Nous avons rendu compte de cet accident et des difficultés, il y a quelques semaines, pour les victimes d’obtenir réparation, voir notamment à l’adresse http://thomassankara.net/?p=753 . Ils viennent d’obtenir satisfaction. Nous publions ci-dessous deux articles rendant compte des toutes dernières évolutions du dossier. La rédaction

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Les victimes de l’accident de Garango obtiennent satisfaction

23 ans après le drame de Garango, les victimes et ayants droit et les personnes ressources ont obtenu réparation. L’Etat vient de dégager 278 millions Fcfa pour les consoler.

L’affaire dite de l’accident d’avion présidentiel de 1986 a connu un dénouement heureux le 22 mai à Garango. 23 ans après, l’Etat burkinabé, les ayants droit et leur défenseur Zacharie Sorgho, ont signé un protocole dit « Accord de Garango ». Le 29 mai 1986, le président Thomas Sankara, le capitaine Blaise Compaoré et le commandant Boukari Lingani ainsi que d’autres membres du Conseil national de la révolution (Cnr) étaient en visite à Garango, à une vingtaine de kilomètres de Tenkodogo. Une foule des grands jours accueille les hôtes de marque. Les populations sont en liesse. La visite se termine par un accident d’avion qui fait 22 morts sur-le-champ. Les autorités prennent l’engagement d’indemniser les blessés et les ayants droit. Mais que de péripéties ! 23 ans après, les victimes et ayants droit des victimes viennent d’être indemnisés.

Sur instructions du président du Faso et du Premier ministre, le ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, Clément P. Sawadogo, a rencontré le 22 mai les victimes et ayants droit et les personnes ressources de cet accident. L’objectif de cette démarche était de traduire la compassion du gouvernement sur le tragique accident d’avion survenu en 1986, de demander un apaisement des cœurs et de soumettre aux victimes et ayants droit les propositions du gouvernement. Aux termes des échanges, un protocole d’accord portant indemnisation des victimes de l’accident d’avion a été signé entre le gouvernement et les victimes. Le document consacre le règlement intégral et définitif des préjudices subis par les victimes.

Ainsi l’Etat s’est engagé à verser 278 millions Fcfa pour tous chefs de préjudices confondus en raison de 10 millions Fcfa pour chaque victime décédée du fait direct de l’accident et de 5 millions Fcfa pour chaque blessé. Selon la presse burkinabé, avant de lever la séance, Clément Sawadogo a exprimé ses sincères reconnaissances aux personnes leaders qui se sont investies pour trouver une solution à ce dossier et à tous les acteurs pour leur esprit de compréhension, de clairvoyance et de réconciliation. Cet accord intervient à un moment où beaucoup n’y croyait plus. Des informations émanant de sources autorisées faisaient état, en prélude à de chaudes empoignades entre la partie gouvernementale et l’agent d’affaires judiciaires, Zacharie Sorgho, choisi par les ayants droit pour défendre leur cause. “Ce dossier brûlant “, cet homme de droit l’a entre ses mains depuis 2003. Le 30 mars dernier, lui et ses clients n’ont pas toujours été tendres envers le pouvoir. Contre qui ils ont souvent battu le pavé.

Bakayoko Youssouf

Source : http://news.abidjan.net/article/?n=332086

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Accident d’avion à Garango La belle victoire d’un chargé d’affaires judiciaires

Sous nos tropiques, l’on sait ce qu’il advient souvent des dossiers du genre. De deux, l’on avait comme l’impression que le dialogue était rompu avec l’administration et que l’affaire serait désormais bouclée à double tour, quelque part dans un obscur bureau de l’administration publique. De trois, le défenseur semblait demander des montants qui pourraient être difficilement acceptés par l’autorité.

Pour les fixer, il disait s’être inspiré des indemnisations des ayants droit des victimes de l’attentat, le 21 décembre 1988, contre le Boeing 747 de la compagnie américaine Pan Am à Lockerbie (Ecosse). Et patatras ! Voilà que le 22 mai 2009, le ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, Clément Sawadogo, conduit une délégation gouvernementale à Garango pour rencontrer les victimes et ayants droit.

Et contre toute attente, une solution est trouvée en l’espace d’une journée, à la grande satisfaction des différentes parties. Le protocole d’accord consacre le règlement intégral et définitif des préjudices subis par les victimes. Ainsi, l’Etat s’engage à verser 278 000 000 de FCFA pour tous préjudices confondus, en raison de dix millions pour chaque victime décédée du fait direct de l’accident et de cinq pour chaque blessé.

A la grande joie du défenseur, Zacharie Sorgho, qui se trouve être un agent d’affaires judiciaires défenseur près les Cours et Tribunaux du Burkina Faso. La précision a ici son importance d’autant plus que les chargés d’affaires judiciaires n’ont pas statut d’avocat. Ils ne sont donc pas membres de l’Ordre qui régit ces auxiliaires de justice.

A Garango, il y a donc eu plus de peur que mal. Et s’il y a une autorité dont le blason a surtout été redoré par ce règlement à l’amiable, c’est assurément Siméon Sawadogo, le gouverneur de la région du Centre-Est. Pendant le point de presse du 30 mars 2009, Zacharie Sorgho avait en effet tiré à boulets rouges sur lui, l’accusant de tous les péchés d’Israël.

Le plaignant voyait-il le diable partout parce qu’ayant le sentiment que l’autorité voulait le laisser au bord de la voie et régler directement le contentieux avec les victimes et ayants droit ? Aujourd’hui, la réponse à cette question n’a plus son importance, l’heure étant à la réconciliation des cœurs. Et l’épilogue de cette histoire prouve par ailleurs que l’on peut réussir, par la persévérance et l’obstination, là où beaucoup ont mordu la poussière.

Par Issa K. Barry

Source : L’Observateur mardi 26 mai 2009 http://www.lobservateur.bf/spip.php?page=article_archive&id_article=11430

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ACCIDENT DE l’AVION PRESIDENTIEL

L’Etat débloque 278 millions pour les victimes

L’affaire dite de l’accident d’avion présidentiel de 1986 a enfin connu un dénouement heureux le vendredi 22 mai 2009 à Garango. Au bout de 23 ans d’attente, l’Etat Burkinabé, les ayants droit et leur défenseur Zacharie Sorgho, ont signé un protocole d’accord dit Accord de Garango, qui restera dans les annales. La délégation gouvernementale était conduite par Clément P. Sawadogo de l’Administration territoriale et de la Décentralisation. Retour sur une journée riche en rebondissements.

29 mai 1986 – 22 mai 2009 : cela fait exactement 22 ans, 11 mois et 22 jours. Cette date fatidique, les habitants de Garango s’en souviennent encore comme si c’était hier. Ce jour-là en effet, le décompte macabre avait fait état de 22 morts suite à un accident d’avion au cours duquel les autorités de l’époque étaient présentes. Vu l’ampleur du drame, ces mêmes autorités avaient pris l’engagement d’indemniser les blessés et les ayants droit. Mais que de péripéties ! Même si, pour les plus avertis, la promesse de l’Etat allait se concrétiser en ce jour béni du vendredi 22 mai, très peu de gens y croyaient vraiment. En arrivant à Garango aux environs de 7 h 30, ils étaient loin de penser qu’un accord tripartite était si proche, tant les rumeurs laissaient présager une journée “chaude”. Des informations émanant de sources autorisées faisaient état, en prélude à de chaudes empoignades entre la partie gouvernementale et l’agent d’affaires judiciaires, Zacharie Sorgho, choisi par les ayants droit pour défendre leur cause. “Ce dossier brûlant “, cet homme de droit l’a entre ses mains depuis 2003. Le 30 mars dernier, lui et ses clients n’ont pas été tendres envers le pouvoir en place lors d’une marche de protestation qui s’est transformée in extremis en conférence de presse.

Sécurité renforcée

Bref, on pronostiquait tout sauf une entente entre les protagonistes. Somme toute, rien de particulier n’est venu troubler la matinée. Garango semblait calme. “Méfiez vous de l’eau qui dort” nous confiait en aparté un officiel peu avant le début du conclave. 7h50, la gendarmerie et la police nationales avaient pris position au niveau du CPL (Centre populaire et des loisirs) où devait se dérouler la rencontre, prévue pour 10h. Quelques participants y ont pris une avance sur l’heure. Aussi, y accéder n’était pas une partie de plaisir. Les forces de sécurité déployées tout autour du CPL veillent au grain. 9h 36 : Zacharie Sorgho et la trentaine de ses clients font leur entrée au CPL. 10h 07 : sa majesté Naba Koom de Garango fait de même. Il sera rejoint quelques minutes plus tard par les représentants des communautés religieuses (protestante, catholique, musulmane) de Garango. Le préfet, le maire, le haut-commissaire, le commandant de brigade font une brève apparition avant de repartir pour l’accueil de la délégation gouvernementale. Il était 10h 23 ; une sirène retentit, annonçant l’arrivée du ministre Clément Sawadogo. Il est accompagné d’une forte délégation composée entre autres d’autorités régionales du Centre-Est. D’entrée, le maire de Garango, André Marie Zouré, prend la parole et situe le contexte de la rencontre. “Une rencontre pour apporter la paix et apaiser les rancoeurs”, dira – t-il. Son mot de bienvenue sera suivi par celui de Siméon Sawadogo, gouverneur de la région du Centre-Est. Celui- ci a, au nom de tous ses collaborateurs, remercié le ministre, et partant tout le gouvernement pour la tenue de la rencontre qu’il a qualifiée d’historique. 10h 45 : la parole est au ministre. Un silence de cimetière s’empare de la salle. Le patron en charge de l’administration demande d’observer une minute de silence pour toutes les victimes de 1986. “Le gouvernement m’a demandé de porter sa voix devant vous afin de trouver une issue heureuse à la situation que vous connaissez tous », a-t-il d’emblée déclaré. Ensuite, il qualifiera l’événement de 1986 de douloureux, de tragique, qui, selon lui n’a pas d’égal dans l’histoire de notre pays. “Nous ne sommes pas venus pour vous demander d’oublier ce douloureux souvenir mais de pardonner. Pardonner entre nous sur terre”, a laissé entendre le ministre. Cette douleur, a-t-il poursuivi, n’a pas été ressentie par les habitants de Garango seulement, mais aussi par toute la nation.

La colère du député

C’est un accident qui s’est produit sous les yeux du président de l’époque et de ses proches collaborateurs. Poursuivant, il dira ceci : « Nous ne sommes pas venus pour indemniser qui ce soit, car on ne peut pas payer une vie. La démarche du gouvernement est de donner du réconfort aux victimes.” Là, le représentant du gouvernement tente un éclairage. C’est ainsi que par la suite, il portera à la connaissance de l’assistance qu’une commission ad hoc de réflexion a été créée sur la question. Au terme, de ses travaux, elle propose une aide aux veufs, veuves, orphelins et blessés. Soit, 10 millions pour toute victime décédée et 5 millions pour tout blessé. “Nous sommes prêts à débloquer les 278 millions immédiatement si tout le monde est d’accord”, conclut le ministre. La balle étant lancée, le jeu en valait la chandelle. De façon unanime, les ayants droit s’en remettent à leur conseil. “Seul celui-ci peut agir a notre nom”, lance le vieux Gaston Lengani. Zacharie Sorgho propose un temps de concertation avec ses clients. Le ministre suspend la séance a 12h 10 pour 20 minutes. Mais avant cette suspension, il y eut un débat houleux entre d’une part, sa majesté et Me Sorgho et d’autre part entre ce dernier et le député Jérôme Zampou. Pour l’honorable, l’Etat ne peut pas passer par M Sorgho, pour résoudre ce problème. L’intéressé s’inscrit en faux contre une telle déclaration avant d’exhiber toute une pile de documents échangés entre lui et l’Etat au sujet du même dossier. “Ou bien nous n’avons pas la même façon voir la notion de l’Etat” s’est-il inquiété. A la reprise, les positions semblaient tranchées. Les tractations ont duré plus que prévu. Partis à 12h 10, ce n’est qu’a 13h 14 que les hauts responsables ont regagné la salle. Sans tarder, le vieux Lengani, porte-parole des ayants droit, campe sur sa position : “L’Etat doit prendre langue avec M Sorgho”. Soudain, une voix discordante. Souleymane Zaré dit Alger (pour y avoir subi des soins en 1986) laisse entendre qu’il y a eu 2 camps pendant la suspension, à savoir les modérés et les radicaux. II ne fallait pas plus pour qu’il soit hué de toutes parts par ses co-ayants droit. Salif Bila, considéré comme un radical, demande la parole et on la lui accorde. Il reconnaît que tous les ayants droit, sans exception aucune, ont signé un contrat avec M. Sorgho avant même l’ouverture du dossier en 2003. Lequel contrat stipulerait qu’en cas d’aboutissement du dossier, entre dix pour cent et trente pour cent de la somme devait revenir au défenseur. Pour lui, il faut poser la question à Me Sorgho. Or, celui-ci avait proposé à l’Etat 20 millions par blessé et 35 millions par victime décédée. Les interventions qui ont suivi furent houleuses. L’atmosphère était à la limite délétère.

Un défenseur comblé

Par moment l’un a frôlé le pire. Raison de plus pour que le ministre tape du poing sur la table : “J’ai été mandaté par l’EIat et je n’ai pas le droit de vous mentir. Nous gagnerons tous à ce que le dossier soit définitivement clos aujourd’hui…” Il demande alors aux habitants de trouver un terrain d’entente, tout en reconnaissant que lorsqu’on ’signe un contrat, il faut le respecter. Les travaux seront de nouveau suspendus et il est 14h 10. Douze minutes plus tard, les protagonistes rejoignent la salle pour écouter Zacharie Sorgho. Le suspense était de taille. Même le ministre a dû changer de position pour suivre cette ultime communication. L’intervenant commence par remercier le ministre Sawadogo, le Premier ministre, le Président du Faso et tout le peuple burkinabé. Il se dit comblé, parce que ses clients, après plusieurs années attente, viennent d’avoir gain de cause. “L’argent n’était pas ma préoccupation première dans le dossier, mais plutôt de bien faire mon travail d’agent d’affaires judiciaires,” a- t-il martelé en substance. Avec les 10 pour cent à lui verser, il n’était pas sûr d’entrer dans ses honoraires ; d’autant plus que sa voiture a même pris feu dans cette affaire. Subitement, la détente se lisait sur tous les visages. Il sera longuement ovationné par l’assistance. C’est ainsi qu’on procéda à la lecture et à la signature du protocole d’accord intitulé « Accord de Garango ». Selon les termes de l’accord, tout le monde devrait en principe entrer en possession de ses sous dès cette semaine. Un véritable ballon d’oxygène pour bien des victimes qui, depuis des années espéraient, sans voir venir.

Impressions après la rencontre

Clément P. Sawadogo (ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation) : “C’est un jour historique pour toute la nation. Je m’en réjouis. Les uns et les autres ont su raison garder et voilà le résultat. Au nom du Premier ministre et de celui du président du Faso, je remercie tous ceux qui se sont impliqués d’une manière ou d’une autre dans la résolution de cette affaire.”

Zacharie Sorgho (défenseur des victimes) : “C’est un moment de grande émotion pour moi. Cela fait 6 ans que je défends ce dossier et voilà aujourd’hui le résultat. Et comme vous le voyez, la joie se lit sur tous les visages de mes clients qui ne demandaient que ça.”

Kéré S. Paulin (ayant droit) : “Nous disons mille fois merci à notre conseil qui s’est battu autant qu’il peut pour parvenir à ce résultat. Ce monsieur nous a toujours assistés. Il s’est battu corps et âme pour que ce dossier aboutisse.”

COMMUNIQUE DE PRESSE

Sur instructions de Son Excellence Monsieur le Président du Faso et du Premier ministre, chef du gouvernement, le ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, M. Clément P.Sawadogo, a conduit une délégation gouvernementale à Garango le 22 mai 2009 pour rencontrer les victimes et ayants droit et les personnes de ressources de l’accident d’avion survenu à Garango en 1986. L’objectif de cette démarche est de traduire une fois encore la compassion du gouvernement sur le tragique accident d’avion survenu en 1986, de demander un apaisement des cœurs et de soumettre aux victimes et ayants droit les propositions du gouvernement. Aux termes des échanges, un protocole d’accord portant indemnisation des victimes de l’accident d’avion a été signé entre le gouvernement et les victimes. Le protocole d’accord consacre le règlement intégral et définitif des préjudices subis par les victimes. Ainsi, l’Etat s’engage à verser la somme de deux cent soixante-dix-huit millions (278 000 000) pour tous chefs de préjudices confondus en raison de dix millions (10 000 000) francs CFA pour chaque victime décédée du fait direct de l’accident et de cinq millions (5 000 000) francs CFA pour chaque blessé. Avant de lever la séance, le ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation a exprimé ses sincères reconnaissances aux personnes leaders qui se sont investies pour trouver une solution à ce dossier et à tous les acteurs pour leur esprit de compréhension, de clairvoyance et de réconciliation.

Elie Zan DCPM/MATD

Source : La pays du 25 mai 2009 http://www.lepays.bf/

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