Madame Mariam SANKARA

Veuve du Président Thomas SANKARA

S/C Maître Jean ABESSOLO

15 Boulevard Gambetta

30000 Nîmes

  

Monsieur le Président de la République Française

Palais de l’Elysée

55 Rue Faubourg Saint Honoré

75008 PARIS

 

Monsieur le Président,

La République Française va recevoir avec tous les honneurs Monsieur Blaise COMPAORE, Président du Burkina Faso, le 18 novembre 2008.

Monsieur Blaise COMPAORE est arrivé au pouvoir, le 15 octobre 1987, à la suite d’un terrible bain de sang qui a causé la mort de mon époux Thomas SANKARA ainsi que douze de ses compagnons. Des mêmes suites, certains militaires avaient été sauvagement assassinés,  d’autres torturés et brûlés aux camps de Koudougou et de Kamboinsin.

Thomas SANKARA était un homme qui oeuvrait pour le développement du Burkina Faso et le bien être de son peuple. Mais méritait-il ce triste sort (son assassinat était un acte inédit au Burkina Faso) qui ne m’a pas permis, ainsi qu’à sa famille de voir son corps, de veiller sa dépouille et de lui donner une sépulture digne. Et pour achever cet acte d’une cruauté sans nom, il m’avait été remis un certificat de décès précisant que mon mari – le Président Thomas SANKARA – était mort de mort naturelle.

Avec ce qui me restait de courage, j’ai entrepris à la limite de la prescription, une action judiciaire pour la justice et la vérité. Monsieur Blaise COMPAORE, ayant une justice aux ordres, a étouffé toutes les voies de droit que j’explorais. Interdisant même à son Ministre de la Défense d’ordonner l’ordre de poursuite devant les Tribunaux Militaires.

Ayant épuisé toutes les voies de recours internes au Burkina Faso, et devant le refus de ce pouvoir de me faire justice, j’ai alors saisi le Comité des Droits de l’Homme (de l’ONU) le Burkina Faso ayant ratifié le pacte international relatif aux droits civils et politiques ainsi que le protocole facultatif entré en vigueur le 23 mars 1976. Il a été rendu à mon bénéfice deux décisions : une sur la recevabilité de ma communication et l’autre sur le fond. C’est en effet, lors de sa 86ème session tenue du 13 au 31 mars 2006 que le comité des Droits de l’Homme (de l’ONU) a rendu sa décision sur le fond, faisant ressortir des violations par le Burkina Faso des articles 7 et 14 paragraphe 1 du pacte. Le Burkina Faso devait donner, dans les 90 jours de la transmission des constatations du Comité, des informations sur les mesures prises pour y donner suite. Comme à son habitude Blaise COMPAORE, bernait le Comité des Droits de l’Homme (de l’ONU) en rectifiant à sa façon l’acte de décès de mon époux, en proposant une indemnité de 66231 euros 471 centimes, tout en oubliant de me montrer officiellement le lieu de sépulture de Thomas SANKARA. Mais l’ONU s’en est satisfait. Je n’ai jamais compris pourquoi  on me demande en tant que victime d’accepter des indemnités et de pardonner, alors que les auteurs de ces crimes se promènent librement en toute impunité, alors même que par ailleurs de semblables criminels sont jugés comme l’est aujourd’hui Charles TAYLOR.

Monsieur le Président, Blaise COMPAORE est un prédateur qui a éliminé tous ceux qui lui faisaient de l’ombre. La liste, longue, est de notoriété publique. On se souvient encore de la mort du journaliste Norbert ZONGO assassiné et brûlé dans sa voiture, dont le dossier a été ‘’enterré’’ sans aucune autre forme de procès. Sous la gouvernance de Blaise COMPAORE, le Burkina Faso a été mis en cause par les experts de l’Onu dans le cadre du suivi des sanctions à l’encontre de l’UNITA en Angola, et du Front révolutionnaire de Sierra Léone notamment. Il a été impliqué aussi dans la déstabilisation de la Côte d’Ivoire…Ces dernières semaines, d’anciens compagnons de Charles TAYLOR (John TARNUE et Prince JOHNSON) ont mis en cause Monsieur Blaise COMPAORE dans l’assassinat de mon mari et de ses 12 compagnons le 15 octobre 1987. Mais Blaise COMPAORE n’en a cure. Ayant érigé l’impunité en système de gouvernement, Blaise COMPAORE cherche aujourd’hui une réhabilitation internationale que des rencontres comme celle-ci lui donnent.

Je suis une veuve qui ne pourra faire son deuil, que si justice est rendue à Thomas SANKARA. Ma soif de justice est la même que celle des autres veuves comme Madame ERIGNAC, Madame BORREL qui ont reçu votre indéfectible soutien. Monsieur le Président, vous êtes aussi un homme de robe, qui avait placé la justice au centre du serment d’Avocat et de Président. Il serait alors souhaitable, que vous puissiez exiger de votre encombrant hôte, de me laisser accéder à la justice militaire dont l’action ne peut être déclanchée  que sur ordre de poursuite de son Ministre de la Défense. La réconciliation et le pardon sont à ce prix.

En vous remerciant d’avance de votre soutien transcendant la logique politique, je vous prie d’agréer, Monsieur le Président, l’assurance de ma haute et respectueuse considération.

Mercredi   12 novembre 2008

Mariam SANKARA

5 COMMENTAIRES

  1. > Lettre de Mme Sankara au président Nicolas Sarkozy à l’occasion de la visite officielle de M. Blaise Compaoré en France (novembre 2008)
    Je suis une jeune camerounaise de 25 ans; je n’ai donc pas connu cette epoque mais au regard de differents documentaires et des livres parlant de Thomas SANKARA je dois avouer qu’il m’a impressione par la modernite de ses idees ‘ un peu trop en avance sur son temps je dois l’avouer. Madame je comprends votre soif de justice; et encouarge votre combat pour la verite qui sera utile non seulement a vous mais aussi a nous jeunes africains qui pensons que l’Afrique a perdu un genie qui peut etre; eut il vecu aurait insuffler une direction autre et plus positive a toute l’ Afrique Sub saharienne . Merci

  2. > Lettre de Mme Sankara au président Nicolas Sarkozy à l’occasion de la visite officielle de M. Blaise Compaoré en France (novembre 2008)
    Madame la Première dame du FASO (vous ,êtes la seule que je reconnais pour le Burkina depuis le 4 Août 1983). Dites à Philippe et Auguste qu’ils doivent être fiers d’être du sang de leur père. Donnez leur la culture, l’intégrité, l’éducation et l’intelligence de Thomas et le Burkina sera encore plus fier. Dites leur de ne plus faire confiance aveuglement à des “amis” surtout ceux qui leur sont très proches. Ils doivent avoir la force et le courage de leur père pour que de là où il se trouve,il soit lui même fier de ses fils. les Assassins Mécréants se rendent compte aujourd’hui que Thomas est immortel. Le bien matériel pour lequel ces prétentieux l’ont assassiné, n’empêchent pas leurs âmes d’être permanemment hantées. Ils mourront tous dans une douleur indescriptible et iront sans doute en enfer.

    Vous êtes une femme extraordinaire qui a aimé vraiment son mari. Ce n’est pas comme l’autre qui, on dirait que coule dans ses veines du sang de salamandre et qui donne des crises de nerfs explosifs à chaque fois qu’on la voit à la télé. Tout ce qui l’intéresse dans cette vie c’est le matériel et le luxe. Véritable saprophyte tout comme son mari.

  3. > Lettre de Mme Sankara au président Nicolas Sarkozy à l’occasion de la visite officielle de M. Blaise Compaoré en France (novembre 2008)
    Madame,
    comme tout se paye ici bas et que ceux qui tuent par l’epée periront par l’epée, ces vautours à la solde des occidentaux et qui ont tué votre mari finiront comme les autres qui ont tué Lumumba.
    Votre combat qui est difficile aujourd’hui ne le sera pas demain, quand les occidentaux finiront de tirer leur nectar. Conserver un peu de votre energie pour elever ces enfants que vous devez enseigner le courage,la determination et surtout la prudence dans la vie.

  4. Lettre de Mme Sankara au président Nicolas Sarkozy à l’occasion de la visite officielle de M. Blaise Compaoré en France (novembre 2008)
    personne ne peut prétendre comprendre ce que ressent cette dame mais la justice est déjà faite en quelque sorte au burkina car la mémoire de cet homme remarquable , son intégrité et les preuves de son patriotisme vivent encore dans les coeurs des burkinabe elle ne doit pas abandonner son combat et se dire que malgré la difficulté des cas de ce genre il y a toujours une première fois pour tout son mari a été le premier et seul président africain intègre pourquoi ne serait il pas selon le voeu de Dieu le premier à recevoir justice après un coup détat

  5. Lettre de Mme Sankara au président Nicolas Sarkozy à l’occasion de la visite officielle de M. Blaise Compaoré en France (novembre 2008)
    Jeune ivoirienne de 21 ans,je n’étais même pas un embryon lorsque vous avez été déchirée par cette flèche qui vous a fait vivre la plus grande douleur de votre vie!?Et qui continue de vous hanter pour le seul fait que JUSTICE N’EST PAS RENDUE.C’est d’ailleurs l’une sinon la principale raison de l’ intérêt que je porte depuis petite au droit que j’étudie parce que hanter par un article faisant cas de ce drame.Je prie et j’ai foi que je pourrai apporter ma pierre a l’édifice que vous étés entrain de bâtir celui de:faire la lumière,par seulement pour vous mais également pour tout ceux qui souffre en silence du fait de toute injustice.Par ailleurs je prie que CHRIST VOUS SOUTIENNE et VOUS FORTIFIE dans votre lutte qui est des plus noble tout en vous encourageant.Et sachez que vous n’êtes pas seul,car nombreux sont ceux là,qui mime sans voix sont avec vous.Dieu vous bénisse!!!

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