Présentation du films :
La révolution burkinabè a fait des émules partout en Afrique. Au nombre des grandes figures de cette révolution menée par de jeunes capitaines, Boukary Kaboré dit “Le lion”. Né le 22 mai 1950 à Poa dans la province du Bulkiemdé au Burkina Faso, de père ancien combattant et de mère ménagère, Boukari Kaboré est inscrit très jeune à l’école coranique puis à l’école française. Admis plus tard au Prytanie Militaire du Kadiogo (PMK), il est séduit comme plusieurs de ses amis, par le marxisme- léninisme qu’enseignait leur professeur d’histoire- géographie, Adama Touré. En 1962 ils créent le ROC (le regroupement des officiers communistes) dans la vision de servir plus tard leur pays. Le 4 août1983 ils accèdent au pouvoir et instaurent la Révolution Populaire et Démocratique avec le Capitaine Thomas Sankara comme chef d’Etat. Boukary, très ami et loyal au capitaine Sankara se voit confié la charge du camp BIA (Brigade d’Intervention Aéroportée) à Koudougou, ville située à 100km de Ouagadougou. Il a sous son commandement, 500 militaires, officiers et soldats de rang.
Mais le 15 octobre 1987, “le monde s’effondre”. Thomas Sankara est assassiné, et Boukary se retrouve dans le collimateur du nouveau pouvoir dirigé par leur ami et compagnon d’armes, Blaise Compaoré. La conviction révolutionnaire de Boukary Kaboré, sa loyauté et son attachement à la cause de Sankara lui coûtent l’attaque de son camp BIA le 27 octobre 1987. Plusieurs de ses éléments sont tués mais le lion réussit à s’échapper et à s’exiler au Ghana. L’exil durera quatre ans. Après de nombreuses négociations, le lion retourne au Burkina Faso en 1991 mais se heurte au problème de reconstitution de sa carrière militaire. Il se retranche alors à l’ouest du pays où il cultive la terre. Homme de principe et de rigueur, craint par ses compagnons, il se lance aussi en politique avec la création de son parti le PUND.
« Sur les traces du lion », un documentaire de 52 minutes qui lève le voile sur plusieurs zones d’ombre de la Révolution burkinabè et du charismatique Capitaine Président Thomas Sankara.
Fiche technique
Genre : Documentaire historique
Durée : 52 minutes
Année : 2012
Production : Semfilms
Réalisation : Dimanche Yameogo
Images : Gideon Vink, Dimanche Yameogo
Son : Toussaint Zongo, Inoussa Baguian
Montage : Gideon Vink
Voix off : Papus Zongo
Bande annonce
Présentation du réalisateur
Dimanche Koudbi YAMEOGO est un jeune réalisateur burkinabè. Né le 17 juillet 1977, il fait ses premiers pas dans l’audiovisuel en 2002 dans une télé communautaire comme monteur vidéo, réalisateur et responsable technique. En 2007 il rejoint l’équipe de Manivelle Productions comme monteur et ingénieur vidéo. Pétri de talents et d’expériences, Dimanche Yaméogo fonde Kino Burkina en 2008, puis Kino Togo et Kino Sénégal respectivement en 2010 et en 2011 pour partager son savoir- faire et lance en 2011 le Kabaret International de Ouagadougou.. Il a réalisé plus d’une dizaine de courts métrages, et plus d’une centaine de reportages télé. Depuis 2012 il travaille comme journaliste reporter d’images pour le compte de droitlibre.tv. Koudbi Dimanche Yaméogo est membre actif de la Fondation Internet Nouvelle Génération (FING), Imagination For peoples et de KINO.
Contact :
Téléphone : 00 226 50 36 28 33
Mail : semfilms@semfilms.org
Site : http://www.semfilms.org
Adresse postale : 09 BP 1308 Ouagadougou 09 Burkina Faso
Contacts bureau exécutif :
– Abdoulaye Diallo : Tél : +226 70258508 / micailou@yahoo.fr / Skype : narmer
– Gideon Vink : Tél : +226 76637270 / gideonvink@gmail.com
– Luc Damiba : Tél : +221 777460520 (Dakar) / youlouka@gmail.com / Skype : youlouka
Semfilms a maintenant un siège que vous pourrez visiter au 1200 logements, villa N° 18 porte 56, en face du CAMES.
Nos commentaires
Il faut saluer cette initiative du réalisateur de la maison de production Semfilms. C’est en effet la première fois qu’un film traitant directement de la révolution burkinabè est produit et réalisé au Burkina. Il y a bien l’excellent court métrage de Jean Baoui Camille Ziba, “Sankara dans mes rimes” (voir à http://thomassankara.net/?p=966) mais ce dernier donnait surtout la parole à des musiciens actuels. On espère bien sur que d’autres, beaucoup d’autres suivront. Car nombre de témoins de toute première importance sont toujours absent des films traitant de la révolution, produits en Europe. Nombreux sont pourtant encore vivants.
Cette fois le réalisateur se penche sur un des personnages importants de la révolution, le capitaine Boukary Kaboré, qui comme Thomas Sankara a fait son initiation politique au PMK (Ptrytanée Militiare du Kadiogo) mais qui a surtout dirigé une des cinq provinces militaires d’alors, celle de Koudougou.
Dimanche Koudbi YAMEOGO nous donne à voir une des figures de la révolution dans toute sa simplicité actuelle. En effet aprés ses années d’exil, faute d’être réhabilité dans l’armée, ce qui a finalement été fait tout récemment, Boukary Kaboré est retourné à la terre. On le voit donc longuement chez lui, en train de magner la daba, montrer fièrement son verger, ou encore devant une case des plus simples, soigneusement nettoyer ses armes. Tout cela donne lieu à de belles images, à un rythme qui ressemble à celui de sa vire quand il est au village. Le personnage est sans nulle doute attachant.
Boukary Kaboré connu pour son franc parler, depuis qu’il s’est présenté au élections et qu’il a témoigné durant la deuximème édition de Sankara Revival en train de témoigner sur la révolution (voir le témoingage à http://thomassankara.net/?p=1035. Ici loin de la foule, Boukary Kaboré se laisse aller à ses émotions. Il peut ainsi livrer ce qu’il a sur le coeur. Notamment à propos des évènements de Koudougou. Chef du seul bataillon qui refusa de prêter allégeance, pour protéger dit-il la population de Koudougou, de combats en plein ville, il donna l’ordre à ses hommes de ne pas combattre lorsque les troupes les attaquèrent. Ce qui donna lieu à un massacre de certains de ses hommes. Tandis que lui réussit à s’enfuir. Ses familles sont toujours à la recherche des corps et de la vérité sur ce qui s’est passé. Lui doit vivre avec le souvenir de cet effroyable épisode.
On notera, parmi d’autres révélation, celle de l’origine du mot Burkina Faso. Le Lion avait choisi un mot voisin pour désigner la province ce qui donne l’idée à Thomas Sankara de récupérer cette idée pour en faire le nouveau nom du du pays.
Le réalisateur choisir la proximité avec Boukary, le résultat sans être vraiment un hommage, ne cherche pourtant pas à le présenter sous des aspects contradictoires. Sans doute qu’avant d’avancer des points de vue critiques notre jeune réalisateurs burkinabè tient-il avant tout à rétablir les images particulièrement négatives que le pouvoir a tenté de construire des acteurs de la révolution qui ont refusé de se rallier à Blaise Compaoré après l’assassinat de Thomas Sankara. Mais on aurait aimé un retour un peu plus critique sur ses méthodes parfois controversées lorsqu’il dirigeait la région de Koudougou ou même sur quelques déclarations durant la campagne électorale où il regrettait que ce ne soit pas l’armée qui s’occupe des délinquants pour régler le problème plus rapidement.
Reste que ce documentaire est agréable à regarder, mêlant de bien belles images, à la parole directe et imaginée du Boukaru Kaboré dit le Lion du Bulkiemdé, tout en nous livrant ça et là quelques révélations.
Bruno Jaffré