Par Thierno Guèye

Posté le Lundi 22 octobre, 2012 sur http://thiernogueye.seneweb.com

Nous, jeunesses africaines avions été inconsolables à l’annonce terrible de l’assassinat du jeune président du Burkina Faso le 15 octobre 1987. Notre tristesse inassouvible fut à la mesure de l’espoir suscité par le message véridique et révolutionnaire porté par le leader de la nouvelle révolution à laquelle il n’a eu de cesse d’inviter l’ensemble de ses collègues présidents. Il les exhortait régulièrement et sur toutes les tribunes de l’Afrique et du reste du monde à s’émanciper de l’Occident, à assumer leur africanité et refuser unilatéralement d’assumer le poids de la dette africaine léguée par des colonisateurs foncièrement cupides qui ont pernicieusement contribué à l’alimenter et à la gonfler.

Sankara est la dernière voix à avoir porté haut les aspirations d’intégrité et de liberté des jeunesses africaines depuis Lumumba, Nyobé et Nkrumah,entre autres héros de la période des combats pour les indépendances de nos pays asservis par les puissances occidentales. Le fait même que le discours de M. Sankara ait pu faire mouche dans les années 1980, au point de lui coûter la vie, montre bien à quel point l’Afrique francophone est encore sous le joug de l’ancienne métropole qui continue à décider illégitimement, au mépris du droit international, de la démocratie et du principe élémentaire de la souveraineté des peuples. Nous avons tous compris que le fait même de l’avoir fait assassiner par un de ses proches participe d’une stratégie diabolique menée par les différents présidents de la République française depuis Charles de Gaulle qui a réussi à gruger le peuple dont il avait en charge la destinée en inventant avec l’aide du tristement célèbre Jacques Foccart une politique africaine de la France officiellement officieuse.

De la même façon, on peut se demander comment de Gaulle a réussi à faire signer à des pays nouvellement « indépendants » et démocratiques des accords supposés de défense, eux aussi, officiellement secrets. La question que l’on est en droit de se poser est comment est-ce que l’intelligentsia française, l’opinion publique française et la prétendue « patrie des droits de l’Homme » ont pu laisser commettre une telle aberration perpétrée en leur nom sur des peuples qui ont exactement les mêmes aspirations que la France. Bien entendu, la même question doit être retournée aux élites africaines de l’époque. Toujours est-il que le Leader éternel des idéaux des jeunesses africaines a été emporté par le système mafieux de la Françafrique, il y a maintenant vingt-cinq longues années. Aujourd’hui encore François Hollande, à l’instar de son prédécesseur Nicolas Sarkozy est revenu nous parler de la fin de ce réseau colonialiste occulte au début de son mandat. S’il y a bien une chose dont la mise à mort ne se décrète point, c’est la Françafrique. Ceux qui sont assez candides pour y croire n’en seront jamais affranchis pour une raison simple, c’est que c’est aux africains eux-mêmes de mettre un terme à cette nébuleuse aliénante et criminelle qui perpétue la colonisation en continuant en nous traiter comme les « indigènes » que nous étions à leurs yeux et que nous n’avons jamais été aux nôtres propres. Comme disait l’autre, la liberté ne se négocie pas, elle s’arrache, un point c’est tout !

Mais, au vu de la marque indélébile laissée par le président Sankara sur la conscience des jeunesses africaines et de l’impacte que son rêve pour l’Afrique a eu sur l’idée qu’elles se font désormais de reconstruction du plus vieux continent au monde, nous pouvons saluer la clairvoyance du Président éternel du Burkina Faso. En effet, il est de notoriété publique maintenant que Thomas Sankara se savait menacé et connaissait bien l’origine des complots qui visaient très clairement à l’éliminer. Pourtant, devant l’insistance de ses services secrets et de sa garde rapprochée, il refusa de porter les premiers coups à ses amis au nom, justement, de l’amitié et de la fidélité. Thomas Sankara, qui savait pourtant sa fin proche, décida de lui faire face les yeux dans les yeux, la poitrine offerte épargnant ainsi la vie de ses compagnons et « l’ivoirisation » du Burkina.

Aujourd’hui, nous pouvons dire que Sankara a bien gagné son pari puisque n’ayant pas été vraiment entendu ni compris de son vivant, voilà que sa mort, après avoir suscité l’émoi des peuples africains, nous incite toutes et tous aujourd’hui à vouloir en savoir plus sur les raisons occultes de son assassinat, mais aussi sur ses idéaux pour Le Plus Vieux des Continents. À l’instar du Messie, il est mort pour le salut de notre continent, à ce titre, sa mort vaut bien plus qu’une journée de célébration en reconnaissance de son sacrifice suprême. Chaque Africaine, chaque Africain, chaque jour devrait non seulement méditer le pari audacieux et courageux réussi par Sankara, mais ils devront surtout marcher résolument sur ses pas qui sont ceux de la dignité humaine, de l’intégrité, de la générosité, de la détermination, du développement et de l’amour pour l’Afrique. Alors seulement, nous pourrons espérer faire de notre cher Continent un « Burkina Faso », autrement dit un Continent des Hommes intègres capables de relever les nombreux défis qui gangrènent le fabuleux Destin du Premier Continent.

Sankara a perdu la vie pour ne pas avoir été assez entendu et assez soutenu, serons-nous à la hauteur de son legs afin que son projet africain se réalise enfin ?

Thierno Guèye

Source : http://thiernogueye.seneweb.com

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