L’article ci-dessous a été publié dans le numéro 517 de l’Indépendant (voir http://www.independant.bf/) du 5 au 12 août 2003 à l’occasion du 20 ème anniversaire de la Révolution.
CNR : que sont devenus les révolutionnaires
Il y a vingt (20) ans déjà qu’un quarteron d’officiers avait proclamé avec le soutien de partis clandestins d’obédience marxiste-léniniste la Révolution au Burkina Faso. En dépit de ses lacunes au niveau de la question des droits de l’homme, ce mouvement avait séduit la jeunesse africaine et même au delà, partout où règnait l’oppression.
Deux décennies après, il ne s’agit pas pour nous de faire un quelconque bilan, ni non plus l’inventaire de ce qui reste de son héritage strictement réduit aujourd’hui à de simples oripeaux sourcilleusement conservés par les épigones du défunt capitaine Thomas Sankara. Et pour exorciser le fantôme sankariste, le régime de la IVè république s’évertue à démanteler le principal héritage de la Révolution d’Août : l’éveil des consciences, les vertus morales (honnêteté, patriotisme, sens du sacrifice, respect des deniers publics, etc.) et cela à coups de corruption, d’immunité et autre slaxisme. Bref ! Notre intention est de faire plus ou moins revivre cette épopée en présentant un échantillon de personnalités qui ont été de grands acteurs de la RDP. Qui étaient-elles et que font-elles aujourd’hui ?
Blaise Compaoré
A tout Seigneur tout honneur ! Blaise Compaoré est de tous les Burkinabè qui sont encore de notre monde, celui qui a occupé les plus hautes fonctions sous le Conseil national de la révolution (CNR). Ministre d’Etat, ministre de la Justice de l’époque, il était également connu comme l’alter ego du Président Sankara dont il était du reste le N°2. Pour les communistes qui animaient idéologiquement le système, il était le plus sûr du point de vue des conditions révolutionnaires, comparativement aux autres chefs historiques de la Révolution que sont Thomas Sankara, Jean Baptiste Lingani et Henri Zongo, tous passés par les armes au nom d’un prétendu approfondissement de la Révolution ou d’une fallacieuse tentative de déstabilisation.
Blaise Compaoré, qui se retrouve seul à la barre depuis un certain 19 septembre 1989 ne rêve pas de quitter le pouvoir de sitôt alors que son règne a été le plus long (à ce jour) dans l’histoire politique du pays. Les plus optimistes présagent sa retraite en 2011 avec pour seul élément de référence, le simple fait qu’il veuille organiser au cours de cette année l’élection des Présidents des conseils régionaux, en sorte le genre de "potentats" avec lesquels il n’aimerait pas avoir à travailler, pour reprendre son expression justifiant le refus d’élection des gouverneurs si l’on en croit des indiscrétions de son entourage. Beaucoup de choses ont été dites et écrites sur le pouvoir de Blaise Compaoré et quelle que soit la manière dont il quittera, il restera toujours le souvenir du régicide, d’un règne fait de sang et de larmes mais aussi de la restauration de la corruption, de l’enrichissement illicite, d’un endettement excessif du pays qui hypothéquera dangereusement l’avenir des générations futures. En somme, un passif qui occultera des éléments positifs comme le rétablissement des libertés individuelles et collectives ainsi que les quelques percées diplomatiques réalisées au prix d’une avalanche de manifestations internationales organisées à Ouagadougou
Pierre Ouédraogo
Dans la hiérarchie du régime révolutionnaire, le Capitaine d’aviation Pierre Ouédraogo est celui qui venait immédiatement après les quatre (4) Coordonnateurs du Faso en sa qualité de Secrétaire général national des Comités de défense de la révolution (CDR). Cet homme, au verbe haut qui n’a jamais manqué de bagout, prenait très au sérieux sa mission de diriger les fameux fers de lance de la révolution au point d’incommoder, voire de déranger à l’intérieur comme à l’extérieur. "La Révolution, c’est les CDR et quand on applaudit l’un, on applaudit l’autre". Avait-il lancé dans un tonitruant discours à l’ouverture d’une conférence des CDR d’université. On n’oubliera pas non plus son adresse "aux garde-chauvismes de l’Afrique qui se font passer pour des sages du Continent" faite à Banfora à l’endroit du Vieux Félix Houphouët Boigny.
Curieusement, depuis le 15 octobre 1987, celui que notre Confrère Sennen Andriamirado avait appelé le "haut parleur de la Révolution Voltaïque" a sombré dans l’anonymat même après sa libération par les camarades rectificateurs. Reversé dans la Fonction publique puis réhabilité, Pierre Ouédraogo qui doit avoir (si nos sources sont bonnes) le grade de lieutenant-colonel, a fait un brillant passage à l’ONATEL où les cadres qui l’ont approché ne tarissent pas d’éloges à son égard. Actuellement, il sert à l’Agence internationale de la Francophonie (AIF) dans le domaine des nouvelles technologies de l’information, précisément le volet internet. Pierre CDR est devenu Pierre Internet.
Abdoul Salam Kaboré
Le pharmacien-commandant a fait un passage éclair à la tête des CDR avant de diriger le ministère de la Santé puis celui des Sports. Resté fidèle au Président Sankara à l’instar de Pierre Ouédraogo, Abdoul Salam Kaboré a goûté également aux affres de la détention administrative sous le Front populaire. Libéré puis réhabilité, il a choisi d’exercer son métier en tant que privé. On le rencontre très souvent servant lui-même les médicaments dans sa pharmacie (LA PHARMACIE DU PROGRES) à Pissy au secteur 17 de la ville de Ouagadougou, ou encore jouant à la pétanque en face de celle-ci au côté nord de la route menant à Bobo-Dioulasso. Abdoul Salam Kaboré, qui ne regrette pas son action révolutionnaire, déclare être consolé par les témoignages qui fusent des différentes couches sociales de plus en plus dépitées par les avatars d’un système crypto-bourgeois et compradore qu’elles avaient cru à jamais révolus.
Valère Somé
C’est l’ancien ministre de l’Enseignement secondaire, supérieur et de la Recherche scientifique dans le dernier gouvernement de Thomas Sankara. Il était connu comme l’un des idéologues du régime révolutionnaire et passait pour être l’âme damnée de son Président, le capitaine Sankara dont il peaufinait les discours de sa plume élégante à ce que l’on dit. Valère Somé a été également le Secrétaire général de l’Union des luttes Communistes reconstituée (ULC/R), l’une des formations communistes membres du CNR dont la bagarre avec ses consoeurs l’ULC/La Flamme, le GCB (Groupe communiste burkinabè) et l’UCB (Union des communistes burkinabè) autour de la fondation d’un parti marxiste unique, a conduit aux événements dramatiques du 15 octobre 1987.
C’est donc naturellement qu’il a chèrement payé son engagement aux côtés du président défunt ; incarcération avec Basile Guissou et Charles Salvi Somé et tortures suite à la diffusion d’un tract hostile au régime du Front populaire dont la paternité leur a été attribuée avec affectation arbitraire et exil à l’étranger, ont constitué le lot de Valère Somé à l’heure de la rectification. Après une tentative d’évasion soldée par un échec à la gendarmerie de Ouagadougou, Valère Somé réussira à s’échapper à moto après sa libération suite à une autre alerte, pour se rendre au Mali. Mais son premier asile politique lui a été accordé par le Congo de Denis Sassou N’guesso avant qu’il ne se retrouve en France pour quelques années. Dans l’Hexagone, il écrit un livre ("Un espoir assassiné ") conformément à l’engagement écrit qu’il avait adressé au Président défunt pendant la crise. Valère essaie de réorganiser son parti, devenu PDS (Parti pour la Démocratie Sociale) à partir de l’étranger avec comme animateur principal, la magistrat et ancien ministre de la Justice Train Raymond Poda.
Après son retour au pays, le parti de Valère fusionne dans un premier temps avec le GAD (Groupe d’action démocratique) de Hamidou Diao et le Parti écologique pour le progrès (PED) de Salvi Charles Somé pour créer le PDSU (Parti pour la démocratie sociale unifié). Il y aura une seconde fusion avec le Bloc socialiste burkinabè (BSB) de Nongma Ernest Ouédraogo et une partie du Front des forces sociales (FSS) pour créer la Convention panafricaine sankariste (CPS). Après l’échec de sa révolution de palais ourdie contre le président du parti à la veille des élections législatives de mai 2002, Valère Somé et ses amis sont allés se présenter sous la bannière de l’UDPI de Longo Dongo. Là également, il échoua dans sa tentative d’OPA sur cette formation.
Valère Somé, à qui le Chef de l’Etat avait promis l’Ambassade du Burkina Faso à Accra, s’est démarqué de l’idéologie sankariste et a créé déréchef sa propre formation politique dénommée CDS (Convention pour la démocratie sociale). Rentré d’exil au milieu des années 1990, il avait toujours voulu se rapprocher du pouvoir mais a toujours été repoussé jusqu’à la période des élections législatives de mai 2002, où ce rapprochement a finalement eu lieu grâce à sa célèbre théorie de "deux flèches, un carquois" du Collectif. On susurre qu’il a reçu beaucoup d’argent du pouvoir pour sa campagne. Il aurait cependant eu des écarts de langage pendant la campagne à l’égard de ses bienfaiteurs, qui auraient tout fait pour qu’il ne soit pas élu député. Pour se moquer de lui, Blaise Compaoré l’aurait appelé en personne pour lui annoncer son propre échec. Valère est actuellement chercheur au CNRST.
Basile Guissou
Cet autre cadre de l’ULCR qui avait écrit dans une lettre très pathétique qu’il est de "cœur, d’esprit et de chair" avec le Président Sankara alors que le CNR traversait une crise sans précédent. Il a osé déclarer quelques années plus tard qu’il avait rendu sa démission du dernier gouvernement révolutionnaire. On ne sait pas trop s’il a été dompté par la torture, ou la force des feuilles. En tous cas, Basile Guissou qui a été enlevé, puis battu et laissé pour mort, le crâne rasé au style zoulou au bois de Boulogne avait bien connu auparavant l’incarcération, et la torture au camp de gendarmerie de Ouagadougou avec Valère et Salvi Charles Somé. Ils ont retrouvé la liberté grâce au reportage poignant de notre confrère Stephen Smiph, à Amnesty International et à la pression diplomatique italienne, particulièrement au Député européen et secrétaire fédéral du Parti radical italien (PRI), Marco Pamella. L’Italie, on s’en souvient, avait menacé d’arrêter la construction de la route Kaya-Dori si Basile Guissou n’était pas libéré. Celui qui est devenu Secrétaire fédéral adjoint du parti radical ivoirien, et qui s’est même rendu à un colloque organisé par cette formation à Budapest en Hongrie en compagnie de Marco Pamella, a effectué une mission à Paris pour le compte du Front populaire mais ne voulait pas s’afficher avec la délégation. Il a fallu la supplication de l’Ambassadeur Serge Théophile Balima pour qu’il quitte la Communauté dans la salle pour rejoindre le présidium. A l’époque, Valère Somé et ses camarades présents sont tombés des nues. Basile Guissou, qui a l’échine souple, n’a pas eu de difficulté à réaliser sa mue. Devenu membre du bureau politique du CDP, il serait l’une des plumes talentueuses qui anime sous des pseudonymes divers, les Colonnes de certains confrères connus par leur dévotion au régime Compaoré, parallèlement à sa fonction de Directeur Général du CNRST. On ne peut pas trouver meilleur exemple de pardon comme ils l’ont proclamé lors d’un micro-trottoir réalisé dans le cadre de la Journée nationale du pardon (JNP ).
Ablassé Compaoré
Le conseiller juridique du Président du CNR n’était pas très connu du grand public. La seule occasion où il a été bien remarqué, ce fut quand il est venu témoigner devant le TPR, suite aux graves accusations faites à Touré Soumane contre le régime, dont son patron qui en était le premier responsable. On ne sait pas s’il doit sa baraka à sa discrétion mais, tout compte fait, il a été l’une des rares personnalités à pouvoir franchir rapidement la frontière pour prendre le chemin de l’exil. En France où il s’est réfugié, il avait choisi de s’appeler Paul Ouédraogo pour les besoins de ses correspondances avec les amis et parents restés au Burkina, recevait ses correspondances sous le couvert de Monsieur François Bouchareau, un Monsieur qui a pris part au forum anti-apartheid organisé en octobre 1987, le Comité Bambata, une semaine avant le coup d’Etat des rectificateurs. Ablassé Compaoré est rentré au bercail et a ouvert un cabinet d’Avocat.
Les autres révolutionnaires
> CNR : Que sont devenus les révolutionnaires?
Surprise ! C’en est vraiment une. Bien que vivant au Burkina Faso,je n’avais jamais pris connaissance de cet article signé de Michel Zougrana. Encore lui ! Vous vous souvenez de mon empoignage avec Liermé Somé Directeur du journal de l'”Indépendant” dont “l’Observateur Paalga” en a fait échos. Je croyais que le sieur Michel Zougrana allait arrêter avec ses diffamtions sur ma personne. helas ! Je constate qu’il persiste. Lui et ses collaborateurs ont réussi la triste performance de ravaler l'”Indépendant”, le journal de Norbert Zongo,au rang des feuilles de choux de la place, qu’on ne se donne plus la peine de lire. La preuve ! N’eût été votre site, je n’aurai jamais pris connaissance de l’article qui nécessite une réaction de ma part. Pour en venir au contenu de l’article,je dois dire ceci : 1°- Jamais, il ne m’a été proposé d’être nommé à l’ambassade du Ghana ; 2°- Je n’ai jamais reçu de l’argent de la part de Blaise Compaoré pour quoi que ce soit. 3°- Si j’ai cessé toute activité au sein des partis politique surtout ceux se disant sankaristes, c’est par pure déception. Vis-à-vis des individus comme Liermé Somé, alias Michel Zougrana, je n’éprouve que du dégoût. Je dis à qui veut l’entendre, que je ne fais plus de la politique des partis, mais je réfléchis et j’écris, et je pense pouvoir laisser à la génération montante, des ouvrages qui l’instruiront beaucoup plus que les médisances et autres colportage dont “L’indépendant” de Liermé Somé s’ilustre chaque jour davantage. L’avenir seul nous dira qui est resté fidèle aux idéaux défendus par le Président Sankara. Pour l’instant, si j’avais fait allégeance au Présiident Blaise Compaoré,vous conviendrez avec moi, qui’il m’aurait fallu au préalable renié mon ouvrage “Thomas Sankara, l’espoir assassiné”, ouvrage que les Liermé Somé et autres, craignent, jusqu’à nos jours, de citer. J’ai toujours dit, qu’en temps de paix tout le monde devient héros. Cet ouvrage, est plus que tout acte,plus que tout propos, une réhabilitation de mon amis Thomas Sankara. Je ne l’ai jamais renié. J’ai dit que si on y relevait des erreurs,des affirmations inexactes, j’étais prêt à faire mon autocritique. Et je suis encore dans l’attente. LA présente réponse, je l’ai faite pour l’Histoire, la seule instance qui finira par faire justice à tous. Il faut du tout pour faire un monde,même les cafards et les rats d’égout (Les liermè Somé et autres) y ont leur place. Aux animateurs du site,tous mes encouragementset qu’ils ne se départissnt jamais de la recherche de la vérité. Dr Valère D. Somé Chargé de recherche INSS-CNRST Ouagadougou-Burkina Faso Tel(Do):226-50365201 Tel(Port):226-70212629 E-mail :valere.some @ yahoo.fr
La Révolution Démocratique et populaire.
Camarade Valere Somé, vous avez beaucoup à faire. conservez vos énergies pour effectivement laisser quelque chose de palpant aux générations futures comme votre vision l’indique. Quand aux hiboux aux yeux gluants et les tortues à double carapace, ces majorettes des fetes comtemporaines, moi j’ai encore leur temps. je peux répondre à leur sinisme afin qu’au moins ils donnent la vraie leçon à leurs enfants. Eux meme savent maintenant leur position. ils savent que Blaise sait qu’ils sont à ses cotés pour quelque chose. mais leur coéficient intellectuel se résumant à la lâcheté, au brigandage politique et au mensonge, ils sont en dernière analyse des lèche bottes. Le conseil supérieur de l’information devrait se saisir de ces types de déclarations pour poursuivre et punir ces indéliquats. ou alors quel est son rôle? Camarade Somé, ne perdez plus le temps à répondre à ces inconcients politiques
Lassané BAMBA. Vendeur de timbres poste à Houndé. tél: 78109060
> CNR : Que sont devenus les révolutionnaires?
je dois dire que je reconnais le verbe de “mon” valere. Neanmoins meme s’il a été decu (et a juste titre !) des partis dits sankaristes, je ne comprends pas comment il a pu se faire évincer si facilement de la scene politique au burkina ? je ne comprends pas ! je l’avoue ! son ton sonne plutot comme s’il decidait d’aller à la retraite politique ; ce n’est plus valere !!! la dépression ? le decouragement ? l’orgueil ? l’isolement ? l’abandon des idees ? la menace contre sa vie ? il a été acheté ? l’age ? … la tare principale au burkina c’est les ragots, la division et le faux-typisme : alors comment se laisser tué par cela. je ne comprends plus. je sais : c’est pas facile, comme on dit… Pauvre sankara !!!
Quant a Liermé somé que je connais car avons milité ensemble meme si ce n’etait pas les memes idees : nous etions d’abord de la meme generation apres tout. J’étais plutot surpris de le voir a ce poste, mais qui n’évolue pas (positivement cela s’entend !) ? Or Valere semble dire que ce n’etait pas positif… Dommage qu’il ait terminé ainsi… d’aucuns disent “kafcidenté” c’est-a dire “assassiné” alors qu’il etait malade. Par je ne sais qui et pourquoi d’ailleurs ? les rumeurs, toujours, les rumeurs… c’est la specialite des burkinabe apres tout
Somé
CNR : Que sont devenus les révolutionnaires?
Un de ses illutres revolutionaire à la personne de Salvi Charles SOME vient de s’etteidre le mardi 11 janvier 2011 à Bobo de suite d’une longue maladie. Paix à son ame………..;;;