Ce 15 Octobre 2010 marque la 23ème commémoration de l’assassinat de Thomas Sankara premier président du Burkina Faso.

Le peuple du Burkina, la population africaine et la communauté internationale attendent toujours de savoir les circonstances de cet assassinat et leur responsable. L’assassinat de Sankara, en compagnie d’une dizaine de ses camarades, et la série de crimes politique qui ont suivi ont clos de façon sanglante une des dernières expériences révolutionnaires en Afrique. Mais l’impunité érigée en système au Burkina a été ébranlée par 13 années de la CIJS campagne Internationale Justice pour Sankara. On se souvient qu’après avoir épuisé tous les recours juridique au Burkina, son collectif juridique avait porté l’affaire au comité des droits de l’Homme de l’ONU. Ce dernier avait crée un précédent en Afrique et au sein de l’ONU en reconnaissant les violations de l’État parti :

« le refus de mener une enquête sur la mort de Thomas Sankara, la non-reconnaissance officielle du lieu de sa dépouille, et la non-rectification de l’acte de décès constituent un traitement inhumain à l’égard de Mme Sankara et ses fils, contraire a l’article 7 du Pacte. Par. 12.2 La famille de Thomas Sankara a le droit de connaître les circonstances de sa mort (…) Le Comité considère que le refus de mener une enquête sur la mort de Thomas Sankara, la non-reconnaissance officielle du lieu de sa dépouille, et la non-rectification de l’acte de décès constituent un traitement inhumain à l’égard de Mme Sankara et ses fils..)»

Mais le comité des droits de l’Homme ne retenait pas expressément le droit d’enquête et n’exigea qu’une compensation et une reconnaissance du lieu de sépulture. Paradoxalement le Burkina n’a apporté aucune preuve pour justifier le lieu de sépulture. La somme offerte en indemnisation à la famille totalisait 43 445 000 Francs CFA, soit 66 231,475 Euros, ou 65 000$. Certains des experts ont estimé que cette somme était plus généreuse (soit 650 000 $ – 434 450 000 FCFA) et que l’État partie faisait montre de beaucoup d’effort en biffant le mot «naturelle» de l’odieux certificat de décès, qui prétendait qu’il était décédé de mort naturel. Malgré la rectification du chiffre par les avocats et l’évidence que le pèlerinage des Sankaristes au cimetière devant des tombes présumées ne pouvait servir de preuve, le comité des droits de l’Homme a déclaré être satisfait en avril 2008 «aux fins du suivi de ses constatations et –qu’il- n’a pas l’intention d’examiner cette question plus en avant au titre de la procédure de suivi».

Mais la CIJS poursuit sa lutte contre l’impunité d‘autant plus que le Burkina a continué à accumuler d’autres violations, passibles de poursuites, tandis que de nouvelles révélations de protagonistes de ces sinistres événements auraient dû l’amener à ouvrir une enquête ou à tout le moins à enfin officiellement donner sa version des faits. (Voir http://www.grila.org/15_octobre_2009.html )

Le collectif de la CIJS prenant au mot la décision onusienne a demandé à aux autorités de prouver que le caveau présumé de Sankara est bien le sien. Le 15 Octobre 2009 le Collectif juridique de la CIJS (1), a déposé une requête pour assignation ainsi qu’ une ordonnance pour un relevé des empreintes génétiques du corps présumé de la sépulture, érigée par le gouvernement du Burkina Faso, devant être comparées avec celles prélevées aux deux enfants Sankara. Un an plus tard, jour pour jour, au mépris du droit les autorités n’ont donné aucune suite à cette requête. À Ouagadougou, e 15 Octobre à 9h40 la CIJS réitère plus fermement sa demande et exige une assignation à date fixe. La rencontre a été exigée auprès du tribunal de grande instance par Me Nzeppa, Farama et Sankara pour le 10 novembre 2010 à 8h et voici quelques extraits de la dite requête :

«Attendu que par Communication en date du 05 avril 2006 (CCPR/86/1159/2003), le Comité des Droits de l’Homme des Nations Unies a mentionné au Point 14 qu’ « en vertu du paragraphe 3a) de l’article 2 du pacte, l’Etat partie est tenu d’assurer un recours utile et effectif à Mme SANKARA et ses fils consistant notamment en une reconnaissance officielle du lieu de sépulture de Thomas SANKARA, et une indemnisation pour l’angoisse que la famille a subie ».

Que dans son mémorandum sur les mesures de mise en œuvre des recommandations du Comite des Droits de l’Homme, le gouvernement du Faso a indiqué avoir pris ou compte prendre un certain nombre de mesures.

Que concernant plus précisément la sépulture dont s’agit, « la tombe de Thomas SANKARA est de notoriété publique au Burkina Faso. Elle est vénérée, chaque année, à l’occasion de la commémoration du décès du Président SANKARA. La famille SANKARA connaît pour le moins bien la tombe de Thomas SANKARA…

… Le gouvernement est prêt à indiquer officiellement à Mariam SANKARA et à ses enfants la tombe de Thomas SANKARA qui se trouve au sein du cimetière de Dagnoen, au secteur 29 de Ouagadougou… » (II. 2.1).
Que Mme veuve SANKARA et ses enfants veulent donc avoir la certitude que le corps se trouvant dans la sépulture qui a été érigée par l’Etat du Faso est bien celui de Thomas SANKARA.

C’est la raison pour laquelle les requérants sollicitent une mesure d’expertise par la méthode des empreintes génétiques, celles du corps se trouvant dans la sépulture érigée par le gouvernement du Burkina Faso devant être comparée avec celles d’un ou des deux enfants de Thomas SANKARA, demandeurs à la présente.

Dans une note de remerciement au GRILA et aux avocats Mariam Sankara veuve de Thomas Sankara déclare :

«Chers amis du GRILA, 23 ans de lutte contre l¹impunité, 23 ans que vous
portez haut et fort le flambeau du sankarisme, 23 ans pendant lesquels
inlassablement vous avez contribué à ce que Thomas Sanakara et ses
compagnons lâchement abattus non seulement ne tombent pas dans l¹oubli, mais que justice leur soit rendue et que la lumière soit faite sur ces événements du 15 Octobre 1987. La famille Sankara, mes enfants et moi même vous sont et vous seront éternellement reconnaissants. Selon un proverbe Africain : “la chèvre dit comment remercier le Dieu de la brousse comme si demain je ne reviendrai pas brouter herbe de ses champs” autrement dit je ne saurai jamais vous remercier car je sais que vous serez toujours à mes côtés
».

La veuve Sankara dans un message adressé aux sankaristes les enjoints à « continuer leur mobilisation contre l’impunité dont bénéficient les assassins et commanditaires et à unir leur force aux côtés du peuple burkinabé pour que par leur votes un véritable changement puisse se produire». Le message intégral est posté sur le site Thomassankara à http://thomassankara.net/?p=981 sur lequel figure aussi une très encourageante pétition de ses animateurs qui engrangent des milliers de signatures appelant à poursuivre la mobilisation pour la justice pour Sankara ( http://thomassankara.net/?p=866 ) .

(1) Le Collectif Juridique de la CIJS est composé de : Me Nargess Tavassolian; Me Aissata Tall Sall;Me Jean Abessolo; Me Catherine Gauvreau; Me Charles Roach; Me Dieudonné Nkounkou; Me ‘Gaston Gramajo;Me Ferdinand Djammen Nzeppa; Me John Philpot Me Vincent Valai; Me Neda Esmailzadeh; Me Patricia Harewood; Cabinet Sankara; Me William Sloan

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