Nous vous livrons un document inédit jusqu’ici. Nous avions récupéré l’enregistrement et il a fallu le retranscrire. Il s’agit de la conférence de presse à Vittel à l’hotel Méridien à l’issue du sommet France Afrique d’octobre 1983. On trouvera une vidéo d’un extrait de la conférence à http://www.thomassankara.net/conference-de-presse-de-thomas-sankara-a-paris-octobre-1983-video/

Nous sommes en octobre 1983, la révolution ne fait que commencer. Le Burkina parait isolé par rapport aux autres pays africains. En plus présenté comme l’homme de la Libye, Thomas Sankara doit affronter de nombreuses questions sur ses rapports avec ce pays. Il a fait un esclandre lorsqu’il fut accueilli par Guy Penne. Mitterrand a chargé son fils Jean Christophe d’éviter que Thomas Sankara ne quitte la conférence. En plus nous sommes en plein conflit tchado libyen. On devine déjà les déceptions de Thomas Sankara face à l’accueil qu’il du recevoir du pouvoir socialiste. D’ailleurs pour lui il n’y a aucun doute, le faire accueillir par Guy Penne est une provocation, car ce dernier est pour lui un des responsables de son éviction le 17 mai 1983.

Les journalistes ne vont pas lui faire de cadeau. La révolution n’a pas encore de bilan, alors que nous savons aujourd’hui que c’est bien sur le bilan qu’il faut juger de cette révolution et de son dirigeant.
Et on se méfie des militaires, encore plus s’ils se déclarent révolutionnaires.

En plus Thomas Sankara a l’outrecuidance de critiquer la France, et dans un langage éloigné des usages de la diplomatie. L’exercice est difficile, il arrive pourtant à contre-attaquer, mais dans un langage que les journalistes ne connaissent pas, qui leur est étranger. On sent une grande incompréhension de chaque côté. Il se défend comme un diable mais il apparait tendu. Mais la salle lui semble particulièrement hostile. Mais il se bat, défend ses convictions avec force.

Thomas Sankara laisse pourtant de lui, avec le recul, l’image d’un excellent communicateur. Sans doute a-t-il tiré la leçon de cette conférence de presse. Ce document reste exceptionnel. C’est la première conférence de presse entièrement retranscrite. Nous espérons en récupérer d’autres mais rien n’est sur.

La rédaction


 

Thomas Sankara : Je vous remercie d’avoir répondu à notre invitation. Je remercie d’avoir manifesté aussi votre indulgence à notre égard car vous avez généralement demandé des interviews que nous n’avons pas pu faute de temps vous accorder et nous nous sommes trouvés dans l’obligation de vous regrouper pour quelques minutes apporter l’éclairage dont vous avez besoin vous d’abord mais dont vos lecteurs ont besoin pour mieux connaître la Haut Volta, pour mieux comprendre aussi notre volonté d’instaurer un dialogue entre les peuples, pour mieux comprendre notre détermination à combattre nos ennemis, lesquels ennemis finalement sont les mêmes quelque soit le siège sur lequel on se place, lesquels ennemis dépendent simplement de la position sociale que l’on occupe. Et sans plus tarder, mesdames, messieurs, je vous donne la  parole pour poser vos questions

Question : Monsieur le président, quel est votre avis sur le sommet de Vittel et votre analyse sur la situation au Tchad. Vous faites parti des Chefs d’Etat qui ont rejeté la déclaration sur le Tchad proposé par les Etats modérés. Que reprochez vous exactement à cette déclaration.

Thomas Sankara : Je vous remercie. A propos de la conférence qui s’est tenue à Vittel, c’est le lieu de rendre hommage à la presse française qui, dans sa globalité, a titré que cette conférence à été un demi succès, ce qui veut dire un demi-échec. Pour nous voltaïques, nous considérons que cette conférence a été un succès, un succès total dans la mesure où elle a permis de comprendre que certains notions sont dépassées, dans la mesure où elle a permis de comprendre que certaines barrières doivent tombées et que les problèmes africains doivent se résoudre entre africains. Le président de la République française M. François Mitterrand lui-même, dans la conclusion qu’il tirait a…, s’est longuement étalé sur le fait qu’il s’agit d’une rencontre informelle, sur le fait que ni résolution ni décision ne pouvait sortir de cette conférence, donc a reconnu implicitement l’incapacité d’une telle conférence à résoudre fondamentalement les problèmes qui se posent aux africains et il l’a fait remarqué très clairement. Donc nous pensons que cette conférence a été une occasion concrète de s’apercevoir qu’il est illusoire que, sur des bases aussi informelles, nous puissions débattre de questions importantes comme celles qui touchent, qui frappent les africains actuellement. Du reste, nous sommes surpris, nous voltaïques, que des cadres juridiques comme l’OUA, qui tiennent régulièrement des conférences au sommet qui posent les problèmes importants, politiques et économiques aient tant et tant de mal pour rassembler les chefs d’Etat africains qui ont exclusivement concernées et qu’ au contraire d’autres conférences comme celle-là sans ordre du jour précis avec aussi ce que chacun sait comme incapacité totale à résoudre la plupart de nos problèmes donc que cette conférence attire si facilement les chefs d’Etat africains. Il y a là une question à se poser. Mais il y a aussi des points positifs, très positifs, et je citerai notamment la possibilité pour nous de nous rencontrer en une seule fois, en un seul lieu, en si peu de temps de rencontrer la plupart des chefs d’Etat les dirigeants africains et français. Je vois bien que l’objet de Vittel ou des conférences France-Afrique n’est certainement pas seulement la possibilité de se rencontrer. Il y a donc à se demander à quoi sert cette conférence, ce type de conférence. Nous continuons nous à nous poser la question et lorsque nous y aurons… nous aurons trouvé la réponse nous donnerons notre appréciation nouvelle sur ce type de conférence.

A propos du Tchad, nous pensons que… nous sommes très sensibles d’abord au drame qui frappe le peuple tchadien dans la mesure où il est révélateur de la fragilité de nos jeunes Etats dans la mesure om ce drame est révélateur de la puissance de l’impérialisme qui impose partout et toujours sa volonté sème sa désolation dans les foyers, les familles africaines, fait couler le sang.

Nous sommes sensibles aussi au drame tchadien dans la mesure où il peut se reproduire dans d’autres Etats telle la Haute Volta. Nous ne pouvons pas ne pas participer à tout ce qui tend à trouver une solution à ce problème. Mais nous disons que le drame tchadien n’aura de solution qu’entre tchadiens à l’exclusion de toute intervention d’où qu’elle vienne, d’où qu’elle soit.

Et ce sont bien les ennemis de l’Afrique ce sont bien  les ennemis des peuples africains qui encouragent telle ou telle d’intervention. Car en fait il ne sert à rien de soutenir une tendance au Tchad sous prétexte que l’on recherche la paix. Parce que il n’y a pas d’autre façon d’obliger l’autre tendance à prendre le maquis pour revenir éventuellement. Or l’impérialisme avec ses intérêts sait jouer sur les contradictions qui existent à l’intérieur des peuples. C’est pourquoi la Haute Volta estime que le problème tchadien n’aura de solution que lorsqu’il aura été porté devant les tchadiens et seulement devant les tchadiens. L’OUA est un cadre juridique qui permet de garantir la recherche d’une solution et nous estimons que tout autre cadre viendrait en usurpation, en immixtion dangereuse dans ses  problèmes. Enfin concernant la déclaration que nous n’avons pas voulu soutenir, que nous avons rejetée, nous ne pensions pas que la presse en serait informée puisque nous n’avions pas voulu qu’elle soit publiée, mais puisque vous êtes informés de toute façon nous vous donnons notre position.

Nous disons que sur le principe nous ne sommes pas d’accord parce que une telle conférence une telle réunion a notre avis n’est pas habilitée à publier en l’occurrence une déclaration.

De deux, nous disons que s’il y a une déclaration concernant le Tchad. Il y aurait du y avoir une déclaration concernant le drame angolais. Le représentant de l’Angola a lancé un cri pacifique devant tous ces honorables délégués représentant de leurs état, chefs d’Etat et nous n’avons pas vu de déclarations concernant l’Angola or combien d’angolais donnent leur vie chaque jour pour rétablir la dignité des africains dans cette partie de l’Afrique, combien d’angolais paient  leur personnes quotidiennement. Alors pour la forme et pour le principe aussi nous avons rejeté cette déclaration et si malgré que il avait été question de la … nous aurions alors point par point défendu notre positions et ça aussi nous sommes disposés à la faire.

Question : Qu’est ce que le sommet de Vittel vous apporte à vous personnellement?

Il y a eu des problèmes à votre arrivée à Roissy alors que se passe-t-il entre Paris et Ouagadougou? Est-ce qu’on peu tirer de leurs propos que vous ne serez pas au prochain sommet France-Afrique de Bujumbura?

Thomas Sankara : L’année prochaine nous serons face à face et je vous dirai ce que j’en pense. Et pour répondre au journal Le Point, c’est bien cela. Nous sommes venus invités par le gouvernement français à participer cette conférence et nous n’avions pas de raison de ne pas venir tant que nous n’avions pas ces éléments que je vous livre maintenant pas expérience. C’eut été discourtois de refuser une invitation d’un pays avec lequel nous avions des relations. Et Cela me permet d’emboîter sur la question de La Croix.

S’il y a eu problème, ce que vous appelez problème, en tout cas nous n’avons pas vu de problème, nous sommes venus en tant que voltaïques révolutionnaires. Nous avons estimé que nous avions à prendre des positions et à affirmer notre engagement révolutionnaire en tout temps et en tout lieu, à Paris comme à Ouagadougou. Et c’est ce que nous avons fait. Nous n’avons pas eu un comportement particulier et ce que nous avons fait nous a été dicté par un choix politique lequel choix dit que nous devons restaurer nous devons rendre au peuple voltaïque sa dignité et on n’avance pas en courbant l’échine. La Haute Volta du 4 août 1983 est une Haute volta particulièrement soucieuse quant à son indépendance, quant à sa dignité. Et vous comprendrez que nous serons quelque peu difficile dans la mesure où jusque là on a plutôt donné de notre pays, l’image d’un pays tout à fait docile docilité s’apparentant bien souvent à la soumission et à l’aplatissement et c’est tout cela que nous contestons c’est tout cela que nous condamnons.

Bien, vous me demandez si les relations entre la France et la Haute Volta vont bien maintenant. Je pense que les relations entre la France et la Haute Volta ont toujours bien marché. Aujourd’hui la Haute Volta se présente d’une manière nouvelle.

La Haute Volta s’exprime d’une manière nouvelle, à savoir que de manière directe, de manière  franche et peut-être dure, je n’en sais rien. Nous exprimons les aspirations profondes de notre peuple, ce qu’il veut ce qu’il peut supporter ce qu’il ne peut pas supporter ce dont il n’a pas besoin.

Nous donnons donc la possibilité à tous ceux qui veulent coopérer avec nous d’avoir des bases claires. Il n’y a pas meilleure façon d’aider un partenaire que de quitter les sentiers, les discours très embrouillés, les positions très ambiguës, il n’y a pas meilleure façon  et c’est ce que fait la Haute Volta. En fait la question n’a pas à poser à la Haute Volta, la question doit être posée à la France. Comment la France trouve-t-elle la Haute Volta d’aujourd’hui? Peut-elle oui ou non travailler avec la Haute Volta d’aujourd’hui et c’est la France qui vous répondra. En tout cas pour notre part, nous recherchons les relations entre les peuples français et voltaïques bien plus que les relations entre les gouvernements français et les gouvernements voltaïques ce qui est extrêmement secondaire parce que obéissant à une logique très froide…

Question : Lors de votre rencontre avec François Mitterrand, avez-vous parlé de la révision des accords de coopération avec la France.

Thomas Sankara : C’est ce qu’il vous a dit hier. C’est ce que j’ai dit dans mes déclarations antérieures ce n’est pas ce que j’ai dit à François Mitterrand dans cette assemblée donc si vous voulez poser une autre question

Question : La coopération militaire M. Le président, entre la France et la Haute Volta où en est-on?

Thomas Sankara : La coopération militaire? Eh bien elle se porte comme avant. Nous continuons de former en France des militaires. Nous avons les mêmes relations qui se tiennent mais je vous dirai que la France juste après le 17 mai a livré une importante quantité d’armes à la Haute Volta. Cette Haute Volta était dirigée par le régime que nous avons renversé. Donc nous avons trouvé le 4 août une coopération militaire très solide entre la France et la Haute Volta.

Question : Vous parliez tout à l’heure de lutter contre des ennemis. Ces ennemis ou ces adversaires qui sont-ils exactement?

Thomas Sankara : Vous pensez que … que lorsque l’on vient troubler un ordre comme celui qui était établi dans notre pays, on a forcément des ennemis. Il ne s’agit même pas d’adversaires il s’agit d’ennemis et ils sont nombreux.  Les ennemis sont en Haute Volta et ils sont hors de Haute Volta. Les ennemis C’est tous ceux qui ont organisé, l’exploitation du peuple voltaïque, de ses ressources humaines et matérielles. Et ces ennemis, c’est d’abord le capitalisme international, ce capitalisme international envahissant et débordant qui veut faire ployer la Haute Volta, qui veut la soumettre à son organisation de pillage. Ils ont fait un choix conscient. Avec nos insuffisances, avec nos habitudes, habitudes par l’insuffisance dont nous devons nous débarrasser pour être intimement liés à notre peuple et nous battre avec lui. Concrètement ces ennemis, c’est celui, c’est ce bourgeois en Haute Volta qui pour faire fructifier les intérêts extra voltaïques dont il a conscience ou n’a même pas conscience s’appuie sur un homme politique dont il organise la campagne électorale et vous vous appelez cela la démocratie alors que 90% 98% du peuple voltaïque ne savait pas lire, ignorant même quels étaient les programmes, car on ne s’embarrassait pas de programme, quels étaient les  programmes de ces partis politiques. La chaîne s’étend à toute cette bureaucratie bureaucratique, cette bourgeoisie bureaucratique, qui vient épauler les 2 premiers comparses et organise une administration, qui permette de tailler à merci ce peuple voltaïque en lui soumettant en le soumettant à des lois, à des décisions qui s’imposent à lui car chez nous comme chez vous … inaudible …   féodalités, les forces conservatrices qui organisent elle aussi  le peuple voltaïque sous le couvert de la culture africaine, la culture, en fait la résignation du fatalisme.

Et la chaîne se referme sur ces officiers zélés de l’armée de type coloniale, euh, décidés à mettre les armes du peuple contre le peuple pour les maintenir dans ce qu’ils appellent l’ordre et la discipline car un pays disent-ils ne saurait vivre dans le désordre. Ils ne sont pas nombreux, voyez-vous, mais ils sont puissants. Ils savent lire et écrire, ils ont les armes, ils tiennent l’économie et ils ont des relations à l’extérieure, ils sont connus, ils sont soutenus ils sont supportés. Ce qui leur permet eux et ces ennemis du peuple de détourner les maigres ressources du peuple voltaïque et impunément. Car il n’est pas question qu’une justice bourgeoise condamne un bourgeois qui a détourné, et nous les connaissons en Haute Volta, ils courent les rues, roulent en voiture de luxe, habitent des villas de luxe et comptabilisent des sous détournés et impunément qu’ils viennent placer dans les banques européennes. L’argent n’a pas de couleur et on l’accepte partout. Ici aussi on accepte l’argent volé au peuple voltaïque et on le met dans les banques. Ces ennemis, je disais, ils sont très puissants et ils vivent grassement et impunément. Lorsqu’ils ont le rhum, ils se font évacuer dans les meilleurs hôpitaux, ici à Paris, et ailleurs vous en avez. Pendant ce temps des milliers et des milliers de voltaïques sont renvoyés aux racines et aux feuilles qu’ils utilisent avec l’espoir que le ciel leur sera clément et  voudra bien leur épargner ces maladies dont ils souffrent régulièrement. Dans nos hôpitaux meurent chaque jour des blessés graves des malades qui n’ont pas le minimum pour leur santé. Mais qui  doivent payer l’impôt des impôts pour permettre aux dames de ces messieurs de venir pour permettre aux dames et ces messieurs de venir prendre les soins développés chez vous. Cela vous l’avez appelé la démocratie et on n’a dit que la Haute Volta était un exemple de démocratie.

Cet accord permet d’envoyer leurs enfants dans les meilleures écoles en Europe, aux Etats-Unis, des écoles très prestigieuses, meilleures dans le sens du prestige …inaudible… élitistes eux et n’ont donc pas à se poser les questions pour savoir si les enfants voltaïques vont ou ne vont pas à l’école. C’est la raison pour laquelle le taux d’alphabétisation est resté à un niveau très bas, ridicule à un niveau de l’ordre de 16%. C’est intolérable. Nous les appelons les ennemis. Il nous faut donc les combattre car il n’est pas question de discuter avec eux pour qu’ils cèdent un peu de leurs intérêts. Ils ne voudront pas. Il ne s’agit pas là de charité. Il ne s’agit pas là de philanthropie. Ce sont des intérêts antagoniques qui s’affrontent, qui s’affronteront jusqu’à ce que la majorité du peuple, au nom duquel nous parlons, jusqu’à ce que le peuple arrive à récupérer ses biens et à imposer la justice sociale à ceux qui l’ont évité jusque là.

Et malheureusement ces ennemis du peuple à l’intérieur sont les serviles représentants d’intérêts extra voltaïques, qui dans une géopolitique, dans une stratégie économique internationale qui ne peuvent tolérer qu’il y ait des fausses notes qu’il y ait un grain de sable qui vienne déranger quelque peu la machine. Et nous savons que les ennemis c’est aussi c’est cet impérialisme qui fait des pressions de toute nature et de la soumission vis-à-vis des voltaïques pour les détourner de leur révolution ou alors impérialisme qui est décidé à déverser en Haute Volta des tonnes et des tonnes d’armement, des mercenaires, pour rétablir sa loi, pour rétablir son ordre. Cela nous en avons conscience et nous sommes fermement décidés à les combattre tant qu’ils viendront en Haute Volta, tant qu’ils seront chez nous et tant qu’ils seront mobilisés, nous les combattrons.

Et lorsque le peuple se met debout, c’est bien l’impérialisme qui tremble et c’est de cela qu’on a peur. Et aujourd’hui nos ennemis nous apparaissent tels des champignons, la pluie révolutionnaire étant tombée sur le sol de ce monde quelque peu monopolisé.

Question : L’avènement de la Révolution en Haute Volta a créé une onde de choc dans la sous région. L’impérialisme ne ménagera aucun effort pour lutter contre l’expérience voltaïque. Vous le savez en voulant vous occuper seulement de le Haute Volta, c’est insuffisant parce que vous êtes porteur d’un espoir pour le peuple voltaïque. inaudible…. Ne risquez-vous pas de tomber dans l’erreur en vous occupant seulement de la Haute Volta. Reste-t-il encore beaucoup d’ennemis de la Haute Volta après les mesures de dégagements et de mises en retraite intervenues dans l’armée et dans la fonction publique.

Thomas Sankara : Heu…Vous avez dit tout à l’heure que ce que nous avons fait, ce que nous avons posé comme acte en Haute Volta risque de créer un phénomène de contagion, je ne me souviens pas de vos termes exacts. Mais je me souviens, vous avez parlé de risque, vous voyez un risque. Très bien. C’est votre appréciation.

Nous n’avons pas l’intention d’exporter la révolution voltaïque. Elle n’est… ce n’est pas un produit à vendre. C’est pour la consommation locale, exclusivement locale. Et malheureusement c’est un produit qui a été conçu par les voltaïques mais pour les voltaïques et il ne peut pas être utilisé ailleurs ce produit là. La révolution voltaïque est essentiellement nationale. Mais je voudrais faire une petite démonstration. Les révolutions dans le sens péjoratif du terme, que l’on nous a vu ça et là, lorsqu’elles apparaissent, immédiatement on envoie le tuteur se faufiler derrière. Lorsque la révolution voltaïque est apparue, son tuteur n’a pas existé. Mais on nous a connus par rapport à ce que nous avons fait à l’époque du Conseil de Salut du Peuple, le CSP, après le coup d’Etat du 7 novembre 1982. Mais avant, nous n’étions pas connus lorsque nous sommes venus au pouvoir après le 7 novembre 1982, partout l’on s’est posé les questions, d’où viennent-ils, que veulent-t-ils, que peuvent-ils faire? C’est bien la preuve que nous étions IN-DE-PEN-DANTS. C’est bien la preuve que ce que nous avons fait, ce que nous avons conçu, nous l’avons conçu entre voltaïques.

C’est après, par rapport aux actes que nous avons posés, par rapport aux engagements et aux déclarations que les ennemis ont commencé à surgir et certains ont estimé qu’ils pouvaient trouver en nous des alliés. Cela prouve le caractère totalement local, national de ce que nous concevons et nous y tenons.

Un révolutionnaire conscient et conséquent ne peut envisager d’organiser la révolution chez autrui. Parce que la révolution est l’expérience des peuples, la réponse des peuples aux contradictions qui se posent à eux. Comment voulez-vous que les voltaïque donnent la réponse, trouvent la réponse à des problèmes qui se posent à leurs voisins. Ce serait manquer de modestie d’abord, en fait ce serait montré notre très bas niveau et ceux qui pensent qu’ils peuvent exporter leurs idéologies, ceux qui le pensent insultent les autres peuples et par conséquent courent fatalement à l’échec. C’est notre point de vue. Nous n’avons pas voulu que l’on nous donne des leçons. Nous ne voulons pas en donner mais nous disons ceci. Ce qui s’est passé en Haute Volta et a provoqué la révolution en Haute Volta est très important et quelques soient les cieux  sous lesquels on se placera, les mêmes causes produiront les mêmes effets, avec ou sans la Haute Volta. Mais ceci est très important. Donc, quelque soit le terrain où l’on se placera, si l’on arrive à mettre de côté le peuple et de l’autre ses ennemis de manière aussi claire, et si le peuple en a conscience, il y aura forcément un affrontement, un affrontement qui se fera selon les méthodes de chaque pays, de chaque peuple, selon les réalités que l’on y trouve. Mais encore une fois nous insistons, il n’est pas question pour nous d’exporter notre révolution. Il n’est pas question pour nous d’en faire la publicité, il n’est pas question pour nous de chercher des démarcheurs de la révolution voltaïque. Non. Elle a déjà un marché suffisamment vaste à l’intérieur et de toute façon elle est condamnée à ne pas être exportée, C’est interdit pour l’exportation.

Maintenant je répondrai à la question de… Quel journal? Le Monde. Bien vous me demandez si avec tant de cadres mis à la retraite, il y a encore des ennemis du peuple. Mais, on ne les met pas les ennemis du peuple à la retraite. La retraite ne suffit pas à les abattre. On ne les met pas à la retraite. Donc ils sont dans l’administration, ils sont encore dans l’administration, ils sont aussi hors de l’administration. Ils sont toujours les ennemis du peuple. Où qu’ils soient. Il n’y a que la reconversion politique qui puisse dédouaner ses ennemis là. Et du reste sur des positions de classe qui sont très importantes. Un officier dans les pays africains et peut être ailleurs, en tout cas dans les pays africains, est dans la société celui qui a un standing de vie le plus sur quand ce n’est pas le plus élevé parfois. Les officiers, les militaires d’une manière générale sont bien traités et l’on sait pourquoi. C’est pour mieux accomplir leur mission de garant de l’ordre bourgeois. L’ordre bourgeois, qui voit dans l’armée, l’armée classique, le dernier rempart, dernier carré dans lequel on se replie lorsque tout est menacé à l’extérieur par les masses populaires. Mais l’on peut étant en principe dans cette position sociale épouser de manière sincère et … la cause du peuple. Cela devient un suicide politique qui permet alors à partir, bien que l’on soit de telle ou telle position sociale, d’être réellement en mesure de parler en tant qu’homme du peuple, connaissant ses aspirations, connaissant ses réalités. Donc tous ceux qui n’ont pas fait le bon qualitatif sont et seront des ennemis du peuple.

Question : Comment entendez-vous faire la reconversion des esprits dont vous parlez. Allez-vous créer des écoles ou de quelle manière allez-vous le faire ?

Thomas Sankara : Nous avons les CDR, comité de défense de la révolution, parce que la révolution se défend. Elle doit se défendre quotidiennement pied à pied. Et les CDR constituent pour nous une école de démocratie. Une école, un cadre idéal pour élever le niveau de conscience politique des masses populaires voltaïques. Et partout où nous pourrons nous adresser à ses masses nous le ferons. Que ce soit les écoles, dans les quartiers, dans les casernes, sur les chantiers dans les stades, partout nous le ferons. Mais surtout nous le ferons dans le cadre, dans les structures que nous avons créés, les CDR. Et vous avez certainement connaissance des activités que mènent ces CDR actuellement. Vous savez que chez nous, tout, tout se discute, c’est la meilleure façon de tenir compte de ce que désire sincèrement le peuple. Et là-dessus nous sommes persuadés que nous sommes sur la bonne voie. Et nous défions nos détracteurs qui sont ailleurs de tendre comme nous l’avons fait, autant les micros au peuple, ceux qui jusque là ont gouverné et ont  régné en privant le peuple de la parole, ils sont ailleurs également. Je vous demanderai simplement de faire l’expérience. Et si vous venez en Haute Volta, si vous venez à Ouagadougou, vous vous baladerez avec vos micros vous écoutez écouter tout le monde, depuis le président de la République jusqu’au dernier militant des CDR. Par contre vous connaissez des pays où il ne vous sera pas autorisé de le faire. Et si vous le faisiez, si les micros étaient tendus,  cinq minutes après la diffusion de ce que vous aurez enregistré, certainement que la physionomie politique aura changé et la répartition des cartes remaniée.

Question : Quel jugement la France porte-telle sur la Haute Volta nouvelle ? Et comment voyez-vous l’avenir des relations franco-voltaïque ?

Pouvez nous expliquer vos relations avec la Libye, d’autant qu’on vous accuse d’être un allié du colonel Kadhafi.

Thomas Sankara : Je vois que l’on me pose beaucoup de question sur la France, la France, les relations avec le France. Cela m’inquiète. Cela m’inquiète, parce que jusque là, jusqu’avant en tout cas l’avènement du le CNR on ne s’agitait pas autour de cette question des relations franco-voltaïques. Aujourd’hui que nous donnons au peuple la parole, aujourd’hui que nous voulons parler au nom du peuple, aujourd’hui que le peuple voltaïque a droit à la parole, aujourd’hui que le peuple dit ce qu’il pense,  l’on s’inquiète de savoir ce que vont devenir les relations franco-voltaïques. Je m’inquiète. Je m’inquiète que vous vous agitiez de cette façon parce que la France aura à travailler avec un pays responsable; Est-ce à dire que… alors… ces relations ne peuvent pas heu…  ces relations  ne peuvent pas  sortir du cadre que cadre que nous percevons à savoir le bonheur du peuple voltaïque. Ce qui ne veut pas dire que nous devons exiger du peuple français qu’il se sacrifie pour le peuple voltaïque. Non voulons des relations qui soient aux bénéfices des parties prenantes. Et si l’on est convaincu que le bonheur des peuples est l’objectif, le seul objectif qui vaille, il n’y a pas de raison de se poser plusieurs questions quant à ce que seront les relations franco-voltaïques.

Au contraire il faut vous inquiéter de savoir pourquoi encore les relations entre la France et le pays où le peuple n’a pas droit à la parole.

Parce que vous français, pourquoi chaque jour êtes-vous obligé de donner un centime pour maintenir des relations avec des pays où les hommes sont bâillonné. Etes-vous complice, complaisant ou bien vous ignorez la situation réelle ? Il y a là des questions que vous devez vous posez, quotidiennement régulièrement.

La croix me posait la question autour des relations avec la Libye.

Question : On s’inquiète beaucoup sur le sort de l’ambassadeur de France en Haute Volta dont semble-t-il vous avez demandé le rappel immédiat.

Thomas Sankara : On est encore revenu sur les questions franco-africaines, malgré j’allais dire la mise en garde. Mais enfin vous avez droit à la parole et chez nous c’est comme cela  Je préfère répondre à votre question avant de répondre à celle de La Croix.

L’Ambassadeur de la France auprès du gouvernement voltaïque, lorsque vous le rencontrerez pourra vous dire s’il est inquiet pour son avenir ou pour sa carrière. Il pourra vous le dire. Peut-être aussi que la meilleure façon d‘avoir une réponse, sans être obligé de faire le déplacement jusqu’à Ouagadougou, encore que vous y retrouverez le soleil… Peut-être que la meilleure façon serait d’aller directement au Quai d’Orsay ou la rue monsieur ou se trouvent des personnes qualifiées pour vous répondre. Nous nous ne connaissons pas, nous ne gérons pas l’ambassade de France à Ouagadougou. Nous savons qu’elle existe le drapeau français  bleu blanc rouge y flotte… Et c’est ce que nous constatons. Maintenant ce qui s’y passe, ce qui s’y dit, nous l’ignorons. Cela est réservé à la consommation française. En tout cas nous pensons que c’est réservé à la consommation exclusivement française. Tout comme nous-mêmes dans la proclamation de notre révolution estimons que la révolution voltaïque est réservée à la consommation exclusivement voltaïque. Voyez vous ce sont des questions auxquelles je ne puis pas répondre.

S’agissant de la Libye, vous dites que l’on nous accuse d’avoir des relations étroites avec la Libye. C’est quand même curieux. Même à une certaine  époque, c’est quand même curieux. Voilà un état souverain qui établit des relations avec un autre état souverain qui les veut étroites, qui réussit à les avoir étroites et on l’accuse. Pendant que d’autres ont des relations tout aussi étroites avec ce même état souverain sans être accusé. L’on veut nous faire croire que nous avons des maladies honteuses, une maladie à cacher. Alors qui trompe qui?

Dans  les relations avec la Libye, faut-il encore que je nous le répétions ici, il y a 3 catégories.

Première catégorie je dirai même de dirigeants. 1ere  catégorie. Ceux qui n’osent pas avoir des relations avec le colonel Kadhafi, ceux qui se refusent d’avoir des relations avec lui, parce que il leur a toujours été dit que la Libye est porteuse de déstabilisation. La Libye  du colonel Kadhafi est un danger il faut s’en garder comme de la peste. Effectivement ces dirigeants là s’abstiennent pour ne pas avoir de relations avec la Libye du colonel Kadhafi.

Deuxième catégorie de dirigeants ceux là qui ont des relations avec la Libye du colonel Kadhafi, mais les entretiennent de manière discrète et très bien camouflée. Ce sont ceux que l’on rencontre par émissaires interposés dans les coulisses et les couloirs Bengazi ou de Tripoli ou de Bengazi, faisant des détours par d’autres capitales avant d’aboutir en Libye, pour passer inaperçus mais enfin rapportant des pactoles qui ont tout aussi valables et intéressants

3ème catégorie, ce sont ceux qui entretiennent des relations avec la Libye le colonel Kadhafi et qui les proclament. La Haute Volta fait partie de cette catégorie là. Nous avons des relations avec colonel Kadhafi, nous avons des relations avec le la Libye et nous le disons tout haut. Mais nous le disons de manière responsable et notre peuple en est informé, ce qui nous laisse totalement libre.

Le jour où nous estimons que nos intérêts…  que nous n’avons plus intérêt à avoir, même un semblant de relations avec le colonel Kadhafi et bien nous romprons.

Par contre ceux de la deuxième catégorie, qui bien souvent ont quelques drames de conscience vis-à-vis de leur opinion hein. Ceux là sont bien embarrassés et savent très bien que la menace pèse sur eux comme une épée de Damoclès. Et chaque fois qu’ils ont voulu dénoncer très haut la Libye, on a menacé de révéler un dixième des contrats qu’ils passent avec le Libye pétrolière et ils se sont toujours tus.

Qui est pion? Qui est le pion ? Est-ce nous, la Haute Volta qui pouvons aujourd’hui dire au colonel Kadhafi ce que nous pensons, ce que nous voulons, et ce que nous ne voulons pas parce que tout ce que nous faisons est fait au grand jour ou bien ceux-là qui prennent des masques, échangent des avions pour se retrouver à Bengazi en priant les libyens de ne surtout pas souffler un mot de ce qu’ils font parce que les sondages d’opinion par ailleurs dans certains pays ça fait mal ça peut faire très mal. Qui est le pion ?

Voyez-vous. Il n’y pas de raison de nous accuser d’avoir ces relations parce que nous n’en avons pas honte.

Par contre, caché on de manière claire avec l’Afrique du Sud raciste, l’Afrique du Sud qui fait couler du sang africain, l’Afrique du Sud qui maintient des millions d’êtres humains sous la férule de l’apartheid, l’Afrique du Sud qui s’acharne contre tous ceux qui ont la peau noire, et tous ceux dont la couleur de la peau tend vers le noir. Mais nous ne lisons pas de dénonciation contre ces Etats là. Cela nous inquiète. Est-ce à dire que ces autres états ont reçu l’absolution de la part des donneurs de leçon, est-ce dire qu’on les y encourage, est-ce à dire que ce choix est normal ? Nous ne comprenons pas.

En tout cas les 16 millions de noirs en Afrique du Sud ne peuvent pas le comprendre et nous ne savons pas pourquoi, vous la presse d’ailleurs, nous ne lisons pas des critiques que vous portez à la Libye au colonel Kadhafi quant à sa politique sociale.

Les libyens sont-ils malheureux d’avoir aujourd’hui, des écoles, des universités des hôpitaux, des routes ? Sont-ils malheureux d’avoir aujourd’hui un habitat moderne? Je ne le pense pas. Y a-t-il du mal à avoir une telle politique? Je ne le pense pas. Par contre, on peut nous dire que oui le colonel Kadhafi a eu lui la chance a eu lui une ressource qu’on appelle le pétrole. C’est vrai, il a eu ces moyens là. Mais ce n’est pas le colonel Kadhafi qui a amené le pétrole, le pétrole existait bien avant. Mais à quoi servait-il? A qui servait –il?

Nous sommes d’accord avec tous eux qui mettent les ressources de leur pays au service exclusif de leur peuple. Nous sommes d’accord avec ceux-là. D’où qu’ils viennent. Mais sachez que la Haute Volta est désormais extrêmement indépendante et n’entend pas recevoir de leçon de qui que ce soit bien qu’elle souhaite avec des relations avec tout le monde. Elle est extrêmement  exigeante et nous ne permettrons jamais que notre dignité soit égratignée,

Nous nous permettrons jamais que des leçons nous soient données par qui que ce soit. Ce qui veut dire que le président Kadhafi mène sa politique comme il l’entend. Les voltaïques mènent la leur comme ils l’entendent.

Question : La Haute Volta n’entend pas exploiter sa révolution ? Mais ne pensez-vous pas que la Libye, lui, exploite sa révolution au Tchad? La France a-t-elle des visées impérialistes au Tchad ? Etes-vous pour la partition de ce pays ? Quels sont vos relations avec M. Hissen Habré. Récemment vous avez subi des critiques de la part d’un syndicat enseignant de votre pays, en l’occurrence le SNEHAV ? Que pensez-vous de l’attitude de ce syndicat ?

Thomas Sankara :  Nous avons défini l’impérialisme et tous ceux qui agissent dans ce sens mènent une politique impérialisme. Maintenant l’attitude… pardon la partition du Tchad est pour nous condamnable. Nous ne pouvions pas encourager cela. Nous le réprouvons totalement. La division du Tchad en 2 entités ne résoudra pas le problème tchadien. S’il faut multiplier, s’il faut balkaniser, s’il faut continuer la balkanisation… aux temps modernes, cela ne constituera jamais une solution. Nous y sommes opposés.

Les relations avec M. Hissène Habré…

Question : Coupé par un journaliste Question Précision sur l’impérialisme. Les français, avec leurs troupes  ont-ils des vues de motif impérialiste

Thomas Sankara : Il y a deux façons d’amener des troupes dans un pays on peut y amener des troupes pour défiler, on peut les amener pour faire la guerre.

Les relations avec M. Hissène Habré, je reviens à cela. M. Hissène Habré est  tchadien il est donc africain. Je suis voltaïque je suis donc africain. Ce que je sais et j’ai vu M. Hissene Habré à Vittel.

La révolution ou nous demande si la révolution du colonel Kadhafi est faite pour l’exportation. Et bien pour le savoir, si un produit est fait pour l’exportation ou pas, il faut avoir une fois à passer commande. Nous n’avons pas passé commande de la révolution libyenne et de toute façon nous ne pourrions jamais payer la facture. Maintenant si d’autres ont passé commande, il leur appartient de payer la facture.

Question : Le Tchad a-t-il passé commande?

Thomas Sankara : Lorsque je serai au Tchad je pourrai vous répondre. Pour le moment, je ne sais s’il a passé commande. Mais en tout cas je dis et je répète qu’aucune  révolution ne doit être exportée. Si elle l’était ce serait une grave erreur. Il faut que les peuples choisissent eux-mêmes. Les peuples savent trouver la voie qu’il faut.

Notre discours d’orientation… Eh bien J’aurai voulu que nous n’abordions pas ces problèmes pour l’heure parce que j’espère que vous en disposerez et nous comptons aussi sur votre objectivité aussi pour donner un écho très large de ce qu’est l’expérience voltaïque et de l’orientation dont la Haute Volta veut se doter. Cela s’appelle aussi faire du journalisme objectif. Nous sommes en tout cas à votre disposition entière pour vous fournir les matériaux pour ce travail si telle est votre intention.

Le SNEAHV, syndicat national des enseignants africains de Haute Volta a effectivement lancé des attaques contre le conseil national de la Révolution. Et ces attaques ont été lancées dès les premiers jours de notre avènement au pouvoir. Ce qui veut dire que ce syndicat avait une  appréciation subjective vis-à-vis de notre révolution et même pas une appréciation objective laquelle aurait exigé d’eux la patiente d’analyser de comprendre ce que nous voulions. En réalité il s’agit pas du syndicat national des enseignants africains de Haute Volta le SNEAHV, il s’agit de sa direction. Il s’agit des éléments de sa direction.

Que s’est-il passé ? Ce syndicat dont la direction fait partie d’un parti politique maintenant dissous car nous avons dissous les partis politiques en Haute Volta, lequel parti politique le FPV, le front progressiste voltaïque en tout cas qui se dit progressiste,  mais que les voltaïques ont toujours rejeté de manière éclatante. Ce FPV, Front progressiste voltaïque, avec le professeur Joseph Ki Zerbo  à sa tête a épaulé le régime réactionnaire voltaïque. Il a organisé et fomenté le coup d’Etat du 25 novembre 1980 avec le colonel Saye Zerbo. Et ce régime vous vous en souvenez a été le plus impopulaire en Haute Volta. C’est ce régime qui a confisqué les libertés démocratiques, les libertés élémentaires, déporté des étudiants des travailleurs. C’est ce régime qui a supprimé le droit de grève en Haute Volta. Et l’on sait que en Haute Volta nous avons des syndicats qui sont extrêmement bien organisés, extrêmement combatifs, C’est ce régime avec le professeur Joseph Ki Zerbo qui avait décidé de liquider tous les foyers progressistes dans notre pays. Et nous savons que ces éléments là, ces éléments de la direction du SNEAHV, et le parti politique que nous avons dissous, s’attendaient aux alentours du 5, du 6 ou du 7 aout de cette année, à un coup d’état revanchard de leurs amis du CMRPN. Ils s’y attendaient. Et lorsqu’ils ont entendu la musique militaire à la radio, ils ont exulté de joie, se disant, ça y est on a gagné. Non ils n’ont pas gagné, ils ont perdu. Ce qui explique qu’aujourd’hui ils s’agitent. Hystériquement dès les premiers jours contre nous, convaincus qu’ils pourront nous déstabiliser de cette façon là. Ils ont écrit des tracts, nous ne les avons pas arrêtés, ils ont écrit des documents, qu’ils ont diffusés,  ces éléments contre révolutionnaires qui pour leur intérêts égoïstes ont choisi de sacrifier l’éducation des enfants du peuple voltaïque, pour leurs intérêts égoïstes, ont choisi de liquider la révolution voltaïque afin de ramener au pouvoir leurs acolytes du CMRPN. Ce CMRPN, réactionnaire, anti populaire, anti travailleur anti-démocratique dont les voltaïques ne veulent plus entendre parler. Et ces meetings ont été l’occasion de réaffirmer le soutien total du peuple voltaïque au CNR et à son programme politique.

La démonstration a été donnée clairement que le peuple a su choisir. Le peuple a choisi. Nous entendons régler le compte, les comptes, de tous nos ennemis de cette façon là de manière populaire. C’est lorsqu’ils nous enferment dans leur logique bourgeoise, lorsqu’ils nos enferment dans leur intellectualisme bourgeois qu’ils réduisent le poids de notre soutien parce qu’ils savent que la plupart des voltaïques sont analphabètes. Parce qu’ils savent que leur politique est essentiellement obscurantiste. Et plus il y a aura de la lumière en Haute Volta, plus ils seront malheureux. Mais pour vous journaliste je vous inviterai à beaucoup plus de circonspection à beaucoup plus de détermination pour rechercher cette information à la base et pour éviter aussi les clichés, ce qui s’écrit facilement, se vend bien parce que ça fait des manchettes mais n’est pas toujours vrai et surtout dessert l’amitié entre les peuples.

Je vous remercie.

La retranscription de la conférence de presse a été réalisée par nos soins.

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