une réelle performance.

Comment donner corps à la parole ? Comment défier la parole avec le texte ? Cet homme en pleine confusion dans sa tête, qui mélange son histoire, son parcours migratoire, son exclusion de la société, cet homme là est surtout à la recherche de lui-même.

« Peu d’hommes politiques auront suscité, avant [Thomas] Sankara autant d’espoir, d’enthousiasme et de fierté dans la jeunesse africaine. Il avait su exprimer  avec des mots qui touchent juste, qui vont droit au cœur ce que tout un peuple, un continent entretient dans ses entrailles, dans son tréfonds depuis des siècles.

Sa voix était l’écho des humiliations quotidiennes contenues, des souffrances tues, de la colère collective, du besoin d’émancipation économique et politique [et social] […] de ceux qui sont exclus du pouvoir, interdits de parole. »  (David Gakunzi).

Depuis l’indépendance du Burkina Faso en 1960, Thomas Sankara est le chef d’Etat qui, en quatre années de pouvoir, a suscité le plus de fierté, d’espoir et d’enthousiasme dans son pays et en Afrique.

Cette pièce donne la parole à celui qui ne supporte plus l’indifférence des autres, qui se réfugie dans le passé pour espérer trouver l’ombre d’une fierté, pour espérer trouver une certaine reconnaissance.

Le texte, le musique, la danse de Quand j’étais révolutionnaire répondront à un seul désir : celui de faire passer l’émotion pour mieux interpeller l’autre.

Serge Aimé Coulibaly

 

Extraits :

Le soleil ne se couche jamais, c’est l’homme qui s’éloigne de la lumière.

« Ne me regardez pas comme cela, je ne cèderai pas : je ne veux plus qu’on me respecte ! Et je resterai comme cela jusqu’à ce qu’on me respecte… J’ai cédé une fois, pas deux…Du respect en costumé à la porte des magasins, cerbère d’ébène pour richesses réservées, très peu pour moi ! Remarque, ça en jette, leurs tenues. Tout le monde faisait attention à moi, ils avaient peur de moi ! Mais non, moi je ne veux pas de ce respect-là, et je resterai ici jusqu’à trouver quelque chose à la hauteur de mes compétences. Merde, je ne suis pas n’importe qui, moi…Comme cette dame qui passait devant le magasin l’autre fois, traînant son lardon braillard arrivé au stade suraiguë du caprice ; elle lui dit en me montrant du doigt : « Si tu n’arrêtes pas, le monsieur-là va t’attraper, te manger, t’as compris ? », puis elle ose venir me demander d’effrayer son fils ! C’est ça le respect que je suis censé incarner ? Ou bien faire respecter des marchandises que les gens ne peuvent pas s’offrir ? C’est toujours comme ça : même quand on vous accepte pour travailler dans le système, c’est pour vous laisser à la porte.

Qu’est-ce que je ne sais pas faire ? Moi qui ai écrit avec les camarades une page de l’Histoire de l’Humanité ! La bataille du rail, les opérations commando de vaccinations, un million et demi d’enfants vaccinés en une semaine, la construction de logements pour tous, 50 000 en trois ans, 15 millions d’arbres planter; faire de grandes choses en un temps rapide avec des moyens limités… »

Le texte de fin 

 

Le 15 Octobre, le ciel s’est assombri,

L’horizon s’est obscurci.

Notre Jeunesse fière mais naïve,

Dans son élan, a perdu sa locomotive

L’espoir des peuples opprimés, oppressés

Face aux mitraillettes s’est écroulé.

L’avenir a changé de côté

Pour la jeunesse  anéantie

Sous le ciel assombri du 15

Face à la force des balles qui, en tous sens

Te transperçaient le corps, camarade,

Tu as gardé le sourire et le silence,

Narguant ces criminels en puissance.

Au son des mitraillettes, ce jeudi,

Le peuple en panique s’est enfui,

Disparaissant au fond des cases,

Des maisons, Au fond des siyards.

Un brouhaha formidable de mobylettes,

De pleurs, de hurlements, de mitraillettes

De cris de femmes et d’enfants en terreur

Fuyant l’ennemi invisible massacreur

Dans le brouillard  poussiéreux de Ouaga.

Tu leur as dit, camarade,

J’espère que tu leur as dit qu’ils le regretteraient.

Sale temps de merde, l’horizon s’affole,

Les oisillons s’écrasent dès leur premier envol.

Sale temps de merde

Dieu donne dos à notre peuple

Pour donner raison à ceux qui l’on toujours bâillonné, exploité, oppressé,  opprimé.

De la terre, le ciel s’est rapproché

Pour comprendre ce qui s’y passait.

Les hommes se retournent, paniqués,

Vers les mitraillettes pour les embrasser.

Sale temps de merde

Ma petite fille pleure au son de la fanfare militaire.

 

Dans l’après midi avant le coucher du soleil,

Avant le sport de masse pour l’éveil,

L’avenir nous a fait la nique,

Laissant derrière lui une espérance chimérique.

Camarade, tu me manques,

Dans ce monde de banques,

D’individualisme et d’oppression,

Gangrené par la corruption.

La bourgeoisie insouciante est de retour et roule, Surfant sur nos routes jonchées de nids de poule.

Les hiboux aux regards gluants ont repris possession de la ville,

Et, avec leurs alliés, ils perdent nos villages, nos villes

Sale temps de merde

Ou les fleurs d’ici pourrissent sous l’eau,

Pendant que dans les sables nos jeunes se faufilent,

Pendant qu’ils emportent avec eux l’espoir des familles,

Pendant que leurs peaux essaient d’éviter la morsure des barbelés

Sale temps de merde

Depuis, partout, c’est la confusion,

Ces images ne veulent pas quitter ma tête,

J’entends encore le son des mitraillettes.

Sale temps de merde dans mon cerveau

Je cours après ma vie

Il n’y a plus que des Jeudis

 

Presentation de Serge Aimé Coulibaly :

On trouvera une interview de Serge Aimé Coulibaly, réalisée pour le site thomassankara.net à l’adresse 

La page de Serge Aimé Couliblay est à l’adresse http://profile.myspace.com.

Voir aussi le site de Faso à l’adresse http://www.fasodansetheatre.com 

1993-2001 : membre de la Compagnie Feeren (direction : Amadou Bourou) de Ouagadougou (Burkina-Faso), jumelée avec le Grand Bleu. Participe comme danseur et comédien aux spectacles de la compagnie et aux tournées (Italie, Belgique, France, Danemark et plusieurs pays d’Afrique et d’Europe). Il suit des stages avec Salia ni Seydou et plusieurs autres chorégraphes européens.

1998 : dans le cadre de la compagnie Feeren, il chorégraphie le spectacle d’ouverture de la coupe d’Afrique de foot (CAN98).

1999 : dans le cadre de la compagnie Feeren, il chorégraphie le spectacle d’ouverture du Fespaco (Festival Panafricain de cinéma de Ouagadougou).

Novembre 2001 : il vient en France pour 6 mois à l’invitation de Nathalie Cornille pour créer “Doublé-Peau” (un duo).

Août – Septembre 2002 : il est sélectionné par Claude Brumachon et participe à un laboratoire de création au centre chorégraphique national de Nantes.

Décembre 2002 : il crée son premier solo Minimini à Lille dans le cadre de Planetado (festival organisé par le Grand Bleu).

2003 : il est interprète dans « Wolf » d’Alain Platel (Les Ballets C de la B)

2004 : il est interprète dans Tempus Fugit  de Sidi Larbi Cherkaoui créé en Avignon.

Chorégraphe et interprète dans « Et Demain… » dans le cadre des émergences de Lille 2004 Capitale européenne de la culture. Il crée sa compagnie Faso-Danse-Théâtre dont Le Grand Bleu assure la production déléguée.

2005 : il chorégraphie avec Dalisa Pigram  Burning Daylight  qui se ra créé en 2006 pour Marrugeku Compagny  Sydney (Australie).

2006 : il chorégraphie A Benguer pour la Compagnie Faso Danse Théâtre (coproduction Le Grand Bleu, Faso Danse Théâtre, la Biennale de la danse de Lyon, Ballets C de la B, Fondation Beaumarchais, Centre Culturel Français de Ouagadougou, Le centre de développement chorégraphique de Ouagadougou, AFAA, Africalia)

2007 : Il est invité par la Liverpool Culture Company pour chorégraphier « Sugar project », un projet avec des danseurs urbains de Marseille et Liverpool sur la place des jeunes dans la ville, pour l’événement Liverpool 2008, Capitale Européenne de la Culture.

2008-2009 : Spectacle “Babemba” de danse et de musique qui se produit dans de nombreux pays. Voir la présentation à l’adresse.

 

Présentation de l’interprète Djakaridja Koné, dit Manibi :

2000 : Comédien dans « Marbayassa », sous la direction d’Issa Sinaré.

2001 : Comédien dans le spectacle « Un ennemi du peuple », de Henri Ibsen, sous la direction de Théa Stabelle (Burkina Faso – Norvège, Théâtre National d’Oslo)

2002 : Comédien dans « Ici la vie est belle », sous la direction de Hubert Kagambega et Evelyne Fagnen.

Lauréat du Grand Prix National du Théâtre du Burkina Faso.

2003 : Spectacle de Contes « Festival Parole » au Solstice Théâtre – La Montagne magique – Bruxelles

2004 : Comédien – danseur dans le rôle de « Abad », de Bernard-Marie Koltès. Mise en scène de Vincent Dhelin (France)

2005 : Comédien dans le rôle de « Yaguin », de Kagni Alem (Atterrissage). Mise en scène de Denis Mpouga (Belgique, Théâtre Varia – Bruxelles, Limoges – France, Take off Festival – Angleterre, Centre Culturel Français – Mali, Racine – Bénin)

2006 : Comédien danseur dans « En Servicio ». Mise en scène et chorégraphie Hans Van Den Broek (Autriche – Académie Théâtre de Vienne, Belgique – KVS Bruxelles, France – Théâtre de la ville Paris, Glasgow Tramway Théâtre)

 

LAISSER UN COMMENTAIRE

Saisissez votre commentaire svp!
SVP saisissez votre nom ici

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.