ISBN : 978-2-35639-225-1

Editeur : Elytis

septembre 2017, 174 pages, format 24 x 17 cm


Présentation de l’ouvrage (4ème de couverture)

Ouagadougou 1987. C’est dans le cadre de son travail de médecin expatrié que Daniel Tranchant se retrouve dans la capitale de l’ancienne Haute-Volta, rebaptisée Burkina Faso par le capitaine Thomas Sankara.

Médecin-chef de l’hôpital de la ville, il mène alors dans cette république naissante, en compagnie de sa femme et de son fils, une vie au plus près de ses patients et s’autorise de rares excursions au coeur de la savane environnante.

La vie s’écoule paisiblement même si la situation politique reste fragile. Puis, quelques semaines avant son assassinat, le jeune révolutionnaire Sankara s’entretient avec le médecin.

Il lui fait alors part d’une décision surprenante, qui sera à l’origine d’une manoeuvre des opposants pour lui retirer le pouvoir.

Un des membres du Conseil National de la Révolution fait arrêter Daniel Tranchant afin qu’il signe un certificat, concernant Sankara, d’inaptitude à l’exercice du pouvoir pour raisons psychiatriques.

Daniel Tranchant refuse de cautionner cet acte, modifiant ainsi le cours de l’histoire. Thomas Sankara sera assassiné le 15 octobre 1987 et l’enquête sur cet assassinat est toujours en cours.

Ce récit autobiographique de Daniel Tranchant détaille cet épisode sombre de l’histoire du “Pays des Hommes intègres”.


Présentation de Daniel Tranchant (4ème de couverture)

Daniel Tranchant est né en 1947 en Vendée, à Luçon. Diplômé de médecine en 1973, il acquiert les’ spécialités de Pathologie Exotique, Endocrinologie et Médecine Interne, avant de s’expatrier en Afrique pour soigner les plus démunis. Il parcourt le monde durant vingt-trois ans, exerçant la médecine auprès de populations très différentes, étudiant au plus près leurs langues, leurs cultures et leurs musiques. Il vit aujourd’hui en Andalousie.


Nos commentaires

Daniel Tranchant a séjourné au Burkina, pendant environ quatre ans. Il y habitait lors de l’assassinat de Thomas Sankara. C’est essentiellement autour de cet évènement tragique qu’il a construit son livre. Il a voulu en faire un œuvre littéraire, s’attachant à comparer la mort de Sankara, par certains de ses amis, à la mise à mort des proies dans la brousse dévorées par des fauves. Il s’attache donc  à décrire des scènes de chasse de lion, visiblement qui le passionnent. L’un d’elle se termine tragiquement, un lion touché par un chasseur va blesser gravement  un de ses pisteurs.

Daniel Tranchant est médecin militaire. Il est nommé à l’hôpital Yalgado, le plus important  de la capitale où il dirige le service des indigents. Il a donc touché de près la misère mais ne s’étend guère sur ses rapports avec les malades. Les descriptions de son quotidien au milieu des malades et de ses collègues restent sommaires, moyens rudimentaires, manque de médicaments,  corruption qui a bien diminué sans pour autant avoir totalement disparu, compétence de ses collègues burkinabè dont il loue la compétence,  directeur, « un colosse » toujours muni de sa kalachnikov…  Il raconte une consultation de Jean Baptiste Lingani, l’un des quatre militaires dirigeants de la révolution, qui « arbore un air sinistre et sauvage ».  « Le visage est sombre, nerveux,  tendu à l’affut … Un vrai fauve … à la musculature impressionnante»…. A peine quelques mots d’échange, « La consultation la plus raide de sa carrière » conclut l’auteur. Pas grand-chose certes, mais quelques éléments précieux du fait que les ouvrages ne s’attachent qu’à Thomas Sankara et Blaise Compaoré,  en évoquant rarement Lingani et surtout Lingani dont on sait peu de choses.

 On note aussi une consultation de  Il ne s’étend pas sur la présence et les intrusions des CDR dans son travail quotidien ou dans celui de l’hôpital, ce qui nous aurait intéressés. Tout juste évoque-t-il de temps en temps, de façon très impersonnelle, le directeur, « sankariste de la première œuvre », évitant de donner un avis sur son travail.

Soulignons cette anecdote intéressante, à l’occasion du passage de Sankara à l’hôpital : un salarié syndicaliste prend la parole après le discours de Thomas Sankara et se plaint de l’arrogance des CDR qui rançonnent le peuple qu’ils sont censés protéger ». Il ne lui arrivera rien affirme Daniel Tranchant.

L’auteur reste finalement peu disert sur sa vie quotidienne, ni  sur celles des  autres expatriés. Personnel de maison, confort « la piscine qui n’est pas un luxe pour survivre sous ce climat » ! Peu de proximité avec la population. Son meilleur ami est un libanais né au Mali, commerçant bien connu de Ouagadougou qui possède plusieurs stations d’essence, une cave tout en exerçant, en parallèle comme guide chasse. Un libanais qui ne se plaint pas de la révolution car elle ne l’empêche pas de continuer ses affaires.

Son livre contient une information inédite qui constitue l’intérêt essentiel du libre. Il raconte qu’Abdul Salam Kaboré, ministre des sports, lui demande de signer un certificat selon lequel Thomas Sankara serait fou. Parce qu’il refuse que son père Joseph soit évacué en France pour se faire soigner, alors qu’il y a droit comme ancien combattant.  Et ceci quelques jours avant l’assassinat de Thomas Sankara.

Daniel Tranchant tente d’expliquer cette démarche à laquelle il ne se soumet pas trouvant un artifice astucieux pour s’en sortir. Il se garde bien d’affirmer qu’il s’agit d’un élément du complot qui s’organise pour assassiner Thomas Sankara , mais n’en rejette pas totalement l’hypothèse. Abdul Salam Kaboré est un ami de Thomas Sankara qui sera incarcéré après le 15 octobre. Peut-être  a-t -il voulu juste voulu éviter  son assassinat émet-il comme hypothèse ? Un assassinat que de nombreux proches sentait venir.

Autre intérêt et non des moindres, iI nous rend compte des explications du colonel Roger Barreau après le coup d’Etat. C’est le « conseiller de l’ambassadeur pour tout ce qui concerne les questions militaires et la sécurité. Avec le premier attaché qui représente les services spéciaux, il est également chargé de renseignement. ». On apprend ailleurs dans le livre qu’une fois par semaine il réunit tous les militaires pour un « pot de cohésion ». Le colonel Barreau apparait bien renseigné sur le déroulement des faits, mais affirme que « personne ne s’y attendait » précisant cependant que «  la France ne va pas perdre au change ».  Quant à notre auteur, une pensée l’effleure, après avoir affirmé que « le colonel Barreau  en sait certainement plus mais ne dira rien » il se pose cette question qui l’effleure : « et si c’était les français et si c’était l’ambassade qui avait manipulé Kaboré et moi –même ? Mais je ne veux pas l’imaginer ».

L’épisode de la demande de certificat sur la supposée folie de  Sankara qui fait l’intérêt du livre. Et nous espérons que nous en saurons bientôt plus sur cette affaire. On attend avec impatience qu’Abdul Salam Kaboré s’exprime sur la question.

Cet ouvrage, bien écrit, d’une lecture facile et agréable,  rejoint la longue liste des témoignages d’acteurs de l’époque, apportant tous les uns et les autres, des informations parcellaires qui rassemblées petit à petit nous permettent de mieux appréhender cette période.

Bruno Jaffré


Table des matières

Première Partie Je suis un fauve, je ne me presse jamnais avec ma  proie.    p.7

  1. Un fauve dans la savane.                                                                            p. 9
  2. Adieu aux Sénoufos.                                                                                  p. 15
  3. Arrivée au pays mossi                                                                                p. 17
  4. Premier contact avec la Révolution.                                                              p. 21
  5. Pourquoi cette fraternité entre médecins français et africains?                           p. 28
  6. Au 35 Rue Follereau.                                                                                  p.31
  7. Les morsures de serpent.                                                                            p. 34
  8. Un discours de Thomas Sankara.                                                                  p. 39
  9. Dans la brousse de                                                                                    p. 43
  10. Mitterrand et Sankara 17 novembre 198 Le repas des fauves,                            p. 51
  11. Manu Bonanza.                                                                                         p.59
  12. Déclaration des biens de Thomas Sankara.                                                     p. 64

Deuxième Partie — Seuls les fauves l’ont entendu.                                         p. 69

  1. Joseph Sambo. Sankara père.                                                                       p. 71
  2. Jean-Baptiste Lingani. consultation express.                                                    p. 72
  3. 10éme FESPACO                                                                                         p. 74
  4. Dossier d’évacuation de Joseph Sankara.                                                         p. 76
  5. L’avertissement du docteur Tapsoba.                                                              p. 79
  6. Les Journaux Sidwaya et l’Intrus.                                                                   p. 81
  7. L’incroyable refus de Thomas Sankara.                                                            p. 82
  8. Analyse de Ghazy sur l’état de la Révolution.                                                   p. 88
  9. Inaptitude pour raisons psychiatriques? La folle demande.                                   p. 95
  10. Le Journal Sidwaya J-9 à J-5                                                                         p. 101
  11. Sérénité dans la savane                                                                               p. 101
  12. Le Journal Sidwaya J-2                                                                                 p. 109
  13.  Un drame dans la brousse.                                                                           p. 109

Troisième Partie – Les fauves se sont empressés de le dévorer.                       p.115

  1. Le Journal Sidwaya J-1et Jour J                                                                     p.117
  2. Le 15 octobre 1987, la mise à mort.                                                               p.117
  3. Une tombe au bord de la piste.                                                                     p. 122
  4. Le Journal Sidwaya du lundi 19 octobre 1987, J+5                                            p. 126
  5. Le Journal Sidwaya du 20 octobre 1987, J+5                                                   p. 127
  6. Qui a tué? Et comment?                                                                              p. 127
  7. L’autre certificat médical.                                                                            p. 130
  8. Le lion du Boulkiemdé.                                                                                 p. 131
  9. Hebdomadaire Jeune Afrique du 4 novembre 1987                                             p.133

Quatrième Partie – Après le repas des lions.                                                               p.135

  1. Ce que dit le colonel a propos de l’assassinat.                                                  p137
  2. À l’hôpital la vie reprend son cours.                                                               p.144
  3. Le retour du médecin-commandant Jean-Baptiste Ouédraogo.                            p.147
  4. À Nobéré, un paradis dans la savane.                                                            p.149
  5. Le bilan de la Révolution vu par les Burkinabés de Noberé.                                 p. 154
  6. Paris et Abidjan. Qu’ont-ils fait ou pas fait?                                                    p. 160
  7. Adieu Ouagadougou. Bonjour N’Djamena.                                                        p. 164
  8. Que sont-ils devenus?                                                                                p. 166
  9. Trente ans après que reste-t-il de Thomas Sankara?                                        p. 169

Table des matières.                                                                                       p.173

LAISSER UN COMMENTAIRE

Saisissez votre commentaire svp!
SVP saisissez votre nom ici

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.