Portrait réalisé par Jeanne Aicha Ba dans le cadre du cours GIE 64375 “Relations humaines dans les affaires internationales”, Programme de MBA en gestion internationale de l’Université Laval.

Né le 21 décembre 1949 à Yako en Haute Volta, actuel Burkina Faso, Thomas Sankara a fréquenté l’école primaire à Gaoua, a commencé ses études secondaires au Lycée Ouezzin Coulibaly de Bobo et est entré par la suite au Prytanée militaire du Kadiogo où il a obtenu son baccalauréat. Il a ensuite entrepris une carrière militaire, notamment au Madagascar où il est revenu de l’Académie Militaire d’Antisirabe (Madagascar) avec le grade de sous-lieutenant. Il a également fait un stage à l’école de parachutisme de Pau en France puis au centre de parachutiste de Rabat au Maroc. Au niveau de sa carrière politique, il a été nommé secrétaire d’état à l’information en 1981 sous le régime de Seye Zerbo, par la suite, il devient premier ministre sous la présidence de Jean-Baptiste Ouédraogo en 1983. Il a été en prison la même année à la suite de la visite de Jean-Christophe Mitterrand, le fils de François Mitterrand, qui était à l’époque le conseiller de son père en matière d’affaires Africaines. À la suite d’un coup d’état avec l’actuel président, Blaise Compaoré, il devient président le 4 août 1983 à l’age de 33 ans. Lors de son premier anniversaire au pouvoir, il changea le nom du pays, de Haute Volta en Burkina Faso, il a également changé le drapeau et a écrit un nouvel hymne national.

Thomas Sankara est sans aucun doute le personnage de l’histoire Burkinabé le plus connu et le plus populaire dans le monde.
Au delà de son rôle, de ses actions et de son leadership, il est devenu une figure populaire et symbolique de l’histoire au Burkina Faso et est, autant considéré comme tel en Afrique et dans le monde. Il était un leader charismatique. Le fait qu’il était un guitariste et qu’il aimait les motocyclettes, des choses pourtant très simples, ont également contribué à son charisme. Grâce à sa politique, Thomas Sankara constituait un espoir pour le peuple Burkinabé et l’Afrique. La participation de plusieurs femmes à des postes ministériels, environ le quart, ainsi que, sa politique axée sur l’éducation, la santé, l’élimination de la corruption et de la famine, et enfin, le reboisement ont fait de lui quelqu’un d’intègre, un homme juste et droit. L’amélioration du statut des femmes était l’une des priorités de Sankara, ce qui était sans précédent en Afrique occidentale, à l’époque. La circoncision des filles a été interdite par son gouvernement, il condamnait également la polygamie, et faisait la promotion de la contraception. Son gouvernement a été le premier gouvernement africain à reconnaître le SIDA comme un fléau et constituant une menace importante pour l’Afrique. Thomas Sankara était un homme du peuple, accessible et simple, il se mêlait à la population sans aucun problème, il a même déjà été arbitre lors d’un match où son gouvernement jouait.

Il était considéré comme un Che Guevara africain.
De par ses activités, ses actions, ses discours et sa politique, Sankara était quelqu’un de troublant et de gênant. Il était dérangeant pour plusieurs personnes et pays, puisqu’il rejetait ce que la majorité des autres présidents faisait, approuvait ou prônait, comme la corruption ou la non reconnaissance des droits des femmes. En outre, contrairement à plusieurs chefs d’états, Sankara, ne croyait pas au fait que les pays industrialisés vont l’aider à développer son pays. Au contraire, pour lui, le développement du Burkina Faso se fera par la participation et le travail du peuple Burkinabè. Il prônait l’idée que le Burkina ne devait compter que sur lui-même et sa population. Il appartenait, sans aucun doute, au groupe de chefs africains qui ont voulu donner au continent africain en général et à leur pays en particulier une nouvelle dimension socio-économique. On le surnommait “Tom Sank”, et il a souvent été comparé à Che Guevara, pour bien des africains, et sur plusieurs autres continents, il était considéré comme un Che Guevara africain.

Thomas Sankara était un nouveau style de chef d’état. Il fascinait les gens et personne ne restait indifférent face à lui. C’est pourquoi il fut si aimé et si haï en même temps. Plusieurs années après sa disparition, le monde garde de lui l’image d’un leader intègre et modeste, qui a changé les mentalités de la majorité ses concitoyens et donné une certaine dignité à son pays. Une image et un idéal qui résistent encore au temps. On peut, donc dire que sa mort a été vraiment un échec pour ceux qui voulaient l’éteindre et éliminer son nom. Puisqu’elle a permis de donner un signal à la jeunesse africaine, qui se reconnaît en ce héros et leader et dont son courage, ses politiques, ses discours et ses actions guident plusieurs jeunes africains, qui sont l’espoir Africain de demain, et qui continuent de le percevoir comme quelqu’un qui pouvait freiner l’injustice et la misère en Afrique.
Son entourage le décrit comme quelqu’un de taquin, d’amical, de chaleureux et d’humoristique. Dès fois lyrique et poétique, mais toujours égal à lui-même : un nationaliste jusque dans l’âme, un idéaliste, un organisateur, un rigoureux, un méticuleux, un audacieux, un provocateur, un homme imprévisible et attachant qui aimait les belles choses et la simplicité.

Cependant, une des limites de ses actions était de vouloir prendre les biens des riches pour les distribuer aux pauvres. Il n’a pas, non plus, remarqué le scepticisme croissant de son peuple à l’égard de ses politiques. À cet effet, le fait d’obliger un ministre à payer sa facture d’électricité a été dénoncé par plusieurs personnes. Même si la majorité du peuple burkinabé était d’accord avec ses politiques, ils ne trouvaient pas cette attitude correcte et digne d’un chef d’état. Sa totale confiance envers son entourage, sa rapidité dans ses actions, ses discours et ses politiques ont en bout de ligne mené à sa perte. Voici un premier extrait d’un de ses discours :

“Je dis que les Africains ne doivent pas payer la dette. Celui qui n’est pas d’accord peut sortir tout de suite, prendre son avion et aller à la Banque mondiale pour payer”.

La popularité de Thomas Sankara se situait principalement dans ses nombreuses qualités charismatiques, son énergie communicative, son exigence envers lui-même et les autres, son intelligence, sa créativité, sa sincérité, sa loyauté, sa conception de la justice, l’ampleur du travail qu’il était capable d’accomplir, et sa simplicité. Son leadership, quant à lui, résidait au niveau de sa capacité à faire adhérer les gens à ses actions, en restant toujours très proche des gens, tant sur le plan physique qu’au niveau du langage qu’il utilisait, sa capacité à entraîner son entourage et son peuple, mais aussi son intégrité, ses convictions et sa modestie. D’après Bruno Jaffré (1997), les seuls véritables reproches qu’on pourrait lui faire, c’est d’avoir accédé au pouvoir trop jeune, d’avoir voulu aller très vite dans une situation pourtant extrêmement difficile en regard des objectifs que s’était fixés la révolution et des moyens disponibles pour les atteindre. Ce qu’on peut lui reprocher c’est finalement d’avoir été trop humain, trop sensible. C’est son humanité qui l’avait amené à pousser son entourage à s’atteler à une tâche que beaucoup pensaient inhumaine car trop ambitieuse.

Thomas Sankara a été assassiné à la suite d’un coup d’état organisé par son ancien compagnon et l’actuel président, Blaise Compaoré, le 15 Octobre 1987. Toute la population Burkinabé défilait dans les rues pour le pleurer et les jours suivants, des milliers de personnes se sont rendus sur sa tombe en condamnant ainsi l’assassinat.

Jeanne Aicha Ba


Bibliographie : Jaffré Bruno : “Biographie de Thomas Sankara : La patrie ou la mort, nous vaincrons“, Paris/Montréal, l’Harmattan, 1997.

Contact : jeanne06@hotmail.com

Source : http://www.culturefemme.com/

Les fichiers joints

    LAISSER UN COMMENTAIRE

    Saisissez votre commentaire svp!
    SVP saisissez votre nom ici

    Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.