Le Conseil national pour la renaissance/ Mouvement sankariste (CNR-MS) et l’Union des partis sankaristes (UPS) ont organisé, dans le cadre de l’anniversaire du 4 août 1983, un forum à Ouagadougou le 4 août 2009. Il y a été question de dénoncer « l’ensevelissement de l’œuvre et de l’homme (ndlr : Noël Isidore Thomas Sankara) ».
« Héros national du 4 août et la loi anti-valeur du 14 mai 2009 : une couronne d’épine ». C’est le thème qui a réuni au cours d’un forum l’Union des partis sankaristes (UPS) et le Conseil national pour la Renaissance/Mouvement sankariste (CNR/MS) dans le cadre du 26e anniversaire de la révolution d’août 1983.
Pour Mamadou Kabré, responsable à la communication, qui a livré l’exposé, le pouvoir en place a usé de tous les stratagèmes pour effacer l’œuvre de Thomas Sankara, pourtant érigé en héros national : débâptisation des rues de la Palestine, de Che Guevara ; effacement de la date du 4 août dans le calendrier des fêtes nationales ; non-inauguration de la rue Thomas Sankara comme toutes les autres rues et, tout récemment, la loi du 14 mai 2009 qui interdit désormais aux partis politiques d’utiliser l’effigie de Thomas Sankara dans leurs logos sous prétexte que ce héros national appartient à tous.
« S’il appartient à tout le monde, chacun a le droit de l’utiliser. Nous allons résister par tous les moyens contre cette loi injuste, votée avec la complicité de certains qui se réclament des idéaux du leader de la révolution d’août », s’est indigné l’orateur du jour. Il s’est dit outré que cette loi du code électoral puisse avoir la caution de Me Bénéwendé Sankara « qui se dit sankatiste ».
« Il se dit que l’œuf est reconnu comme étant l’emblème d’un parti sankariste, donc il n’est pas concerné par une telle mesure ; c’est vraiment décevant », a-t-il conclu. Le président de l’UPS, Joseph Ouédraogo, ne dit pas autre chose : « Nous allons faire la résistance contre le CDP et contre les faux sankaristes qui partent nuitamment voir le président à Ziniaré », a-t-il souligné, avant de poursuivre son réquisitoire contre le parti de l’œuf.
« J’ai été membre fondateur de l’UNIR/MS, nous nous sommes battus pour arracher trois sièges à l’Assemblée nationale occupés uniquement par des ressortissants du Passoré. En tant que vice-président, j’ai essayé de résoudre la crise qui s’en est suivie, mais nous avons été traités de subversifs, c’est à cause de la mauvaise gestion et du comportement de certains camarades, notamment les frères de Me Sankara, que nous avons quitté ce parti qui ne veut jamais se remettre en cause pour avancer ».
Par rapport à l’unité des sankaristes, Mamadou Kabré dira sans équivoque : « Nous ne sommes pas contre, mais nous n’irons pas nous saborder avec notre âme et conscience ».
Les couronnes d’épines qui provoquent une souffrance post mortem à Thomas Sankara ont été citées à profusion au cours de cette rencontre, ce qu’il faut peut-être savoir, c’est que la principale épine au pied de ce dernier ne peut être que la désunion de ses héritiers.
Abdou Karim Sawadogo
Sandrine Sawadogo (stagiaire)
Source : L’Observateur du 6 aout 2009 http://www.lobservateur.bf/spip.php?article12093
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A propos de ces déclarations, nous vous proposons les commentaires de l’Indépendant Numéro 831 du mardi 11 août 2009 parus sous le titre :”An XXVI de la RDP : La cruche se brisera-t-elle avant la destination ?”
Le sujet sur la discorde des sankaristes est devenu presque fade. Le problème, c’est que les dissensions apparaissent plus visibles à l’occasion de l’anniversaire d’un évènement aussi capital que fut l’avènement de la révolution. Il y a également que ces grandes dissensions font suite à l’union sacrée des sankaristes qui a prévalu à l’occasion de la commémoration des 20 ans de l’assassinat du Capitaine Thomas Sankara.
Pour sûr si une présidentielle avait lieu au lendemain de cette commémoration, les Sankaristes auraient leur mot à dire. Hélas, nous sommes à la veille d’une présidentielle et les forces se dispersent parmi des Sankaristes. Face à l’Union pour la Renaissance/Parti Sankaristes (UNIR/PS), l’Union des Partis Sankaristes (UPS) se dévoie. En effet, combien d’UPS y a-t-il à ce jour ? Il est difficile de donner un chiffre selon Jean Hubert Bazié, le seul porte-flambeau de l’Union des Partis Sankaristes, c’est la Convergence de l’Espoir, parti qu’il dirige. Il l’a dit dans une déclaration publiée dans des journaux de la place. Il passe un savon à son ancien allié Joseph Ouédraogo qui a entre temps assumé la présidence de l’Union des Partis Sankaristes. Il est clair qu’une brouille s’est installée entre ceux qui avaient privé Norbert Michel Tiendrébéogo de la présidence de l’UPS.
La suite, on l’a connaît. Il a boudé la coalition, remettant en cause la légitimité de son successeur, le député Nestor Bassière. Ce dernier est allé grossir les rangs de l’UNIR/PS. Apparemment, son ami Joseph Ouédraogo revendique l’Union des Partis Sankaristes. A l’occasion du 26è anniversaire de l’avènement de La Révolution Démocratique et Populaire, Joseph Ouédraogo et les siens ont animé un forum. Les animateurs du forum étaient l’UPS et le Conseil National pour la Renaissance/Mouvement Sankariste (CNR). Ici, les représentants de l’UPS sont notamment Joseph Ouédraogo que l’on présente comme le président de l’UPS, Mamadou Kabré, responsable à la Communication. Nous voilà donc à la case départ : de deux blocs, l’on se retrouve avec un bloc et une multitude de partis sankaristes flottants. Le cadeau d’anniversaire est déroutant. Est-ce la manière pour l’UPS de préparer 2010 ? Un avant-goût de la multitude des candidats sankaristes à l’élection présidentielle de 2010 ?
C’est une prouesse que cette coalition ait survécu à l’épisode Norbert Tiendrébéogo. Il s’était éclipsé sur fond de révélations calomnieuses Il ne s’était pas empêché de porter sur la place publique, ce que Joseph Ouédraogo lui avait dit sur Jean Hubert Bazié tout bas. C’est donc logiquement que l’on s’attendait à ce que la coalition ne vive pas longtemps. Peut-être pas pour cette raison, mais la coalition ne semble plus tenir. Et c’est tant pis pour ceux qui voulaient « rééditer l’exploit de 1983 » (justement du 4 août en 2010). Le rêve se transforme en cauchemar à la veille de 2010. Faut-il y voir aussi la conséquence du refus du Ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation de délivrer un document de reconnaissance officielle à la coalition ? Cela a-t-il pu décourager certains partis de la coalition ? La déclaration du 24è anniversaire était claire la-dessus. En 2010, nous sommes à 23 ans du début de la rectification ou pour certains de la renaissance démocratique. Comme 23 ans après les indépendances, les Sankaristes de l’UPS comptaient s’installer au pouvoir cette fois-ci, par la voie des urnes. Ils comptaient sur l’unité de tous les sankaristes.
Eux-mêmes semblent avoir éteint le feu de l’espoir qu’ils avaient allumé. Les sankaristes de l’UPS décident-ils de laisser le peuple entre les mains d’un système qu’ils ont eux-mêmes qualifié de « mafieux et ravageur » ? Il y a des raisons de perdre l’espoir. La manière dont cette constellation de partis sankaristes s’est effondrée laisse perplexe. C’est un capital politique important qui a été ainsi jeté aux quatre vents. Par la faute de qui ? L’on ne saurait le dire. Mais le fait est têtu. Il suffit de voir la manière dont le président de la Convergence de l’Espoir vole dans les plumes de celui qui a fait office de président de l’UPS. Sankaristes vrais et sincères, faux ou bidons, chacun doit avoir maintenant passé un quart d’heure sous l’une ou l’autre des étiquettes. Il est tant de se choisir son adversaire, de penser à tenir maintenant vos promesses d’alternance. Pour l’instant, il semble que Bazié tape plus sur Joseph Ouédraogo que Blaise Compaoré. Joseph Ouédraogo a plus tiré sur Me Benewendé Sankara que sur le rectificateur de la révolution. Et c’est malheureusement ça le combat des Sankaristes aujourd’hui. Dans le temps on aurait crié « À bas ! » telles attitudes !
Aziz Vincent LEGMA
L’Indépendant
Source : http://www.independant.bf/