L’article qui suit est paru dans le journal  en ligne lefasonet du 30 avril 2019.C’est un focus sur Charles Lona Charles Ouattara .Il s’affiche depuis des années dans les medias comme  un détracteur du leader de la révolution burkinabè.

Dans la ligne éditoriale de notre site  nous avons décidé de faire connaitre l’œuvre de Thomas SANKARA.Faire connaitre les facettes de la vie brève et intense de l’homme tout en se gardant de verser dans l’hagiographie, est notre credo. Cela exige d’accepter de publier aussi l’opinion des voix discordantes, de ses contempteurs pour peu que ce ne soit des diatribes excessives gratuites.

Charles Lona OUATTARA partage avec Thomas SANKARA le même mois et la même année de naissance : 1949. Ils ont fréquenté le même lycée Ouezzin Coulibaly (LOC) à Bobo Dioulasso et le même prytanée militaire du Kadiogo à Ouagadougou. Leurs chemins se séparent après irrémédiablement. Si Lona fait sa formation d’officier a  L’Ecole Militaire de Saint-Cyr en France ,Thomas lui  fait la sienne dans une académie moins prestigieuse mais ancrée dans les masses populaire : l’académie militaire d’Antsirabe (Madagascar).

Le fait d’avoir fait ses classes à Saint-Cyr, cette école moulée dans une sorte de conservatisme , qui forme l’élite de la caste des chefs militaires français et des anciennes colonies francophones, n’a-t-elle pas trop influencé le colonel Lona dans son parcours ?Le fait est qu’il reste constant dans  dans son aversion contre les idées révolutionnaires communisantes depuis la période Sankarienne et même avant.

En tentant depuis des années à chacune de ses sorties de « déconstruire l’idole Sankara » au sens Nietzschéen du terme , il donne sans le savoir les clés pour instruire la généalogie de son propre parcours qui pourrait expliquer son opinion à la limite du dénigrement systématique de Sankara qu’il prétend avoir été un proche ami. Un ami de Sankara?Rien n’est moins sure. Il serait plutôt un simple promotionnaire.Toute opinion est un masque, une cachette selon la philosophie du soupçon. Surtout venant d’un colonel à la retraite devenu homme politique.  Au demeurant, il y’a comme un dépit, un ressentiment d’un Lona , l’ ancien saint-cyrien face à l’aura de l’officier Thomas SANKARA qu’on imagine selon ses propos issu d’une modeste académie militaire africaine.

Charles Lona OUATTARA serait plus indulgent envers son promotionnaire Thomas Sankara en lisant Gustave Lebon qui dit : ‘’Qu’ils[les meneurs] soient intelligents ou bornés, il n’importe, le monde sera toujours à eux.’’Or Sankara était un meneur né.

En guise de focus sur Lona Ouattara, le journaliste,un peu complaisant, s’inspire de son livre ” les dessous de la révolution voltaïque, la mélancolie du pouvoir’. Seulement il reprend sans les  vérifier les éléments d’autobiographie romancée de l’auteur. De ce fait, son écrit  est truffés d’approximations , demi-vérités et de contre-vérités . En investiguant un peu plus il aurait découvert les incohérences, équivoques sur la formation et le parcours professionnel  de Lona qui soulèvent bien de zones d’ombres et d’interrogations sur leur sincérité (diplôme d’ingénieur et de doctorat en aéronautique !?, pourquoi un militaire ferait une école d’aviation civile ? pourquoi sortir de saint-cyr avec le grade de capitaine au lieu de sous-lieutenant ? pourquoi sortir  officier de train au lieu de chef de section d’infanterie ? comment a-t-il acquis le grade de colonel sans avoir fait une école de guerre ni avoir suivi des cours d’Etat major ? etc…).

Du reste, Bruno Jaffré  a déjà fait une recension fort édifiante sur ce livre que le lecteur peut consulter sur ce lien http://www.thomassankara.net/dessous-de-revolution-voltaique-melancolie-pouvoir-livre-de-lona-charles-ouattara/. .

Pour revenir au présent article, son l’intérêt provient surtout du forum des commentaires des internautes qui montrent que les gens sont bien informés sur le personnage et avertis de sa vaine  œuvre de révisionnisme.

TRAORE Karim de Labola


Il dit être le seul haut-gradé et le seul camarade d’école du capitaine Thomas Sankara, qui a osé dire « non à l’élan révolutionnaire » d’août 1983. La rupture étant consommée, il part pour 15 ans d’exil et est condamné par contumace, pour « implication dans la déstabilisation du pays ». À 70 ans, Lona Charles Ouattara, puisque c’est de lui qu’il s’agit, déborde toujours d’énergie. Sa carrière a été marquée par un passage dans l’armée de l’air, puis aux Nations unies. Aujourd’hui député à l’Assemblée nationale, il s’est aussi mis à l’écriture. Focus sur cet homme qui a osé dire non à Thomas Sankara.

Le 12 décembre 1949, dans le village de Kobada, commune de Léraba, naissait Lona Charles Ouattara. Fils unique de ses parents, il s’initie au balafon et exerce son talent lors des festivités. Mais très vite, il quitte les siens et s’installe à Bobo-Dioulasso. Là, il fréquente le lycée Ouezzin-Coulibaly jusqu’en classe de 3e. Et c’est dans cet établissement qu’il fait chemin avec Thomas Isidore Sankara, qu’il surnomme « Bouillie ». Lona Charles Ouattara, lui, portait le sobriquet de « Bouillon ».

À ce propos, il déclare : « Thomas est un ami à moi, je le connais très bien. Nous étions comme des frères. On dit souvent que c’est Blaise Compaoré qui est son ami, et moi je vous dis que c’est en 1978 que Blaise a connu Sankara. » Les deux amis resteront attachés jusqu’au Prytanée militaire de Kadiogo (à l’époque École militaire préparatoire africaine) en 1968, et plus tard dans la vie professionnelle.

Mais le cours de l’histoire va conduire Lona Charles Ouattara à l’École de formation des officiers de Saint-Cyr en France, loin de Thomas Sankara envoyé à Madagascar. À Saint-Cyr, assidu aux études en sciences, il affiche des potentialités pour l’aviation, mais aussi des aptitudes en anglais. Bon étudiant, il sort de Saint-Cyr nanti du diplôme « d’officier de train », c’est-à-dire officier spécialisé dans le transport.

Porté au grade de capitaine, il rentre au Burkina Faso et part pour la guerre contre le Mali, en 1974. Mais ce chapitre de sa vie sera de courte durée. En effet, ayant réussi au concours d’entrée à l’École de télécommunications de l’armée de terre en Grande-Bretagne, il se rendra à Stanford. C’était une première pour un officier voltaïque. Dans cette école, il obtient le diplôme d’ingénieur en transport en 1979, puis celui d’ingénieur aéronautique en 1980. C’est avec ces nouvelles qualifications qu’il rejoindra le gouvernement de Saye Zerbo, en compagnie de Thomas Sankara.

« L’armée doit être apolitique et non endoctrinée »

En 1982, il quitte le gouvernement et entre à l’École d’aviation civile de Toulouse pour suivre une formation d’ingénierie aéronautique. Le 23 octobre 1983, il est de retour à Ouagadougou. La révolution, dirigée par Thomas Sankara, bat son plein depuis deux mois. Le leader de la révolution lui demande de prendre la tête du secrétariat général du Comité de défense de la révolution (CDR), en lieu et place du capitaine Abdul Salam Kaboré. Mais il décline l’offre. « L’armée doit être apolitique et non endoctrinée. Pas de slogan pour l’armée. Les CDR étaient des politiques. L’officier doit savoir dire non et assumer ses responsabilités, parce que l’armée ne doit pas être politisée », explique-t-il.

L’homme aux cinq barrettes se souvient de tout, comme si c’était hier : « Une semaine après mon arrivée, je reçois un coup de fil de Sankara qui a envoyé un chauffeur pour me chercher. À mon arrivée, Thomas m’explique comment ils ont fait pour prendre le pouvoir. Il disait qu’il voulait que je les rejoigne. Mais j’ai refusé. À cause de ma position, il m’a dit que ses amis de la révolution ont refusé que je devienne commandant de l’armée de l’air, ni directeur de l’Agence pour la sécurité aérienne en Afrique et à Madagascar (ASECNA). Mais en fin de compte, Thomas Sankara m’a dit : ‘‘Je leur ai imposé ta nomination comme 3e personnage de l’État-major’’ ».

« La révolution souffrait de dictature »

Aujourd’hui député à l’Assemblée nationale, le fils de la Léraba se rappelle encore ses discussions avec le leader de la révolution d’août 1983 : « J’étais seul avec lui à la présidence et on discutait. Quand Sankara m’a raconté tout ce qu’il a fait et ce qu’il avait l’intention de faire à notre pays, j’avais envie de le buter. Mais je ne pouvais pas le tuer, c’était mon ami... »

Comme Thomas Sankara le lui avait annoncé, Lona Charles Ouattara prend fonction à l’État-major des armées jusqu’en 1984. « Thomas Sankara m’a rendu visite quand j’étais malade et m’a encore invité à rejoindre les révolutionnaires. Mais j’ai refusé encore une fois de crier les slogans. Toutefois, je lui ai dit que j’allais lui rendre service au besoin, sans toutefois crier les slogans », se souvient-il. Lona Charles Ouattara pense que les gens ont fait de Thomas Sankara une icône, alors que la révolution souffrait de dictature.

Pour preuve, l’ancien cadre des Nations unies raconte que trois semaines après son dernier refus de rejoindre la révolution, il a été appelé, avec le capitaine Hassan Sawadogo, par Thomas Sankara. À cette rencontre à trois, « Thomas disait que ce sont les soldats qui vont désormais promouvoir les officiers. Avant de me menacer en disant : ‘‘Tu as vu cette table ? C’est comme le fossé entre toi et moi. Je te souhaite d’être heureux à l’extérieur, ne m’emmerde pas au Burkina Faso. C’était au mois d’avril 1984 ».

« Sankara a été naïf, il s’est laissé divertir… »

Ce même jour, au journal de 20h, Lona Charles Ouattara a appris son affectation à Boulsa au Programme populaire de développement (PPD), « pour construire des maisons ». Il s’en souvient encore : « J’y suis allé et j’ai construit des villas avec le roi de Boulsa, sous une cohorte de renseignements. Ensuite, j’ai été révoqué de mes fonctions injustement ». Durant trois mois, il se convertit en réparateur de postes téléviseurs pour ne pas rester au chômage. « J’ai rencontré Gilbert Diendéré qui m’a dit que si je voulais reprendre mon travail, il allait me faire rencontrer Blaise Compaoré. C’est là que je rencontre Blaise Compaoré pour la première fois, au bureau de Lengani. Après avoir discuté avec lui, je sentais qu’ils se rentreraient dedans, parce que Blaise Compaoré n’était pas d’accord avec Thomas sur la façon de faire les choses », relate Lona Charles Ouattara.

Aujourd’hui, l’homme a sa propre analyse des événements de la révolution. « Sankara a été naïf, il s’est laissé divertir par les Blaise Compaoré et s’est esseulé. Blaise l’avait isolé pour l’assassiner ensuite », se convainc-t-il.

15 ans d’exil

Finalement, Blaise Compaoré réussit à faire réintégrer Lona Charles Ouattara, avant de l’affecter à Ziniaré. Il refuse d’y aller. « J’ai pris une permission auprès du ministre du Plan pour aller faire la cérémonie de mon père. C’était des mensonges en fait. Et le 31 décembre 1984, j’ai traversé les frontières aux environs de minuit trente par le Mali, puis la Côte d’Ivoire, pour rejoindre ma femme au Kenya », relate-t-il.

C’est une nouvelle page de sa vie qui s’ouvre. Coupé du pays de ses ancêtres et des siens, il va tracer son chemin loin des révolutionnaires et de la politique. Il entame une carrière au Programme des nations unies pour l’environnement (PNUE) comme consultant sur les nuisances acoustiques au Kenya, avant de rejoindre la France pour un doctorat en aéronautique. De 1989 à 1991, il est dans la construction aéronautique à Airbus. Puis, Lona Charles Ouattara se forme comme chef d’entreprise aéroportuaire.

Talentueux et doté de relations, il va se retrouver successivement, pour le compte des Nations unies, en République démocratique du Congo (RDC), en République centrafricaine et en Angola comme chef des opérations. Il s’installe plus tard aux Pays-Bas comme directeur exécutif de l’Organisation de l’interdiction des armes chimiques. Quelques années après, il revient en RDC comme conseiller aéronautique du ministre des Transports pour le compte de la communauté internationale. Quelques années après, au cours d’une mission en Centrafrique pour le compte de l’ONU, il rencontre des contingents militaires burkinabè, après 15 ans d’exil. Épris de nostalgie pour son pays, il discute avec ses compatriotes et retrouve la chaleur des siens.

« Je suis un vrai patriote »

Lorsqu’il prend sa retraite, il rentre au Burkina Faso. Ses amis lui conseillent de s’engager en politique. « À cette époque, en 2010, l’UPC était le nouveau parti [qui avait le vent] en poupe », dit-il. Il s’engage à l’Union pour le progrès et le changement (UPC) donc et se fait élire aux législatives de 2012 et 2015. À l’Assemblée nationale, il occupe deux fois le poste de 2e vice-président et une fois le poste de 5e vice-président.

À 70 ans, il se prépare déjà pour les prochaines élections législatives. Jadis condamné par contumace pour une supposée implication dans la guerre entre le Mali et le Burkina, il est rentré de son exil et s’est frayé une place en politique. Sa force : « Je ne fais pas de promesses vaseuses, je suis pragmatique ». Attaché à sa culture, Lona Charles Ouattara fait du balafon son instrument de musique quotidien. D’ailleurs, il a abandonné la religion chrétienne pour ce qu’il appelle « le culte des ancêtres ». Le septuagénaire s’adonne à l’écriture pour exposer sa vision et « rétablir la vérité historique ». Il déteste les icônes et le culte de la personnalité.

Et l’une de ses vérités historiques, c’est que la révolution n’était pas la solution aux problèmes du Burkina de l’époque, tout comme Thomas Sankara avec ses slogans révolutionnaires. « Une nation, on peut la construire autrement. Pas besoin de slogans », se convainc-t-il. Pour lui, Thomas Sankara s’était lancé dans une aventure sans issue. « Quand vous vous lancez dans ça, vous croyez que des gens vous suivent. Ce ne sont que des profiteurs. Quand on a tué le capitaine Sankara, pourquoi la population ne s’est pas révoltée ? », lance-t-il.

Lorsqu’il publiait son ouvrage intitulé « Les dessous de la révolution voltaïque : la mélancolie de la victoire », le colonel Lona Charles Ouattara avait pour objectif « la reconstitution de la vérité historique ». Une vérité qu’il voit comme une lanterne pour la jeunesse.

Considéré comme un pur produit de la France par des camarades politiques, il s’en défend : « Ce n’est pas parce qu’on a été formé dans une école militaire française qu’on est pro-intérêts français. Je suis un vrai patriote. J’ai construit des ponts chez moi ».

Lorsqu’on parle de Lona Charles Ouattara, les avis sont divergents à l’hémicycle. Certains de ses camarades du groupe parlementaire Renouveau démocratique voient en lui « un libre-penseur qui a goûté à la démocratie occidentale ». En revanche, d’autres le considèrent comme un ambitieux politique imprévisible. « Il aurait même tenté de prendre la tête du groupe parlementaire, au grand dam de Daouda Simboro », confie un député. Un autre de la majorité présidentielle dit en Lona Charles Ouattara « un élément de Salif Diallo ».

Pour l’heure, le colonel Lona Charles Ouattara entend jouer s’investir lors des prochaines élections législatives pour le compte de son parti. Devenu père et grand-père, il appelle les jeunes à la formation et à la lecture de l’histoire, pour éviter les erreurs des anciens. Il compte d’ailleurs peser de tout son poids pour qu’il y ait beaucoup plus de femmes en politique car, soutient-il, « elles sont nos mères ».

E.K.S.
samboeedouard@gmail.com
Source : https://lefaso.net/spip.php?article89360

1 COMMENTAIRE

  1. A l’instar des autres détracteurs de ce grand homme qu’était le Capitaine Thomas SANKARA, Lona Charles de Gaulle , heyy.. Lona Charles Ouattara perd son temps et son énergie en poursuivant un idéal celui de : Ternir l’image du capitaine, s’attirer la sympathie et le respect des jeunes que nous sommes … Je termine par ces slogans célèbres du Capitaine : ” la petite bourgeoisie affolée , à bas … ” La patrie ou la mort nous vaincrons …

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