Ce texte que nous vous présentons ci-dessous est un extrait d’un article plus complet paru dans le quotidien Le pays le 25 juin 2009 (voir à l’adresse http://www.lepays.bf). Il s’agit d’une réflexion globale sur la vie politique actuelle. Nous en avons extrait la partie concernant les partis sankaristes.
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ROMBA Péguédéouindé
Le deuxième fait tout aussi porteur de possibilités de déstructuration- restructuration se situe au niveau des partis de l’Opposition. En effet cette opposition, jusque-là, n’a guère été mieux qu’une opposition des opposants entre eux, à travers des oppositions de propositions d’union et de fusion. Lesquelles unions et fusions sont restées toujours sans âme, sans armes et sans armature, sur fond de contradiction d’options en matière de stratégie de mobilisation et de conquête de pouvoir politique.
Tel est le cas par exemple des partis sankaristes avec leur introuvable unité, unité que tous s’accordent pourtant à reconnaître comme étant le passage obligé pour le triomphe de l’idéal sankariste. Dans la pression de l’urgence en effet, il peut arriver que l’action se fasse première et la réflexion seconde. De ce fait, on peut comprendre et même admettre qu’au départ, il y ait plusieurs mouvements sankaristes. Mais après tant d’années de galère et de malheurs, l’on devrait avoir réalisé que la raison d’être de tous les partis sankaristes doit forcément culminer dans leur union véritable. Cette union ne doit plus être au stade des requis ; elle devrait être aujourd’hui un acquis à consolider si tant est que les sankaristes de tous bords ont quelque chose de sankariste à proposer au peuple. A notre humble avis, la seule et unique foi en l’idéal sankariste devrait suffire à surmonter les divergences qui, s’il y en a, ne peuvent se situer qu’au niveau des modalités de mise en œuvre et non des principes fondateurs du sankarisme, pourtant fondement de l’unité. Il faudra donc éviter à tout prix de sacrifier l’essentiel sur l’autel de ce qui est second voir secondaire.
Autrement, on aura tué Sankara pour la deuxième fois pour des simples et sinistres questions d’intérêts personnels, d’ambitions solitaires et de velléités messianiques, toujours nocifs et nuisibles en politique. Certes des avancées significatives sont à noter avec l’avènement de l’UNIR/PS. Mais cet avènement est loin d’être un événement dans la mesure où des poches de résistance persistent. A commencer par le sigle lui-même de ce groupement qui reste lourdement connoté d’une nostalgie de l’ancien UNIR/MS, encore que des mouvements et des partis entiers restent encore en marge de la marche normale de l’histoire sankariste, pour ne pas dire de l’histoire tout court. Il faut aller au-delà des velléités autonomistes, des fausses souverainetés et des guerres de leadership, faire preuve ainsi de grandeur d’âme pour dissoudre tous les partis existants et se retrouver dans un seul espace politique ; un espace qui appartienne à tous et à personne en même temps. Un espace qui soit à la fois un dépôt spirituel et dépositaire des fondements principiels du sankarisme. Et plus que jamais, le sentiment d’appartenance à tel ou tel parti doit céder le pas au sentiment d’appartenance à une même idéologie. Ce n’est pas sorcier ; autrement, l’idéal sankariste restera toujours noyauté et noyé dans les eaux troubles d’une mare de vengeances, de revanches, de larmes et de pleurs de compassion, de cris d’indignation et de secours, trame d’un discours politique, politiquement inintelligible parce ce que trop émotionnel.
Qu’ils furent courageux en effet, tous ceux-là qui ont osé créer des partis sankaristes. Ils le sont d’ailleurs toujours. Encore faut-il qu’ils aillent jusqu’au bout en commençant par débarrasser du sankarisme tout ce qui n’est pas Sankara. Il faut se convaincre que la force d’un parti politique ne réside pas seulement dans le mythe qui entoure son père fondateur, encore moins dans le charisme de ses dirigeants, mais aussi et surtout dans sa capacité de mobilisation, dans sa capacité à se révéler comme étant le lieu commun de toutes les convergences de ses forces vives. Et l’un des facteurs déterminants de la réalisation de cette possibilité demeure sans conteste la capacité des dirigeants à sacrifier leurs intérêts et ambitions personnels, c’est-à-dire le prix fort que ces derniers sont prêts à payer pour le triomphe, non de leur personne, mais de l’idéal du parti. Plutôt que de se complaire dans les « rêveries d’un promeneur solitaire », il faut commencer par sonner le rassemblement sans exclusive, et faire de l’idéal sankariste le partage commun de toute la famille sankariste. Débarrasser aussi le sakarisme de ses charges émotionnels en clarifiant ses bases idéologiques par la production de documents et leur large diffusion au sein des populations. Le sankarisme ne saurait être enfermé dans un empirisme décousu ni s’exiler dans un rationalisme creux. Il doit être traduit dans des concepts chargés de sens et de significations concrètes, traduisibles et accessibles aux masses laborieuses parce ce que “toute vraie lutte politique poste le débat théorique rigoureux.” Du reste, cette « nécessité d’une conceptualisation du sankarisme pour renforcer le mouvement » a été reconnue, affirmée et saluée avec ferveur par le Symposium international Thomas Sankara. Il importe enfin d’avoir à l’esprit que la conquête du pouvoir politique ne se conjugue pas forcément au présent de l’indicatif. Elle est une lutte de longue halaine, c’est un projet d’avenir qui doit suivre son petit bonhomme de chemin, fût-il de croix. Certes le chemin est parfois long et le cheminement souvent lent. Mais encore le peut-on, pour peu que les différents acteurs fassent preuve de maturité politique. Aussi, tous les partis sankaristes sont-ils, sinon convoqués, du moins conviés à la cérémonie officielle de leur dissolution en vue de la création d’un parti sankariste nouveau, un parti sankariste un et indivis tout comme l’est l’idéal sankariste. C’est en cela et en cela seulement qu’ils parviendront à réinventer leur avenir politique pour oser ainsi « inventer l’avenir » du Burkina Faso et pourquoi pas de l’humanité toute entière.
ROMBA Péguédéouindé Instituteur principal en service à Garango
L’intégralité de l’article paru sous le titre “Classe politique burkinabé, entre décomposition, composition et renouvellement” est disponible à l’adresse http://www.lepays.bf