Le 28 juin était organisée à Paris, dans les locaux même de l’Assemblée nationale, une conférence de presse qui fait suite à la campagne “Justice pour Sankara Justice pour l’Afrique”.

En effet cette conférence fait suite au dépôt d’une demande d’enquête parlementaire signée par 21 députés français (voir à l’adresse http://thomassankara.net/?p=1097 ). Ceux-ci accédaient ainsi à une demande de 12 députés burkinabé (voir à l’adresse http://thomassankara.net/?p=1079 ) leur demandant d’intervenir en ce sens. Une démarche soutenue par Mariam Sankara comme elle l’a souligné dans un courrier (voir à l’adresse http://thomassankara.net/?p=1096 ) envoyé aux députés français.

De gauche à droite, Roland Muzeau, Odile Biyidi Awala, Noël Mamère, Benewendé Sankara et Bruno Jaffré

Ont participé à la conférence de presse :
– Noël Mamère, Député de Gironde EELesVerts (Europe Ecologie les Verts
– Roland Muzeau Député PCF des Hauts-de-Seine, Président du groupe « Gauche démocrate et républicaine »
– Benewendé Sankara, Président de l’UNIR/PS (Union pour la Renaissance/Parti sankariste), Chef de file de l’opposition et avocat de Mme Sankara
– Odile Biyidi Awala, Présidente de SURVIE,
– Bruno Jaffré, un des animateurs de la campagne, coanimateur di site thomassankara.net qui abrite la pétition “Justice pour Sankara Jsutice pour l’Afrique”
– Par ailleur la député Jacqueline Fraysse était représentée par son attaché parlementaire.

Chacun des présents a souligné sa volonté de poursuivre cette lutte pour la vérité et la justice. Noël Mamère a resitué cette demande dans le cadre d’une collaboration ancienne avec SURVIE. Il a fait état de la forte probabilité que la demande soit refusée, mais elle pourra être reformulée lorsque le parlement aura été modifié suite aux élections. Roland Muzeau a affirmé l’engagement de son parti dans ce combat. Olide Biyidi Awala a retracé cette initiative dans le cadre du combat contre la françafrique. Elle a en coutre rappelé que la France avait du retard sur sa façon de traiter son histoire colonial, puisque c’est une enquête parlementaire en Belgique qui a mis à jour la participation d’agents belges à l’élimination de Patrice Lumumba. Benéwendé Sankara a expliqué impossibilité d’aboutir à une enquête au Burkina Faso puisque ce sont ceux qui ont au pouvoir qui l’ont tué.
Bruno Jaffré a retracé l’histoire des différentes campagnes demandant la justice pour Sankara et les obstacles auxquelles elles ont eu à faire face notamment au comité des droits de l’homme de l’ONU.

Vous trouverez ci-dessous des liens vers les articles sur le net relayant cette conférence de presse.

—-

France/Burkina : Des parlementaires veulent une enquête sur la mort de Thomas Sankara. RFI

Ursula Soares RFI

L’annonce a été faite mardi 28 juin 2011. Lors d’une conférence de presse à Paris l’opposition burkinabè a réclamé l’ouverture d’une commission d’enquête parlementaire sur l’assassinat de Thomas Sankara (le 15 octobre 1987), évoquant la « coopération entre les deux pays » et « les valeurs démocratiques de la France ».

Les 12 députés de l’opposition burkinabè qui y ont pris part se sont exprimés face à 21 députés français. Une demande, par ailleurs, qui est faite, à l’instar de ce qu’avait fait le Parlement belge sur la mort de Patrice Lumumba.

A ce jour, l’assassinat de Thomas Sankara n’a encore jamais fait l’objet d’une enquête judiciaire. Au Burkina Faso, les procédures ont été bloquées et les plaintes déposées par l’épouse de l’ancien président, Mariam Sankara, et ses deux enfants n’ont jamais abouti. En France, la demande est confirmée mais encore faut-il que cette demande d’enquête parlementaire soit acceptée par la commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale.

Douze députés de l’opposition du Burkina Faso ont demandé à leurs homologues français l’ouverture d’une commission d’enquête parlementaire sur l’assassinat de Thomas Sankara, évoquant la « coopération entre les deux pays » et « les valeurs démocratiques de la France ».

L’annonce a été confirmée, ce mardi 28 juin 2011, lors d’une conférence de presse, à Paris, à laquelle participaient les 12 députés de l’opposition burkinabè et 21 députés français. Une demande, par ailleurs, qui est faite, à l’instar de ce qu’avait fait le Parlement belge sur la mort de Patrice Lumumba.

A ce jour, l’assassinat de Thomas Sankara n’a encore jamais fait l’objet d’une enquête judiciaire. Au Burkina Faso, les procédures ont été bloquées et les plaintes déposées par l’épouse de l’ancien président, Mariam Sankara, et ses deux enfants n’ont jamais abouti. « Je me suis laissé convaincre que si Blaise Compaoré ne tombe pas, point de vérité, point de justice pour Thomas Sankara », en avait conclu, en 2002, l’un des avocats de la famille Sankara, maitre Bénéwendé Sankara (sans lien de parenté).

Demande d’enquête confirmée mais pas encore acceptée

En France, la demande est confirmée mais encore faut-il que cette demande d’enquête parlementaire soit acceptée par la commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale. Toutefois, et même si la demande est rejetée, la démarche est symboliquement importante.

C’est le sentiment de maitre Bénéwendé Sankara, chef de file de l’opposition burkinabè et toujours avocat de la veuve de Thomas Sankara qui était présent lors de la conférence de presse à Paris. Au micro de RFI, il explique qu’il est du devoir des parlementaires d’exiger l’ouverture des archives françaises et il se dit confiant.

La France mise en cause

Dans la proposition de résolution, envoyée à la commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale, et qui demande la création de cette commission d’enquête, il est rappelé que plusieurs témoignages mettent en cause la France et ses services secrets. Il est également précisé que Thomas Sankara irritait de nombreux responsables politiques de tout bord, tant dans les partis de gouvernement en France qu’en Afrique de l’Ouest. Ainsi, et selon les députés français, plusieurs questions restent sans réponse, auxquelles ils estiment devoir répondre et qui sont les suivantes : « Pourquoi Thomas Sankara a-t-il été assassiné ? Comment cet assassinat a-t-il été rendu possible ? Quels rôles ont joué les services français et les dirigeants français de l’époque ? La DGSE savait-elle ce qui se tramait et a-t-elle laissé faire ? ».

Au micro de RFI, Noël Mamère, député de Gironde et initiateur de cette demande, affirme que si la démarche était acceptée, ce serait un vrai bouleversement car avec l’ouverture d’une commission d’enquête, il y aurait aussi une demande de la levée du secret défense.

L’assassinat de Thomas Sankara

Disparu en octobre 1987, Thomas Sankara a appartenu à la nouvelle génération, apparue en Afrique dans les années 1980, de jeunes militaires révolutionnaires épris d’intégrité et de liberté. Le 4 août 1983, il prend la direction d’un coup d’Etat, est placé à la tête du Conseil national de la révolution (CNR) et devient chef de l’Etat.

Alors âgé de 33 ans, lui et ses camarades tentent d’entreprendre des transformations fondamentales dans tous les secteurs du pays. Le gouvernement affiche la ferme volonté de rompre définitivement avec les anciennes pratiques, comme la corruption, le laxisme dans les services de l’Etat et le népotisme.

L’émancipation des femmes fut un thème central dans la politique du Burkina Faso. Largement impulsé par Thomas Sankara, le pouvoir engage une lutte contre la prostitution, le mariage forcé, l’excision et la polygamie.

Sa politique économique, généralement qualifiée d’auto-développement, s’appuie essentiellement sur l’augmentation de la production agricole interne, la mise en place de filières jusqu’à la transformation sur place, notamment pour le coton, et le développement volontariste du marché intérieur par une incitation à « produire et consommer burkinabè » afin de limiter les importations.

Il rebaptise la Haute-Volta « Burkina Faso », « Pays des hommes intègres », pour effacer la blessure coloniale et reconquérir la dignité. « L’aide n’est que calvaire et supplice pour les peuples », lance-t-il en 1986 face au président français François Mitterrand.

Progressivement, Thomas Sankara se met à dos des intellectuels, des fonctionnaires et des chefs traditionnels. Les jeunes des Comités de défense de la révolution (CDR) multiplient les abus et les exactions. Des querelles pour le leadership au sommet de l’Etat se font sentir et les inquiétudes des pays voisins et des Occidentaux s’attisent.

En août 1987, Thomas Sankara prononce un discours à Bobo Dioulasso, la deuxième ville du pays, où il évoque les errements de la révolution et fustige les excès des Comités de défense de la révolution, évoque les injustices commises à l’égard de ceux que l’on a qualifiés de « contre-révolutionnaires » et appelle à une « rectification ».

Dix semaines plus tard, le 15 octobre 1987, un commando pénètre dans les bâtiments du Conseil de l’entente à Ouagadougou où Thomas Sankara a réuni son secrétariat. Le jeune capitane meurt, abattu à 38 ans, avec douze de ses proches, gardes du corps et collaborateurs. Les cadavres sont jetés dans une fosse commune après qu’un médecin eut délivré un permis d’inhumer, estimant que Sankara est décédé de « mort naturelle ».

Blaise Compaoré (un des instigateurs du coup d’Etat de 1983) est proclamé chef de l’Etat. Il s’agit du quatrième coup d’Etat qu’ait connu le Burkina Faso en sept ans et qui marque la fin de la période révolutionnaire.

Source RFI : http://www.rfi.fr/afrique/20110628-burkina-faso-demande-france-une-commission-enquete-parlementaire-assassinat-thomas- . On y trouvera aussi les interviews audio se Benewendé Sankara et de Noël Mamère.

—-

France/Burkina : Des parlementaires veulent une enquête sur la mort de Thomas Sankara. Notreafrik.com

L’annonce a été faite mardi 28 juin 2011. Lors d’une conférence de presse à Paris l’opposition burkinabè a réclamé l’ouverture d’une commission d’enquête parlementaire sur l’assassinat de Thomas Sankara (le 15 octobre 1987), évoquant la « coopération entre les deux pays » et « les valeurs démocratiques de la France ».

Les 12 députés de l’opposition burkinabè qui y ont pris part se sont exprimés face à 21 députés français. Une demande, par ailleurs, qui est faite, à l’instar de ce qu’avait fait le Parlement belge sur la mort de Patrice Lumumba.

A ce jour, l’assassinat de Thomas Sankara n’a encore jamais fait l’objet d’une enquête judiciaire. Au Burkina Faso, les procédures ont été bloquées et les plaintes déposées par l’épouse de l’ancien président, Mariam Sankara, et ses deux enfants n’ont jamais abouti. En France, la demande est confirmée mais encore faut-il que cette demande d’enquête parlementaire soit acceptée par la commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale.

Source : http://www.notreafrik.com/index.php?option=com_content&view=article&id=2967:franceburkina–des-parlementaires-veulent-une-enquete-sur-la-mort-de-thomas-sankara&catid=25:politique&Itemid=512

—-

Des députés réclament la vérité sur Sankara . L’Humanité

Des parlementaires communistes et Verts demandent la création
d’une commission d’enquête sur l’implication des services français
dans l’assassinat, en 1987, du président burkinabé Thomas Sankara.

L’article tel que paru dans l’Huma du 30 06 2011

Il refusait de voir l’Afrique croupir dans la condition d’« arrière-monde d’un Occident repu » que lui avaient assignée les puissances impérialistes. Cet engagement lui a coûté la vie. Le 15 octobre
1987, lors du coup d’État perpétré par un certain Blaise Compaoré, capitaine de l’armée, le président du Burkina Faso, Thomas Sankara, était assassiné par un commando de militaires du régiment de
la sécurité présidentielle. Sur le certificat de décès officiel de
cet homme de trente-sept ans, on peut lire cette ahurissante
mention : « mort naturelle ». L’assassinat de ce dirigeant politique charismatique a bouleversé tout un continent, brisant l’espoir d’émancipation auquel il avait su donner corps au Burkina Faso, cette Haute-Volta qu’il avait rebaptisée « le pays des hommes intègres ».
Incorruptible, Sankara était épris de paix, de justice sociale, féministe convaincu, écologiste avant l’heure, anti-impérialiste. En quatre ans, il avait réussi à faire accéder un pays du Sahel à l’autosuffisance alimentaire.

L’implication des réseaux françafricains dans l’élimination physique de ce dirigeant dont les choix politiques dérangeaient l’ex-puissance coloniale, comme ses affidés dans la sous-région, est un secret de
Polichinelle. À l’époque régnaient sur le « pré carré » des personnages aussi interlopes que Guy Penne, le « Monsieur
Afrique » de François Mitterrand, ou Jacques Foccart, rappelé par Jacques Chirac, de retour à Matignon à la faveur de la cohabitation.

Aujourd’hui, des parlementaires d’opposition des deux pays
réclament « vérité et justice » dans l’affaire Sankara. Hier,
lors d’une conférence de presse à l’Assemblée nationale, des
parlementaires communistes et Verts ont présenté une proposition
de résolution visant à créer une « commission d’enquête
relative à la recherche de la vérité à propos de l’assassinat
de Thomas Sankara ».

« Nous devons, en particulier, faire la lumière sur l’hypothèse
accréditant la mise en cause des services secrets français,
compromis avec des militaires burkinabés », écrivent,
dans leur exposé des motifs, ces parlementaires, qui répondent
par cette initiative à une sollicitation de leurs collègues burkinabés
de l’opposition. Plus qu’un combat pour la mémoire d’une figure révolutionnaire, cette initiative vise la mise en cause la « tyrannie du silence qui assure l’impunité à ceux qui oppriment l’Afrique », a
insisté Odile Biyidi, présidente de l’association Survie. « Alors
que les pouvoirs assujettis à la France et aux puissances
financières qui vampirisent le continent paraissent indéboulonnables,
parce qu’ils sont puissamment soutenus contre la volonté de leurs peuples, tout ce qui est porteur de changement est tué. Thomas Sankara en est le symbole », a-t-elle insisté. En visite en France,
le chef de file de l’opposition burkinabé, Me Benewende
Sankara, avocat de la veuve de Thomas Sankara, a souligné,
de son côté, l’importance de cette démarche commune à des parlementaires des deux pays. « Après l’assassinat de
Thomas Sankara, l’impunité, la corruption, les assassinats, comme celui du journaliste d’investigation Norbert Zongo, sont devenus la signature du régime de Blaise Compaoré, qui règne depuis vingt-quatre ans sur le pays », a-t-il exposé.

Si cette demande de commission d’enquête a peu de chance d’être acceptée, le député écologiste Noël Mamère y voit une occasion de « lever l’omerta » sur l’assassinat de Thomas Sankara et de dénoncer
encore et toujours la Françafrique, « un système qui fait la part belle aux prédateurs » et appuie « les dictateurs qui s’enrichissent sur le dos de leurs peuples ». Le député communiste Roland Muzeau exhorte quant à lui le gouvernement français à « lever le secretdéfense » pour faire toute la clarté sur « l’implication de la
France » dans cet assassinat.

Rosa Moussaoui

Source : l’Humanité du 29 juin 2011.

—-

Un nouvel épisode de l’Affaire Thomas Sankara Faso.net

Prosper Vokouma

Animée par le député Vert français Noël Mamère, Maitre Bénéwindé Sankara, avocat de la famille de Thomas Sankara et opposant burkinabè, Roland Muzeau, député communiste, Bruno Jaffré, biographe de Thomas Sankara et membre de la Coalition Justice pour Thomas Sankara (1) et Odile Tobner, présidente de l’association Survie, la conférence de presse qui s’est tenue le 28 juin dans les locaux de l’Assemblée nationale française constitue un épisode de plus dans le différend politico-judiciaire qui oppose la famille Sankara à l’Etat burkinabè.

Cette conférence de presse vise à donner un écho à la lettre envoyée le 26 avril 2011 par douze parlementaires burkinabè à leurs collègues français dans laquelle ils demandent « la création au sein du parlement français d’une commission d’enquête parlementaire sur le cadre de l’assassinat du président Thomas Sankara », en octobre 1987.

C’est en 1997, à quelques semaines du dixième anniversaire de la mort du leader de la Révolution démocratique et populaire (RDP) que sa veuve et ses enfants ont déposé une plainte contre X devant les instances judiciaires du Burkina pour « Assassinat et faux en écriture administrative », évitant de peu la prescription des faits.

Le certificat de décès, signé le 17 janvier 1988 par le médecin commandant Alidou Diébré, mentionnait que le « camarade Sankara Thomas Isidore Noël est décédé le 15 octobre 1987 à 16h30 de mort naturelle ». Estimant que les faits, c’est-à-dire le coup d’Etat au cours duquel Thomas Sankara et treize de ses collaborateurs avaient trouvé la mort, s’étaient déroulés dans une enceinte militaire, le juge civil s’était déclaré incompétent. Il revenait au ministre de la Défense d’ordonner l’ouverture d’une enquête, comme ce fut le cas dans l’affaire David Ouédraogo. Ne voyant rien venir, les plaignants se sont tournés vers des juridictions internationales.

Avec le soutien d’un Collectif juridique international, la famille Sankara a déposé une plainte devant le Comité des droits de l’homme de l’ONU, pour violation du Protocole facultatif du Pacte international relatif aux droits civils et politiques. Après avoir prononcé la recevabilité de la plainte, l’ONU avait indiqué le 5 avril 2006 que le gouvernement burkinabè n’avait pas respecté les dispositifs du Pacte et avait demandé à l’Etat burkinabè de tout mettre en œuvre pour « élucider l’assassinat de Thomas Sankara, de fournir à la famille les moyens d’une justice impartiale, de rectifier son certificat de décès, de prouver le lieu de son enterrement, de compenser la famille pour traumatisme subi, d’éviter que pareille tragédie ne se reproduise et de divulguer publiquement la décision du Comité ».

En réponse, le gouvernement a fait établir le 7 mars 2006 par le tribunal d’arrondissement de Baskuy un jugement supplétif d’acte de décès au nom de « Thomas Isidore Sankara, décédé le 15 octobre ». Au nom de la politique de pardon et de réconciliation, le fonds d’indemnisation des personnes victimes de la violence politique créé en juin 2006 a proposé un peu plus de 43 millions de F CFA à la famille, somme qu’elle a refusée. Sur la reconnaissance officielle de l’endroit où se trouve la tombe, le gouvernement a estimé que cette demande n’avait pas d’intérêt, puisque tous les ans, les partisans de Thomas Sankara se réunissent autour de sa tombe au cimetière de Dagnoën. Sa veuve s’y était même rendue le 15 octobre 2007 à l’occasion du 20e anniversaire de la disparition de son mari.

Dans une note rendue publique le 21 avril 2008, le Comité des droits de l’homme de l’Onu avait jugé satisfaisantes les réponses du gouvernement burkinabè et estimé « le recours de l’Etat partie comme satisfaisant aux fins du suivi de ses constatations », puis annoncé qu’il « n’ pas l’intention d’examiner cette question plus en avant au titre de la procédure ». Autrement dit, l’affaire est considérée comme close devant l’instance onusienne.

L’initiative des députés burkinabè et français a-t-elle des chances de déboucher sur une enquête parlementaire sur le rôle des services secrets français permettant de relancer le dossier ? Rien n’est moins sûr ! Le député Noël Mamère reste lucide : « Nous ne sommes dupes de rien, et il ne suffit pas de déposer une demande de commission d’enquête pour qu’elle soit acceptée », reconnait-il.

Pratiquement, la demande va d’abord être étudiée par une commission ad ’hoc où ses membres vont décider à l’unanimité de désigner ou non un rapporteur avant de l’inscrire dans l’agenda de la commission des affaires étrangères. « Mais vu la composition de l’assemblée nationale française actuellement dominée par la droite, je doute fort que la commission des Affaires étrangères se prononce pour une commission d’enquête », pronostique t-il. Comme bien d’autres avant, cette demande va certainement être enterrée, oubliée dans les tiroirs de l’assemblée nationale avec le numéro de « décès 3527 ».

Réponse d’ici peut-être le 13 juillet, date de la fin de la session extraordinaire ou à la rentrée de septembre prochain. Malgré l’issue prévisible de la demande, les animateurs de la conférence de presse affirment qu’ils ne céderont pas au découragement. « Même si la demande n’aboutit pas, le fait de la déposer avec des députés burkinabè et l’association Survie, est pour nous une manière de remettre en lumière la question de la Françafrique et dire qu’il ne faut jamais céder et ne rien laisser dans l’ombre », explique Noël Mamère.

Quant à Maître Sankara, venu spécialement pour participer à cette conférence de presse, il a expliqué que son engagement dans ce dossier procède tout simplement d’un souci de vérité, et contrairement à ce que certaines personnes peuvent croire, « je ne suis pas dans une logique de vengeance, mais de justice et de respect des droits de l’homme ».

(1) Biographie de Thomas Sankara ; La patrie ou la mort… ; éd L’Harmattan, 2007, 30 euros

Joachim Vokouma

Source : Lefaso.net 1 juillet 2011 http://www.lefaso.net/spip.php?article42801&rubrique4

—-

Bientôt une enquête sur le rôle de la France dans l’assassinat de Sankara ? Afrique Asie

Dans le sillage de la campagne « Justice pour Sankara, justice pour l’Afrique » lancé en 2009 par un collectif international soutenu par des nombreuses Ong, dont Survie, réclamant une enquête internationale indépendante, des députés français ont demandé le 28 juin la création d’une commission parlementaire à la recherche de la vérité dans l’assassinat du leader burkinabé.

Sous l’impulsion de Noel Mamère, député d’Europe écologie, un groupe de 21 députés de l’opposition de gauche ont présenté une proposition de résolution qui sera renvoyée à la Commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale.

Douze députés burkinabé, dont Me Bénéwendé Sankara, chef de file de l’opposition burkinabè, qui s’est expressément déplacé à Paris, ont sollicité leurs collègues français afin d’entreprendre cette démarche, destinée à faire la lumière sur l’éventuelle implication de la France dans cet assassinat. Au Burkina, toutes les initiatives visant à établir les responsabilités de la mort de Sankara et de ses 13 compagnons, qui eut lieu le 15 octobre 1987 dans les locaux du Conseil de l’Entente, ont été systématiquement bloquées et les plaintes déposées par l’épouse de l’ancien président, Mariam Sankara, et ses deux enfants n’ont jamais abouti.

Le décès de Thomas Sankara est encore à ce jour classifié dans son pays en tant que « mort pour causes naturelles ». Or en ce qui concerne les implications hexagonales, les témoignages faisant état d’une probable intervention des services secrets français se sont multipliés ces dernières années, notamment dans le cadre du procès de Charles Taylor, un protégé du chef de l’Etat burkinabé Blaise Compaoré. Seuls la déclassification des documents internes de la DGSE et l’ouverture des archives pourront clarifier la position française. Noel Mamère a notamment rappelé l’exemple belge : le parlement n’a pas seulement obtenu l’ouverture des archives sur l’assassinat de Lumumba en janvier 1961, mais, face aux preuves de la complicité de Bruxelles, il a également contraint le pouvoir à présenter des excuses au peuple congolais. Le député Vert de la Gironde n’est pas, à vrai dire, très optimiste quant à l’avenir de sa proposition de création d’une commission d’enquête sur un sujet aussi sensible qui touche au controversé passé « françafricain ». La commission pourrait, au mieux, être « rétrogradée » au stade d’une simple commission parlementaire, comme ce fut le cas pour le Rwanda. Me Bénéwendé Sankara (sans liens de parenté avec le défunt chef de l’Etat) – toujours avocat de la veuve de Thomas Sankara – veut croire qu’on lui donnera une suite favorable : au nom des valeurs démocratiques de la France.

Source : http://www.afrique-asie.fr/index.php/category/afrique/actualite/article/bientot-une-enquete-sur-le-role-de-la-france-dans-l-assassinat-de-sankara

Les fichiers joints

LAISSER UN COMMENTAIRE

Saisissez votre commentaire svp!
SVP saisissez votre nom ici

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.