DE LA REVOLUTION A LA “RECTIFICATION” AU BURKINA-FASO

 

L’encombrant héritage de Thomas Sankara

                       

 

Pascal Labazée

 

Cet article, écrit après le 15 octobre 1987, est extrait du numéro de novembre 1987 du Monde Diplomatique. Son auteur Pascal Labazée était alors membre du Conseil scientifique de la revue Politique Africaine.

 

MINUTIEUSEMENT planifié, le coup d’État du 15 octobre dernier au Burkina Faso n’a laissé aucune chance au président Thomas Sankara. Le nouvel homme fort, le capitaine Blaise Compaoré a clos ainsi de manière sanglante, la première expérience “nationaliste et révolutionnaire” menée dans ce pays très pauvre, depuis août 1983, par une génération de “cadets” de l’armée. Le Burkina Faso entre sans doute dans une période d’instabilité. Les ressentiments et les sourdes luttes intérieures prendront-ils le pas sur les indispensables projets de développement ?

En quatre ans de pouvoir, le président du Conseil national de la révolution (CNR) avait su redéfinir la somme du possible et du pensable par laquelle le développement d’un pays comptant parmi les plus démunis du monde pouvait être envisagé. Au moment où s’essoufflaient les idéologies de la “malédiction” et celles de la “négritude”, où les recettes du FMI et les bonnes intentions du plan de Lagos s’érigeaient en mythes de rechange, Thomas Sankara rappela à l’ensemble du continent africain – et singulièrement à sa jeunesse – que le déficit vivrier, le sous-développement manufacturier et la dépendance ne pourraient trouver d’issue sans l’intégration des habituels exclus du jeu social : les paysans, les femmes, les ruraux prolétarisés. Le charisme du “camarade-président” tenait dans cette révolte de la pensée, plus pragmatique que son discours d’orientation politique (DOP) du 2 octobre 1983 ne le laissait supposer, et qui constitua quatre ans durant un nécessaire point de passage de la réflexion, y compris pour ceux qu’elle ne ménageait pas (1).

Le projet politique, et plus encore le rythme de son application, a suscité des réserves parmi les salariés urbains et les opérateurs économiques, sommés de consacrer au développement rural une part importante de leurs ressources et de leur temps (2). De plus, les comités de défense de la révolution (CDR), implantés dans les villages, détenaient de larges pouvoirs administratifs, économiques (depuis août 1985, une réorganisation foncière leur donne un rôle-clé en matière de gestion des terres) et judiciaires (les responsables des CDR siègent aux tribunaux de conciliation chargés de juger “tout comportement antisocial” ) : cette évolution a heurté de front la puissante chefferie traditionnelle, notamment en pays mossi (3), contestée tant dans son autorité que dans les valeurs qu’elle incarne. Le soutien de la paysannerie devait, à terme, marginaliser ces oppositions et assurer le régime d’une assise populaire. Or la mise en scène de sa mobilisation au sein de réunions organisées par les comités et, plus récemment, dans l’Union nationale des paysans du Burkina (4) n’a jamais signifié son adhésion aux objectifs de la révolution. La faiblesse de l’expérience révolutionnaire fut d’abord celle du renversement des alliances sociales.

 La tragique coup d’Etat du 15 octobre révèle en outre que les quatre principaux dirigeants militaires du CNR n’ont pas réussi à porter les débats d’orientation au-delà de la sphère étroite du Conseil et des groupes politiques qui s’y trouvaient représentés (5). Dès l’origine, les CDR ont été conçus comme une instance d’exécution des décisions, un instrument plus ou moins maîtrisé de mobilisation. D’autres organisations de masse – l’Union des femmes du Burkina (UFB), une organisation de jeunesse et l’Union des anciens du Burkina (UNAB) – sont venues compléter la trame du contrôle social sans qu’il en résultât une réelle décentralisation du débat politique. Le coup d’Etat, habituelle figure du changement politique au Burkina, dont l’exécution s’était jusqu’à présent déroulée de façon pacifique, était l’issue prévisible des conflits ouverts qui traversaient depuis six mois l’instance suprême du pays.

 

Contre les fléaux de l’agriculture

INCONTESTABLEMENT, l’acquis principal de la révolution d’août 1983 réside dans la restauration, certes fragile, des conditions de production agricole. Les actions ont privilégié la maîtrise de l’eau et l’aménagement des terroirs. Jusqu’en décembre 1985, près de huit mille chantiers ont ainsi couvert le pays, les taux de réalisation les plus élevés concernant ceux que la paysannerie avait elle-même définis et gérés. La conjonction d’un ambitieux Plan quinquennal engagé en 1986 (6) et d’une saison des pluies enfin abondantes avait permis de rompre avec le déficit vivrier structurel : un excédent de 20 000 tonnes de céréales fut dégagé pendant la campagne 1986-1987. Les cultures commerciales ont aussi bénéficié de la progression des rendements et des surfaces : la production cotonnière, principale recette d’exportation du pays, atteignait 150 000 tonnes en 1987, soit un doublement par rapport à 1983. Il revient en outre au CNR d’avoir courageusement engagé la lutte contre les trois fléaux de l’agriculture burkinabé – la coupe abusive du bois, les feux de brousse, la divagation du cheptel, – heurtant ainsi des pratiques profondément ancrées dans la paysannerie, au moment même où les dirigeants recherchaient son appui.

Un tel programme n’était envisageable qu’à la double condition d’une compression du coût des travaux et d’un renversement des flux financiers entre villes et campagnes. De ce point de vue, la participation des organisations non gouvernementales (soixante-dix travaillent régulièrement dans le pays) et la coordination de leurs activités dans un “bureau de suivi” ont facilité la compression des charges d’exécution des projets en mettant l’accent sur des microréalisations à technologie légère. Leur participation au développement (20 milliards de francs CFA d’investissements en 1985, 34 milliards prévus sur la période 1986-1990) intervient d’ailleurs dans un contexte de désengagement de l’assistance financière internationale (- 25% de 1982 à 1985) et particulièrement de l’aide bilatérale française (de 88 à 19 millions de dollars entre ces deux dates).

Quant au renversement des termes d’échange entre villes et campagnes, il reposa d’abord sur un net relèvement du prix d’achat des produits agricoles. Cette mesure, qui entraîna une baisse du pouvoir d’achat des salariés, était destinée à inciter les ruraux à accroître leur production et à accéder au marché des intrants (on peut rappeler que, selon la FAO, 15 % à 30% des récoltes sont détruites chaque année faute d’une protection efficace des stocks vivriers).

“Consommons burkinabé !” La recommandation du discours présidentiel du 4 août 1986 a surpris, concernant un Etat enclavé dont la dépendance externe s’est régulièrement accentuée depuis l’indépendance. Une stratégie d’autarcie partielle était pourtant esquissée, dont la valeur symbolique ne manqua pas d’indisposer les partenaires de la Communauté économique de l’Afrique de l’Ouest (CEAO), notamment la Côte-d’Ivoire et le Mali. L’interdiction des importations de fruits, le relèvement de la taxe sur la bière et, récemment, l’obligation faite aux fonctionnaires de porter le faso dan fani – pagne en coton tissé localement, – furent les premières tentatives de création d’un marché local de substitution. Plus généralement, la révolution s’est accompagnée d’une gestion des grands équilibres financiers que, à bien des égards, le Fonds monétaire n’aurait pas reniée : stabilisation du service de la dette extérieure, rigueur dans l’administration d’un budget de 100 milliards de francs CFA dont l’équilibre, jusqu’en 1987, tenait à la compression des charges de fonctionnement et au relèvement de la pression fiscale urbaine (7).

Enfin, le capitaine Sankara devait engager un difficile combat contre la corruption dans la fonction publique et parapublique. Dès 1984, des tribunaux populaires furent chargés d’instruire nombre de dossiers de détournements de fonds ; le dispositif de contrôle s’accentua lorsque, en 1986, une session budgétaire se consacra à l’étude de la gestion des entreprises d’Etat. En février 1987, une commission de “prévention contre la corruption” étendit ses investigations à “toute personne appelée à des fonctions de responsabilité” et commença à disséquer le patrimoine des dirigeants du CNR. De plus, le traditionnel turn-over gouvernemental et la réduction du train de vie des hauts fonctionnaires ont contribué à rompre avec l’usage, développé par les trois premières républiques, des rentes de situation ministérielle. Si la crédibilité des autorités est sortie renforcée de ces opérations, il est néanmoins incontestable que des rancœurs personnelles, nées parmi plusieurs centaines de fonctionnaires, ont ici trouvé leurs racines.

Le modèle “sankariste” de développement n’a pourtant pas endigué la montée de deux formes de résistance sur lesquelles ont cru pouvoir s’appuyer les auteurs du coup d’Etat du 15 octobre. D’une part, le rythme des réformes a multiplié les mécontentements bien au-delà de l’étroite sphère urbaine ; à partir de 1985, des formes passives et non organisées d’opposition aux contraintes sociales sont apparues. D’autre part, les puissantes confédérations syndicales et les groupes politiques ont vu, dans ces mécontentements, l’occasion d’affirmer leur audience. Le président semblait conscient des difficultés économiques et de la progressive dissolution de son assise politique. Prononcé le 4 août 1987, le discours de l’An V évoquait, en effet, l’indispensable “unité des révolutionnaires” et la pause “dont nous avons besoin pour consacrer nos efforts aux tâches d’organisation politique”.

Le premier front de mécontentement s’est constitué en milieu urbain. La réduction du pouvoir d’achat des salaires (- 30 % par rapport à 1982), la récession commerciale et manufacturière (fin 1985, quarante-huit des soixante-sept établissements d’envergure nationale connaissaient de graves difficultés financières) et le discrédit des CDR où l’opportunisme politique était devenu le plus sûr moyen d’accéder aux postes de pouvoir ont accéléré la démobilisation. La présence des salariés aux réunions politiques, aux entraînements sportifs obligatoires et aux travaux d’intérêt collectif se faisait moins assidue. Plus grave pour le suivi des opérations de développement fut l’expatriation d’intellectuels, de cadres et de techniciens attirés par l’écart entre les salaires burkinabés et ceux des Etats limitrophes.

 

Exacerbation des contradictions

MAIS les paysans, pourtant prompts à se mobiliser sur des projets coïncidant avec leur stratégie de survie, ont eux-mëmes réagi aux diverses tentatives de contrôle social d’un pouvoir qui s’est obstiné à voir en eux une composante “économiquement et culturellement arriérée” de la petite bourgeoisie. Dans une large mesure, la paysannerie a su intégrer l’institution des CDR à ses pratiques sociales : les représentants des comités ont été choisis parmi les fils des chefs coutumiers, tandis que les militants les plus avisés, redoutant les armes de la tradition (8), ont préféré le compromis à l’épreuve de force. La réforme foncière d’août 1985, qui devait révolutionner le mode de gestion des terroirs, est aussi restée lettre morte. Faute de correspondre à la diversité des contraintes régionales – litiges entre communautés autochtones et migrants mossis dans l’Ouest, fragilité des équilibres fonciers dans la région surpeuplée du plateau mossi, – les CDR ne se sont guère pressés d’intervenir dans l’administration des surfaces cultivées.

De même, les formes étatiques, supposées supérieures, d’organisation de la production au sein des grands projets d’aménagement rural du Sourou et de Douna ont créé un lourd contentieux entre les autorités et les populations concernées, attachées aux parcelles familiales.

Ultime revers de la politique agricole : faute de moyens de stockage, d’infrastructures commerciales et, plus encore, de débouchés solvables, les surplus de production des années 1986 et 1987 n’ont pu être écoulés. La mévente du karité, des mangues et même des produits céréaliers a stimulé un circuit commercial spéculatif et passablement découragé les agriculteurs.

Certes, par deux fois, le capitaine Sankara a tenté de construire une médiation entre le pouvoir et la paysannerie. La création de l’Union des anciens de Burkina en février 1986, outre qu’elle permit de jeter un pont en direction de deux anciens présidents restés populaires, MM. Maurice Yaméogo et Sangoulé Lamizana, nommés membres d’honneur, donnait à la gérontocratie une reconnaissance implicite. Plus récemment, la formation d’une Union des paysans venait compléter l’ouverture. Il reste qu’aucune de ces organisations ne détenait de réels pouvoirs et qu’elles apparurent plus comme des tentatives de contrôle que comme des instances de dialogue.

Enfin, un troisième front de mécontentement, à la fois économique et idéologique, s’est formé dans les milieux du négoce, dont l’influence sur la communauté islamique (40 % de la population) est prépondérante. D’une part, le contentieux économique s’est alourdi depuis un an : la contraction des débouchés intérieurs et le relèvement de l’impôt sur les transactions (+ 38 % prévus au budget 1987), la mise en place d’une “police économique de distribution”, formaient autant de griefs pour un secteur dont la spéculation est la base fondamentale d’accumulation (9). En outre, le CNR décidait, il y a cinq mois, de mener campagne contre la consommation de noix de kola, dont la commercialisation assure l’assise financière des réseaux importateurs dioula et yarsé. D’autre part, les mesures d’interdiction de la mendicité, et plus encore le projet de code de la famille prévoyant, au détour de 984 articles, l’obligation de la monogamie et l’égalité des descendants en matière d’héritage, sont venus raviver les blessures des premières heures de la révolution, où les représentants de l’islam étaient rangés parmi les “ennemis du peuple” .

L’ampleur de la crise devait apparaître, en décembre 1985, lorsque la bande frontalière de l’Agacher fut l’objet d’un conflit armé entre le Mali et le Burkina. La “guerre de Noël” révéla la précarité des alliances passées avec les Etats frères. En particulier, l’Algérie et le Ghana se contentèrent de vagues appels au calme, excluant tout soutien direct au Burkina. De plus, l’ouverture par les forces armées maliennes d’un front proche de Bobo-Dioulasso visait à radicaliser les oppositions diffuses des populations islamisées de l’Ouest burkinabé, sur lesquelles les CDR n’ont jamais eu de réelle emprise. Le conflit militaire posait finalement une question relative à l’avenir même de la révolution : quel soutien espérer d’une paysannerie restée méfiante, et d’une petite bourgeoisie urbaine lassée par l’austérité ?

Les résistances à la fois économiques, sociales, culturelles parmi la population ont été à l’origine des divergences d’analyse entre les responsables politiques. Elles ont amorcé le processus de désagrégation de l’ “unité des révolutionnaires” et l’accumulation des défiances dans le CNR à l’égard de son leader. Thomas Sankara a tenté d’y répondre en réorientant, au cours de l’année 1986, les structures de la mobilisation sociale. Dès avril, il essayait de reprendre en main les CDR, passablement discrédités, et dénonçait à leur première conférence les exactions commises par quelques “pillards” et “terroristes” contrôlant les comités de base. Les diverses unions de jeunes, de femmes, d’anciens et de paysans créées depuis lors devaient en outre resserrer la trame du contrôle social, tandis que la réhabilitation d’anciens dignitaires amorçait une relative décrispation politique.

Enfin, une opération de recomposition des forces représentées dans le CNR fut tentée. En donnant son aval à la création de l’Union des communistes burkinabés (UCB), le président pensait à la fois s’assurer d’un relais politique capable d’intervenir hors des forces armées, et pondérer l’influence dans le CNR des groupes prochinois et pro-albanais. Las contours de cette organisation étaient du reste suffisamment imprécis pour que l’UCB apparaisse comme le premier jalon d’un regroupement de l’extrême gauche, au sein d’un parti unique dont elle aurait formé l’ossature.

Le réveil du front syndical, muselé depuis 1984, devait pourtant entrainer la perte du contrôle de la situation par le président Sankara, tant sur le CNR que dans l’armée. A la veille du 1er mai 1987, alors que M. Fidèle Toé (ministre du travail) se félicitait d’avoir mis un terme au “rite du cahier des doléances” habituellement présenté par les “syndicats petits bourgeois”, les quatre principales centrales, notamment la Confédération syndicale burkinabé (CSB) de M. Soumane Touré, présentaient leurs revendications dans l’unité et exigeaient un retour immédiat aux “libertés démocratiques”. Faisant suite à la plainte pour violation du droit syndical, déposée à Genève par la CSB, la démonstration de force des organisations de salariés fut suivie d’une vague de répression. Malgré les réticences d’une partie des responsables militaires – en particulier du capitaine Blaise Compaoré, – une trentaine de dirigeants syndicaux et de cadres de la LIPAD (10) étaient arrêtés. La fraction dure du CNR envisageait un temps l’exécution de M. Soumane Touré.

 

“Que l’armée se fonde dans le peuple”

L’EPREUVE de force avec les syndicats – et la création en Côte-d’Ivoire d’un Rassemblement voltaïque pour les libertés (RVL) regroupant divers opposants exilés, dont l’historien Joseph Ki Zerbo, – n’est certes pas la cause directe du coup d’Etat du 15 octobre. Mais elle a ouvert des lignes de fracture entre les dirigeants, et doublement isolé le président Sankara.

D’une part, isolement dans le CNR : alors qu’il évinçait du gouvernement ceux qui avaient adopté une attitude modérée au cours de la crise syndicale (notamment MM. Valère Somé et Basile Guissou, leaders de l’ULC), le capitaine Sankara perdait progressivement le contrôle de l’UCB, sous la pression de responsables des CDR. D’autre part, isolement dans l’armée : plutôt favorables à une réelle pause sociale, préférant à la perspective d’un parti unique celle d’une pluralité d’expression à l’intérieur d’un “front”, plusieurs responsables militaires, dont le capitaine Blaise Compaoré, avaient pris leurs distances par rapport aux orientations de Thomas Sankara. Le tassement du rythme des réunions du CNR, la multiplication des conflits en son sein comme au gouvernement – la veille du coup d’Etat, ce dernier devait entériner la nomination à la tête d’une force d’intervention d’élite de Vincent Sigué, dont les méthodes policières étaient violemment contestées, – témoignaient d’une radicalisation des oppositions personnelles, latentes depuis quelques mois.

Il reste que les paysans, éternels “damnés de la terre” burkinabés, paraissent bien éloignés des byzantines querelles politiques, que le coup d’Etat du 15 octobre conclut dramatiquement. “Nous voulons que l’armée se fonde dans le peuple”, souhaitait Thomas Sankara ; elle reste une fois encore maîtresse des destinées politiques du pays. La mort du président rompt cependant avec la tradition postcoloniale, solidement ancrée au Burkina, des coups d’Etat sans effusion de sang. Par ailleurs, l’enterrement de son corps à la sauvette rompt avec la tradition tout court, celle que partagent à la fois ses amis et ses détracteurs. Il est à craindre que le processus de “rectification” engagé par les nouveaux dirigeants n’ouvre une ère d’instabilité où les ressentiments compteront autant que les projets de développement.

 

Pascal Labazée

 

(1)  Le 4 août 1983, un Conseil national de la révolution, dirigé par les capitaines Thomas Sankara, Blaise Compaoré, Henri Zongo et par le commandant J.-B. Lingani, mettait fin à une courte expérience d’équilibre des forces au sein de l’armée voltaïque, menée par le Conseil de salut du peuple et dirigée par M. Jean-Baptiste Ouedraogo, cf P. Labazée, “La voie étroite de la révolution au Burkina-Faso”, le Monde diplomatique , février 1985.

(2)  Depuis mai 1987, chaque Burkinabé devait ainsi consacrer trois semaines par an à travailler sur les chantiers nationaux, dans le cadre du Service populaire de construction de la patrie (SPCP).

(3)  Occupant le plateau central du Burkina, le pays mossi concentre 50 % des 7,5 millions de Burkinabés recensés en 1985. Sur l’influence de la chefferie mossi, voir C. Savonnet-Guyot, “Le prince et le naaba” in Politique africaine , N° 20, décembre 1985.

(4)  En 1987, la commémoration du 4 août fut d’ailleurs l’occasion d’un premier symposium de l’UNPB, afin de marginaliser les revendications des confédérations syndicales.

(5)  En mai 1986, était publiée la liste des quatre organisations membres du CNR : l’Organisation militaire révolutionnaire (OMR), dont les capitaines Sankara et Compaoré étaient les principaux dirigeants ; l’Union des luttes communistes (ULC) mouvement prochinois reconstruit en 1984 ; le Groupe des communistes burkinabés (GCB) issu de la scission d’un mouvement pro-albanais, le PCRB ; enfin, dernier venu des groupes politiques, l’Union des communistes burkinabés (UCB), contrôlée avec l’assentiment de Thomas Sankara par le secrétaire général des CDR, M. Pierre Ouedraogo.

(6)  Ce plan prévoit un volume de 112 milliards de F CFA d’investissements annuels (soit + 60 % par rapport au rythme d’investissement de la période 1979-1984), affectés pour 85 % aux activités de production.

(7)  La hausse des impôts directes devait atteindre + 13 % en 1987 ; une “opération commando” de récupération des impôts, menée en mai, avait du reste permis d’élever sensiblement le taux de recouvrement.

(8)  La sorcellerie fut, entre autres, l’un des moyens de préserver l’ordre social. Cf M. Duval, Un totalitarisme sans Etat, essai d’anthropologie politique à partir d’un village burkinabé, l’Harmattan, Paris, 1985.

(9)  Cf Pascal Labazée, Entreprises et Entrepreneurs du Burkina-Faso, Karthala, Paris, à paraître.

(10)  Ligue patriotique pour le développement, organisation prosoviétique évincée en août 1984 du gouvernement, et dont M. Soumane Touré fait partie.

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