Vous trouverez ci-dessous la lettre que l’association Per a Pace a envoyé fin mai 2012 ça tous les candidats des circonscriptions corses pour leur demande leur opinion sur l’affaire Sankara, sachant qu’une demande d’enquête parlementaire avait été déposé en juillet 2011 et qu’elle n’a pas été étudiée par le commissions des affaires étrangères.
Vous trouverez par ailleurs, un article qui rend compte de cette initiative parue dans l’hebdomadaire Corse Votre Hebdo.
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La lettre envoyée aux candidats des législatives de juin 2012 en Corse.
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L’article parue dans Corse votre Hebdo
L’association qui a tissé des liens solidaires étroits avec le Burkina
Faso, demande – avec d’autres – justice pour Thomas Sankara, le jeune président du pays assassiné il y a 25 ans. La démarche s’inscrit dans la continuité d’une action plus globale
Chaque année, désormais, les membres de l’association Per A Pace, présidée par Jacques Casamarta, font le déplacement au Burkina Faso. Le voyage depuis la Corse est sous-tendu par des considérations solidaires. « Nous avons développé des coopérations, des échanges, des solidarités par des projets pour l’accès à l’eau, la nutrition, l’éducation et la santé pour les populations du Burkina Faso», détaille Je président. Le rapprochement s’entend aussi à travers des partenariat, avec des associations locales, des écoles élémentaires ou bien une coopérative de femmes.
Les associatifs ont ajouté à leur trajectoire une noble cause de plus, l’hommage à Thomas Sankara, jeune président de la République, assassiné il y a 25 ans, le 15 octobre 1987. En 2012, l’engagement insulaire a cessé de se cantonner au cimetière et au souvenir. Un autre cycle est enclenché, la mobilisation s’est accélérée, tandis que s’ouvre aujourd’hui à Ouagadougou un nouveau procès, dans le prolongement de la plainte contre X pour séquestration déposée en 2002 par l’épouse de l’ancien président. Du côté de « Per a Pace », la méthode revient à « interpeller en Corse les candidats aux prochaines élections législatives, afin de connaître leur opinion sur le sujet. Car en ce moment même, en France et en Europe aussi, dans le monde associatif, syndical et politique, des voix s’élèvent pour réclamer cette justice, cette exigence de vérité. »
L’énigme de la tombe
On repart 3u combat, à un moment crucial, « celui de l’élection présidentielle ». À ‘horizon se profile également « l’élection de la nouvelle assemblée nationale, en espérant que celle-ci se décide enfin à examiner la question et à prendre les disposions nécessaires ».
La revendication s’assimile toutefois à une aventure de longue haleine. Elle débute au lendemain de la disparition du leader africain : La population, les élus, les instances internationales veulent savoir. Leur quête comprend quelques moments clés : « En avril 2006, le comité des Droits de ‘Homme de l’QNU s’était emparé du dossier avant de le clore deux années plus tard sans l’ouverture d’une enquête. Plusieurs procédures judiciaires ont été lancées au Burkina Faso, maïs aucune pour instant, n’a abouti à faire émerger la vérité. Plus tard, en décembre 2009, un collectif d’associations international lançait une nouvelle campagne d’opinion autour d’une pétltion « Justice pour Sankara, justice iour l’Afrique ».
L’objectif était d’initier une enquête internationale indépendante et d’obtenir l’accès aux archives », énumère Jacques Casamarta. Deux ans plus tard, en avril 2011, les députés burkinabés montent au créneau. Ils sont 12. Ils prennent leur plus belle plume et écrivent aux parlementaires français pour demander cette fois-ci l’ouverture d’une enquête parlementaire sur l’assassinat de Thomas Sankara et les liens possibles avec la France s, raconte le président de Per A Pace.
Les parlementaires africains bénéficient du soutien de 21 députés français. Mais l’écoute semble faire défaut « La requête ne sera pas étudiée par le parlement français. »
À chaque étape, la rhétorique à l’œuvre s’adapte aux zones dl’ombre existantes. Le tombeau du président fait partie intégrante du mystère : « Un doute persiste sur le lieu exact où repose son corps et dans cette recherche de la vérité, sa famille et ses amis demandent avec insistance que des tests ADN soient effectués », explique Jacques Casamarta. Autour de la dernière demeure supposée, la tension est montée d’un cran en février 2012. Les membres de Per a Pace l’ont noté : « A la différence de nos précédentes visites, les militaires montent la garde à l’entrée du cimetière. Il faut dire que la sépulture est en piteux état et surtout qu’elle a fait dernièrement l’objet d’une profanation » Sankara, ne laisse pas indifférent, avec son « franc parlé », avec son énergie concentrée, tout au long de ses 4 ans à la tête du pays, sur « la lutte contre la corruption, l’éducation et la santé pour tous, l’émancipation de la lutte contre l’excision ».
Les espoirs d’une jeunesse
La liste des réalisations établie par Per a Pace inclut encore des « campagnes de vaccination sans précédent, la lutte contre la désertification. Il est aussi un bâtisseur et un aménageur soucieux d’augmenter le nombre de logements sociaux, de réhabiliter des quartiers, de désenclaver des campagnes, de construire des routes, des voies de chemin de fer et barrages en vue de l’irrigation des terres. Sa position est celle « d’un homme de paix », d’un novateur.
A Sankara. la nation et la postérité reconnaissante… « C’est très probablement ce bilan qui lui vaut encore aujourd’hui une telle « aura » dans le pays, mais aussi d’un point de vue international. Sankara avait engagé une politique orientée vers les besoins et pour la satisfaction des populations. Son action montre qu’il se méfiait du pouvoir, de celui que l’on combat et de celui que l’on peut avoir soi-même », analyse Jacques Casamarta. Il se réfère volontiers à l’un de ses derniers discours : « Peu de temps avant d’être assassiné, Thomas Sankara déclarait lors d’une conférence organisée par l’Union Africaine à Addis Abeba : « Nous devons accepter de vivre africains, c’est la seule manière de vivre libre ». Il incitait déjà à l’époque les dirigeants du continent africain à refuser l’injustice, la pauvreté, la spirale infernale de la dette imposée par les grandes puissances ».
Selon le responsable de Per Pace, la formule équivaut à une « référence historique » car elle témoigne « à la lueur des événements contemporains d’un certain courage et d’une vision politique hors du commun ». Ses arguments s’avéreront durables par le truchement d’une « mémoire bien vivante à travers le pays ». D’autant plus que celle-ci est compatible avec « un important capital de sympathie, une autorité peu commune et un grand respect pour son action et ses idées, comme nous avons pu le constater à chacun de nos voyages dans le pays. » Sankara, médiatisé, chanté et mis en musique « alimente les conversations, les.espoirs d’une jeunesse en quête d’Identité et de perspectives. Il représente aujourd’hui une référence, une conscience pour aider à construire une Afrique nouvelle, débarrassée des dictatures et de la France Afrique. »
Les nouvelles technologie; sont venues à la rescousse et « ses discours s’écoutent sur les téléphones portables et sont portés, véhiculés par les réseaux sociaux. Dans cette Afrique en crise, exploitée et en recherche rie perspectives, les idées et enseignements de Thomas Sankara sont fédérateurs bien au-delà du pays », conclut Jacques Casamarta.
V. E.
Source : Corse votre Hebdo, semaine du 27 avril au 3 mai 2012