FESPACO 2007 : Sangoulé Lamizana et Thomas Sankara Les grands oubliés ! ! !

 

Cet article a été publié dans le numéro daté du 6 mars 2007 de l’hebdomadaire Bendré (voir à l’adresse http://www.bendre.africa-web.org/ sous le titre : "FESPACO 2007 : Les grands oubliés" .

« Allah n’est pas obligé » disait avec beaucoup d’emphase, l’illustre écrivain Ahmadou Kourouma. Mais le Fespaco, était même obligé d’écrire en lettres d’or, les noms des présidents qui ont permis à la biennale Panafricaine du cinéma de Ouagadougou, d’être aujourd’hui ce grand rendez-vous qu’aucun cinéaste africain et de la diaspora ne veut manquer et cela à aucun prix.

Si aujourd’hui le Fespaco fait la fierté du Burkina, c’est qu’il y a eu des bâtisseurs qui ont osé, au prix de mille risques pour son édification. Sont de ceux-là, le général Aboubacar Sangoulé Lamizana sans la volonté duquel on ne parlerait pas aujourd’hui de Fespaco. Sa courageuse décision de nationaliser les salles de ciné et d’organiser la distribution cinématographique dans la Haute-Volta de l’époque, ne peut et ne doit être oubliée.

Malheureusement l’organisation du Fespaco l’a fait ! A l’ouverture officielle, on pensait qu’il y aurait de bons mots qui sortiraient de la bouche de Mme la ministre de la culture pour le « Général Sangoulé » et que pour perpétuer son œuvre, il aurait droit sinon au grand prix FESPACO du moins à un des deux grands seconds prix à savoir l’Etalon d’Argent ou de Bronze. « Djah ! », c’est le contraire et même le comble.

On a passé subrepticement son image à l’ouverture mais il ne fut même pas cité comme un grand pionnier encore moins le père fondateur de ce qui est aujourd’hui, un grand évènement international. Au moins le président du Faso dans l’interview accordée à la presse à la fin de la cérémonie d’ouverture, a fait l’effort de mentionné de façon indirecte le travail de titans abattu par les devanciers pour que vive la manifestation.

C’est bon mais ce n’est pas arrivé, d’autant que d’autres intervenants de façon implicite ont voulu faire croire que le Fespaco n’existe qu’avec le président Blaise Compaoré. Ça coûte combien de donner le nom du général Lamizana à une salle de cinéma, ou bien au siège du Fespaco ou encore à un prix ?

Rien, et cela ne peut qu’apporter de la terre à la terre comme le dit Maître Pacéré Titinga. Il n’est pas bon de faire table rase des actions passées. Sennèque le disait ; « il n’y a pas de vent favorable pour celui qui ne sait où aller ». Le soubassement du Fespaco est l’œuvre de Lamizana, qu’on le veuille ou non. Ici au Faso, on aime gommer et très vite les pages de l’histoire.

A l’ouverture du Fespaco, les organisateurs, avec Mme la ministre en tête étaient très heureux de recevoir le prix Fellini donné par l’UNESCO pour l’ensemble des œuvres ô combien importantes du Fespaco. Fellini a été un grand cinéaste et son pays ne l’a pas oublié, c’est pourquoi une institution internationale comme l’UNESCO lui rend hommage en donnant son nom à un prix ; même s’il y a une expression qui dit que nul n’est prophète chez soi, le général Sangoulé mérite de la reconnaissance.

Des gens ici, pour s’être seulement retrouvés à la mairie au moment de l’attribution des noms aux rues et places publiques ont eu droit à une rue et un terrain de sports. Simon Compaoré, le maire de Ouagadougou qui a reçu tous ces honneurs de son vivant mérite t-il mieux de la Nation que le général Sangoulé qui n’est plus de ce monde ?

Le comité national d’organisation du Fespaco a poussé le sacrilège en « oubliant » de mentionner le nom du général Sangoulé dans ses programmes. Le cinéaste Henri Duparc qui n’est plus de ce monde a lui au moins reçu les hommages de ses confères lors de la cérémonie de libation ; peut être que pour le Comité d’organistation du FESPACO cela vaut aussi pour le général, devenu complément d’objet indirect.

Un autre grand oublié. Il n’est un secret pour personne que Thom Sank (Thomas Sankara) a permis au Fespaco, d’entrer et de la belle manière dans le cœur des Africains. Grâce à lui, nos frères Noirs Américains se sont identifiés à la biennale du cinéma de Ouaga. Lui aussi est royalement oublié par le FESPACO ; alors que le bon sens aurait voulu qu’il y ait un prix Thomas Sankara, ou du moins une fenêtre pour lui dans le Fespaco. Malheureusement, les gens sont frileux, ils ne veulent pas effaroucher Blaise Compaoré qui a pourtant eu à dire qu’il était le vice-président du CNR (Conseil national de la révolution) l’organe dirigeant de la Révolution burkinabé.

Dans les multiples sections innovatrices du Fespaco, un prix portant le nom capitaine Thomas Sankara y a de la place. Au lieu de faire cela, le Fespaco fait tout pour que le nom du président du CNR ne soit mentionné nulle part durant la manifestation. Les cinéastes qui sont des artistes pleins ne l’entendent pas de cette oreille. Balufu Bakupa, a ouvert le bal en 1991 avec un film sur Sankara, il a eu toutes les peines du monde à se faire comprendre ; mais l’esprit panafricaniste qui l’habite lui a permis de dépasser ce clivage.

Depuis lors, à chaque édition du Fespaco, les films sur Thomas Sankara sont considérés comme pestiférés. Et pourtant, le banni se fait une place de plus en plus grande au Fespaco.

Le documentaire « L’homme intègre » qui n’est pas dans la programmation du Fespaco a été le film le plus prisé par les cinéphiles, et au Centre nationale de presse Norbert Zongo (CNPNZ), et à l’Atelier Théâtre burkinabè, il y a eu un monde fou pour voir ce film. C’est donc dire que le capitaine Thomas Sankara a une place dans le cœur des Burkinabé et ce n’est visiblement pas faire du bien à son vice-président Blaise Compaoré, en essayant par des manœuvres dilatoires d’écarter Sankara du circuit cinématographique.

Ici au Faso, on attribut à Blaise Compaoré, un amour prononcé pour le sport, précisément le football. Et pour cela, les Etalons footballeurs sont particulièrement bien entretenus. Le Burkina a organisé la CAN en 1998 par la seule volonté du président Blaise Compaoré.

Les infrastructures sportives poussent à vue d’œil car l’homme a un faible pour les sports ; pour la culture il n’a pas le même engagement ; Thom Sank était le Monsieur culture. S’il était toujours là, les infrastructures cinématographiques qui tombent en désuétude, ou que l’on brade, n’auraient pas connu un tel sort. Pourquoi alors refuser à un tel Monsieur une place même petite dans le Fespaco ? Pourtant il est déclaré héros-national n’est ce pas ? Ah le Burkina ! ! !

Par Kassim Kongo

Bendré

1 COMMENTAIRE

  1. > FESPACO 2007 : Sangoulé Lamizana et Thomas Sankara Les grands oubliés ! ! !
    un minimum pour ses deux hommes, je pense que s’est le moins que l’on puisse faire. Que la culture leur rende hommage

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