Par Cheriff Sy

Publié le 14 octobre 2014

15 octobre 1987 – 15 octobre 2014 voilà 27 ans jour pour jour que l’espoir a été froidement assassiné. 27 ans que lui et une douzaine de ses collaborateurs tombaient sous les balles d’un commando envoyé par les tenants du pouvoir d’aujourd’hui. En cette date douloureusement mémorable du 15 octobre, Cheriff Sy, Directeur de publication du journal Bendré, partage avec nous le texte ci-dessous qui s’intitule : « L’Homme ». Lisons et faisons lire autour de nous afin de découvrir ou de redécouvrir cet Homme qu’était le Capitaine Thomas Sankara.

L’Homme

Quand l’Homme est venu, son pays était une « synthèse douloureuse de toutes les souffrances de l’humanité ». Ainsi son pays détenait un triste palmarès :
• Record mondial de mortalité infantile
• Balance agricole constamment négative
•Balance commerciale permanemment déficitaire
•Dette publique extrêmement élevée

L’Homme voulut faire de son pays une terre de dignité et de liberté.
Alors courageusement, il sut redéfinir la somme du possible et du pensable par laquelle le développement d’un pays comptant parmi les plus démunis du monde pouvait être envisagé. Partant de l’évidence que le sous-développement et la dépendance ne pourraient trouver d’issue sans l’intégration des habituels exclus du jeu social: les paysans, les femmes et les jeunes, l’Homme s’engagea dans un processus de transformation social progressiste et progressif.

Sa révolution ? Simple : travailler plus, dépenser moins et mieux, et produire plus en se préoccupant des besoins prioritaires de son pays !

Il le dit lui-même : «Notre révolution est et doit être permanente, l’action collective des révolutionnaires pour transformer la réalité et améliorer la situation concrète des masses de notre pays. Notre révolution n’aura de valeur que si en regardant derrière nous, en regardant à nos côtés et en regardant devant nous, nous pouvons dire que les Burkinabé sont, grâce à la révolution, un peu plus heureux, parce qu’ils ont de l’eau saine à boire, parce qu’ils ont une alimentation abondante, suffisante, parce qu’ils ont une santé resplendissante, parce qu’ils ont l’éducation, parce qu’ils ont des logements décents parce qu’ils sont mieux vêtus, parce qu’ils ont droit aux loisirs ; parce qu’ils ont l’occasion de jouir de plus de liberté, de plus de démocratie, de plus de dignité. Notre révolution n’aura de raison d’être que si elle peut répondre concrètement à ces questions. Notre révolution n’aura de raison d’être que si elle peut répondre concrètement à ces questions.» ”

« Notre révolution n’aura de raison d’être que si elle peut répondre concrètement à ces questions. »

L’Homme, qui faisait ce qu’il dit et disait ce qu’il fait, décida de trouver des solutions adaptées aux questions existentielles précitées. Il s’engagea à la fois sur plusieurs chantiers:
• L’orientation économique en fonction des nécessités et des besoins réels du peuple et non selon les impératifs et les intérêts de – l’économie capitaliste mondiale
• La réforme agraire par laquelle la terre appartient à celui qui la cultive
• La réforme administrative pour assurer une bonne gouvernance
• La libération de la femme par la participation à la vie politique et économique, la lutte contre la prostitution, l’adoption d’un code de la famille, l’interdiction de l’excision…
• La protection de l’environnement par la lutte contre la désertification
• Etc…

En quelques années, l’Homme fit faire à son pays un bond qualitatif. Mais il restait conscient que les questions essentielles de son peuple étaient celle de tout son continent et de tous les peuples exploités et opprimés. Panafricaniste et antimondialiste, il a su devenir la voix des sans voix.

Rigueur morale …..Intégrité…. Naïveté…..Courage suprême.
La félonie eût raison de l’Homme.

« l’Homme vit en nous. »

Par un après- midi, l’Homme fut fauché par des balles assassines.
L’Homme est tombé, mais il avait eu le temps de semer la graine et l’arroser de son sang ; il avait eu le temps d’enlever un maillon de la chaîne libérant ainsi les opprimés, la jeunesse africaine.
Il aura été un précurseur d’une politique alternative à la dépendance et à l’asservissement que les institutions économiques mondiales continuent d’encourager par leur modèle de développement fondé sur l’endettement.

Mais plus important, l’Homme aura contribué à faire comprendre à son peuple et à tous les opprimés qu’il ne peut y avoir d’alternative crédible venant d’ailleurs pour les sauver. C’est en comptant d’abord sur eux-mêmes, sur leurs capacités intrinsèques à «oser inventer l’avenir» qu’ils trouveront les clés de leur développement et de leur liberté.
Aujourd’hui, en chacun de nos mouvements pour l’épanouissement social, politique et culturel, l’Homme vit en nous.

L’Homme restera à jamais gravé dans la conscience collective.
Et, son exemple servira toujours de bréviaire aux combattants de la libération humaine.

L’Homme s’appelait Thomas Sankara.

Cheriff SY

Source : http://borromee04.wordpress.com/2014/10/14/burkina-faso-15-oct-1987-15-oct-2014-lhomme/

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