Thomas Sankara, l’homme intègre

Le film “l’Homme intègre”  de Robin Shuffield est disponible à la vente en DVD et a bénéficifé de nombreux passages télévision.

A l’issue de la toute première projection d’une version non terminée lors du fourm social de Bamako Zoul a enregistré un autre entretien autour du film avec Robin Shuffield, Bruno Jaffré, Julien Nana et Paul Sankara. Pour entendre cet entretien allez à l’adresse  http://www.fsmmali.org sur le site de la radio du forum qui a archivé l’ensemble des émissions réalisées

 

Présentation du film

L’homme intègre, c’est Thomas Sankara, président du Burkina Faso de 1983 à 1987. Un homme hors du commun qui a tenté de bousculer pendant son mandat les idées reçues sur l’Afrique et les Africains. Ce film documentaire retrace les quatre années de pouvoir de ce chef d’état étonnant, surnommé le Che africain, et connu de tous sur le continent pour ses idées novatrices, son franc-parler teinté d’humour ravageur, sa fougue et son altruisme. À travers de nombreuses images d’archives, les témoignages de collaborateurs et d’hommes politiques de l’époque, ce film dresse le portrait de Thomas Sankara, jeune chef d’état assassiné pour avoir été trop vite et trop loin dans sa volonté de changement, tant au Burkina que sur le plan international.

The Upright Man is Thomas Sankara, President of Burkina Faso from 1983 to 1987. A remarkable man who challenged the generally accepted ideas about Africa and African people. This documentary retraces the 4 years of his mandate. This outstanding leader, famous in all of Africa for his innovative ideas, his devastating humour, his spirit and his altruism came to be known as the African Che. Through film records, testimonies of close collaborators and contemporary African statesmen, this film tells the story of a young leader murdered in his prime for having gone too far and too fast in his will to change his country and international politics.

  • Director : Robin Shuffield
  • Script : Robin Shuffield
  • Camera : Marc Ridley, Robin Shuffield
  • Sound : Serge Dietrich
  • Editing : Samuel Gantier, Serge Dietrich Music : Cyril Orcel
  • Production : Zorn Production International,
  • Co-Production : ARTE France, France 3
  • Lorraine-Champagne-Ardenne, Centre Régional de Ressources Audiovisuelles Nord-Pas de Calais, Monkey Productions

Contact :

  • Zorn Production International – 51 bd de Belfort F59000 LilleZorn Production International
  • tel : 00 33 3 20 88 01 02
  • Fax : 00 33 3 20 88 01 03
  • mail : zorn@zornproduction.com

 


Présentation du réalisateur

Robin Shuffield est né en 1969 en France. Il part vivre en Belgique où il obtient son diplôme de réalisateur à l’institut des Arts de diffusion. Après des stages, des petits boulots puis finalement de la réalisation dans divers secteurs de l’audiovisuel ( Publicités, films institutionnel, courts métrages, news,…), il se lance dans le documentaire et, du même coup, quitte l’Europe pour l’Afrique. Il donne des cours d’audiovisuel dans des ongs et travaille comme journaliste reporter d’images (JRI).

L’homme intègre est son troisième documentaire. Comme les deux précédents, il fait découvrir les solutions africaines aux problematiques africaines. Sankara symbolisera la solution politique aux problèmes de gestion des pays africains. Les relations nord sud sont bien evidemment , comme à son habitude, évoqués…

Aujourd’hui, Il travaille pour l’agence Reuters en Afrique et prépare un documentaire sur… l’industrie pharmaceutique.

Les documentaires déjà réalisés :

– 2006 : Réalisateur cameraman du film L’HOMME INTEGRE, portrait de l’ancien chef d’état burkinabè Thomas Sankara. (52′) qui doit être diffusé par plusieurs chaines de télévision. Actuellement en post production

– 2001 : Réalisateur monteur de THE ORCHARD, portrait ,d’adolescents handicapés au Botswana (52′) Produit avec l’aide la Communauté Européenne ( DG développement) et de GABsTV.

– 1997 : Coréalisateur et coproducteur de YMAKO, portrait d’une troupe de théâtre de sensibilisation en Côte d’Ivoire Produit avec l’aide de la RTBF, CFI, TV5 et de l’agence de Coopération au Développement. Grand prix au Festival du film anthropologique de Londres

Interview de Robin Shuffield

Q1. Qu’est-ce qui vous a amené à réaliser un film sur Thomas Sankara ?

Robin Shuffield  : Cela faisait quelques années que je voulais faire un film sur Sankara. J’habitais dans différents pays d’Afrique de l’Ouest et, à chaque fois, on me parlait de Sankara comme d’un héros mais généralement « à voix basse ». Cela sentait le tabou… Je ne connaissais aucun film sur Sankara et il était difficile de trouver des livres sur lui (en Afrique en tout cas). A force de cogiter sur l’homme, je me suis naturellement poser la question : pourquoi ne pas faire un film sur lui. J’avais terminé deux documentaires qui avaient en commun les solutions africaines aux problématiques africaines. Je voyais la possibilité de terminer une « trilogie » en beauté : le principal problème de l’Afrique vient des hommes politiques…

Q2. Dans quelles conditions avez-vous pu réaliser votre film ? Avez-vous eu suffisamment de moyens ? Avez-vous tourné au Burkina autant que vous le vouliez ?

Robin Shuffield  : La production du film a vécu plusieurs étapes.

D’abord en cachette pour des raisons de sécurité évidente. Balufu, le réalisateur congolais qui avait fait un film au début des années 90 pourrait en témoigner. D’autres journalistes comme Sennen Andriamirado ont subi aussi des pressions (et je ne parle même pas de l’affaire Norbert Zongo… J’ai pu réaliser avec mes fonds de poches une maquette avec une multitude d’interviews de proches et moins proches de la révolution. Là encore, peu de producteurs étaient « chauds » : vision peu orthodoxe de l’Afrique ? sujet polémique ? En règle général, l’Afrique attire peu ou pas assez les tv… J’ai rencontré les producteurs de Zorn Production, une société qu a le vent en poupe et qui se bat réellement pour les projets qu’elle produit. Vu le prix des archives, il fallait pas mal d’argent. Heureusement, des fonds nationaux et régionaux, des chaînes françaises et étrangères ont commencé à mettre de l’argent dans le projet.

J’ai tourné au Faso plusieurs fois et je dois avoué que je n’ai pas eu de vrais problèmes ou de véto de l’administration…

 Q3. Il y a pas mal d’images qu’on avait plus vu depuis longtemps, ce qui fait un peu la force du film, où peut-on les trouver ?

Robin Shuffield  : Les sources sont multiples : il existe des fonds publiques et privés. Il faut savoir que malheureusement, la plupart des chaînes africaines ne disposent plus de leurs archives ( pour des raisons financières mais aussi parfois politiques). Les images disparaissent et c’est des pans entiers de l’histoire qui partent en poussière… La plupart des archives que vous voyez dans le film proviennent de fonds d’archivage, occidentaux pour la plupart : en France, en Suisse, en Belgique, aux Etats-Unis, mais aussi des images filmées par des coopérants ou des journalistes en place pendant la révolution,… Il y a également des archives privées issues des pays voisins…

Q4. Avez-vous eu des difficultés à convaincre certains intervenants ?

Robin Shuffield  : Bien sûr. Tout d’abord les femmes ! Je trouvais mon film trop « masculin »par rapport à ses intervenants, un comble quand on veut parler d’un homme qui a tant fait pour l’émancipation des femmes.

Autrement, et de façon surprenante, c’est au Burkina Faso que j’ai eu le moins de mal à convaincre les gens d’intervenir.

Il faut savoir aussi qu’il y a eu environ une cinquantaine d’interviews pour ce film : des étudiants mais aussi des proches de Sankara.

La plupart n’ont pas été difficiles à convaincre.

D’autres ont attendu avant d’accepter.

Pour la petite histoire, quelqu’un de très proche du gouvernement de Blaise Compaoré « aurait » réussi à lui faire accepter du bout des lèvres une interview pour le film. C’est à vérifier évidemment mais j’ai essuyé finalement un refus faute de temps de la part du président. Il recevait Kadhafi au même moment.

C’est dommage, j’aurai bien voulu interviewer Le leader libyen par la même occasion !

Q5. Comment vous êtes-vous documentés ?

Robin Shuffield : Par des livres et des magazines dans un premier temps.

J’ai commencé par le premier livre de Sennen Andriamirado « Sankara le rebelle » puis les livres de Bruno Jaffré (excellents !) et de Valère Somé. J’ai retrouvé les textes des discours puis j’ai rencontré Paul Sankara, le frère du président, qui m’a beaucoup aidé. Par la suite, je suis parti à la recherche d’archives photos, radio et vidéo.

A un certain moment, je voulais un film qui raconte Sankara par personnes interposées. Le sujet était plus l’impact de Sankara que Sankara lui-même. J’ai donc posé plus ou moins les mêmes questions à tout le monde, qu’ils soient experts ou non, pour savoir ce qui avait le plus marqué les esprits. Je n’ai pas hésité non plus avant de finaliser le montage, à demander à des proches ou biographe de vérifier si tout ce qui était dit était vrai.

Q6. Vous n’hésitez pas à interviewés des opposants notoireS à La révolution. Il n’y a pas d’acteurs de la révolution interviewés si ce n’est des militants de base, est-ce un parti pris ?

Robin Shuffield  : Oui et non. Il y a deux points soulevés ici.

Effectivement, j’ai donné la parole à des opposants car je ne voulais pas être induit en erreur ou « récupéré ». C’est par soucis de déontologie (mon deuxième métier c’est journaliste !). La révolution n’a pas eu que des bons côtés et cela aurait été un mensonge de le cacher. En gros, je voulais le film apolitique tant que possible.

Par contre, j’ai donné la parole à des acteurs directs de la révolution : Pierre Ouedraogo qui était responsable des CDR, John Jerry Rawlings, le fraternel voisin du Ghana avec qui Sankara avait d’excellent rapport (et appuis), Hubert Bazié, fondateur du journal « l’intrus », Boukari Kaboré, un des plus fidèle capitaine militaire de Sankara.

J’avoue que d’autres ont du être enlevés du film pour des raisons de timing et de narration :

Ernest Nongma Ouedraogo, Hama Arba Diallo, Etienne Zongo, Valère Somé,… Sans oublié les membres de la famille dont le papa, les frères et sœurs,…

Q7. Votre film apparaît plus comme document pédagogique de présentation de la révolution que comme un portrait de Sankara ? Est-ce un parti pris ?

Robin Shuffield  : Tout à fait mais ce n’était pas le cas au début. Comme je l’ai dit plus haut, je voulais raconter Sankara par la population du Faso. Au fur et à mesure de la production, j’ai vu arrivé sur le bureau de plus en plus d’archives. Je trouvais dommage de les minimiser.

J’avais un profond sentiment vis-à-vis des jeunes qui n’ont rien vu de Sankara. Au delà du débat et de la conscientisation que suscite le film (surtout pour les occidentaux), je voulais restituer la mémoire, rendre publique aux Africains des archives auxquelles ils n’ont pas accès.

Je pense d’ailleurs que ce film sera diffusé en copie pirate sur tous les marchés du continent et c’est tant mieux !

Q8. Vous n’hésitez pas à laisser entendre que la France mais surtout la Côte d’Ivoire seraient impliqués dans un complot contre Sankara.

Robin Shuffield  : Je ne suis pas un inspecteur de police et je n’étais pas là le 15 octobre 1987. Dans le film, si vous observez bien, je n’accuse jamais directement qui que ce soit. Des preuves existent certes mais ce qui est le plus marquant, c’est le culot avec lequel les responsables se défendent ou sont « attristés » de la disparition de Sankara.

Je tiens à dire aussi qu’il est dangereux d’accuser un pays. Ce ne sont ni la France ni la Côte d’Ivoire qui ont assassinés Sankara, ce sont des gouvernements et plus particulièrement des « réseaux »…

Q9. Quelles sont les perspectives de diffusion du film.

Robin Shuffield : Le film est en route pour les festivals cette année. Il a été présenté à la compétition au Fespaco mais je doute qu’il soit accepté !!! Les premières diffusions n’ont pas encore été fixées mais plusieurs chaînes l’ont déjà acheté.

Q10. Vos projets maintenant ?

Robin Shuffield  : Je travaille sur deux gros projets de documentaires qui n’ont rien à voir et sur un projet de fiction où là, par contre il est possible que le personnage de Sankara fasse une apparition… Wait and see…

Propos recueillis pour le site thomassankara.net le 13 février 2007.

2 COMMENTAIRES

  1. > “L’homme intègre” un film de Robin shuffield
    Bonjour
    Je viens de voir le film de Robin Shuffield, il est très intéressant, sans parti pris. On y voit un jeune chef d’état plein de bonne volonté, efficace mais un peu trop rapide pour certains africains et pays occidentaux. Sankara a un humour brillant et une joie de vivre communicative. Seule ombre au tableau l’existence de tribunaux populaires qui nous rappellent de sombres moments de l’histoire. A voir absolument !

  2. “Thomas Sankara, l’homme intègre” un film de Robin shuffield
    Possedez-vous un lien permettant de telecharger la chanson de Abdoulaye Cissé, “Les Vautours”, mise à la fin du documentaire?

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