Le 28 novembre à l’assemblée nationale, lors de la séance des questions sans réponse, le député de la Réunion Frédéric Maillot a interpellé le gouvernement sur l’affaire Sankara. Il a notamment demandé des explications sur le fait qu, contrairement à la promesse faite par la président Emmanuel Macron de fournir les documents secret défense, seuls des documents “confidentiel défense” ont été fournis mais aucun document secret défense.
Il a aussi demandé où étaient passées les écoutes téléphoniques saisies par des Français, 16 octobre 1987, le lendemain de l’assassinat de Thomas Sankara et de ses compagnons.
Nous publions ci-dessous la vidéo de son intervention, sa retranscription et la réponse du ministre qui réitère la pratique du MENSONGE D’ÉTAT, tel qu’il se pratique très régulièrement dès qu’est soulevée la question de la déclassification des documents secrets défense.
La rédaction
La Vidéo de l’intervention du député Frédéric Maillot l’assemblée nationale le 28 novembre 2023
Le texte intégral de l’intervention du député Frédéric Maillot
Madame la Ministre,
Chers collègues,
Leader du panafricanisme,
Précurseur de la lutte féministe,
Avocat du patriotisme économique africain,
Celui qui a refusé jusqu’à son dernier souffle d’être la marionnette de l’occident,
Je parle de celui qui a crié que mon Afrique n’a aucune dette,
Modèle et père spirituel, source d’inspiration de la lutte pour l’émancipation des peuples colonisés, vous l’aurez compris je vous parle de Thomas Sankara, un des plus grands chefs d’État que l’Afrique ait connu, président du Burkina Faso, pays de l’homme intègre.
Son combat et ses prises de position contre le néocolonialisme, le capitalisme et l’impérialisme qui gangrènent encore aujourd’hui l’Afrique, lui ont coûté la vie.
Le 28 novembre 2017, lors de son déplacement au Burkina Faso, le président Emmanuel Macron déclarait : « Tous les documents produits par les administrations françaises pendant le régime de Sankara et après son assassinat [qui sont toujours] couverts aujourd’hui par le secret-défense national [seront] déclassifiés pour être consultés en réponse aux demandes de la justice burkinabè »
Si dette il y a, c’est celle de la transparence sur l’assassinat de Thomas SANKARA.
Mes questions sont les suivantes :
Madame la Ministre :
- Si l’État français a déclassifié des documents confidentiel défense, pourquoi ceux couverts par le secret défense national n’ont pas été restitués ?
- Plusieurs témoins du procès ont expliqué avoir vu des français retirer du matériel d’écoute placés par les services de la sécurité intérieure burkinabè au lendemain de la mort de Thomas SANKARA. Pourquoi ces écoutes n’ont-elles pas été transmises aux autorités burkinabè ?
François Mitterrand disait de Thomas Sankara : “ C’est vrai, il vous titille, il pose des questions…Avec lui, il n’est pas facile de dormir en paix : il ne vous laisse pas la conscience tranquille “, est-ce encore le cas aujourd’hui ?
La réponse M. Olivier Becht, ministre délégué chargé du Commerce extérieur, de l’Attractivité et des Français de l’étranger.
“… Vous m’interrogez sur la question de la déclassification des documents danse de l’affaire Sankara, en réponde à la demande de la justice burkinabè, le président de la République Emmanuel Macron s’était engagé lors de déplacement à Ouagadougou en novembre 2017 à déclassifier et à transmettre les archives françaises relatives à l’assassinat de Thomas Sankara qui étaient dés lors couvertes par le secret national. La transmission des archives déclassifiées du ministère de l’Europe et des affaires étrangères et du ministère des armées a débuté en octobre 2018. Le dernier lot, de l’ensemble de ces archives a été remis aux autorités burkinabè le 17 avril 2021. La France a donc tenu l’engagement pris par le Président Emmanuel Macron à Ouagadougou en novembre 2017, de transmettre tous les documents, tous les documents produits par les administrations françaises, pendant le régime de Sankara et après son assassinat, la promesse a donc été tenue, les documents on été transmis.”
Il s’agit bien sur d’un nouveau MENSONGE D’ETAT, tels qu’ils se pratiquent habituellement et se reproduisent chaque fois qu’une autorité françaises promet de déclassifier des documents à la suite de demande pressante venant en général des familles ou des avocats des familles, voire d’une campagne internationale. C’est ce qui s’est produit dans l’ensemble des affaires réunies au sein du collectif secret défense un outil démocratique qui rassemble les victimes et leur soutien de plus d’une quinzaine de ces affaires.
On trouvera la vidéo de sa réponse à https://videos.assemblee-nationale.fr/video.14349762_65659a7c38469.1ere-seance–questions-orales-sans-debat–28-novembre-2023
Si le député Frédric Maillot a pris soin de se renseigner sur la réalité de l’affaire, comme le précise la formulation très précise de sa question, différenciant les documents confidentiel défense, des documents secret défense, il ne semble pas en être de même du ministre qui tente de noyer le poisson en parlant de documents déclassifiés évitant de répondre en tenant compte de cette différenciation que connaissent toutes les personnes qui fréquentes les archives. On peut d’ailleurs ajouter
Il s’agit une nouvelle fois de la manifestation d’un profond mépris envers les autorités et les populations d’Afrique, et du Burkina Faso, et plus particulièrement des familles des victimes des assassinats de Thomas Sankara et de ses 12 compagnons le 15 octobre 1987.
Bruno Jaffré