Les Colombes et les Petits chanteurs de Sankara

Courant 1983, Sankara appelle Abdoulaye Cissé, musicien bien connu de la place, pour échanger sur la création d’un orchestre. Il s’agissait, à l’instar de la Guinée, de mettre en place une formation musicale de femmes et une autre des enfants. Alors, le célèbre musicien de l’Harmonie voltaïque, Maurice Simporé, est aussi associé au projet. Simporé devait s’occuper des enfants les Petits chanteurs aux poings levés et Cissé la formation des Colombes. Le défi était d’arriver à faire d’eux des musiciens dans un temps relativement court. Pour le recrutement., les encadreurs procèdent à un test psychotechnique, mais il fallait en plus une bonne aptitude à pouvoir être réceptif à ce qu’on doit assimiler comme connaissance. Et être disponible à tout moment pour les répétitions et les voyages. La première vague des Colombes a été recrutée dans les Comités de défense de la révolution (CDR). Des militantes CDR Il y avait Fati Ouédraogo et Fatou Diallo devenu après l’épouse du colonel Gilbert Dienderé.

En plus des CDR, des femmes comme Mousso Youma Kouyaté faisaient partie de l’effectif. Du coté des enfants, ils étaient pour la plupart des enfants des musiciens. Ablo le batteur est l’enfant d’un des instrumentistes du nom de Zon Boukary. Abdoulaye Traoré lui est l’enfant de Sibiri Omar Traoré et l’albinos malheureusement de décédé de suite d’un accident était l’enfant de Alain Kindo lui aussi musicien. Pour des raisons pratiques, on a recruté dans les familles des musiciens où de ceux qui avaient des affinités avec la musique. L’encadrement de deux formation est étoffé par quelques férus de la musique : tonton Mimulé, François Tapsoba, feu Henri Yoni et bien d’autres musiciens. C’est après la première expérience réussie que des enfants de divers horizons sont venus s’ajouter. Pour le matériel, Sankara a joué sur ses relations à l’extérieur. Les objectifs de ces deux formations étaient la transmission des messages de la Révolution. En plus de cela, elles se produisaient lors des visites de personnalités de marque au Burkina. Ces ambassadeurs de la musique de l’époque révolutionnaire vont sillonner le monde. Ils accompagnaient souvent le capitaine Thomas Sankara. Ils étaient aussi invités par des pays amis et voisins.

Ce ainsi qu’ils ont pu se produire au Togo, au Congo, en Libye… mais leur randonnée légendaire a été celle qu’ils ont effectuée à l’île de la jeunesse à Cuba. Dans le cadre de la coopération entre Ouagadougou et la Havane, des jeunes burkinabè séjournaient à Cuba pour des études. Lors d’une de ses visites à Cuba, Sankara a amené les Petits chanteurs qui se sont produit devant le leader Maximo, le commandant Fidèl Castro. A la fin, le leader cubain leur a offert un lot de matériel très performant. Les Colombes et les Petits chanteurs étaient rattachés à la présidence car considérés comme investis d’une mission spécifique.

Une seconde vague fut recrutée au niveau des Colombes pour permettre aux femmes volontaires du début de se retirer. Parmi celles-ci, certaines sont toujours sur scène. On peut citer Remeka, Sami Rama et Mariam Rovane. Pour la formation scolaire des uns et les autres, le suivi était rigoureux.

La preuve : tous ont pu s’insérer dans la vie active. Certains sont médecins, pharmaciens. A l’image de la Guinée avec le Silly orchestre le Bembeyya et les Amazones, le résident Thomas Sankara voulait des portes flambeaux culturels pour la Révolution. Sans oublier que dans le domaine musicale, le chef de la Révolution burkinabè apparaissait comme un adepte de Nietzsche qui disait que : ” sans la musique, la vie est une erreur. ” Parmi ses biens figuraient en bonne place des instruments de musique. Devant la Commission du peuple chargée de la prévention contre la corruption, il déclare avoir ” trois guitares sèches “. Il continue en disant : ” Je les cite parce que je leur attribue beaucoup de valeur “. Peu de temps après la mort de leur initiateur, lâchés par les nouvelles autorités, les deux groupes ont disparu comme s’ils n’avaient pas existé n

Merneptah Noufou Zougmoré

Source : L’Evènement N°125 spécial Thomas Sankara du 10 octobre 2007 http://www.evenement-bf.net

 

 

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