Sankara revival à Ouagadougou
Il a fallu les interrompre pour laisser place a un défilé de mode atypique, le public jouant les mannequins. Ceux qui étaient vêtus de Faso Dan Fani se sont prêter au jeu pour montrer leurs habillements de la soirée.
Après le défilé,le public a été invité à déguster des boissons locales (du dolo venu de Dedougou, du bissap, ochata etc) et des mets locaux (zamne, gaonre, du to, riz soumbala)
La soirée a pris fin avec une animation musicale ponctuée de slams avec des artistes comme valiant,kabey konate,samsklejah,smockey etc.
Sam’s K Le Jah
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« Thomas Sankara revival» : leçons d’un 64ème anniversaire célébré 26 ans après la mort
Un reportage d’Amidou Kabré
Pari tenu pour la cinquième fois consécutive de la célébration du « Thomas Sankara revival ». Le 21 décembre dernier, Sam’s K Le Jah, ses camarades de lutte du Mouvement Le Balai Citoyen, jeunes et anciens de la période révolutionnaire ont célébré la naissance du Président capitaine Thomas Sankara. En présence de plusieurs autres activistes de la société civile, des artistes engagés et des anciens compagnons de l’ère révolutionnaire, ils ont magnifié son œuvre à l’ATB (Atelier Théâtre Burkinabè à travers des débats, projections de films, expositions de livres et photos, dégustations de mets locaux, prestations musicales, témoignages… Quelques participants évoquent l’importance de cette journée et reviennent sur ce qu’ils ont retenu.
J’exprime d’abord ma satisfaction totale par rapport à cette journée dédiée à Thomas Sankara. Je constate que la prise de conscience est effective. A cette allure, nous sommes entrain de découvrir comment se concrétisent les prédictions de Thomas Sankara qui disait que l’on ne pourra pas éteindre la flamme qui est allumée. Certes, il est mort mais on voit déjà les fruits de ce qui a été semé. Ces pionniers et ces jeunes qui ne l’ont pas vu, qui ne le connaissaient pas, qui n’étaient même pas nés avant son assassinat mais qui adhèrent et qui parlent amplement de lui et qui sont aujourd’hui farouchement engagés pour défendre l’intégrité constituent la concrétisation que ce que lui-même avait prédit : après Sankara, il y aura toujours des Sankara et si possible des milliers.
En termes d’espoir, il faut dire que toutes les jeunesses africaines sont révolutionnaires. Ce n’est pas seulement ici. J’ai rencontré ce matin des jeunes venus de Côte d’Ivoire. Leur expression dénote d’une prise de conscience réelle, concrète. Il y a aussi un travail colossal qui est fait pour maintenir la jeunesse dans l’abrutissement, mais on se rend compte que cette jeunesse est en train de monter par sa prise de conscience ; ils sont prêts et ils l’annoncent. La salle était pleine et les questions qu’ils ont posées montrent à souhait qu’ils sont conscients. Cela est significatif.
Sam’S K Le Jah : « les débats étaient très enrichissants, surtout pour les jeunes lycéens qui étaient là et qui voulaient en savoir davantage»
C’est notre façon de marquer la naissance de Thomas. Beaucoup de gens ne savent pas qu’il est né le 21 décembre. Ils retiennent plutôt le 15 octobre 1987, date de son lâche assassinat. Aujourd’hui la jeunesse est venue. On a eu deux témoins, Boukary Kaboré et Fidèle Kientèga.
Nous avons diffusé la dernière émission de « Archives d’Afrique » réalisée par Alain Foca (journaliste à RFI : ndlr). Après cela, la parole a été donnée aux témoins qui ont développé un certain nombre de sujets. Les débats étaient très enrichissants. Surtout pour les jeunes lycéens qui étaient là et qui voulaient en savoir davantage. Il y a eu aussi des camarades qui ont repris les discours de Thomas Sankara. Ce n’est pas aisé parce qu’on ne peut pas parler comme lui.
Il y a eu une partie animation avec des slam, du reggae, du rap et de la musique traditionnelle.
Les années précédentes nous ont donné de l’expérience. Nous aussi avons mené beaucoup d’activités avec Le Balai Citoyen.
On a voulu tout concentré en une soirée, de 16h à 22h. Et elle a été très riche. Vous avez aussi des plats locaux pleins de nourritures africaines pour que les gens se régalent.
Serge BAYALA : « nous avons besoin de nous réconcilier avec notre histoire ».
Je suis activiste panafricaniste, l’un des mille Sankara qui est né. Cela est une occasion pour nous de revire l’homme, tous les moments forts qu’il a vécus et d’interroger le passé pour ressortir les matériaux nécessaires pour une jeunesse qui est égarée depuis sa disparition et qui est en quête d’elle-même depuis 27 ans.
Moi je suis né en 1992, après le décès de Sankara. Nous avons besoin de nous réconcilier avec notre histoire. Heureusement que cette histoire n’est pas aussi loin de nous que cela. C’est une histoire assez proche (1987 !). Je pense que l’importance de cette journée réside dans tous cela : les idéaux que Thomas Sankara a défendus.
En quatre ans il a inscrit le Burkina Faso en tant que pays autosuffisant. S’il l’a fait en quatre seulement, cela est le signe que nous pouvons atteindre l’auto suffisance alimentaire. Il suffit une simple volonté.
Il nous a enseigné pleines d’autres choses qui sont que nous devons nous valoriser nous-mêmes.
Personne ne viendra porter le Faso Dafani (habit fabriqué au Burkina Faso : ndlr) à la place des Burkinabè. C’est nous qui devons le faire. Même dans nos petits gestes comme la valorisation du Bisap (boisson locale faite de feuilles d’oseille), personne ne viendra le faire à notre place.
Quand on replonge dans l’histoire, on ne peut que ressortir avec plus d’engouement et les matériaux pour l’élaboration d’une jeunesse plus efficace. C’est ce que je retiens de cette journée.
Djénéba KABORE : « je n’ai pas connu Thomas Sankara … (mais) Il faut qu’il y ait un changement, une alternative. »
En fait, je n’ai pas connu Thomas Sankara car je suis née en 1989. Je retiens de cette journée qu’en réalité, on ne sait pas comment le Burkina Faso évolue maintenant parce qu’on ne sait comment le Président actuelle (Blaise Compaoré : ndlr) est venu au pouvoir que par l’histoire. Nous sommes nés né trouver qu’il est là et peut-être nos enfants verrons le même. Ce n’est pas normal. Mais il nous appartient de faire le changement. Je retiens aussi que pour qu’il ait changement, il faut qu’on se lève tous, main dans la main. Personne ne viendra faire cela à notre place. C’est nous-mêmes ! Il faut qu’il y ait un changement, une alternative. C’est mon mot.
Mien De GRAEVE : « je me demande si défi du mouvement autour de Sankara, ce n’est pas de réinventer « Le Sankara » de 2014, de 2015 et des années à venir »
Pour moi, c’était la première fois de vivre en réalité une activité autour de Thomas Sankara. J’avais jusque là lu beaucoup de choses sur lui, je suis aussi ce qui se passe sur Internet autour de lui, du Balai citoyen et sur la politique actuelle au Burkina Faso.
Cette journée était très intéressante. Je suis surtout impressionnée par le mouvement Le Balai Citoyen. C’est un mouvement très différent de ceux que je connais en Europe. Il y a un genre de militarisme très intéressant à voir. Il y a un an et trois mois que je suis au Burkina Faso, j’apprends beaucoup tous les jours. Je me demande souvent si le vrai défi du mouvement autour de Sankara ce n’est pas de réinventer le Sankara de 2014, de 2015 et des années à venir.
Propos recueillis par Amidou Kabré
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Sankara il dérange toujours à Villejuif (94)
La journée organisée était par le collectif “Justice pour Sankara Justice pour l’Afrique”, le Balai citoyen, SURVIE et l’OCU (organisation des citoyens unis) qui a gracieusement prêté la salle “Le portail” situé à Villejuif dans le Val de Marne.
Une centaine de personnes en tout environ ont passé dans la journée. Elles ont pu découvrir Sankara à travers une exposition réalisée par SURVIE Midi Pyrénées et de nombreux films.
L’après midi s’est poursuivi par deux débats, un sur la situation actuelle au Burkina Faso, avec Patrice Taraoré, nom d’artiste Humanist, en charge de la création du Balai Citoyen, Germaine Pitroipa, ancien haut commissaire durant la révolution et Bruno Jaffré, et un autre sur le thème “La Françafrique de l’indépendance aux guerres du Mali et en Centrafrique, en passant par l’assassinat de Thomas Sankara” avec Rosa Moussaoui, journaliste à L’Humanité, Issa N’Diaye, ancien ministre et personnalité de la société civile malienne, et des représentants de l’association SURVIE.
Ces débats ont capté l’attention de l’assistance, à tel point qu’il a fallu interrompre le deuxième au milieu d’échanges passionnés pour avancer dans le programme qui était très chargé.
Après le projection de “Thomas Sankara” de Balufu Bakupa Kanyinda, le premier film sur Thomas Sankara, réalisé dans des conditions très difficile et le magnifique “Twaaga” de Cedric Ido, particulièrement apprécié par le public, la parole a été donné à l’assistance pour que chacun puisse dire ce que représente Thomas Sankara pour lui.
Les organisateurs n’ont pas caché leur intention de proposer la création d’un lien portant le nom de Thomas Sankara à Villejuif, dirigé jusqu’ici par le parti communiste. Mais compte tenu d’une faible participation des habitants de Villejuif, et désirant que cette initiative ne soit pas plaquée de l’extérieur, ils ont promis de prendre d’autres initiatives allant dans ce sens. Ils peuvent en effet compter sur le soutien de Rabaa Bahloul, maire adjoint de Villejuif, mais aussi animateur du lieu “Le Portail” .
Enfin Paco Koné, son frère et ses amis nous ont offert un magnifique concert en hommage à leur président Thomas Sankara, pour cloturer la soirée. Le public présent a terminé la soirée en dansant au son de la musique.
Dans l’après midi le jeune rappeur Humanist nous a donné un aperçu de son double talent. En lançant officiellement le balais citoyen, et en mettant toute son énergie à mobiliser les jeunes burkinabè présents, mais aussi en nous interprétant un slam engagé.