Le Tribunal qui devait se prononcer le 5 mars sur l’expertise de la tombe de Thomas Sankara a renvoyé sa décision au 2 avril 2014, puis au 30 avril pour finalement se déclarer incompétent. Rappelons qu’il s’agit d’une procédure lancée par les avocats de la famille de Thomas Sankara, pour vérifier que Thomas Sankara est bien enterré à l’endroit supposé de la tombe au cimetière de Dagnoen à Ouagadougou. Nous vous proposons ci-dessous une interview réalisée par notre collaborateur Amidou Kabré nous rapporte ici les propos tenus par Maitre Ambroise Farama, un des avocats de la famille, avec Maitre Benewendé Sankara, le 5 mars, puis ses proposes recueillis le 30 avril 2014.
La rédaction
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Interview de maitre Farama le 5 mars 2014
Pouvez-vous nous dire quelle est la teneur de la décision du Tribunal ?
Maître Ambroise Farama : Le juge a rabattu le dossier car le Tribunal estime qu’en l’état, il ne pouvait pas prendre une décision. Il a donc décidé de renvoyer le dossier au 2 avril 2014 pour la production d’un certain nombre de pièces qui ont été énumérées. Autrement dit, le tribunal estime qu’il aura besoin de ces pièces pour pouvoir rendre sa décision. Ce sont des pièces qui sont disponibles et nous allons donc, dans les meilleurs, délais les transmettre au tribunal pour lui permettre de rendre sa décision.
Quelles sont ces pièces ?
Ces pièces sont principalement au nombre de cinq (5). Il s’agit d’abord d’une ordonnance qui a été rendue par le juge d’instruction en 1998. Ensuite, d’un arrêt n°14 de la Cour d’appel qui a été rendu le 26 janvier 2000. Il s’agit également du recours de l’Etat burkinabè en date du 30 juin 2006, de la décision du comité interne et enfin du rapport intégral du Rapporteur qui a été adressée à la 92ème session du Comité des Nations unies. Voilà en substance les pièces qui ont été demandées par le tribunal.
En quoi ces pièces sont importantes dans le dossier Thomas Sankara?
Je ne saurais vous le dire.
Et pourquoi vous ne les aviez pas fournies vous-mêmes?
Nous ne pensons pas que pour ordonner l’expertise d’une tombe, on ait eu vraiment besoin de ces pièces-là. Mais si le tribunal dit aujourd’hui que ces pièces sont indispensables pour qu’il puisse rendre sa décision, alors on lui rendra ces pièces.
Pourquoi il y a ce retard ?
Le dossier a fait l’objet d’une mise en l’état. Il appartenait au juge d’instruction de demander à toutes les parties de produire les pièces qui sont indispensable pour rendre la décision. Mais cela n’a jamais été demandé par le juge charge de la mise en l’état. C’est aujourd’hui le juge chargé de rendre le verdict demande ces pièces. Nous allons lui communiquer ces pièces et il nous dira en quoi ces pièces sont utiles pour rendre sa décision.
Est-ce ça veut dire que la procédure avance malgré tout, malgré ce renvoi ?
Vous constaterez que la procédure avance difficilement et lentement.
Est-ce que c’est une déception ?
En tant que technicien, je ne pourrais pas dire que c’est une déception. Mais j’avoue que ça nous préoccupe. Ça nous préoccupe de savoir que le tribunal estime que ces pièces sont indispensables pour rendre une décision. Ça nous préoccupe de savoir que le Tribunal pense qu’il faut que ces pièces soient produites pour que la famille puisse savoir où repose exactement Thomas Sankara. Ça nous inquiète que le tribunal pense que ces pièces sont indispensables pour que le peuple soit éclairé sur cette quête de vérité et de justice que nous ne cessons de clamer depuis longtemps.
Après l’expertise, si prouvé que la tombe en question est celle de Thomas Sankara, est-ce qu’il y aura des suites ?
Bien sûr ! Bien sûr qu’il y aura des suites ! Mais on ne vous dira pas quelles sont ces suites.
Propos recueillis par Amidou Kabré
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interview de Maitre Farama le 30 avril 2014
Affaire Sankara – Me Farama : “Certains juges burkinabè sont proches du pouvoir“
publié le 01/05/2014 sur http://www.jeuneafrique.com
par Pierre Mareczko, à Ouagadougou
L’avocat de la famille Sankara, Me Prosper Farama, réagit à la décision du tribunal de grande instance de Ouagadougou de se déclarer incompétent dans la demande d’exhumation de l’ancien président burkinabè. Interview.
Après avoir successivement renvoyé sa décision au 2 puis au 30 avril, le Tribunal de grande instance de Ouagadougou s’est finalement déclaré “incompétent” quant à la demande d’exhumation de la tombe de Thomas Sankara, formulée le 15 octobre 2010 par la famille de l’ancien président du Burkina Faso. Peu surpris par cette décision, l’avocat de la famille Sankara, Me Prosper Farama, répond aux questions de Jeune Afrique.
Jeune Afrique : Comment expliquez-vous la décision du tribunal de grande instance ?
Me Prosper Farama : Pour être honnête, je m’y attendais. C’est la troisième fois qu’un tribunal se déclare incompétent sur ce dossier. L’argument est toujours le même : ils nous disent que cela ne relève pas de leur juridiction mais dans ce cas, de quelle juridiction cette affaire relève-t-elle ? Je pense que ce qui transparaît surtout dans cette décision, c’est bien entendu l’opinion du régime. Certains juges sont proches des gens du pouvoir et pratiquent beaucoup l’autocensure – ils ne veulent pas se mettre en porte-à-faux avec leurs “amis”.
Quelle suite allez-vous donner ? Allez-vous faire appel ?
Nous allons d’abord en discuter avec la famille Sankara mais il est en effet très probable que nous fassions appel. Dans ce cas, le prochain rendez-vous devant le tribunal risque de ne pas avoir lieu avant 2015. On peut en tout cas compter sur la mauvaise volonté des autorités pour encore retarder l’échéance le plus possible.
L’élection présidentielle aura lieu en 2015. Pensez-vous que votre demande aura plus de chance d’aboutir en cas d’alternance politique ?
Tout dépend de quelle alternance on parle. Si vous prenez un parti d’opposition comme le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) qui semble aujourd’hui remporter un certain succès dans l’opinion publique, il n’est pas sûr que ses leaders [Roch Marc Christian Kaboré, Salif Diallo et Simon Compaoré, NDLR] aient très envie de réouvrir ce dossier pour la simple et bonne raison qu’ils ont été parmi les premiers à cautionner le changement de régime à l’époque – un changement qui, comme chacun sait, s’est opéré dans la violence.
Pierre Mareczko, à Ouagadougou
Maitre Farama la sortie du tribunal le 5 mars 2014 : “a nous proccupe de savoir que le tribunal estime que ces pices sont indispensables pour rendre une dcision”
Bon courage a vou.c sms assez simple mais cela me tient a cur.sankara fut un ange.