«Tant que Blaise sera au pouvoir, on n’en saura pas plus sur la Révolution et sa fin que ce qui est déjà raconté ». C’est ce que nous a dit un acteur politique important de l’ère révolutionnaire. La plupart
des récits qu’on entend depuis une décennie ne sont souvent que des redites parce que ce sont les mêmes acteurs pratiquement qui content les faits. Malgré les publications et les multiples témoignages existant sur la Révolution, il semble que ceux qui n’ont pas encore parlé sont les plus nombreux. La famille révolutionnaire s’étant divisée, on remarque que dans le clan des rectificateurs, très peu de personnes acceptent donner des témoignages crédibles et inédits sur cette période de l’histoire politique du pays. Ceux qui acceptent ne sortent pas souvent des lieux communs.

Mais a-t-on besoin seulement des témoignages des N°2 ou N°5 de la révolution ? C’est une histoire commune et chaque Burkinabè a vécu à sa manière les quatre années de la révolution. Nous vous proposons ici le témoignage de quelques acteurs anonymes mais importants de l’ère révolutionnaire.

Témoignage d’un pionnier : Barthélemy Nikiéma n’a pas cru à la mort de Sankara pendant cinq ans. Lorsque la Révolution intervient en 1983, Barthélemy Nikiéma a 12 ans. Enfant du quartier Bilbalgo, le mois d’août était déjà son mois parce qu’il est né un certain
24 août 1971. L’avènement de la révolution d’août va marquer intensément sa vie. Il ne s’était jamais intéressé à la vie politique du pays, mais très vite, il devient un inconditionnel de la Révolution. Pionnier volontaire, à Bilbalgo aujourd’hui, son ancien
quartier, on l’appelle « l’enfant de Sankara ».

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Pendant l’époque révolutionnaire, il y avait une émission à la radio chaque jeudi soir qu’on appelait le rendez-vous des pionniers. Ça se
passait tous les jeudis à 14 H et j’avais la chance d’animer cette
émission à la radio nationale. Le générique aussi de l’émission, c’était ma voix. J’ai animé l’émission de 1985 à 1987. C’est en 1985 que le mouvement national pionnier a été officiellement reconnu. Les
premières années de la révolution, c’était la structuration des Comités de Défense de la Révolution (CDR), ensuite il y a eu la structuration de l’Union nationale des femmes (UFB), après il y a eu la structuration du mouvement national des pionniers de la révolution en 1985 et en 1986, il y a eu la structuration de l’Union
nationale des anciens du Burkina (UNAB) et en 1987, il devrait avoir
la structuration de l’Union nationale des paysans du Burkina
(UNPB). Toutes les différentes couches s’organisaient dans la
révolution.

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J’ai grandi sous la doctrine révolutionnaire

Pendant la révolution, je faisais partie d’un groupe d’enfants qu’on avait formés au maniement des armes. Je connais bien les PA, la Kalachnikov, la G3 et j’ai même tiré à la DCA. Les DCA, ce sont des mitraillettes montées sur les voitures. Notre structure s’appelait les mini-BAPIR. BAPIR veut dire Bataillon Populaire d’Intervention Rapide. Nous étions formés militairement pour assurer la sécurité présidentielle lors de certaines cérémonies officielles. Je faisais partie de la première promotion formée en 1985. A toute occasion où on avait besoin que les enfants soient militairement représentés, c’était nous. Nous étions habillés en tenue bariolée, bien sapés, avec nos bérets jaunes et nos foulards rouges avec nos Kalach. Nous étions basés au niveau du Secrétariat national des CDR et on était sous couvert directement du secrétaire exécutif des CDR. On a même fait le TAB au camp Guillaume. Le TAB, c’est un vaccin qu’on administre aux militaires pour qu’ils puissent tenir parce que nous pouvions faire trois heures de temps débout avec la Kalach dans la main. Ce n’était pas facile. On tenait des armes, mais toujours des armes sans munitions. Par exemple, lors de la deuxième conférence nationale des CDR en 1987 à Dédougou, ce sont les mini-BAPIR qui ont assuré la sécurité immédiate du podium où a pris place Sankara. On était juste derrière lui. A l’époque, c’était le lieutenant Moussa Cissé qui était notre responsable. Aujourd’hui, il est colonel au
ministère de la Défense, j’ai lu sa nomination dans un journal. Donc
moi, j’ai grandi sous la doctrine révolutionnaire. A l’époque, on
pouvait dire que j’étais enfant, mais après, quand j’ai eu la vingtaine, puis la trentaine, je vois que je ne me suis pas trompé par rapport à la voie révolutionnaire. Parce que la révolution de Thomas Sankara que j’ai vue et dont j’ai été acteur, c’est la meilleure pour que nous puissions sortir du sous-développement et de l’aliénation.

Et je me rappelle cette phrase de Thomas Sankara : « Tant que
nous n’allons pas tourner dos à tous ces modèles de développement
que tous les charlatans de même acabit ont essayé de nous vendre, on ne pourra jamais se développer
». Il avait amené une autre forme d’organisation beaucoup plus adaptée à notre société pour qu’on puisse s’en sortir.

Mais comme lui-même l’avait dit : « Cela va nous coûter la vie peut-être, mais nous sommes là pour oser, nous sommes là pour prendre des risques et vous êtes là pour continuer la lutte. » Et ça, c’est ce qu’il a dit bien avant la révolution. Il a dit ça quand il était premier ministre, lors du meeting du 14 mai 1983 à la Place de la
révolution, l’actuelle Place de la Nation.

J’ai été renvoyé du lycée Zinda avec 13 de moyenne

Depuis la mort de Thomas Sankara, ça été vraiment difficile pour les
gens comme nous autres. Je me rappelle en 1987, moi j’étais en
classe de 4ème au lycée Zinda de Ouagadougou. En 1988, nous
étions les premiers au Burkina à sortir faire une marche. Nous avons
mobilisé les élèves pour sortir réclamer la réhabilitation de Thomas. Je me rappelle que ça n’a pas été facile. A la fin de l’année, j’ai été renvoyé du Zinda sans avoir jamais redoublé une classe. Parce
qu’après, les nouveaux maîtres du pays ont mené des enquêtes et tous les leaders qui ont été à la base de cette marche ont été renvoyés. Sur mon bulletin, on a mis « absentéisme chronique, indiscipline caractérisée ». J’ai été renvoyé avec 13/20 de
moyenne.

Je suis enfant de Bilbalgo, le secteur 2 et là-bas on connait ma position. On m’appelle « l’enfant de Sankara ». Dans ma vie, je voulais faire quelque chose pour Sankara. C’est Simplice Sandwidi et moi qui avons lancé le recueil des discours de Thomas Sankara qui parait toujours aujourd’hui. C’est Simplice qui est le concepteur, mais comme moi je connais la plupart des discours de Sankara donc nous avons travaillé ensemble. Simplice aussi est de Bilbalgo et à cause de sa position, il a été brimé au niveau de la Fonction publique tout comme moi. Il faut nous empêcher d’entrer ou de rester à la Fonction publique parce qu’on dit que nous constituons une gangrène. Nous sommes comme Sankara l’a dit, «Tuez Sankara, demain naîtront cent Sankara ». J’ai au moins le BEPC et chaque année, je faisais au moins trois concours.

Grace à Sankara, j’ai fêté mon anniversaire dans l’avion

Aujourd’hui, j’ai l’occasion à travers le tee-shirt de faire la promotion de Thomas Sankara, mon idole. Tous les enfants peuvent ne pas être
reconnaissant à Sankara, mais moi pas. Grâce à Sankara, à 14 ans, j’ai fait l’avion. Nous sommes allés en Libye, je faisais partie d’un groupe de 30 enfants. Ç’était en 1985 également. Dans le groupe
d’enfants, il y avait Sami Rama, l’artiste. Nous avons fait un mois en
Libye pour voir comment les pionniers en Libye sont organisés pour venir restituer ça ici. Et j’ai fêté mon anniversaire dans l’avion lors de notre retour. Notre retour s’est passé le 24 août et moi je suis né un
24 août. C’est dans l’avion que je me suis rappelé que c’était mon anniversaire. J’ai dit ça à un de nos Sofa (ndlr : nom donné aux
encadreurs des pionniers). Sur place, on a sorti le champagne dans
l’avion. A 14 ans, c’était le plus beau jour de ma vie. Je disais qu’il y avait Sami Rama, il y’avait aussi Pognéré, celle qui a joué dans Wendkouni (ndlr : film de Gaston Kaboré).

Nous étions internés dans un centre de pionniers libyens et on faisait partie de leur programme. Parmi nos encadreurs, il y avait Sofa Koné. Les Sofa étaient des CDR dont le rôle était l’encadrement des pionniers. Comme c’était sous la révolution, on ne pouvait pas les appeler tantie, tonton et donc le nom que Sankara a imaginé leur
donner, c’était Sofa, à l’honneur des combattants de Samory Touré, le résistant anti-colonial. Nous avons fait un mois en Libye et nous avons vu Kadhafi et le commandant Djaloud. Djaloud était le numéro 2 de Kadhafi. Ils étaient comme Sankara et Blaise.

A l’époque, on ne prenait pas les enfants en fonction de leur
catégorie sociale. C’était sur la base du mérite. Mon papa était agent de sécurité, ce qu’on appelle vulgairement un gardien. Ce n’est donc pas à cause de ma catégorie ou de ma classe sociale, mais c’était à cause du mérite tout simplement.

Par exemple, vous savez comment j’ai été choisi pour animer l’émission à la radio tous les jeudis soirs au nom des enfants? On avait besoin d’un enfant pour une émission comme ça. Donc ils sont venus à la permanence du secteur 2. On a choisi trois enfants et on leur a donné un texte. Chacun a lu et on a trouvé que je faisais la meilleure lecture. C’est comme ça seulement que j’ai été retenu. Pour faire partie du mini-BAPIR également, on nous a fait faire « à gauche, à droite, pas bloqués ». On a trouvé que j’étais
assez bien aussi.

Le jour où j’ai eu trop peur de Blaise

Je me rappelle du Théâtre populaire. Je n’ai pas eu l’occasion de faire un discours devant Thomas Sankara, mais j’ai eu l’occasion de faire un discours devant Blaise Compaoré. Lors du lancement du mouvement national pionniers en 1985, c’est moi qui ai pris la parole au nom des enfants pionniers. C’était à l’école Boghin, là où il y a l’hôtel des députés aujourd’hui. Lors de l’inauguration du Théâtre populaire de Ouagadougou, j’ai pris la parole et Blaise était également présent. J’ai pris la parole au nom des enfants et
Blaise était devant moi. J’ai commencé mon discours. Quand
j’ai soulevé mes yeux, j’ai regardé Blaise Compaoré. Pour continuer, je tremblais maintenant. Je tremblais sans savoir pourquoi. Quand j’ai fini, j’ai voulu mettre les feuilles en ordre. Un léger coup de vent les a emportées. J’ai rattrapé les feuilles et suis allé devant lui. Je lui ai fait le garde-à-vous. Il m’a regardé méchamment dans les yeux. Ce jour-là, j’ai eu trop peur de Blaise Compaoré. Je ne sais pas pourquoi j’ai tremblé devant lui alors que ce n’était pas la première fois que je prenais la parole devant un public.

Aujourd’hui, mon combat, c’est de faire en sorte que Sankara soit
mieux connu. S’il est mieux connu, naan kolgda weogo. Vous voyez
l’espace vide là, vous voyez comment les herbes ont poussé ? Ça
favorise le palu, mais il n’y a pas une bonne volonté pour désherber ça. Si c’était au temps de la révolution, tout le monde se mobilise, on sort et en une journée, on racle ça. Ça améliore notre cadre de vie et ça nous prévient contre les maladies. Mais aujourd’hui, qui on va mobiliser pour faire ça ?

Le jour le plus triste de ma vie

Le 15 octobre 1987, comme chaque jeudi, on avait notre rassemblement au niveau du secrétariat général des CDR, là où se trouve actuellement le Conseil économique et social (CES), à côté du Rond-point des Nations unies. Ce même jeudi, je me rappelle pas ce qui s’est passé, mais j’étais légèrement en retard pour aller au rassemblement. Donc les coups de feu m’ont trouvé à la maison. J’ai voulu rejoindre mes camarades et mon papa m’en a empêché. Et c’est par la radio que j’ai appris les communiqués.

Concrètement, c’est le lendemain que j’ai appris la mort de Thomas
Sankara. Quand j’ai appris que Thomas Sankara est mort et que
désormais c’est Blaise Compaoré qui a fait le coup, moi je n’ai pas cru. J’ai dit que c’était un coup monté pour voir la réaction du peuple. J’ai mis au moins 5 ans avant d’accepter vraiment que Thomas, ce n’était plus un coup monté pour le cacher, mais que sa mort était vraie.

J’ai failli donner mon sang au papa de Sankara

Bizarrement, mon histoire est trop liée à la famille Sankara. Mon
meilleur ami est un cousin à Thomas Sankara. Il s’appelle Abel
Sankara. Nous nous sommes connus sans qu’il sache que j’ai eu à
être pionnier de la révolution. J’ai même demeuré dans la famille de
Thomas Sankara pendant deux ans, entre 2003 et 2004. Je gérais un kiosque, roots star café, c’était un kiosque de rasta. J’ai fait ce kiosque avec Abel Sankara qui est présentement en Suisse.

J’ai bien connu le papa de Thomas Sankara. Chaque matin, je partais lui dire bonjour. Le kiosque était juste à leur porte. Je connais les frères et soeurs de Sankara : Blandine, Tintin et autres. Quand j’étais là-bas, c’est Tintin et Blandine avec le vieux qui habitaient la cour. En ce moment, la maman était déjà décédée. Donc j’ai eu la chance de connaitre bien le vieux. D’abord notre kiosque était au niveau de la SONAPOST et avec les déguerpissements devant la voie, le maire est venu nous déguerpir.

C’est comme ça qu’Abel Sankara a demandé à Blandine si on pouvait
venir mettre le kiosque devant la cour et c’est moi qui gérais le
kiosque. La cour était devenue ma cour, les frères et soeurs de Sankara sont mes frères et soeurs. Le vieux, c’est notre vieux à tous. C’était un vieux sage, ce n’était pas un vieux réactionnaire. Il a la sagesse en lui, un vieux africain. J’ai même failli donner mon sang au vieux. Un jour, le vieux était malade, on l’a amené à l’hôpital et le docteur a dit qu’il lui manquait du sang. Blandine est revenue à la maison nous informer. Nous étions un groupe de jeunes qui venions boire le thé et jouer aux cartes devant la cour. On est tous parti donner notre sang, mais ça ne correspondait pas. Nous étions une
dizaine, mais personne ne correspondait parce le vieux est O
positif. Il y ‘avait une de ses filles seulement dont le sang
correspondait. Ça m’aurait fait énormément plaisir de lui donner
mon sang.

Le 4 Août, la vraie date de l’indépendance

En 1983, je connaissais déjà Sankara. Sankara m’a fasciné avant
qu’il ne soit Président parce que nous étions dans le même quartier à un moment donné. Sa maison était sur la route de mon école. Moi je suis de Bilbalgo, Saint Julien.

Sankara habitait en face du stade municipal et moi mon école était
l’école de la cathédrale. Le 17 mai 1983, après son arrestation suivie de sa libération, les gens se bousculaient chez lui pour le voir. Moi aussi, je partais là-bas. C’est à cette occasion que j’ai pu le voir vis-à- vis. Les gens s’alignaient cinq à cinq ou dix pour entrer le voir et moi aussi, j’ai eu cette occasion-là.

Je suis rentré le voir. Quelques temps après, il est devenu Président.
Blaise, lui, je l’ai connu avec l’avènement de la révolution. J’ai
découvert Blaise comme tous les Burkinabè l’ont découvert, le
second de Sankara.

Quand le 15 octobre arrive, c’est une journée de tristesse pour moi.
Un jour mélancolique. Mais j’ai toujours été au cimetière pour me
recueillir. Le régime révolutionnaire est fini depuis longtemps. C’est la
réaction qui a renversé la révolution.

C’est normal qu’ils ne fêtent pas le 4 Août. Voilà pourquoi ils ont tout
fait pour ramener la fête de l’indépendance le 11 Décembre. C’est bizarre, ça ne cadre même pas avec Burkina Faso. Cette date est
carrément fausse ou bien on change le nom du pays. Si c’est la Haute-Volta, je ne dis pas non. La Haute-Volta est pourtant différente du Burkina Faso. Sinon la fête de l’indépendance véritable du Burkina, c’est le 4 Août avec l’avènement de la révolution. Ce
sont eux qui ont donné le nom Burkina Faso à ce pays. Donc ils
n’ont qu’à tout changer, même le drapeau national. Je remets ça en
cause jusqu’au drapeau national. La devise du pays, ce n’était pas La Patrie ou la mort ? Après ils ont changé pour devenir Unité Progrès Justice.

Dans l’Hymne nationale, les élèves disent qu’à la fin, ce n’est pas Unité Progrès Justice, mais La Patrie ou la mort, nous vaincrons. On ne peut pas dire La Patrie ou la Mort à la fin de l’Hymne et la devise du pays c’est Unité Progrès et quoi là encore ? C’est contradictoire ! Je remets en cause le 11 décembre comme fête de l’indépendance.

Je fais partie des gardiens du DOP

A l’ouverture démocratique, les gens faisaient de la politique, mais
moi ce n’était pas mon problème. Depuis le 15 Octobre 1987, je n’ai
plus mis les pieds ni à la radio ni au secrétariat national des CDR jusqu’à aujourd’hui. Ils sont venus à la maison récupérer leurs tenues. Mes camarades qui faisaient le mini-BAPIR avec moi sont venus dire que tous ceux qui ne venaient plus, on a dit de retirer leur dotation. On nous avait donné les souliers des PMKlistes pour nos cérémonies. On nous avait donné des chaussures basses pour les PMKlistes également, et çà, c’était nos chaussures ordinaires. On avait trois modèles de tenues : les bariolés pour les différentes cérémonies, un ensemble kaki et un ensemble vertolive.

Si vous prenez le Carrefour africain d’octobre 1987 qui parle du
DOP [ndlr : le Discours d’Orientation Politique], vous allez voir ma photo dedans, à Tenkodogo. J’étais arrêté avec une fille qui tient le livre du DOP. Pendant le discours de Sankara, elle tenait ça comme ça [il se me débout et montre les positions de ses camarades et lui]. Après la fille, il y a une autre fille ici et il y a un garçon là. Donc on était quatre en tenue bariolée. Pendant que Sankara parlait, on avait nos Kalach comme ça [ndlr : tenue des deux bras verticalement] et la fille DOP comme ça [ndlr : livre tenu par les
deux mains, les bras ouverts]. C’était le dernier anniversaire du DOP. Ce jour-là, c’est Hien Kilimité qui nous a envoyés à Tenkodogo dans sa JEP. Il était le secrétaire général national adjoint des CDR. C’était la derrière fois que je voyais Sankara face à face, le 2 octobre 1987. Avec le discours, bizarrement l’image que je vous ai donnée tout à l’heure-là, encadré le DOP, c’est comme si nous étions les gardiens du DOP.

Je fais partie des gardiens du DOP et je dois lutter vraiment pour ça. Et ce dernier 2 Octobre, avec le recul, quand je lis le discours de Sankara, je vois que Sankara a fait son testament. C’est son testament qu’il a laissé là-bas. J’ai un grand livre où on dit « Sankara parle », il y a tous ses discours et ses interviews dedans. Si tu lis le dernier discours de Sankara, il a laissé son testament. Le titre du discours, c’est « Nous avons besoin d’un peuple de convaincus et non d’un peuple de vaincus, de soumis qui subissent leur destin ».

Et il a dit ce jour-là que tant que la révolution ne sera pas à mesure d’apporter bonheur matériel à notre peuple, que c’est comme si c’était un groupe de ramassis qui était venu, incapable de transformer la réalité. Il a dit que la révolution, c’est le bonheur. Il
avait fait son testament ».

NB : Dans le prochain numéro de Mutations, nous vous proposons de lire «La Boutique de Sankara», une boutique ouverte par le pionnier Barthélemy Nikiéma.

Propos recueillis par Cédric Kalissani

Source : Bimensuel Mutations N°15 du 15 octobre 2012

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