Le fantôme de Thomas Sankara hante toujours

Jusque à quand le fantôme du capitaine Thomas Sankara hantera-t-il le Burkina? Pour la 22e année consécutive, la commémoration de la disparition tragique du défunt président du Burkina Faso, de 1983 à 1987, ramène à la sempiternelle question de savoir dans quelles circonstances il y trouvé la mort.

Cette fois-ci, c’est une de ses sœurs cadettes, Blandine Sankara, qui s’appuie sur les colonnes du quotidien burkinabè «Le Pays» pour monter au créneau. «… Officiellement, personne ne nous a dit comment les événements se sont déroulés, qui a été responsable, où Thomas a été enterré», a-t-elle révélé.

Mais au-delà du droit légitime de la famille Sankara à connaître la vérité sur cet événement tragique, force est de reconnaître que cette question est trop longtemps restée taboue au Burkina. Les autorités judiciaires gagneraient à oser secouer ce cocotier qui paraît, à tort ou à raison, intouchable. Surtout qu’une plainte a été déposée par la famille à cet effet. Il faut que le Burkina arrive à assumer cette parenthèse de son histoire. Ce serait d’ailleurs à l’honneur du régime Compaoré de solder ce compte, ne serait-ce que sur le plan de l’organisation d’un procès en bonne et due forme. Ce qui fait la force d’un homme et de surcroît d’un président, c’est d’affronter les choses et non de les esquiver, quel que soit le prix à payer. C’est probablement le plus grand défi de Blaise Compaoré qui, malgré tout ce qui a pu lui être reproché, s’est imposé aujourd’hui comme un médiateur et un facilitateur pour la paix sur le continent. Du moins, ses pairs s’accordent à lui reconnaître cette capacité.

Bark Biiga

Source : http://www.fasozine.com/…

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Les Sankaristes demandent une expertise de la tombe de Tom Sank

Vingt-deux ans n’ont pas suffit à effacer l’image du président Thomas Isidore Noël Sankara

15 octobre 1987-15 octobre 2009. Vingt-deux ans que le président du Comité national de la révolution (CNR) trouvait la mort dans les locaux du Conseil de l’entente à Ouagadougou. Les Sankaristes, continuateurs de son œuvre, se sont réunis le jeudi 15 octobre 2009 au cimetière de Dagnoën à Ouagadougou pour commémorer cette date.

Vingt-deux ans n’ont pas suffit à effacer l’image du président Thomas Isidore Noël Sankara, de la mémoire de ses partisans. Panafricanistes, militants des droits de l’homme, responsables et militants de partis politiques sankaristes ont effectué le déplacement du cimetière de Dagnoën où reposent l’homme de la révolution du 4-août et douze de ses compagnons d’infortune. Les Sankaristes, habillés en boubou traditionnel, ou en tee-shirt à l’effigie de leur héro, n’ont pas dérogé à la tradition qui veut que chaque année, ils viennent sur la tombe du défunt président prendre l’engagement de poursuivre la lutte qu’il a entamée.

Pour le président du comité d’organisation, le député Yamba Malick Sawadogo, cette commémoration est pleine de symboles. En effet, le 15 octobre tombe sur un jeudi cette année, et de l’avis de ce député, «un jeudi est un jour ordinaire, sauf si ce jeudi tombe sur un 15 octobre et ce depuis 22 ans». Et, autre coïncidence, «Cette commémoration se fait presqu’un mois après la reconnaissance du Sankarisme comme deuxième force politique du Burkina», a ajouté le secrétaire national à la communication de l’Union pour la renaissance/Parti sankariste (Unir/PS), Ousmane Ouédraogo. C’est entre les slogans de «Victoire, au peuple», «la patrie ou la mort nous vaincrons!» scandés par les militants, que les leaders de partis sankaristes ont pris la parole.

Mais s’ils ont en commun une idole et un ennemi, il reste que la question de l’unité se pose dans la famille sankariste. Romain Conombo, président du Conseil national de la renaissance/Mouvement sankariste (CNR/MS), allié au Front des forces sociales (FFS) et à l’Union des partis sankaristes (UPS), a dénoncé une confiscation de l’organisation de la commémoration du 15-Octobre par certains partis sankaristes. Le président de l’Unir/Ps, Me Bénéwendé Sankara, qui semblait être visé par ces reproches a évité la polémique, se contentant de saluer la mobilisation du peuple au côté des idéaux du président Sankara 22 ans après sa disparition. «Je voudrais ici saluer également le courage et l’abnégation de la Campagne internationale Justice pour Sankara (CIJS), qui a déjà obtenu en 2006 une décision onusienne exigeant la lumière sur l’assassinat du président Thomas Sankara et qui vient, aujourd’hui, d’introduire une requête demandant l’expertise de sa tombe», a-t-il dit. Une demande déposée au Tribunal de grande instance (TGI) de Ouagadougou qui si elle est accordée relancera le dossier en justice.

Roger Niouga Sawadogo

Source : [http://www.fasozine.com/…
->http://www.fasozine.com/index.php/politique/politique/1358-les-sankaristes-demandent-une-expertise-de-la-tombe-de-tom-sank ]

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Qui veut la vérité prépare l’expertise

Au clair de Dagnoën, Thom Sank refuse toujours de se laisser enterrer dans l’anonymat. Ses amis l’ont bien compris qui, chaque année, reviennent à la charge. Entre devoir de mémoire et pèlerinage obligé sur la tombe de carreau blanc, foulard noir au cou, ils réclament vérité, justice et… expertise !

Vingt-deux ans que Thom Sank est mort et, pourtant, il est toujours très présent dans l’arène politique du Burkina, de l’Afrique et du monde. Le 15 octobre dernier, pour commémorer cette date, dont la dualité n’échappe plus à personne – les uns pleurent leur héros, tandis que les autres célèbrent leur champion -, les inconditionnels du charismatique capitaine Sankara ont tressé une nouvelle corde à leur arc de revendications : il faut faire expertiser la tombe où est censé reposer Thomas Sankara, pour être sûr, mais alors véritablement sûr, que c’est bien l’homme du 4-Août qui dort là. Tel est, en tout cas, le nouvel étalon de bataille de la Campagne internationale justice pour Sankara (CIJS), qui a décidé d’« introduire une procédure judiciaire aux fins d’expertise des empreintes génétiques du corps présumé de ladite sépulture, à l’effet de les comparer à celles prélevées aux deux enfants Sankara ».

Une campagne « Justice pour Sankara », qui compte bien mettre du sable dans le couscous de l’enfant terrible de Ziniaré, médiateur des grandes crises devant l’Eternel, qui n’a pas son pareil pour aller éteindre dans les cases des voisins. Alors qu’il est en pleine intervention en Guinée, cette histoire d’exhumation et d’expertise d’un gars qui est décédé de… « mort naturelle » n’est sans doute pas pour plaire au Docteur Honoré. Mais il faut plus pour saper le moral du pompier de la Cedeao, qui a déjà fait étalage de sa maestria au Togo et en Côte d’Ivoire. Alors, campagne contre campagne, l’expertise de ces crises qui nous malmènent ici et là montre bien qu’il aura fallu le facilitateur de Ziniaré pour calmer le brasier et éteindre le feu.

Maintenant, il reste que depuis 22 ans on cherche toujours le corps de Thomas Sankara, l’autre enfant terrible du Faso, avalé par la Rectification. Pour la famille, c’est un vrai supplice de ne pas pouvoir faire le deuil, c’est-à-dire voir le corps de l’être cher et chéri, lui dire adieu selon les rites et coutumes, etc.

Et comme l’émotion est nègre, elle était encore là, palpable, le 15 octobre 2009. Au train-vapeur où vont les choses cependant, on risque de faire le deuil du… deuil, et se laisser hanter, chaque année, par les mille et une questions qui remontent tranquillement du « ça », au sujet de ce corps introuvable, et de ce caveau dont on ne sait pas vraiment s’il abrite, pour un repos éternel et paisible, l’homme qu’on vient vénérer sans coup férir…

En attendant, Thomas Sankara peut se vanter de continuer à jouer les trouble-fêtes, 22 ans après sa disparition, et à inspirer même un Hugo Chavez, qui l’a récemment et longuement cité. Même Dadis Camara est fan de Thom Sank, alors… Allez, hue, il faut se donner de la peine, car un jour, comme le chante l’autre, « nous serons assez forts pour contrer le vent qui souffle ». Si ce n’est pas ça que les « sankaristes » veulent dire en reprenant Sénèque, pour qui « ce n’est pas parce que c’est difficile que l’on n’ose pas, c’est parce que l’on n’ose pas que c’est difficile », alors c’est à en perdre son mooré ! Osez l’expertise, il y a la vérité dedans…

JJ

source : Le Journal du Jeudi N°944 du 22 octobre 2009 http://www.journaldujeudi.com/944/f…

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AN 22 DE LA MORT DE THOMAS : TOUJOURS DES BISBILLES ENTRES SANKARISTES ?

Les Sankaristes ont encore sacrifié cette année au rituel de la célébration du 15 octobre, date anniversaire de l’assassinat de Thomas Sankara, président du CNR de 1984 à 1987. Une célébration marquée, sinon par des escarmouches, en tout cas par une guéguerre à fleurets mouchetés plutôt visible.

Si au départ, la mobilisation des militants de la cause sankariste et fans de Thomas Sankara n’était pas extraordinaire, il faut reconnaître qu’à partir de 16 heures ce jeudi, le cimetière de Sankoui (nom ancien du quartier Dagnoen) était à son comble. Manquait juste au rendez-vous, une cohésion entre deux groupes. L’UNIR-PS d’un côté et de l’autre le CNR-MS, le FFS et l’UPS. Ces trois dernières formations politiques revendiquaient elles aussi leur droit à célébrer comme chaque année cet anniversaire. Arrivées sur place un quart d’heure avant le début de la manifestation, les premiers responsables de ces trois formations n’apprécieront pas l’accueil qui leur sera réservé. En effet, ils avaient ramené avec eux trois banderoles mentionnant les sigles des partis et des messages sankaristes. Ces banderoles portées par des militants ont été rapidement pliées par des jeunes arborant des tee-shirts UNIR-PS. « Pas question de les présenter ici », semblait-on dire.

Avertis, Norbert Tiendrébéogo et les autres n’ont pas apprécié cette attitude. « Vous, vous portez bien des tee-shirts UNIR-PS. Est-ce que ça nous dérange ? On est là au même titre…vous saviez bien qu’on allait être là, n’est-ce pas ? ». Ce sont entre autres phrases ce que les derniers arrivants ont proféré. Ils entendaient bien être là pour déposer eux aussi sur le tombeau du défunt président leur gerbe de fleurs, dire un message. Averti, un sankariste (et pas des moindres) non affiché politiquement fera la médiation. Il fallait éviter que des oreilles médiatiques n’aient vent de l’incident. On arrivera vite à un consensus mais trop tard ! Nous avons su.

Pour autant, une fois ressaisis, les Sankaristes semblent avoir dit «Pas question de ‘verser la figure par terre’ ». On s’est accordé sur l’essentiel, et c’est parti ! Place à la cérémonie.

Après des poses de gerbes sur les tombes des camarades tués de Thomas Sankara, les différents leaders sankaristes et conviés politiques (on a noté la présence de Philippe Ouédraogo) ont été invités à déposer sur la tombe du défunt président une couronne de fleurs. Un peu de bousculades mais on y est arrivé. Applaudissements de militants. Maintenant place aux discours.

Le premier a été celui du président du comité national d’organisation, le député Yamba Malick Sawadogo, suivi par le message de la veuve Mariam Sankara. Ce dernier message, à l’absence de la concernée a été lu par la députée Bessin Edwige Nikiéma de l’UNIR-PS. La veuve a une nouvelle fois formulé son désir de justice. Pour elle, quel que soit le temps que cela prendra, la vérité jaillira. Toute chose qu’elle a traduite à travers ce proverbe : «Quelle que soit la longueur de la nuit, le jour finira par apparaître».

L’unité

Ce mot était dans les trois dernières prises de paroles. Depuis celui de la veuve Sankara à celui du député Bénewendé Sankara. Mariam Sankara elle, a exhorté les Sankaristes « d’ici et d’ailleurs » à l’unisson. La troisième intervention est une déclaration conjointe CNR-MS, FFS, UPS. Elle aura marqué la foule. Morceaux choisis : « Si au début de la rectification, venir aux cimetières était une défiance à l’ordre répressif du capitaine Compaoré, les célébrations seront au début de l’ère démocratique, des moments d’affirmation de l’idéal, des retrouvailles et d’engagement renouvelés. Mais force est de constater qu’au fil du temps, venir au cimetière de Dagnoen a des relents d’humiliation et de débâcle au sein de la famille sankariste… » ; « … Mais l’humiliation qui nous guette, c’est celle de nous complaire à commémorer la tragédie du 15 octobre, avec toujours Blaise Compaoré à sa place… » ; « Pour notre part, CNR-MS, FFS, UPS, l’heure n’est pas à frapper d’ostracisme tout sankariste sincère mais se donner la main après une séance de catharsis ou de critique et d’autocritique sur ce qui nous a divisés – et peut nous diviser- ce qui nous permettra de ne plus commettre les mêmes erreurs… ». Bref. Ce discours prononcé par le Président du CNR-MS Roland Konombo, était un brûlot. Tout le monde (ou presque) a admiré.

Enfin, le tour du Président de l’UNIR-PS, Chef de file de l’opposition. A son arrivée, une dame scande « Maître Bénéwendé Sankara…, Président en 2010 ». Un discours en mooré sur un ton posé. « Si la sorcière peut oublier, la mère de l’enfant n’oubliera…Jamais », s’exclame-t-il d’entrée de jeu. Il rappelle que si les assassins de Thomas Sankara ont oublié la forfaiture, le peuple burkinabé n’oubliera jamais. Il précisera lors de ce discours (en substance) que « l’UNIR-PS est un parti de paix et qui accepte tout le monde mais, il a un point sensible auquel il ne faut jamais toucher. Gare à celui qui y touche ». En attendant de savoir quel est ce point et ce qu’il en coûtera effectivement d’y toucher, retenons que la querelle semble bien rester pendante.

Bonne nouvelle ?

Une bonne note tout de même. La « Campagne Internationale Justice pour Sankara » a introduit le jeudi même au Tribunal de grande instance de Ouagadougou une requête exigeant l’expertise de sa tombe. C’est la principale nouvelle qu’a apporté Me Bénewendé Sankara lors de son intervention.

Bala S. Sibiri Swonty Koné

Source : San Finna N°537 du 19 au 25 Octobre 2009 http://www.sanfinna.com/…

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Burkina Faso: Les Sankaristes dénoncent le soutien à Compaoré

Des partisans de l’ancien chef de l’Etat du Burkina Faso, le capitaine Thomas Noël Isidore Sankara, ont dénoncé jeudi soir à Ouagadougou, au cours de la commémoration du 22ème anniversaire de l’assassinat de leur “idole”, le soutien de la communauté internationale au pouvoir du président Blaise Compaoré.

Réunis au cimetière de Daghnoën (un quartier de Ouagadougou) autour des tombes de Thomas Sankara et de ses douze compagnons assassinés le 15 octobre 1987, de nombreux partis sankaristes et leurs militants ont fustigé “l’hypocrisie du facilitateur international Blaise Compaoré, qui croit user de la diplomatie pour faire oublier tout le mal qu’il a causé à son peuple”.

Pour le président du comité d’organisation de l’événement, Malick Yamba Sawadogo, “la communauté internationale est en train de tout mettre en ?uvre pour que Compaoré règne à vie”.

“Ce lâche et horrible assassinat, que l’on peut qualifier de crapuleux, sauvage, honteux et dégradant pour l’espèce humaine, a fini de convaincre plus d’un que la réaction internationale ne permettra jamais volontairement à nos Etats d’être libres et dignes”, a-t-il dénoncé, pointant du doigt la France et la Côte d’Ivoire, “qui auraient quelque chose à voir dans la disparition de Thomas Sankara”.

“Il (Blaise Compaoré) se promène en Côte d’Ivoire, au Togo, en Guinée pour résoudre des crises, oubliant que son propre pays est en crise”, a déclaré pour sa part le président de l’Union pour la renaissance/Partis sankaristes (un regroupement de partis défendant les idéaux du capitaine Sankara), Me Bénéwendé Stanislas Sankara, par ailleurs chef de file de l’opposition burkinabé.

Le 15 octobre de chaque année, depuis l’assassinat de celui qui a instauré la révolution au Burkina Faso entre le 04 août 1983 et le 15 octobre 1987, ses partisans se retrouvent au cimetière où il a été enterré avec douze de ses proches. Là, ils entonnent l’hymne national, déposent sur les treize tombes des fleurs et prononcent des discours dans lesquels ils rappellent notamment l’?uvre de l’ancien président, tout en demandant justice pour lui et ses compagnons.

“Renaissance et espoir”, c’est sous ce thème que les partis sankaristes ont célébré le 22ème anniversaire de la disparition de Thomas Sankara.

Depuis la France où elle vit avec ses deux enfants, la veuve de Thomas Sankara, Mariam Sankara, a fait parvenir une déclaration dans laquelle elle souligne que le combat mené par Thomas Sankara suscite toujours l’espoir d’un monde meilleur. “Les événements dans le monde, les manifestations de sympathie et d’amitié notamment lors du 20ème anniversaire de son assassinat prouvent que son message a un écho considérable au sein de la jeunesse d’Afrique et d’ailleurs”, a-t-elle fait remarquer.

C’est le 04 août 1983 que le capitaine Thomas Sankara prit le pouvoir, à la suite d’un coup d’Etat perpétré contre le commandant Jean-Baptiste Lingani. Avec d’autres compagnons d’armes, dont le capitaine Blaise Compaoré (ministre de la Justice à l’époque), il instaura la révolution.

C’est aussi sous Thomas Sankara que l’ex- Haute-Volta a changé de nom pour devenir le 04 août 1984, l’actuel Burkina Faso. Sankara a marqué les Burkinabè surtout par son éloquence, sa simplicité (il ne possédait à sa mort pour tout bien, selon ses partisans, qu’une villa dont le coût est accessible au Burkinabé moyen) et les mesures populaires qu’il prenait : diminution du train de vie de l’Etat, construction de logements à faible coût pour les fonctionnaires, etc. Il était fermement opposé au capitalisme et au remboursement de la dette par les pays africains.

En 1985, lors de la 37ème session de l’assemblée générale des Nations unies, il avait déclaré à propos du remboursement de la dette accordée à l’Afrique par les pays riches : “Ceux qui nous ont prêté de l’argent, sont ceux qui nous ont colonisés. C’est eux qui ont géré nos économies. Nous ne sommes pas responsables de la dette qui est une manière savamment orchestrée pour reconquérir l’Afrique. Si nous ne payons pas (la dette), nos bailleurs de fonds ne mourront pas ; mais si nous payons, c’est nous qui allons mourir”.

Mais le 15 octobre 1987, il fut assassiné en même temps que douze de ses plus proches collaborateurs, lors d’un coup d’Etat qui porta au pouvoir le capitaine Blaise Compaoré.

Ouagadougou – 15/10/2009 Pana

Source : http://www.afriquejet.com/…

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15 octobre 1987 : 22 ans déjà !

Ainsi régulièrement ou plutôt à certains anniversaires de cette date, un Alouna Traoré, le seul rescapé du carnage du conseil de l’entente, donne sa version des faits. Valère Somé, un ami du père la Révolution, penche pour la thèse du complot prémédité (1).

Ludo Martens met ces mots dans la bouche du colonel Gilbert Dienderé, l’actuel chef d’état-major particulier de Blaise : « Nous savions que Sankara avait une réunion à 16 h et nous avons décidé d’aller l’arrêter là-bas… (NDLR :au pavillon Haute-Volta du Conseil de l’Entente)… Sankara tenait comme toujours un pistolet automatique à la main, il a immédiatement tiré et tué un des nôtres. A ce moment, tous les hommes se sont déchaînés, tout le monde a fait feu et la situation a échappé à tout contrôle »(2).

Jacques Foccart, présenté comme l’homme des réseaux de la Françafrique, s’était confié au journaliste écrivain en ces termes : « Kadhafi a envoyé des armes à Sankara et lui a dit : maintenant tu ne dois plus attendre, tu dois te débarrasser de Blaise… ». Ce dernier, deux semaines après les évenements du 15, s’était confié à Jeune Afrique en ces termes : « C’est pour avoir voulu nous liquider, Jean-Baptiste Lingani, Henri Zongo et moi qu’il s’est fait abattre par les soldats qui me sont fidèles… » (3).

Bref 22 années après, les deux célèbres thèses continuent à avoir cours : Sankara préparait un coup à 20 heures le 15 octobre, c’est la version, bien sûr, des tenants du pouvoir ; Blaise a prémédité son coup depuis longtemps, soutiennent, par contre, les orphelins du patron du CNR.

La commémoration des 20 ans de cet assassinat de Sankara il y a deux ans (à laquelle sa veuve, Mariam a assisté) concomitamment avec celle célébrant les 20 ans de renaissance démocratique avec Blaise Compaoré fut d’ailleurs l’occasion de montrer à la face du monde qu’au Burkina la parenthèse Sankara n’est pas encore fermée pour certains, notamment les Sankaristes et tous ceux qui partagent son idéal, comme l’a montré l’immense foule qui a accompagné Mariam Sankara dans son pèlerinage au cimetière des Martyrs en octobre 2007.

22 années après,les sankaristes continuent à s‘étriper même s’il y a souvent des embellies avec des tentatives de regroupement, qui font long feu. En tout cas, signe des temps, en cet octobre 2009, c’est bien à un sankariste qu’a échu le titre de chef de file de l’opposition. Enfin un cadre institutionnel dans lequel l’opposition pourra agir selon des droits et des devoirs à lui reconnus ? Sans doute, puisque la loi y relative date de 2000, et de toilettage en toilettage, elle est aujourd’hui assez claire.

Pendant longtemps, l’une des faiblesses criardes de l’opposition a été son introuvable unité. De Me Hemann Yaméogo à Me Beninwendé Sankara, beaucoup d’encre et de salive a coulé tant dans le camp du pouvoir que dans celui des opposants. Le patron de l’UNIR/PS réussira-t-il là où ses devanciers ont échoué ? Il a en tout cas beaucoup de cartes en main, et s’il sait manœuvrer, il pourra ratisser large. Certes des opposants font entendre déjà des voix discordantes, mais, dans l’ensemble, l’homme part avec un préjugé favorable.

Pourvu que ses collègues opposants le poussent et que lui aussi à labour se montre efficace, c’est à ce prix que l’unité de l’opposition ne sera plus une arlésienne.

Zowenmanogo Dieudonné Zoungrana

Notes :

(1) : in Thomas Sankara,un espoir assassiné de Valère Somé.

(2) : in Sankara, Compaoré et la révolution burkinabè de Ludo Martens.

3) in Jeune Afrique du 4 novembre 1987.

Source : L’Observateur du 15 octobre 2009 http://www.lobservateur.bf/spip.php?page=article_archive&id_article=12568->L’Observateur du 15 octobre 2009 http://www.lobservateur.bf/spip.php?page=article_archive&id_article=12568

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L’humiliation, c’est que Blaise est toujours au pouvoir”

Le 15 octobre 1987, au Conseil de l’Entente, sur le coup de 16 h, Thomas Sankara tombait sous les balles meurtrières d’individus non encore identifiés. 22 ans après, l’ombre du président, qui a passé 4 années au pouvoir, reste encore bien présente dans l’esprit de bien de ses compatriotes. Ceux qui l’on connu et aimé font toujours la procession au cimetière de Dagnoën, où repose son âme, pour pleurer leur idole assassiné.

Comme ce fut encore le cas hier en ce jeudi 15 octobre 2009, jour anniversaire de sa disparition. A la différence que les sankaristes ont reconnu que ce qui est humiliant, c’est le fait qu’ils n’ont encore pu retirer le pouvoir à Blaise Compaoré.

A 15h, quand nous immobilisions notre véhicule de reportage à quelques encablures du cimetière, nous avons eu le sentiment que cet anniversaire de recueillement n’allait pas drainer grand monde. Le public clairsemé à l’intérieur comme à l’extérieur de l’espace aménagé autour des tombes nous avait donné cette vague impression. Erreur ! Au fur et à mesure que les minutes s’égrenaient, la place devenait noire de monde, à l’image de la couleur de deuil, que d’aucuns portaient ostensiblement aux bras. Le discours de l’idole disparu et les sonorités distillées attiraient de plus en plus du monde.

Soudain, le maître de cérémonie de la soirée se saisit d’un micro et annonce l’arrivée des leaders sankaristes. Ditanyè, que certains sankaristes ont chanté avec beaucoup de peine, dépôt de gerbes sur les tombes et discours ont été la colonne vertébrale de cette cérémonie rituelle, placée cette année sous le thème : “Renaissance et espoir”. Comme on peut s’en douter, les speechs, il y en a eu de tous les ressentiments et de toutes les diatribes, passant Blaise Compaoré et son régime au savon de l’idéal sankariste. Le moins que l’on puisse dire que les ouailles du défunt président révolutionnaire ont plus d’un mot dans leur lexique.

Et quand ils ont une tribune, ils ne s’en privent pas. Morceaux choisis : “… le peuple burkinabè croupit voilà 22 ans, dans la pauvreté, la maladie, l’obscurantisme… des tares et fléaux dont Blaise Compaoré est passé champion, ce qu’aucun président n’a pu commettre comme forfaitures, mauvaiseté et autres abjection ici-bas”, “Cette catastrophe (le déluge du 1er septembre) vient nous rappeler comme un sort, que ce sinistre est prémonitoire à chaque présidentielle ; en effet, plaise à quiconque de se rappeler qu’en 1997, il y a eu des vents violents, en 2004, des famines consécutives à la faiblesse des pluies, en 2009, des pluies diluviennes causant des pertes.

A l’évidence, à chaque fois que l’on devine les intentions présidentielles de Blaise Compaoré, la nature se rebelle, pour annoncer au peuple que la catastrophe, c’est l’autre”. “Qui ne connaît pas Blaise Compaoré ? Qui ne connaît pas ses méthodes… ? Violeur des lois et des textes, ce clan constitue le socle du régime antidémocratique, antipopulaires, antinational en place du Burkina. Blaise et ses hommes constituent les principaux prédateurs de nos richesses…”. Des mots qui provoquaient toujours un tonnerre d’applaudissements.

Mais, comme pour faire dans l’autocritique, Roland Konkobo, président de la Convention nationale de la renaissance/Mouvement sankariste (CNR/MS), reconnaîtra que si toutes ces injustices existent, c’est en partie dû aux querelles intestines sankaristes qui empêchent leur ascension vers les sommets de l’appareil de l’Etat. Et d’interpeller ses co-idéologues en ces termes : “L’humiliation qui nous guette, c’est de nous complaire à commémorer la tragédie du 15-Octobre avec Blaise Compaoré toujours à sa place, une place usurpée et fraudée depuis 1987”.

A ce sujet, Me Sankara, président de l’Union pour la renaissance/Parti sankariste (UNIR/PS) garde l’espoir. Fort de ses nouveaux habits de chef de file de l’opposition, il est confiant, car annonce-t-il : “Nous sommes un parti d’avant-garde qui veut avancer avec le peuple, pour le peuple”.

Un optimisme qui pourrait se justifier avec cette fois-ci avec la cohésion manifestée par la déclaration conjointe des partis CNR/MS, FFS, UPS. Mieux, l’on a noté la présence effective de leurs dealers malgré leurs querelles de conviction sankariste et de leadership. Toujours est-il que c’est avec le sentiment d’avoir vénéré leur idole et dans l’ambition affichée de provoquer l’alternance en 2010 que les continuateurs de l’œuvre de “Thom Sank” ont quitté le cimetière aux environs de 18 h sous les vivats de la foule.

Nankoita Dofini

Source : L’Observateur du 16 octobre 2009 http://www.lobservateur.bf/spip.php?article12583

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Commémoration du 15 octobre “L’humiliation qui guette les sankaristes …”

Les sankaristes se sont retrouvés au cimetière des martyrs de Dag-noën (secteur 29 de Ouaga) pour commémorer le jeudi 15 octobre dernier, le 22e anniversaire de l’assassinat du président Thomas Sankara. Un évènement marqué par des attaques à peine voilées entre leaders sankaristes.

Jeudi noir pour les sankaristes ce 15 octobre 2009. Et comme il est de coutume depuis 22 ans, ils sont allés se recueillir et déposer des gerbes sur la tombe du président Thomas Sankara et de celles de ses compagnons “tombés sous les balles assassines de l’impérialisme”. Pour les militants des partis sankaristes, les slogans de la période révolutionnaire sont plus que jamais d’actualité “l’impérialisme à bas, honneur, gloire, pouvoir au peuple”. Le réquisitoire est très sévère contre le régime de la 4e République. Quelques morceaux choisis : “avides de pouvoir et d’argent, responsables de nombreux crimes économiques et de sang à travers le monde, antipopulaire”. Et Me Bénéwendé Sankara de tirer la conclusion “qu’il faut chasser Blaise Compaoré”. Si sur cette alternance, tous les sankaristes sont d’accord, le mode opératoire et les préalables les divisent. Pour le CNR/MS, le FFS et l’UPS qui ont livré une déclaration au cimetière, “l’humiliation qui nous guette (NDLR les sankaristes), c’est celle de se complaire à commémorer la tragédie du 15 octobre avec toujours Blaise Compaoré à sa place, une place usurpée et fraudée depuis 1987”. Pour ces partis, si la Révolution n’a pas encore revu le jour, c’est parce que les sankaristes sont désunis. Une désunion qui se manifeste au cimetière de Dag-noën “parce que des élans hégémonistes et exclusionnistes habitent certains d’entre nous”, a révélé Romain Conombo, président du CNR/MS. Mais, il est temps, selon eux, pour les sankaristes de se réconcilier et de se donner la main “pour faire la révolution, celle des urnes en 2010”. Pour Me Bénéwendé Sankara, la victoire du peuple est certaine et en tant que chef de file de l’opposition, il s’y attellera. Le président de l’UNIR/PS a révélé dans son intervention que la campagne internationale Justice pour Sankara vient d’introduire devant le Tribunal de grande instance de Ouagadougou, une requête demandant l’expertise de la tombe du président Thomas Sankara. Même si selon lui, le peuple burkinabè a déjà désigné ses coupables…

Par Dayang-ne-Wendé P. SILGA

Source
: Le Pays du 16 octobre 2009 http://www.lepays.bf/…

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CONVERGENCE DE L’ESPOIR : “Le Burkinabè est toujours un misérable parmi les misérables”

A l’occasion de la commémoration du 15 octobre, la Convergence de l’espoir a publié la déclaration ci-dessous dans laquelle son président fait un tour d’horizon de l’actualité nationale.

15 octobre 1987 – 15 octobre 2009 : cela fait 22 ans que Thomas Sankara a été assassiné. Cette date à jamais gravée dans les annales de l’histoire de notre pays, sera toujours commémorée par notre parti, sous le double signe de l’hommage aux martyrs et de l’engagement ferme à lutter en vue de permettre au peuple burkinabè d’exprimer son intégrité. A la faveur de ce triste anniversaire, L’Espoir renouvelle sa compassion aux familles des victimes et s’incline sur les tombes de ceux qui sont tombés il y a 22 ans sous les balles des « rectificateurs » embusqués, plongeant le monde dans la stupéfaction et le désarroi. Militantes et militants, peuple du Burkina, L’actualité politique nationale est marquée par des questions relatives aux réformes politiques dont le vote des Burkinabè de l’étranger et le statut de l’opposition.

Pendant que la Commission électorale nationale « indépendante » est confrontée à de graves problèmes de fonctionnement, pendant que le fichier électoral a besoin de toilettage, pendant que notre système électoral a besoin de mécanismes fiables, justes et équitables, la plus grande préoccupation du régime du quatrième Faso est d’inviter les Burkinabè de l’étranger au vote pour la présidentielle de 2010 ! Sans dénier à nos frères à l’étranger ce droit, nous émettons de sérieuses réserves quant à l’opérationnalité et l’opportunité d’une telle initiative.

Le statut de l’opposition est le résultat d’une décision maligne du pouvoir qui veut faire croire qu’il n’y a qu’une opposition, que cette opposition est en file indienne ou en colonne. Elle lui donne un chef, à la coloniale, convaincue qu’il y aura toujours quelqu’un pour s’asseoir sur cette peau de banane présentée comme une peau de lion et conforter ainsi l’image d’une « démocratie apaisée » dont Blaise Compaoré a tant besoin. La Convergence de l’Espoir souligne qu’il y a des oppositions : parlementaire, extra-parlementaire… Que faire du responsable d’un parti de cinq députés tout au plus, sur plus de cent, le « chef » d’une opposition que l’on voudrait uniforme pour les besoins de la cause ? C’est mettre en œuvre un programme de domestication humiliante que nous rejetons. Il est facile de comprendre que dans un premier temps, le pouvoir s’est offert le luxe de créer des partis d’opposition bidons pour récupérer des électeurs récalcitrants. Dans un deuxième temps, il les a regroupés en « mouvanciers » pour démontrer que Blaise Compaoré a « du monde derrière lui ». Dans un troisième temps, il s’est offert le luxe de financer de manière souterraine, des partis à l’opposition affichée. Le dernier scénario en application c’est celui de « chef de file de l’opposition ». Nous disons que le pouvoir peut organiser « son » opposition, mais il ne lui appartient pas d’organiser l’opposition. Un chef politique, si chef il y a (mais nous pensons qu’il devrait s’agir d’un leadership), ne s’impose pas par arrêté ni par décret.

Il est leader parce que la majorité de l’opposition se reconnaît en lui et accepte librement et naturellement de le suivre. Le prix Nobel de Littérature, le Nigérian Wole Soyinka dirait : « Le tigre ne crie pas sa tigritude. Il bondit sur sa proie ». Dans ce pays où on ne sait plus qui est qui et qui fait quoi, dans un pays où les chauve-souris volent le jour et aboient la nuit, la Convergence de l’Espoir se démarque à l’occasion d’une certaine rhétorique développée à travers une certaine presse qui affirme : « ils boivent tous à la coupe du pouvoir ». Militantes et militants, peuple du Burkina, Le Burkinabè lamda est toujours un misérable parmi les misérables, et cela, en 22 ans de gestion du pays par les mêmes, sinon par le même homme. Le dernier rapport du PNUD sur le développement humain en dit long sur notre situation.

Au-delà de la façade, le constat est clair : le système de gestion mis en place par le régime a fait ses preuves. C’est pourquoi la Convergence de l’Espoir réaffirme sa foi en l’autodétermination des peuples. Convaincus que la solution à nos problèmes viendra de nous-mêmes, nous appelons le peuple burkinabè à s’inspirer de l’expérience de la Révolution d’août et de ne pas confier son destin à des hommes et des femmes soucieux uniquement de leurs propres intérêts et plus attachés au paraître qu’au bonheur de la majorité souffrante. Notre parti invite les Burkinabè à comprendre le sens de sa lutte, à l’appuyer et à la faire progresser au profit de ses intérêts. Les inondations récentes ont mis à nu la précarité et l’insécurité d’une frange importante de nos populations, et révélé la gestion par à-coups du gouvernement qui veut récupérer la compassion nationale et internationale à son profit. Mais le peuple des sinistrés saura être vigilant, lui qui sait qu’aucune solution structurelle ne sera trouvée à ses problèmes. L’ordre « normal » des choses reviendra et il s’accrochera bientôt et à nouveau aux plates mamelles de la misère. Le tableau n’est pas reluisant, peu s’en faut et il n’est pas du domaine de l’exagération. Il faudra se battre, encore et toujours, en évitant les solutions « carbures » adoptées par ceux qui ont hâte de manger les fruits verts ! « Ceux qui vivent, ce sont ceux qui luttent ». Viima y a kanga !

La patrie ou la mort, nous vaincrons !

Pour le Bureau exécutif Le Président

Jean-Hubert BAZIE

Source le Pays du 15 octobre 2009 http://www.lepays.bf/spip.php?article301

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15 octobre 1987 – 15 octobre 2009 Prime à l’ouverture démocratique

15 octobre 1987-15 octobre 2009, cela fait 22 ans que le Burkina Faso s’est tourné inexorablement vers un processus démocratique bâti sur les acquis de la Révolution du 4-Août 1983. Un processus qui s’enracine au fil des ans et fait du pays « des Hommes intégrés », un modèle de par la tenue régulière des élections présidentielles, législatives et communales après l’adoption de la Constitution le 2 juin 1991.

La Révolution du 4-Août a marqué un point de rupture de l’évolution politique du Burkina Faso (anciennement Haute-Volta) d’autant que génératrice d’un nouvel état d’esprit et d’une nouvelle vision de projet de société. Une expérience qui connut un recadrage avec le mouvement de la Rectification du 15 octobre 1987 qui n’a pas manqué d’insuffler une nouvelle dynamique à ce processus politique avec aux commandes de sa direction, Blaise COMPAORE. C’est le Front populaire qui crée une décrispation politique avec comme prime l’amorce d’une ouverture en direction de tous les acteurs politiques et les réformes qui aboutirent à l’adoption d’une nouvelle constitution le 2 juin 1991.

L’avènement de la Révolution démocratique et populaire incontestablement a bouleversé les us politiques et renouvelé la classe politique au Burkina Faso. S’inscrivant dans la perspective de débarrasser les populations des entraves qui ont hypothéqué leur émancipation afin de les conduire vers le développement, les Révolutionnaires du 4-Août dont les capitaines Thomas SANKARA et Blaise COMPAORE vont susciter un immense espoir. Certaines initiatives vont marquer de manière positive, le Burkina Faso, sur les plans politique (changement du nom du pays, l’adoption d’un nouveau drapeau et les armoiries, la composition d’un hymne national, etc.), économique (production à la consommation burkinabè, lutte contre la corruption, etc), et social (la solidarité, la fierté nationale, le patriotisme, etc). Moment d’exaltation, certes, mais à peine 4 ans de vécu, l’on était déjà dans l’impasse, les premiers responsables de la Révolution ne s’accordent pas. Et certains se demandant si la Révolution ne s’était pas vite essoufflée. Toujours est-il que des dérives telles le désir manifeste de tuer le secteur privé et les initiatives individuelles, la confiscation de la liberté d’opinion, les licenciements abusifs et à la pelle, l’arbitraire des tribunaux populaires de la Révolution (TPR), les exactions des comités de défense de la Révolution (CDR) vont finir par rendre le régime impopulaire.

Cette situation conduit à l’événement du mouvement de la rectification, le 15 octobre 1987, qui voit le capitaine Blaise COMPAORE devenir le président du Front populaire, nouvelle instance dirigeante et chef de l’Etat. C’est une nouvelle ère qui s’ouvre par l’implication de toutes les composantes sociales pour une ouverture démocratique. Cet acte fut concrétisé par des mesures hautement symboliques comme l’annulation du port obligatoire du Faso Dan Fani, de la pratique du sport de masse, ainsi que par des mesures de clémence et d’amnistie en faveur des opposants les plus déterminés. Pour éviter tout errement, le capitaine Blaise COMPAORE tient le gouvernail politique du Front populaire (FP) qui n’a eu autre but que d’offrir le changement, gage d’une nouvelle ère démocratique.

De la nécessité d’un environnement institutionnel légalisé

Pour opérer une rupture d’avec les régimes précédents, le leader du FP dans son discours du 19 octobre 1987, prônait déjà l’ouverture politique basée sur la concertation. Mieux, son message de fin d’année 1989 évoque dans son esprit la nécessité d’un environnement institutionnel légalisé, accepté par la majorité de la population au moyen de mécanismes démocratiques.

En mai 1990, une commission regroupant toutes les sensibilités sociales fut créée et présidée par Arsène Bongnessan YE pour l’élaboration d’une constitution. En octobre 1990, l’avant-projet de constitution fut amendé et complété du 14 au 16 décembre de la même année ; des assises tenues à la Maison du peuple ont permis de faire les derniers toilettages.

Une fois cette constitution adoptée, le président COMPAORE a convoqué une table-ronde pour discuter de sa mise en œuvre. Un groupe de partis avec à leur tête, l’ADF (Alliance pour la Démocratie et la Fédération) s’est constitué pour exiger que la table ronde soit souveraine. Ils vont finir par se regrouper en collectif des forces démocratiques (CFD) conduit par Me Hermann YAMEOGO pour exiger la tenue d’une conférence nationale souveraine (CNS). D’autres comme le PAI (Parti africain de l’Indépendance) s’opposèrent à cette initiative et créèrent l’ARDC (Alliance pour le respect et la défense de la constitution) en soutien aux constitutionnalistes. Le projet de constitution élaboré sortait le pays de l’Etat d’exception en garantissant les libertés individuelles et collectives.

La constitution approuvée par voie référendaire le 2 juin 1991 a constitué incontestablement l’aspiration du peuple à un Etat réellement démocratique (93% de oui et 49% de taux de participation). Ainsi, le cadre général de l’Etat de droit fut fixé et le constituant burkinabè y définit le Burkina Faso comme un Etat démocratique, unitaire et laïc (titre II, art. 31) consacrant la séparation des pouvoirs en exécutif, législatif et judiciaire. La première élection présidentielle en décembre 1991 vit Blaise COMPAORE (l’unique candidat, l’opposition ayant choisi le boycott) élu avec 86,19% des suffrages exprimés. Ce dernier va adapter son pays au vent de mutations qui devait souffler sur le monde avec l’avènement au plan politique du processus de la démocratisation à la faveur du discours de la Baule et des nouvelles options des pays occidentaux bailleurs de fonds qui fixaient comme la conditionnalité de l’aide des institutions de Breton Woods (Banque Mondiale, Fonds monétaire international) à l’ouverture politique et la restructuration de l’économie par le Programme d’ajustement structurel (PAS). Ce pays qui dans les années 90 était « à la croisée des chemins » a derrière lui 18 ans de vie constitutionnelle normale, depuis 1991, ponctuée de 3 élections présidentielles, 4 législatives et 3 municipales qui ont le mérite d’instaurer peu à peu les bases d’une culture démocratique au sein des populations. C’est un pays qui vient de loin dont les partenaires ne résistent pas à lui octroyer de bons points eu égard aux différents progrès enregistrés dans moult domaines et faisant office d’exemple à part entière dans la sous-région Ouest-africaine. Il ne serait pas exagéré de parler de « modèle burkinabè ».o
Issoufou MAIGA

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Les anciens révolutionnaires se disputent-ils le pouvoir ?

Depuis l’instauration du multipartisme sous la IVe République, les partis sankaristes tentent tant bien que mal de se faire une place au soleil. Et ils arrivent souvent à contraindre le parti au pouvoir à des concessions plus ou moins anachroniques au point que le jeu politique semble se transformer en une confrontation entre le CDP et des partis d’obédience sankariste.

Autant il est vrai qu’un parti politique se crée pour la conquête du pouvoir, autant il est logique que le parti au pouvoir travaille à garder le plus longtemps possible son « bien » chèrement acquis, il doit être omniprésent dans toutes les affaires de l’Etat et à la pointe de l’animation politique du pays. En tout cas, le CDP, qui est aux affaires depuis l’avènement de la IVe République, s’est incontestablement fait une assise sociopolitique qui lui vaut toujours la confiance des populations. Mais depuis un certain nombre d’années, le parti au pouvoir semble pécher dans ses stratégies d’occupation de terrain donnant ainsi l’impression d’un jeu politique entre anciens révolutionnaires. Se trompant parfois d’adversaires politiques et se laissant souvent aller à des concessions anachroniques, le CDP ne fait que déblayer davantage le terrain aux partis sankaristes qui tiennent à s’illustrer comme une alternative. Tout se passe comme si les partis sankaristes constituaient l’adversaire principal, ramenant le jeu politique présent à une sorte d’empoignade entre, anciens révolutionnaires en train de conquérir le pouvoir d’Etat. Pourtant, la réalité du terrain montre que les Sankaristes sont loin d’avoir cette audience qu’on semble leur prêter. Alors, pourquoi le parti au pouvoir laisse-t-il apparaître cette impression de confrontation avec les partis sankaristes si ce n’est leur accorder une importance dont il risque de payer cher les conséquences ?
L’adoption de la controversée loi sur le statut de l’opposition et la célérité dans la désignation du député Bénéwendé SANKARA comme chef de file de l’opposition sont des éléments récents qui étayent que le CDP est en train de favoriser lui-même une certaine alternative sankariste, non sans iniquité. D’autant que jusqu’à présent on ne sait trop les raisons qui ont amené la conférence des présidents de l’Assemblée nationale à se précipiter dans la désignation de Me SANKARA, président de l’UNIR/PS, comme chef de file de l’opposition avec seulement cinq députés au détriment de l’ADF/RDA qui en a 14 et qui s’est toujours réclamée de l’opposition. Encore faut-il souligner que Me Hermann YAMEOGO alors président de l’ADF/RDA avait couru en vain derrière ce titre. Même si Me SANKARA s’est hissé deuxième avec moins de 5% à la présidentielle de 2005, il ya qu’il reste un bec blanc politique par rapport aux Hermann YAMEOGO de l’UNDD, Laurent BADO du PAREN, Ali LANKOANDE du PDP/PS, etc.

Certes, le CDP essentiellement composé d’anciens révolutionnaires a ses tactiques politiques qui lui permettent de gouverner. Mais il est à se demander si ceux-ci n’éprouvent pas une certaine nostalgie de la période révolutionnaire au point de vouloir que les partis sankaristes soient la deuxième force politique du Burkina. Sinon comment comprendre souvent leur propension à feindre ignorer la présence des partis sankaristes à certains endroits pour ne combattre que leurs propres alliés surtout pendant les élections législatives et communales ? On n’a pourtant pas besoin de trop remuer les méninges pour savoir que parmi les principales forces politiques au Burkina les partis sankaristes tiennent la queue du peloton. A vrai dire, le CDP devrait revoir sa stratégie de challenge avec les autres partis politiques afin d’éviter une situation confuse dans le paysage sociopolitique du pays. Le jeu politique ne devrait pas se résumer en une sorte de prolongation du combat fraticide entre révolutionnaires Aoûtards. Et cela, les responsables du CDP devraient le comprendre sinon l’histoire retiendra qu’ils auront plombé la renaissance démocratique en gardant l’esprit révolutionnaire qui planche plutôt sur la clarification idéologique que sur la diversité idéologique. Toute chose qui limite le champ du jeu politique et par conséquent met hors-jeu les acteurs qui ne se retrouvent pas dans leur classification. Pour tout dire, ceux qui ne sont ni « Blasistes » ni « Sankaristes » ; et ils ne sont pas les moins nombreux..o

Drissa TRAORE

Sankarisme La vaine recherche d’une idéologie fédératrice

Le 15 octobre 1987 disparaissait de manière tragique le président Thomas SANKARA, président du Conseil national de la Révolution (CNR). La renaissance démocratique sous la houlette du président Blaise COMPAORE aidant, des acteurs politiques et même de la société civile vont s’organiser soit dans des associations, soit dans des formations politiques. Objectif, défendre les idées et perpétuer la mémoire du président défunt, Thomas SANKARA. Mais à l’épreuve du temps, l’objectif de départ s’il n’est pas simplement galvaudé sera relégué au second plan laissant la place à une course effrénée vers des intérêts bassement personnels. Conséquence, le Sankarisme se cherche toujours un contenu à même de fédérer tous ses adeptes. Ce qui n’est pas une mince affaire.

Il faut l’avouer, le nom de Thomas SANKARA se vend bien. Il suffit seulement de voir comment tous ceux et toutes celles qui se réclament héritiers politiques se comportent pour s’en convaincre. En lieu et place d’un combat politique sain, à même de perpétuer les idéaux de l’homme, ses « disciples » ont trouvé en sa disparition une aubaine pour se faire une place au soleil. Un constat valable tant dans le milieu se réclamant de la société civile que politique. Sur le terrain politique, les empoignades entre leaders de partis sont monnaie courante et cela ne date pas d’aujourd’hui. On se rappelle que dès la naissance du courant Sankariste, certains leaders de retour d’un voyage en France auprès de la veuve SANKARA, se sont donnés en spectacle pour une histoire de 15 briques offertes par la veuve. Et depuis lors, les divisions se sont s’exacerbées donnant naissance à plusieurs partis se réclamant du même « père spirituel », Thomas SANKARA. Dans un tel contexte de divisions où chacun préfère être chef plutôt que militant de base ou simple responsable de structure, il est certain que la priorité ne sera pas la défense d’une prétendue idéologie dont le contenu emprunte bien à cette caricature du cavalier qui va à la recherche du cheval sur lequel il est assis. Pour simplement dire que les ambitions personnelles aveuglant on n’est pas prêt dans cette galaxie politique à une exégèse qui clarifierait les choses. C’est donc tout naturellement que les multiples tentatives d’union qui vont laisser espérer les militants vont finalement échouer tant l’instinct de préservation de son leadership est tenace chez chaque responsable de parti.

Ainsi, du MTP à l’UNIR/PS en passant par la CPS, le FFS, l’UPS, l’UNIR/MS, c’est une véritable « guerre cordiale » que vont se livrer les responsables, chacun se disant plus sankariste que l’autre. D’ailleurs l’emblème de certains partis présentant fièrement l’éfigie de Thomas SANKARA comme un patrimoine dénote de l’esprit qui y règne. Autrement dit, pour eux, SANKARA est leur « bien ». Pourtant, dans son programme dit Programme alternatif Sankariste, l’UNIR/MS définissait le Sankarisme comme une option politique dont «la mission historique est de rendre justice à Thomas SANKARA en rendant justice au peuple burkinabè, le réhabiliter en lui restituant son honneur, sa dignité, en démontrant à la face du monde que la politique qu’il prônait est la seule voie du progrès dont disposent à l’heure actuelle les peuples opprimés d’Afrique et d’ailleurs pour sortir du sous-développement et de la misère». Si tel est vraiment l’objectif, on comprend difficilement cette floraison de partis sankaristes, surtout qu’ils ne se font pas de cadeaux, chacun voulant tenir la dragée haute. Le summun de cette « haine cordiale » a été atteint en 2005 où certains souhaitaient vivement que pour une fois les Sankaristes puissent s’entendre pour choisir un seul candidat pour l’élection présidentielle mais ils ont été déçus de constater pas moins de quatre (4) partants.
Comme des marchands d’illusions, les Sankaristes continuent de donner raison à ceux qui, dès le départ, se sont démarqués, parce que voyant le sankarisme comme un fonds de commerce. Pas plus.o

Ben Alex Béogo

Source : l’Opinion du 14 octobre 2009 http://www.zedcom.bf/hebdo/op626/hdossier_c.php

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