Le 3 janvier 1984 marque le début de la délimitation des contours du caractère catalyseur des tribunaux populaires de la révolution (TPR). Adama Traoré, porte-parole du gouvernement délimite l’esprit et l’objet des assises des TPR.

Peuple révolutionnaire de Haute-Volta,

Ainsi donc, comme tu le sais maintenant, les tribunaux populaires de la révolution vont commencer les procès des dignitaires de la IIIème République et du CMRPN [[Comité militaire de redressement pour le progrès national. Le CMRPN a mis fin à la IIIeme république par un coup d’Etat militaire dirigé par Sayé Zerbo le 25 novembre 1980. C’est un autre coup d’Etat le le 7 novembre 1982 qui y a mis fin.] à partir du 3 janvier 1984, date anniversaire du soulèvement populaire contre le régime néocolonial de Maurice Yaméogo, un régime d’indignité, de soumission, de gabegie, de gaspillage, de dilapidation, de jouissance et de détournements crapuleux des biens du peuple. C’est donc à juste titre que le Conseil national de la révolution et le gouvernement révolutionnaire ont choisi cette date historique pour rendre hommage à cette juste révolte du 3 janvier 1966 et te donner en même temps l’occasion, pour la première fois dans l’histoire de notre pays, de te rendre justice toi-même, directement sans détours, en dehors du carcan de la justice hypocrite bourgeoise et de son système inextricable de procédures pompeuses et volontairement mystificatrices.

Peuple révolutionnaire de Haute-Volta, ainsi donc pour la première fois dans ton histoire, tu as conquis avec la Révolution du 4 août la possibilité et les moyens de juger toi-même ceux-là qui depuis bientôt 40 ans, au service du colonialisme, puis du néo-colonialisme, en alliance étroite avec les forces les plus rétrogrades et les plus obscurantistes t’ont dominé, opprimé, exploité, humilié, bâillonné et bradé.

Les dirigeants de la IIIème République et du CMRPN, c’est en somme cette faune de politiciens réactionnaires et leurs acolytes cupides sans scrupules et toujours pressés d’amasser des fortunes et qui s’enrichissaient effrontément sur le dos du peuple, prétendaient parler en son nom ou défendre ses intérêts après avoir acheté la conscience des masses avec l’argent escroqué, surtout pendant les farces électorales organisées pour donner un semblant de légitimité à leur pouvoir antipopulaire. Les dirigeants de la IIIème République et du CMRPN, ce sont ceux qui, sous le colonialisme, puis le néocolonialisme français vendaient aux enchères les bras du peuple travailleur à leurs maîtres ou amis planteurs capitaliste de la Côte. Ce sont ceux qui non contents de cette vente aux enchères de la force de travail de notre peuple, le spoliaient cyniquement des maigres biens que son courage, sa ténacité et son ardeur au travail lui permettaient d’acquérir. Les dirigeants de la IIIème République et du CMRPN, c’est au total cette horde de politiciens véreux et d’arrivistes notoires spécialisés dans la magouille et dans les escroqueries, prompts à détourner les biens du peuple pour assouvir leur cupidité et leur caprice du jour.

Certains d’entre eux, légers et frivoles indécrottables, bons jouisseurs, qui se croyaient couverts par la bénédiction des forces obscurantistes, non satisfaits de voler les biens du peuple n’ont pas hésité à recourir à la violence et à la répression systématique contre le peuple et tous ceux qui, dans les organisations révolutionnaires ou démocratiques de masse, protestaient contre leur façon malhonnête de gérer les biens de l’État et exigeaient le respect des biens du peuple.

Les biens du peuple sont une chose sacrée. Notre peuple les acquiert toujours à la sueur de son front et parfois même au prix de son sang. Et c’est bien parce que ses biens doivent lui permettre d’obtenir le minimum indispensable pour une vie plus décente que le peuple accepte ces sacrifices. Il attend légitimement en retour des dirigeants qu’ils en prennent un grand soin et qu’ils les utilisent de la meilleure façon pour améliorer les conditions de vie de l’ensemble de la nation. Il est donc tout à fait inadmissible, tout à fait impardonnable que des individus parvenus au pouvoir bien souvent par la seule vertu du larbinisme, de l’aplatissement et de la corruption, gaspillent, dilapident, détournent à leur profit, dans un esprit égoïste de jouissance personnelle les biens du peuple, ou les monnayent contre les pots-de-vin tout en méprisant le peuple du dedans de leurs voitures ou villas luxueuses frauduleusement acquises.

La révolution doit rendre au peuple, intégralement au peuple tout ce qui doit lui appartenir. C’est là un des objectifs de la Révolution du 4 août. C’est là aussi le sens profond des tribunaux populaires de la révolution. Et c’est pourquoi tous les Voltaïques, tous les militants et militantes de la Révolution d’août ont une immense responsabilité dans le déroulement et l’aboutissement correct des procès qui vont bientôt commencer. Dans un attachement profond aux objectifs de la révolution, dans un souci de faire triompher enfin la justice et l’intérêt de notre peuple, chaque Voltaïque, homme ou femme, jeune ou vieux tous ensemble victimes de l’ancienne politique réactionnaire, doit aider les tribunaux populaires de la révolution à éclairer d’un jour cru le comportement et les agissements réels par rapport à la gestion des biens sacrés du peuple, de chacun des dignitaires de la IIIème République, du CMRPN et de leurs nombreux acolytes poursuivis.

Peuple révolutionnaire de Haute-Volta, à travers ces procès, ce que la Révolution d’août veut assurer c’est que désormais, plus jamais en Haute-Volta, aucune autorité, aucun responsable, aucun fonctionnaire de l’État, aucun citoyen ne pourra espérer jouir impunément du fruit des détournements crapuleux des biens du peuple.
Pour cela, le peuple voltaïque doit se convaincre que c’est à lui seul que reviennent la tâche et la responsabilité de veiller comme sur la prunelle de ses yeux au respect par chacun et par tous des biens du peuple.

Les tribunaux populaires sont aujourd’hui et doivent rester le moyen efficace aux mains de notre peuple pour faire respecter ses droits et ses biens et faire rendre gorge à ceux qui l’ont dépouillé en infligeant vigoureusement et rigoureusement à ceux-là les sanctions exemplaires appropriées.

Vive les tribunaux populaires de la révolution.

Vive la révolution.

La patrie ou la mort, nous vaincrons !

Ce discours a été retrouvé par Daouda Coulibaly. Qu’il soit ici chaleureusement remercié.

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