Le 15 octobre 1987 (j’étais haut comme trois pommes) expirait sous le ciel d’Africa un Grand homme, criblé de balles sur le perron du palais présidentiel burkinabè. Aujourd’hui, il se rappelle puissamment à mon bon souvenir et m’inspire ces mots.

Nous, jeune génération africaine dite consciente, prenons à cœur, chacun à notre rythme, à notre couleur, à notre échelle, à la hauteur de nos modestes savoirs , de restaurer l’œuvre et la mémoire de celui dont le titre de Grand Timonier ne rendrait point réelle la grandeur et la splendeur révolutionnaire…

J’ai nommé le capitaine Thomas SANKARA.

Afin que nul n’en oublie, afin de préserver et pérenniser cet héritage que les ennemis intérieurs de l’Afrique francophone, cancer des démocraties naissantes et donc babillantes et balbutiantes, tentent malgré tout de brader, il est important de garder l’esprit alerte, de s’armer idéologiquement. Et surtout de ne pas céder à quelque résignation ou dictature du déterminisme autocratique au prétexte que les Anciens ont échoué et que fatalement la jeunesse essuiera les mêmes déconvenues.

La révolution des consciences jeunes, au rebours de toutes les idées reçues, est en marche. Les aînés de bonne volonté ont transmis le relais, des maximes , ouvert des champs du possible, où peuvent s’insinuer des audaces militantes, citoyennes. Conscient des obstacles protéiformes et surtout des pesanteurs liées à l’auto-disqualification choisie ou subie de l’Afrique des peuples ou à cette détestable résignation en raison d’échecs répétés succédant aux audaces démocratiques ; la résistance elle aussi se mondialise, de plus en plus les alternatives s’invitent au banquet des “puissants” et autres fossoyeurs de nos libertés et droits fondamentaux.

Quel que nécessaire soit le temps, les peuples d’Afrique, bon gré mal gré, finiront bien par « écrire leur propre développement, leur propre bonheur », pour reprendre des termes chers à SANKARA, à force d’éclairage et d’éducation des masses aux enjeux du pouvoir , aux mécanismes d’occultation et de prostitution des faits d’histoire, aux réalités cyniques de la “Politique de l’ombre” , aux ignobles legs de la Françafrique.

Qui a le pouvoir n’a pas nécessairement le savoir, et nos Chefs d’Etat d’Afrique francophone en savent long sur la question; mais qui a le savoir peut conquérir le pouvoir, le pouvoir d’accélérer la MARCHE de cette Afrique sur le chemin de la modernité, la vraie modernité politique, l’Afrique enfin débarrassée des oripeaux des années de postcolonialisme infantilisant.

Nul n’a le droit de renoncer à ses rêves, nous avons le devoir et le potentiel pouvoir de ressusciter politiquement, économiquement et culturellement cette Afrique là, reprenons déjà possession de nous, dans tous les sens du terme, une autonomie raisonnable et pragmatique, est le gage d’une victoire; je ne doute pas une seule seconde de cette issue. Pourvu que tous nous le voulions. Une gageure, au vrai !

L’Afrique veut renaître, elle va renaître, par tous les moyens nécessaires. L’Afrique francophone veut s’émanciper, elle s’émancipe déjà par nos savoirs , par nos lumières , nos refus et résistances à la pérennisation d’un ordre “criminel” (au sens de la criminalité politique) du joug de la détestable Françafrique. Nous y veillons, j’y veille. Les langues se délient , les omertas se brisent , un semblant de transparence va cahin caha , les mémoires se libèrent , s’épandent, s’épanchent , Verschave à sa façon a bousculé les montagnes , comme l’avait déjà fait avant lui Mongo BETI , comme le font encore aujourd’hui courageusement les associations SURVIE, SHERPA et de nombreux quêteurs d’un ordre nouveau et juste , loin des feux de la rampe.

La complexité de la tâche , le caractère rude du combat appelle toutes les bonnes consciences , et elles sont là , rassemblées sous le chapiteau de l’humanité , de la solidarité, de la paix entre peuples et braves gens. Blancs , Noirs , rouges , jaunes , la France des petites gens , le monde dans son entièreté redécouvre SANKARA et ses affidés , et toutes les voix héroïques tues par tant d’années d’impostures , d’occultation de la parole vraie , tant d’année de prostitution de l’Histoire.

La jeunesse africaine court sur tous les fronts. Elle bouge , elle se frotte à d’autres civilisations , à d’autres expériences , à d’autres sensibilités politiques et philosophiques, culturelles et cultuelles, elle s’émancipe , elle mûrit , elle n’a pas manqué le train de la modernité politique , technologique , démocratique , elle évolue avec les enjeux majeurs de son temps , elle murmure , elle parle , elle hurle , elle est sage et souvent révoltée , impatiente et volontaire , elle s’éclaire à la lumière des anciens , ces jusqu’auboutistes de la liberté et de l’ordre juste qui ont pour nous payé de leurs vies.

Cette jeunesse sémillante , vigoureuse et désireuse de changement , dit sa présence au monde , parfois dramatiquement , frigorifiée dans les soutes à bagages des appareils d’Air France , éconduite aux portes de Ceuta et Melilla , noyée dans les eaux de Gibraltar , écharnée sur les barbelés de Lampedusa, fouettée sur le macadam d’Aubervilliers et des centres de rétention, aux limites marginales d’Ile-de-France , ces zones de non-droit …Mais une jeunesse négro-africaine qui s’illumine aussi et se grandit des enseignements de Fanon , de Césaire , de Lumumba , de Malcolm X , de Sankara , de Nkrumah , de Cabral , de Nyerere , de Biko , de Mandela , d’Angela Davis , de Stokely Carmichael , d’Um Nyobe et Félix Moumié…sur les bancs d’amphithéâtres , dans le silence cogitant des bibliothèques , des salles de conférences, sur la Toile qui libère et nourrit de la parole alternative. Une jeunesse africaine en quête d’un nouvel ici, qu’impose souvent, hélas, un ” aller là-bas ” . L’aventure n’est plus seulement ambiguë , elle est conscience actante , elle prend sens , elle est déjà à elle seule un combat , un appel à l’autre monde possible.

Et cette jeunesse africaine qui se découvre progressivement sa vigueur, sa mouvante sève, a besoin de la sagesse des femmes et des Anciens , de tous les cadets et aînés sociaux.

Nous avons besoin de toi, Femme.

Ils s’appellent Bongo , Biya , Sassou , Déby , Obiang , Eyadéma Faure , Dos Santos… faire-valoir d’un système déviant et loin d’être à bout de souffle , mieux, incarnation virale qui met à mal le système immunitaire de nos économies locales , mixtes ou acquises à la cause du Capital. Une incarnation virale qui en aggrave la fêlure , “gouverneurs à la peau noire” à la solde des anciens maîtres de France , gaullistes sans conviction , “ces anti-héros” , ces antithèses du bonheur du peuple dont l’histoire ne retiendra jamais rien que les tristes fins , des Mobutu agonisants en puissance. Car nul prévaricateur de la souveraineté populaire n’échappera indéfiniment au glaive de la justice du peuple. Et si Bob Denard, Jacques Foccart, François Mitterand , Guy Penne et autres émissaires officieux de la glorieuse Lutèce n’ont pas méritoirement payé du sang versé sur la terre d’Africa , le Très-Haut s’en chargera.L’Histoire contemporaine s’en charge déjà, qui va cracher sur leurs tombes…

Il est donc admis que les puissants ne nous ferons pas le cadeau de la liberté ou de quelque émancipation politique, cet impératif catégorique nous incombe donc à nous , jeunes , continuateurs de l’oeuvre et de la vision déjà matures de l’homme SANKARA et des personnes de son engeance. C’est lui qui avait raison. Au jusqu’auboutisme des autocraties africaines , nous savons pouvoir opposer aujourd’hui plus que jamais un jusqu’auboutisme résistant , intellectuel , idéologique et démocratique.

A la question du COMMENT ? Je dis, LET’S GATHER OUR IDEAS, rassemblons nos idées. Ensemble, uni, nous sommes plus forts. Les vrais ennemis de nos républiques, ces chevaux de Troie à toque de léopard et autres kleptocrates en mal de compassion, n’y pourront rien. On peut contrôler les corps, faire tomber des têtes, briser des cous et nicher pruneaux dans le coeur des martyrs. mais on ne tire pas des coups de fusil aux idées. De la discussion jaillit la lumière. Le disensus est une nécessité en démocratie, mais je me battrai jusqu’à la mort pour que s’exprime l’idée qui diffère de la mienne.

Le temps a passé, les dictateurs sont toujours en place, mais les esprits se sont éclairés et le sentiment du devoir à accomplir s’affermit. Par tous les moyens nécessaires. Jusqu’à l’ultime recours.

Ainsi soit-il.

Issopha

Source : http://kamitewoman.over-blog.com

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