Le 8 novembre, 1986, à Managua, dans un meeting commémorant le vingt-cinquième anniversaire de la fondation du Front sandiniste de libération nationale du Nicaragua et le dixième anniversaire de la mort au combat de son fondateur Carlos Fonseca, Sankara prend la parole au nom des 180 délégations étrangères présentes, devant une foule de plus de 200 000 personnes. Son discours a été publié à New York dans The Militant du 28 novembre de la même année.
La rédaction
Je voudrais tout d’abord vous remercier pour l’accueil chaleureux qui nous a été réservé ici, à Managua. Je voudrais aussi dire toute la fierté que nous éprouvons de prendre la parole au nom de toutes les délégations étrangères.
Nous sommes venus de loin, de très loin parfois de plusieurs milliers de kilomètres. On peut se demander ce qui nous unit aux Nicaraguayens qui sont si loin de nous. Ce n’est pas la distance géographique. On peut se demander ce qui nous unit aux Nicaraguayens qui sont si différents de nous par la couleur de la peau.
Et bien, nous sommes unis par la lutte pour la liberté et le bonheur des peuples. Nous sommes unis par le même désir de justice pour les peuples. Nous sommes déterminés ensemble contre l’impérialisme et les ennemis des peuples.
Toutes les délégations ici présentes mesurent la valeur de la lutte du peuple nicaraguayen. A travers le monde nous saluons votre lutte. A travers le monde entier nous appuyons votre lutte. Votre lutte est juste. Elle est juste parce qu’elle est anti-impérialiste ; elle est juste parce qu’elle est contre les oppresseurs et les ennemis des peuples. Votre lutte est juste parce qu’elle est contre les bandits. Votre lutte est juste parce qu’elle rejoint les luttes de tous les peuples du monde entier.
Le peuple palestinien lutte pour la liberté et pour son bonheur. Le peuple namibien lutte pour son indépendance. Beaucoup d’autres peuples sont en train de lutter dans le monde pour leur liberté. En Afrique nous sommes confrontés directement au colonialisme, au néo-colonialisme et à l’impérialisme. Les fascistes, les nazis existent en Afrique du sud où ils ont créé l’apartheid contre les noirs. La lutte contre l’apartheid n’est pas seulement la lutte des noirs mais une lutte de tous les peuples qui veulent vivre libres et unis. Cette lutte est une lutte de tous les peuples du monde entier ; et, nous les Africains, nous réclamons la participation de tous [à cette lutte].
Et les peuples et les dirigeants qui ne participent pas à la lutte contre l’apartheid sont des dirigeants ingrats et traîtres. Ils sont traîtres et ingrats parce qu’ils ont oublié qu’hier les Africains ont versé leur sang pour lutter contre le nazisme au profit des peuples d’Europe et d’ailleurs. Aujourd’hui il s’agit de verser le sang contre l’apartheid et pour le bonheur d’autres peuples.
Camarades, je voudrais vous demander d’observer une minute de silence à la mémoire de Samora Machel, ce grand combattant de la liberté africaine…
Je vous remercie.
Nous disons que la lutte du peuple nicaraguayen doit être soutenue par chacun de nous à travers le monde. Nous devons soutenir le Nicaragua parce que si le Nicaragua était écrasé, ça serait une brèche créée dans le bateau des autres peuples.
C’est pourquoi nous devons lutter politiquement et diplomatiquement pour soutenir le Nicaragua. Nous devons aussi soutenir économiquement le Nicaragua. Nous devons populariser la lutte du Nicaragua à travers le monde.
Nous voulons rendre hommage ici à tous ceux qui dans le monde entier apportent leur soutien au Nicaragua. Qu’il s’agisse des pays du Groupe de Contadora ou des pays du Groupe d’appui, qu’il s’agisse des partis et des organisations, qu’il s’agisse des organisations internationales qui ont accepté de reconnaître la cause juste du Nicaragua, tous méritent d’être félicités parce que les manoeuvres de l’impérialisme pour les empêcher de soutenir les Nicaraguayens sont nombreuses et multiformes
Camarades nicaraguayens, aujourd’hui nous célébrons ensemble le vingt-cinquième anniversaire du Front sandiniste. Aujourd’hui nous saluons également la mémoire de Carlos Fonseca. La seule façon, la meilleure façon pour chacun de nous d’honorer sa mémoire, c’est de faire en sorte que chaque centimètre carré devienne un centimètre carré de la liberté et de la dignité.
C’est pourquoi il faut écraser les Contras. Les Contras sont des charognards qu’il faut écraser. Les Contras sont des chacals qui ne méritent pas le respect. Les Contras sont des gens qui ont vendu leur coeur pour recevoir l’argent impérialiste. Mais vous, vous devez résister contre les bombardiers, contre le minage de vos ports et contre le blocus économique. C’est un devoir pour chaque Nicaraguayen de repousser loin ces fantoches et marionnettes de l’impérialisme que sont les Contras.
Nous voulons vous remercier au nom du Burkina Faso révolutionnaire. Nous voulons vous remercier au nom de tous les pays progressistes et révolutionnaires qui sont présents ici. Nous voulons vous remercier, également, au nom de tous les partis frères qui sont ici.
Et nous disons avec vous :
A bas l’impérialisme !
A bas le :colonialisme !
A bas le néo-colonialisme !
A bas les exploiteurs des )peuples !
A bas les ennemis des Nicaraguayens !
Vive le Front sandiniste !
Gloire immortelle à Carlos Fonseca !
Gloire immortelle à l’amitié révolutionnaire entre les peuples !
No pasaràn !
No pasardn !
No pasarn
Muchas gracias.