Nous poursuivons ci-dessous la chronologie des évènements qui ont suivi la mort du jeune collégien Justin Zongo. Le pouvoir veut attribuer ce décès à une méningite alors que pour les élèves il est décédé à la suite des mauvais traitement subis dans les locaux de la police. Son père réfute aussi le décès pour cause de méningite en témoignant des blessures qu’il a subies.
Depuis le 22 février de nombreuses manifestations ont eu lieu (voir http://thomassankara.net/?p=1052 la chronique des ces manifestations). Dernière en data à Ouagadougou le vendredi 11 mars, organisé par l’ANEB, l’association nationale des étudiants burkinabè.
La rédaction.
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14 mars. Alors que les étudiants s’apprêtaient à manifester le lendemain, le gouvernement décide d’avancer les vacances scolaires au 14 mars et la fermeture de ces établissements publics d’enseignement supérieur et la suspension de tous les services sociaux au profit des étudiants relevant des universités de Ouagadougou, Ouaga II, Koudougou et Bobo Dioulasso (UPB).” Les étudiants refusent de quitter les cités universitaires.
A Bobo Dioulasso les étudiants ont été expulsés de force des résidences universitaires. Lu sur facebook à http://www.facebook.com/#!/home.php?sk=group_199867513375567:”Ici a Bobo-Dioulasso, hier soir les forces de l’ordre ont envahis toutes les cités universitaires pour agresser verbalement et physiquement les étudiants de quitter les cités. Le pire s’est passé à la cité de Sikasso-cira ou les forces de l’ordre sont rentrés dans les différentes chambres pour jeter les affaires des résidants dehors“.
Le Syndicat national de travailleurs de l’Enseignement et de la recherche (SYNTER) et le Syndicat national des enseignants du secondaire et du supérieur (SNESS) font grève pour 2 jours pour dénoncer les évènements de Koudougou mais aussi sur des revendications syndicales (indemnités, effectifs des classes, avancements…).
A Koudougou Le Collectif des jeunes pour la vérité et la justice a tenu une assemblée générale sur la place du théatre populaire. Le collectif demande une commission d’enquête élargie afin que vérité et justice soient rendues à Justin Zongo et autres manifestants tués. Il a annoncé sa volonté de structurer ce collectif au niveau national.
15 mars Meeting de l’ANEB. Les étudiants ont été appelés à se rassembler à l’université pour un meeting mais les locaux universitaires ont été fermés. Tôt le matin l’université et ses alentours sont envahis par les forces de l’ordre.
Des échauffourées opposent toute la matinée les étudiants et les forces de l’ordre aux alentours de l’université.
Dans une cité universitaire à la patte d’Oie, les forces de l’ordre essayent d’expulser les étudiants qui se sont retranchés à l’intérieur appelant leurs camarades à venir les soutenir.
Après avoir tenté de résister en appelant leurs camarades à venir les rejoindre, les étudiants ont fini par quitter les lieux, cernés qu’ils étaient par les forces de l’ordre. Une situation très difficile pour beaucoup d’entre eux qui ne savent pas forcément où aller.
Les SMS sont bloqués depuis la veille.
16 mars L’ANEB a initié une quête à travers la ville de Koudougou pour venir en aide aux étudiants indigents ou qui n’ont pas pu rejoindre leurs familles respectives.
Une réunion de toute l’opposition est convoquée par Maitre Benewendé Sankara qui a un statut officiel de chef de l’opposition.
Les commerçants installés aux alentours de l’avenue Yennenga, une rue commerçante du centre, ont occupé la voie avec des barricades toute la matinée pour demander la libéraiton d’une des leurs arrêté dans une voiture banalisée.
17 mars Quelques centaines d’étudiants marchent à Koudougou jusqu’au Haut Commissariat qu’ils ont bloque quelques heures avant de se retirer dans le calme.
L’ANEB tient une conférence de presse à Ouagadougou où elle donne les informations suivantes. Il y a eu 14 bléssées plus ou moins graves ( traumatismes craniens, fractures, contusions abdominales, etc.) et 19 personnes arrêtées. Celles-ci ont été entendues par le procureur et déférées à la MACO (maison d’arrêt de Ouagadougou).
Le premier ministre fait à l’assemblée nationale sa déclaration de politique générale. Il exprime sa compassion aux familles frappé par les décès suite aux évènements de Koudougou, rappelle les institutions en charge de la résolution des questions judiciaires et déclare : “« Ils (ces problèmes) concernent aussi bien le fonctionnement des services de l’Etat y compris ceux du maintien de l’ordre, que les relations entre citoyens et le système judiciaire, le développement politique et économique de notre pays, l’offre d’opportunités éducatives et d’emplois pour notre jeunesse, notre conception de la liberté et le comportement citoyen pour la protéger et l’approfondir ”
Le MBDHP (Mouvement Burkianbè des Droits de l’Homme) a tenu une conférence de presse pour s’élever contre la convocation de son président à la gendarmerie pour y être accusé d’être à l’origine de la révolte des jeunes et de leur manifestation violentes. Il a affirmé que son mouvement ne se laisserait pas faire.
18 mars L’opposition réunie sous l’égide du chef de file de l’opposition, publie une longue déclaration qui s’en prend au CDP (le parti au pouvoir), affirme que comme en Tunisie et en Egypte la révolte est légitime, dénonce la démocratie “western” qui a jalonnée l’histoire récente de crimes et d’assassinats non élucidés, réaffirme comme les étudiants sa soif de justice et de liberté, soutient la lutte des jeunes, revendique le droit de manifester sans entrave et demande la réouverture des facultés et cités universitaires.
On trouvera la déclaration de l’opposition à l’adresse http://www.citizensforearth.info/Declaration-des-partis-politiques
19 mars Meeting de la Coordination de la coalition nationale de lutte contre la vie chère, la corruption, la fraude, l’impunité et pour les libertés (CCVC) à 8h à la bourse du travail.
Extrait de l’appel à la manifestation : ”C’est au regard de ces différentes situations, c’est-à-dire la crise actuelle, consécutive aux événements de Koudougou, de la hausse galopante du coût de la vie de plus en plus cher et face au refus du gouvernement de satisfaire les légitimes revendications des travailleurs, que la CCVC invite les militants et sympathisants de toutes les composantes de la CCVC, les populations de Ouagadougou et ses environs à un meeting de protestation et de mobilisation face à la situation d’ensemble actuelle, le SAMEDI 19 MARS 2011 à 8h à la Bourse du travail de Ouagadougou.”
Le meeting, qui a rassemblé environ 2000 personnes, s’est déroulé sans incident. Les orateurs ont dénoncé les dérives, l’impunité,et le manque de justice, la corruption, les assassinats et les crimes du pouvoir. Un appel a été lancé à une grève générale le 8 avril et à des manifestations à travers tout le pays. On trouvera un compte rendu du meeting à l’adresse http://www.lepays.bf/spip.php?article4930.
Pour la suite de la chronologie on se reportera à l’adresse http://thomassankara.net/?p=1058