Par Touwendinda Zongo

Publié dans In Mutations N°87 du 15 octobre 2015

Les tombes de THOMAS SANKARA ainsi que de ces 12 camarades d’infortune n’existent plus. C’est ce qui reste de ces tombes après l’exhumation des corpsDepuis le 26 mai 2015, le cimetière de Dagnoen n’accueille plus la dépouille de Thomas Sankara. La tombe du leader de la Révolution ainsi que celles de ses camarades qui sont tombés avec lui le 15 Octobre 1987 ont été exhumées pour les besoins de l’enquête. Mais l’espace libéré suite au transfert des restes des victimes a été vite occupé par d’autres …tombes.

Le cimetière de Dagnoen est devenu par la force des choses, un cimetière « ordinaire ». Depuis l’ouverture des tombes à la demande du juge d’instruction militaire en charge du dossier, cet endroit a perdu de sa charge historique qu’il représentait aux yeux des Burkinabè et du reste du monde. Plus de visites de touristes ni de camarades qui pourtant, était jadis l’ambiance quotidienne des lieux. Faut-il rappeler que les admirateurs de Sankara venaient de tous les quatre coins du globe pour s’incliner sur sa tombe en signe d’hommage et de recueillement. Même les agents des forces de l’ordre qui gardaient le cimetière quelques temps avant l’exhumation y ont disparu. Ils auraient levé leur dispositif quelques jours seulement après l’ouverture des tombes.

Aujourd’hui, seuls les monticules formées par les gravas de bétons cassés et disposés à l’intérieur du cimetière peuvent renseigner le visiteur profane de ce qui s’est passé dans le coin. Les bulldozers après leur passage n’ont laissé que des débris de béton et de briques. Les tombes ainsi disparues sous l’effet de la pelleteuse ont fait place à une petite clairière qui contraste avec un environnement herbacé.

Mais sur cette clairière, surgissent déjà de nouvelles tombes. L’inventaire dressé le mardi 15 septembre 2015 donne déjà 4 à 5 tombes localisées dans l’espace qui abritait les tombes de Thomas Sankara et de ses compagnons. Comme pour confirmer l’adage selon lequel la nature a horreur du vide, les tombes des célèbres victimes de la « Rectification » ont été remplacées par d’autres disparus. Les tailles des sépultures de fraiche date indiquent qu’il s’agirait de dépouilles de nouveaux nés ou de fœtus.

Une telle situation était pourtant redoutée par de nombreux observateurs qui sont au faite des pratiques en la matière. Les auteurs de cette substitution mortuaire ont certainement profité de l’absence d’un dispositif de contrôle et de sécurité au niveau de ce cimetière de renommée planétaire pour opérer leur acte. A ce rythme, il risque de ne plus avoir de place pour envisager un éventuel retour de la dépouille de Sankara et de ses compagnons à Dagnoen à la fin des différents tests d’ADN et balistiques. Pourtant, une frange considérable de la jeunesse et des notables du quartier n’entendent pas laisser les restes de Sankara pour un autre cimetière ou tout autre lieu que celui de Dagnoen. Affaire à suivre.

Touwendinda Zongo

Source : http://www.mutationsbf.net/index.php/politique/317-cimetiere-de-dagnoen-thomas-sankara-a-perdu-sa-tombe

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