Philippe OUEDRAOGO, Secrétaire Général du PAI (Parti Africain de l’indépendance), fut ministre de l’Industrie, du Commerce et des Infrastructures dans le premier gouvernement du CNR jusqu’en août 1984. Cet article est la reprise écrite de l’intervention qu’il a prononcée le 11 octobre 2007 en introduction de l’atelier “L’industrie et l’Artisanat utilitaire sous le Conseil national de la révolution” lors du symposium organisé à Ouagadougou à l’occasion du 20eme anniversaire de l’assassinat de Thomas Sankara.

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Bonjour Messieurs, Bonjour Mesdames, Bonjour camarades,

Certains d’entre vous, pour honorer la mémoire du Président Thomas Sankara sont venus de très loin. Je leur souhaite un bon séjour au Burkina Faso. D’autres, burkinabé, jeunes ou moins jeunes, étaient encore plus jeunes lorsque éclataient, dans la nuit du 4 août 1983, les salves qui annonçaient la Révolution d’août et la naissance du Conseil National de la Révolution. Les uns et les autres n’ont pu ainsi connaître de près les acteurs politiques de l’époque. C’est pourquoi je débuterais ma conférence en disant au départ quelques mots sur les liens que j’avais ou que j’ai eu personnellement avec celui dont nous célébrons la mémoire et l’œuvre dans ce Symposium international sur sa pensée et son action, à l’occasion du 20ème anniversaire de son assassinat.

J’ai été dans le premier gouvernement du CNR, Ministre de l’équipement et des communications, un grand département qui regroupait les travaux publics, l’urbanisme, l’architecture, les bâtiments, le cadastre, les transports, les télécommunications, la poste, l’énergie, et la tutelle des organismes, sociétés, organisations internationales relevant de ces domaines. Membre du Parti Africain de l’indépendance (PAI), j’étais l’un des cinq ministres de ce parti dans le 1er gouvernement du CNR, avec le Ministère de l’information, le Ministère des affaires étrangères, le Ministère de l’éducation nationale, le Ministère de la jeunesse et des sports.

Mais très rapidement, nous nous sommes trouvés en rupture avec le CNR dont nous ne nous reconnaissions plus dans les méthodes trop dirigistes et les trop fréquentes improvisations. Pour le PAI, ces méthodes allaient inutilement, mais immanquablement, creuser un fossé entre les masses et le CNR, alors que dans une révolution, la désaffection des masses était la pire chose à éviter. Plus d’une fois, au cours des réunions irrégulières du CNR qui à l’époque n’était constitué que d’un nombre restreint de civils et d’une majorité croissante de militaires, les délégués du PAI ont dit leurs désaccords, sans être entendus. Et il y eut les accrochages politiques de mai et de juin 1984.

C’est pourquoi, malgré les bonnes relations personnelles que j’ai eu personnellement depuis le début des années 1970 avec Thomas Sankara, le PAI s’est séparé du CNR le cœur léger, à l’occasion de la dissolution de son 1er gouvernement le 19 août 1984. Depuis harcelés, réprimés, traités en pestiférés, les militants du PAI sont restés pour l’essentiel à l’écart de la révolution démocratique et populaire du CNR. Mais même si leurs critiques sont restées fermes, ils ne sont jamais entrés dans une quelconque alliance contre le CNR, et ont même cru devoir manifester leur solidarité avec le CNR lorsque celui-ci se considérait comme victime de complots impérialistes.
Tout cela pour conclure que, bien que Thomas Sankara soit le type d’homme dont tout pays peut à bon droit s’enorgueillir d’avoir eu comme chef d’Etat, en raison du charisme dont il bénéficiait, de la foi et de l’énergie qui l’animaient dans sa volonté de transformer le pays au profit des masses populaires, je ne suis pas sankariste. Mais je me sens honoré d’avoir été contacté pour introduire une conférence sur «L’industrie et l’artisanat utilitaire sous le CNR » dans le cadre du présent Symposium. Abordons donc le sujet maintenant, si vous le permettez!

Introduction

Notons d’abord pour le regretter aussitôt, que le Discours d’orientation politique (DOP) qui est plus un discours idéologique qu’un programme politique, ne dit pratiquement rien sur les orientations que devraient suivre sous la révolution les secteurs de l’industrie et de l’artisanat. Mais leur importance dans la situation et le développement économiques ne pouvait dispenser le CNR et son chef de les aborder en rapport avec ce qui constituait le souci primordial des programmes économiques et sociaux sous le CNR, à savoir la situation et l’avenir des masses populaires, et notamment de la paysannerie.

La situation de l’industrie et de l’artisanat à l’avènement de la révolution

Lorsque le CNR arrive au pouvoir le 4 août 1983, dans quelle situation étaient le secteur de l’industrie et celui de l’artisanat?

En 1983, l’industrie manufacturière avec 48,1 milliards CFA, représentait 11,9% du PIB qui se chiffrait alors à 403,2 milliards de francs.

Mais en 1983, il y avait au Burkina Faso 69 unités industrielles, publiques ou privées, dont 29 étaient fermées et 17 sur le point de déposer le bilan. La zone industrielle de Kossodo prend l’allure d’un « cimetière d’usines ». L’emploi industriel est passé de 8053 en 1980 à 5150 en 1982. L’industrie agro-alimentaire représente 60% de ces unités, et le textiles et les cuirs 18,3%.

La plupart des entreprises tournent largement en deçà de leurs capacités. Même en 1987, après les mesures de redressement qui auront été prises depuis 1985, on estimait que la SOSUCO tournait à 79,1% de sa capacité, FASO FANI (ancienne VOLTEX) à Koudougou à 56,3%, la CITEC-Huileries à 35%, et la SIF A à 31 %, pour ne considérer que les plus grosses unités.

L’artisanat quant à lui est confronté depuis longtemps à des problèmes qui n’ont pas encore reçu de solution. Il y a par exemple le manque de formation professionnelle, les ruptures des approvisionnements en matières premières et pièces de rechange, l’absence d’équipements techniques, la mauvaise qualité des produits, l’absence de financements adaptés, etc.

La place de l’industrie et de l’artisanat dans le programme économique du CNR

Le Programme populaire de développement et l’industrie

Lancé officiellement en septembre 1984, le « Programme populaire de développement» (PPD), était sensé servir de base à l’élaboration ultérieure d’un plan quinquennal. Aux yeux de Sankara, le PPD a pour but essentiellement de répondre rapidement aux besoins les plus pressants des paysans, afin que la révolution prenne pour eux une signification plus concrète.

Le PPD ne comporte aucun volet industriel. Il comporte en particulier des programmes de base proposés par les populations et à réaliser par elles-mêmes avec leurs propres moyens.

En 15 mois (septembre 1984 – décembre 1985), les paysans réaliseront ainsi 334 écoles, 284 dispensaires et maternités, 78 pharmacies, 25 magasins Faso Yaar et Ofnacer, 553 logements et cités, 258 retenues d’eau, 962 puits et forages, 146 permanences CDR, pour un effort financier global de 9 milliards, supérieur aux 7,4 milliards prévus. La 1ère conférence nationale des CDR tenue du 31 mars au 4 avril 1986 à Ouagadougou en a présenté les leçons. Elle soulignera que la mauvaise sous-estimation des coûts financiers a entraîné des « quêtes prenant la tournure d’impôts forcés », et que les populations en sortiront « frês essoufflées à cause du rythme intense de travail» se traduisant «par une démobilisation chronique vers la fin des travaux ».

Dans le PPD, la part du PPD à la charge du gouvernement, ce qui a été appelé « Programme d’appui », avait un coût prévu de 156,1 milliards CFA, pour la réalisation de 17 écoles, 30 dispensaires, 10 pharmacies; 1332 puits et forages, 16 retenues d’eau, 122 magasins Faso Yaar et Ofnacer, 275 logements, les lotissements pour 57333 parcelles, 18 bâtiments pour des bureaux. Les réalisations seront estimées ici à 80 milliards FCF A, soit 56%des investissements inscrits. La 1 ère conférence nationale des CDR imputera cet échec essentiellement au manque de « coordination et d’organisation»

Officiellement, l’expérience du PPD doit servir de base à l’élaboration d’un plan quinquennal cohérent pour l’édification d’une «économie nationale indépendante, auto¬suffisante et démocratiquement planifiée ».

Le Plan Quinquennal de développement populaire 1986-1990

Le 3 avril 1985, Sankara lance l’ouverture des débats pour l’élaboration du «Plan quinquennal de développement populaire» (PQDP) plus couramment appelé Plan quinquennal 1986-1990. Survenant moins de six mois après le lancement du PPD, on n’a finalement pas attendu de tirer les leçons de ce dernier.
Le Plan quinquennal annonce quatre (4) réformes: la réforme agraire et foncière; la réforme de l’Administration; la réforme scolaire; et la réforme des structures de production et de distribution.

Dans cette dernière, il est précisé que «l’agriculture a été retenue comme moteur du développement» mais qu’il faut «aboutir à l’émergence d’une structure de production intégrée touchant les principaux secteur de l’économie nationale. .. Ainsi les actions suivantes seront entreprises:
– Promotion d’unités industrielles dans le domaine agroalimentaire,
– Transformation du marché national de manière à privilégier la consommation des produits alimentaires et agro-industriels nationaux…
– Participation populaire aux grands choix en matière de développement…
».

Sept volets sont définis dans la stratégie de développement, parmi lesquelles nous citerons les trois suivantes:
– Volet n° I : «S’appuyer sur les ressources nationales, tant humaines que matérielles, pour assurer une mobilisation populaire pour la réalisation des actions de développement….. ainsi qu’une exploitation maximale de l’ingénierie nationale pour développer le génie créateur et réduire très sensiblement la dépendance technologique»
– Volet n° 2: «Accorder à l’agriculture … une haute priorité et en faire le moteur du développement. Dans cette perspective il s’agira …de développer les activités industrielles en amont et en aval de l’agriculture..
– Volet n° 5: «Assurer une meilleure intégration des secteurs d’activité de l’économie nationale…Les actions à mener porteront ainsi sur la promotion des activités visant à satisfaire les besoins des masses rurales (biens de consommation courante, services sociaux) et l’harmonisation des politiques sectorielles entre elles d’une part et avec les politiques globales (emplois, revenu, prix, monnaie et crédit, commerce intérieur et extérieur, fiscalité, etc.) »
– Volet n° 7 : «Promouvoir un cadre juridique opérationnel qui permette, conformément aux impératifs de la RDP, au secteur public comme aux secteurs privé et mixte, à l’Etat et aux collectivités locales, aux grandes entreprises comme aux petites, d’intervenir de façon efficace et complémentaire. »

Objectifs assignés au secteur minier

Selon le Plan Quinquennal, le secteur minier doit répondre à trois (3) objectifs : «
– fournir au secteur agricole des intrants utiles à sa modernisation (phosphates, sulfures, dolomites) ”
– mettre à la disposition du secteur agricole des matières et matériaux nécessaires à l’amélioration de leur condition de vie (ciment, chaux, carrière, etc.) ;
– aider à la valorisation des ressources naturelles disponibles en se dotant de moyens de prospection, d’exploitation et de transformation …»

Ces objectifs paraissent avoir oublié le rôle particulier de l’or dans ce secteur minier.

Objectifs assignés au secteur industriel

Dans le secteur de l’industrie manufacturière, les objectifs assignés pour la période du Plan quinquennal sont de : «
– Soutenir le développement de l’agriculture… en participant notamment à sa modernisation et en offrant des débouchés à une partie de sa production ;
– Valoriser les ressources locales pour une politique de substitution aux importations ou dans la recherche des processus aussi longs que possible de transformation des matières premières avant leur exportation;
– Orienter la production en priorité vers la production de biens essentiels. »

En amont du développement agricole, l’industrie assurera la satisfaction des besoins des producteurs agricoles en équipements, matériels, engrais et pesticides, aliments du bétail et autres intrants nécessaires pour la généralisation des techniques modernes de production. En aval, le secteur développera les capacités de transformation et de conservation des productions végétales et animales.

Des programmes et projets tendront à doter le pays des capacités productives en matière de produits pharmaceutiques de base, d’articles ménagers et autres produits domestiques, de matériaux de construction chaque fois que leurs prix s’avéreront compétitifs.

Le développement industriel nécessitera la réhabilitation urgente des capacités productives existantes et sous-utilisées. Ace titre, un programme intégré de réhabilitation en faveur des secteurs industriels public et privé sera réalisé dès le démarrage du Plan quinquennal……

Des mesures de protection modérée, compatibles avec les règles de la CEAO et de la CEDEAO, seront prises pour favoriser la croissance des industries naissantes…..

Le Code des Investissements devra être réaménagé pour mieux répondre aux impératifs du drainage de l’épargne nationale vers les actives productives en général, et celle de la production industrielle en particulier. …

Le système de formation professionnelle devra permettre de dégager 5000 emplois attendus: 2050 à sauvegarder grâce au programme de réhabilitation; 3115 … à créer dans les différents projets prioritaires retenus.

Les investissements inscrits au Plan quinquennal seront au total de 29,224milliards de PCF A (4,6% de l’enveloppe globale) pour le secteur industriel..

Politique dans le secteur de l’artisanat

Le Plan quinquennal constate que « les activités de l’artisanat jouent un rôle de premier ordre pour satisfaire au moindre coût les besoins utilitaires des masses laborieuses, créer des opportunités d’emploi.. .dans les campagnes et générer des revenus supplémentaires….

En plus de son aspect utilitaire et qui s’applique à un grand nombre de branches d’activités (textiles, cuirs et peaux, etc.), l’artisanat recèle également des potentialités substantielles au niveau des productions d’art à destination du tourisme. »

Le Plan quinquennal assigne ainsi comme objectif à l’artisanat de favoriser l’initiative et l’esprit créateur. L’artisanat devra aussi «apporter un appui au développement des autres secteurs en général et à ceux de l’agriculture et de l’industrie en particulier. Sur le plan agricole, les artisans doivent orienter leur production vers la réalisation et la vulgarisation d’outillage et d’équipements agricoles (charrues, houes et autres instruments de travail) ».

Dans le domaine de l’énergie, l’artisanat devra «contribuer, à la recherche et à la vulgarisation des foyers améliorés, les moyens de conservation de certains produits (séchoirs solaires et autres), la recherche et la conception de techniques utilisant les énergies éoliennes. »

Le Plan quinquennal estime que pour réussir, l’artisanat doit : «
– aller vers une organisation conséquente de la profession… sous la forme de groupements pré-coopératifs et coopératifs ;
– bénéficier d’une politique d’alphabétisation, de programmes de formation et de perfectionnement, et de la mise en place d’un environnement économique et financier favorable (sources de financement et d’approvisionnement en intrants et en biens d’équipement, Code des investissements, politique de promotion des produits, prise en compte dans les marchés de l’Etat) ;
– disposer d’un cadre juridique approprié. Le Plan quinquennal prévoit pour l’artisanat des investissements de 2,898 milliards de FCFA, soit 0,5% du financement global. »

Produire et consommer burkinabé: l’exemple de l’artisanat du Faso Dan Fani

C’est en 1986 qu’est lancé le mot d’ordre « Consommons burkinabé» qui deviendra ensuite «Produire et consommer burkinabé ». Au début, ce mot d’ordre semblait surtout viser les importations de produits agricoles, et notamment les fruits importés essentiellement des pays voisins, et notamment de la Côte d’Ivoire, alors que pour le Président du Faso, si les burkinabé disciplinaient leurs besoins, le Burkina est en mesure de produire suffisamment de fruits pour couvrir la demande locale.

Mais très rapidement, ce mot d’ordre va se transformer en une forme de soutien à la production nationale de tissus en bandes de cotonnades réalisées à partir du coton local, ce que l’on appellera le « Faso Dan Fani ». Thomas Sankara dira: «Dans tous les villages du Burkina Faso, l’on sait cultiver le coton. Dans tous les villages, des femmes savent filer le coton, des hommes savent tisser ce fil en pagnes et d’autres hommes savent coudre ces pagnes en vêtements…» . Et aussi: « Nous ne devons pas être esclave de ce que les autres produisent ». Pour le Président: « Porter le Faso Dan Fani est un acte économique, culturel et politique de défi à l’impérialisme ».

Les fonctionnaires, qui sont des privilégiés en même temps que des exemples pour les masses devraient mieux le comprendre et donner l’exemple en portant le Faso Dan Fani. Quant aux autres, il convient de leur donner le temps de mieux comprendre.

Les «filières de production»

En janvier 1987, soit six mois après le lancement du Plan quinquennal, le Président conçoit l’idée des «filières de production»: elles visent à promouvoir la production et la transformation as cinq (5) secteurs: l’or, le coton, le karité, le sésame, les cuirs et peaux. La réalisation de ces filières nécessite des investissements très importants non prévus au plan quinquennal auquel dans la pratique elles vont se substituer.

Les principales mesures du CNR dans l’industrie et l’artisanat

Dans le domaine minier

En 1984, en raison de la mauvaise saison des pluies de l’hivernage 1983, l’orpaillage a pris brusquement une ampleur jusque là inconnue. Des centaines de paysans, qui ignoraient tout des techniques de l’orpaillage et de ses risques se sont lancés à corps perdu dans cette nouvelle activité qui procurait à certains de nouveaux revenus substantiels. L’Etat burkinabé s’est gardé de réprimer cette activité qui se déroule dans la plus grande anarchie. Il s’octroie le monopole de l’achat de l’or, et en confier l’exercice à une nouvelle institution, le CBMp. Celui-ci, pour ne pas devoir suivre les orpailleurs dans leurs déplacements multiples, va concéder à des «acheteurs agréés» ce monopole d’achat, lui-même agissant alors à leur endroit comme grossiste, rachetant l’or qu’ils ont acquis à un prix fixé révisé régulièrement. Complémentairement, le CBMP va se donner des responsabilités peu contraignantes dans l’encadrement des orpailleurs.

En 1985 aussi, l’Etat va remettre en état la SOREMIB qui exploite la mine d’or de Poura, et dont la production industrielle d’or va passer progressivement de quelques centaines de kilos par an à plus de deux (2) tonnes.

On considère qu’en moyenne, à partir de 1986, les taxes et les bénéfices d’exploitation du CBMP vont apporter au Trésor burkinabé environ 3 milliards de FCFA par an, qui vont renforcer les capacités d’auto-financement de l’Etat.

Au niveau des industries manufacturières

D’août 1985 à août 1987, le CNR va redresser les unités industrielles en banqueroutes financières pour essayer de les faire revivre. Il y injecte environ 2 milliards, permettant la réouverture de 11 sociétés et la création de 424 emplois. On peut citer l’exemple de la COFA (Confiserie du Faso, ancienne Confiserie de la Haute Volta) dont le capital au départ était de 60 millions mais qui avait accumulé 97 millions de pertes. L’Etat y injecte 250 millions.

Il y aura aussi la BRAKINA (ancienne BRAVOLTA), la SOSUCO (ancienne SSHV), la SBMC (ancienne SVMC), la SINAC, la SAP, .la SIFA (ancienne IVOLCY avec pour actionnaire principal la CF AO), la SAVANNA. Cette dernière sera invitée à produire, en plus de ses concentrés de tomates, des jus de fruits et de la confiture à partir des fruits locaux. La SOSUCO elle, sera invitée à produire des boissons alcoolisées (whisky, pastis, rhum) avec les déchets de ses productions. La SIFA devra assurer le montage sur place de motos YAMAHA V80, très demandées par la clientèle et dont l’Etat dote ses Préfets, ses Haut Commissaires, ses Inspecteurs et Conseillers pédagogiques. L’Etat prend aussi une participation dans les GMB en 1984, et l’incite à créer une société anonyme pour la production d’aliments pour bétail. De même FASOPLAST (ancienne SOVOLPLAS Société voltaïque des plastiques), avait dû fermer à la mi 1983 ; accusant 550 millions de pertes pour un capital de 200 millions. L’Etat y prendra une participation et FASOPLAST renaîtra avec un capital de 300 millions de francs.

Les financements mobilisés dans ce but sont obtenus notamment auprès de la Caisse autonome d’investissement créé en 1984.

Le Ministre de la Promotion économique, Henri Zongo, ajoute ainsi des nouveaux rôles à son département: «suivre et contrôler la gestion des établissements publics, des sociétés d’Etat ou d’économie mixte, refondre les textes réglementant ces établissements pour en faire de véritables entreprises économiques rentables pour le pays ». Il établit une nouvelle grille des rémunérations versées aux sociétés d’économie mixte pour tenir de leur situation, allant même jusqu’à aligner les salaires des agents des établissements à caractère industriel et commercial qui sont déficitaires sur ceux de la fonction publique. Il introduit aussi les représentants des CDR et des syndicats dans les Conseils d’administration des sociétés où l’Etat détient une participation.

La Caisse autonome d’investissement (CAI)

Durant le premier semestre de 1984, il est créé un établissement financier, qui sera dénommé la Caisse autonome d’investissements, en obtenant des sociétés de la place dont le capital est supérieur à un certain montant la souscription d’actions pour une valeur équivalente à 1 % de leur chiffre d’affaires. Les sociétés souscrivent, et l’Etat gère leurs fonds dans cette Caisse autonome d’investissements dont les ressources sont essentiellement consacrées à la politique de réhabilitation des entreprises privées, mixtes ou publiques en difficulté.

Le Directeur du développement industriel au ministère de la Promotion économique explique: «Nous prenons le devant pour ressusciter les unités, quitte à ce qu’à un moment donné, en fonction de l’état de santé de l’entreprise, l’Etat se désengage ».

Le Code des Investissements sous le CNR : orientations et caractéristiques

Le 7 août 1984 est officiellement publié l’Ordonnance portant Code des investissements. Ce Code distingue d’une part un régime général, dit régime de droit commun qui s’applique à tous les investisseurs (hors le commerce) régulièrement établis, satisfaisant aux obligations administratives relatives aux autorisations de séjour et d’exercice d’activités économiques, et d’autre part de régimes privilégiés (régimes A, B et C avec des avantages décroissants).

Le Code garantit (Art. 6) les droits acquis, l’interdiction de mesures discriminatoires par rapport aux étrangers, le droit pour ces derniers (Art. 8) de disposer librement de leurs biens, leur libre circulation à l’intérieur du Burkina, la liberté d’embauché, le libre choix des fournisseurs, la liberté commerciale, le libre accès aux sources de matières premières. Il est précisé (Art. 10) qu’aucune mesure de nationalisation ou d’expropriation ou de réquisition ne peut se faire que dans l’intérêt général et contre paiement d’une juste indemnité.

Le Code garantit (Art. 11) le transfert en devises des sommes nécessaires pour le remboursement des emprunts contractés à l’étranger, pour les dividendes liés aux capitaux provenant de l’étranger et pour la rémunération dans une certaine proportion des agents étrangers.

Peuvent bénéficier des régimes privilégies du Code les activités de fabrication de produits alimentaires à partir de matières premières locales à l’exception des boissons alcoolisées et des tabacs, les fabrication servant de facteurs de production à l’agriculture ou à l’industrie, les activités de recherche et d’exploitations minières, la production, le transport et la distribution d’énergie, la fabrication de produits pharmaceutiques et vétérinaires, l’industrie textile, la transformation des cuirs et peaux, la fabrication des matériaux de construction, l’élevage et la fabrication d’aliments utilisés dans l’élevage, l’abattage, le conditionnement et l’exportation de viande, le tourisme et 1 ‘hôtellerie, l’habitat, la fabrication de matériel d’hydraulique rurale.

Les régimes A, B et C se distinguent essentiellement par le niveau des exonérations accordées pendant la période d’installation pour les matériaux, matériels et équipements importés, aux matières premières et aux consommables, ainsi que par les avantages fiscaux (exonération de la TCA (2 ans), de l’IMFPIC (4, 3 et 3 ans) et réduction (sur 5, 4 et 3 ans) de la TPA). Pour tous les régimes privilégiés, il est prévu en outre une réduction de 50% de l’impôt sur les dividendes distribués pendant les trois (3) premières années de production.

Lorsque les entreprises sont agrées (bénéficiaires de régimes privilégiés) et qu’elles sont implantées à plus de 50 km de Ouagadougou, Bobo-Dioulasso, Koudougou et Banfora, les délais d’exonération sont allongés pour l’IMFPIC (7, 6 et 5ans), la TPA (8, 7 et 6 ans) et pour la Patente (6,5 et 4 ans). Le gouvernement instituera des zones considérées prioritaires et pour lesquelles de »s mesures particulières et renouvelables seront accordées. Les activités de recherche scientifiques pourront bénéficier d’une admission temporaire pour le matériel et d’une franchise pour les produits spécifiques nécessaires à leur recherche, ainsi que de bourses de formation pour leurs employés burkinabé.

La mise en place de la Direction de l’artisanat

Une même direction du Ministère de la Promotion économique s’occupait à la fois du développement industriel et de l’artisanat. Une Direction distincte de l’artisanat est créée. Mais en même temps, à la Présidence, un Département du travail et du secteur informel qui prend l’artisanat en charge et double en fait cette direction. En outre une dizaine de ministères (ceux chargés du Travail, des l’agriculture, du développement rural, de l’habitat, etc.) s’occupent de divers aspects de l’artisanat.

La création du Salon International de l’Artisanat de Ouagadougou (SIAO)

C’est probablement le large succès politique et médiatique du FESPACO 1985 qui suggère à Thomas Sankara et à son Ministre de la Promotion économique la création de manifestations internationales à l’échelle de l’Afrique ou du monde. En 1985 en tout cas, la décision de créer un Salon International de l’artisanat de Ouagadougou va être prise. Sa première édition devait intervenir en principe en Octobre 1987, mais la tragédie du 15 Octobre 1987 va le reporter à l’année suivante.

Le SIAO est conçue comme une vitrine de l’artisanat local pour l’extérieur, mais doit aussi fournir aux artisans burkinabé l’occasion de voir ce qui se produit ailleurs et dont ils pourraient s’inspirer, et constituer ainsi un stimulant pour ce secteur.

Les résultats acquis dans l’industrie et l’artisanat

Production industrielle du Burkina

En application des mesures de réhabilitation des entreprises en difficulté, les entreprises publiques ou mixtes suivantes recevront des capitaux frais de l’Etat : On note alors une amélioration à partir de 1985 de la production des industries manufacturières et que traduit le tableau ci-dessous.

Mais toutes ces industries produisent pour le marché intérieur et par conséquent sont sensibles à la diminution du pouvoir d’achat des consommateurs burkinabé. Or le pouvoir d’achat des consommateurs urbains a décliné de 20 à 30% en 1984, du fait de la réduction des indemnités versées aux fonctionnaires, puis des différentes cotisations plus ou moins volontaires. Ces retenues vont être aggravées à partir de 1986 avec l’instauration de l’EPI (effort populaire d’investissement), des retenues obligatoires sur les salaires au profit des différentes caisses ou de l’EPI.

Production minière (or) du Burkina

L’encouragement reçu par l’orpaillage et son début d’organisation vont conduire à un accroissement de la production d’or à partir de 1985, comme le montre le tableau ci-dessous. On considère qu’à partir de 1986, l’orpaillage rapportera au budget de l’Etat environ 3 milliards CFA par an, sous forme de taxes et de bénéfices d’exploitation du CBMP.

Production de l’artisanat

Dans l’artisanat, on peut noter parmi les résultats acquis la création de l’entreprise Faso Dan Fani, et l’usage de plus en plus répandu, du port des habits en cotonnade locale.

Le jugement de l’extérieur sur la politique industrielle

Les efforts d’assainissement accomplis par le CNR dans la gestion tant des finances publiques que dans celle des unités industrielles où l’Etat est partie prenante, le sérieux qui caractérisait de manière générale le fonctionnement de l’administration burkinabè, la célérité dans le traitement des dossiers par l’administration, vont paradoxalement convaincre un certain nombre de partenaires (notamment la Banque Mondiale et diverses organisations internationales) que la révolution avait pris le bon chemin pour créer un climat favorable aux affaires.

En novembre 1986, l’ambassadeur de France au Burkina, M. Leblanc déclarait: « Beaucoup de sociétés françaises commencent à regarder avec un grand intérêt du côté du Burkina parce qu’elles constatent que l’assainissement des mœurs politiques et économiques crée des conditions de travail infiniment plus saines que dans beaucoup de pays africains. Une de nos grandes idées serait que les investisseurs français, en se joignant à des investisseurs burkinabé, puissent ensemble faire fructifier leurs capacités économiques pour créer sur place des entreprises rentables»

Critiques des conceptions économiques de Thomas Sankara

Thomas Sankara avait certainement une très haute idée de sa mission de chef de la révolution dans un pays qui avait de grands retards dans son développement comme le Burkina, et dont l’économie était largement dépendante de l’extérieur, même dans des domaines vitaux comme l’alimentation ou l’habillement. Il voulait de ce fait aller vite, et c’était même devenu une obsession. Il recherchait constamment des solutions encore plus rapides pour résoudre les besoins de masses et pour affranchir le pays de la dépendance. C’est pourquoi, malgré les dénigrements de la rectification à son endroit, personne ne peut lui contester sérieusement sa qualité de révolutionnaire.

Mais cette obsession de la rapidité, de rattraper le retard va lui faire commettre les erreurs que l’on a reproché trente ans plus tôt au « grand bond en avant» de la révolution chinoise.

Parmi les aspects critiquables de ses conceptions économiques, il y a en particulier celles qui s’attachent à ses projets comme le contre-plan, à sa compréhension de la façon dont les masses populaires peuvent maîtriser la technologie, au rôle salutaire qu’il assigne à l’isolement du Burkina pour stimuler son développement, à la trop grande place que tient dans sa pensée économique le subjectivisme et la volonté. Passons en revue ces aspects.

Le contre-plan de Thomas Sankara

En 1986, le Plan quinquennal est en voie d’achèvement et on s’attelle à sa mise en forme finale. Il sera officiellement adopté en Juillet 1986. Mais Thomas Sankara imagine déjà et élabore un « Programme social» qui n’a aucun rapport avec le Plan quinquennal. En même temps, il lance en Août 1986 qui vient pourtant d’être adopté. On l’appellera bientôt le « Contre Plan ». Ce contre-plan prévoit d’assurer la gratuité de la santé, ce qui selon lui demande 4 milliards de PCF A. Il prévoit d’assurer la gratuité de l’enseignement pour 40% des jeunes et en chiffre le coût à 21 milliards. Pour trouver ces 25 milliards, Sankara imagine d’imposer aux 3 millions d’actifs burkinabé des cotisations de 5000 F chacun par an : mais cela ne ferait que 15 milliards seulement.

Les rédacteurs du Plan quinquennal ont pourtant prévenu: « II importe d’orienter en priorité le peu de moyens dont dispose le pays, vers l’élargissement de la base productive pour donner à l’économie la possibilité d’une prise en charge progressive des besoins sociaux ».

Mais Sankara persiste et le 17 juillet 1986, soit presque en même temps que le lancement du Plan quinquennal, il envoie avec la mention « Secret- Confidentiel» une « Note aux membres des organes dirigeants de la révolution ». Sankara y dit en substance que le Plan quinquennal sera financé à 75% par l’extérieur. Cela suppose qu’il soit acceptable par l’extérieur, et donc le maintien des relations économiques actuelles. Cela ne lui parait pas acceptable car cela n’assurerait pas, même si le Plan était réalisé les bases d’une économie nationale indépendante. D’où la nécessité pour lui d’adopter un contre-plan plus ambitieux mais qui ne peut être réalisé que si l’on accepte le mot d’ordre de « consommer burkinabé ». Cette intention doit être cependant cachée le plus longtemps possible aux impérialistes.

A notre connaissance, le contre-plan n’a pas du convaincre beaucoup de membres des organes dirigeants du CNR, même si son auteur tente quand même de le mettre en œuvre.

Les changements permanents de priorités

A la mi-août 1986, quelques jours après le démarrage officiel du Plan quinquennal, Sankara a décidé le lancement de grands chantiers hors plan: l’aménagement du canal de Saint Camille à Ouagadougou, la construction des cités An IV A et B, la clôture de l’aéroport de Bobo Dioulasso.

En juin 1987, il proposera à la 2ème Conférence nationale des CDR l’adoption de la politique des filières de production et de transformation, pour respectivement l’or, le coton, le karité, le sésame et les cuirs et peaux. Il s’agira d’impulser les objectifs de production dans ces filières (+ 33 à 40% par rapport aux objectifs déjà ambitieux du Plan). Malgré les réticences exprimées de façon plus ou moins nettes, la politique des filières primera sur le Plan Quinquennal ou plutôt se surajouteront à ce Plan.

Sankara veut que les burkinabé réinventent la roue

En complément des instructions pour le port généralisé du tissu Faso Dan Fani, le Président Thomas en est venu à dire: « Et bientôt des coopératives permettront d’améliorer la quantité des tenues Faso Dan Fani. A partir des métiers artisanaux à tisser, nous allons découvrir des machines plus complexes. Nous irons vers la manufacture, puis vers l’usine textile made in Burkina. A ce moment aucune pièce ne sera irréparable parce que ce seront nos machines dont nous aurons suivi l’évolution pas à pas ».

Ludo Martens le dirigeant du Parti des Travailleurs de Belgique, dans son ouvrage intitulé «Sankara, Compaoré et la révolution burkinabé» tire les conclusions suivantes de cette tirade: «Ce texte nous montre un Sankara agitateur né, imbattable quand il s’agit de populariser les idées de base du combat anti-impérialiste. Mais il nous révèle en même temps ses grandes faiblesses de dirigeant politique. Le port du Faso Dan Fani concerne 0,17% de la population et tout au plus quelques milliers de tisseuses s’occupent de sa production. Dans son discours, Sankara n’aborde pas le problème de l’entreprise Faso Fani qui met huit cents hommes au travail et produit de façon industrielle un tissu national. Les relations entre la production artisanale et industrielle ne sont pas précisées…c’est dire que la brillante agitation développée par Sankara repose sur de l’improvisation politique ».

A la 2ème conférence nationale des CDR (juin 1987), Sankara dit: «Nous voulons que les paysans burkinabé se disent: on pourra peut-être améliorer le rendement de la daba. Signe de progrès! On pourrait améliorer le manche ou le socle de la daba. Signe de progrès! ON pourrait peut-être faire tirer la daba par un âne, cela nous fera gagner du temps et économiser des forces: signe de progrès! le début de la charrue, c’est mettre un âne pour tirer la daba. On trouvera que c’est toujours lent. Dans ces conditions, on inventera la roue. Un jour on inventera le moteur. Et alors on verra le paysan burkinabé grimper sur un tracteur. Quand il aura fini de labourer son champ, on le verra prendre son hélicoptère; il ira dans sa salle d’ordinateurs et programmera quand il va pleuvoir et quand il va récolter! ».

C’est aussi à cette même 2ème conférence des CDR que Sankara dira: « L’économie, ce sont les masses qui la font. La loi de l’offre et de la demande n’est valable qu’en fonction des conditions subjectives des masses populaires. Les conditions subjectives qui permettent au consommateur d’aller vers un produit ou d’abandonner un produit, donc de participer à la formation des prix, ces conditions dépendent des masses elles-mêmes. Elles n’existent dans aucun livre ».

Toujours à cette même conférence des CDR, il surenchérit: « Les petits bourgeois disent: au lieu d’interdire, il faut mettre des taxes. C’est une attitude réactionnaire anti¬peuple. .. Les bourgeois savent qu’après les habits, l’interdiction d’importation frappera d’autres produits…Il va falloir consommer rien que burkinabé, et ce sera possible ». Et en complément: « Si nos ennemis ferment leurs robinets, que deviendrons-nous? Si demain, il manque de pétrole? Le pétrole qui nous procure l’électricité, que deviendrions-nous? Il faut être capable de vivre avec des lampes à huile, en exploitant le beurre de karité. Nous devons organiser les masses pour lutter, résister et gagner. Pour que demain, s’il y a un blocus contre le Burkina, ce soit les masses qui descendent dans les rues pour chanter leur joie. Alors, le blocus ne fera que nous renforcer! »

Dans un pays dont 80% des investissements sont financés par l’extérieur, dont une bonne partie de la production agricole est exportée parce qu’elle n’est pas consommée ou transformée localement, ce sont des hérésies économiques et donc aussi politiques.

Conclusions

De toutes évidences, l’industrie et le secteur artisanal n’apparaissent pas comme des secteurs spécifiquement prioritaires dans la politique de développement du CNR. Ils ne sont importants que dans la mesure où ils aident au développement de secteurs de production comme l’agriculture et l’élevage, qui eux sont perçus par lui comme les seuls à assurer rapidement, et de meilleures conditions de vie des masses, et l’indépendance économique du Burkina.

Les conceptions qui sous-tendent la vision économique que Sankara a de la place que peuvent occuper, à l’époque de la révolution, ces secteurs de l’industrie et de l’artisanat sont essentiellement politiques et manquent de base rationnelle. Sankara surestime, au-delà du raisonnable et même du vraisemblable le pouvoir de la volonté des masses sur les conditions objectives prévalant. Il convient cependant d’ajouter aussi que le pragmatisme, et même l’éclectisme, tempéraient dans la pratique ses propositions les plus idéalistes.

Dans le secteur de l’industrie et de l’artisanat, ses résultats seront finalement en demi-teinte. Il a réhabilité des industries, mais n’a pas réussi à donner une place particulière à ce secteur dans l’économie burkinabé. Il a fait du Burkina un pays producteur d’or, même si les quantités produites ne sont pas comparables à celles de certains pays voisins comme le Mali. Il a donné à l’artisanat burkinabé, à travers l’institution du SIAO, un ambassadeur que bien de pays nous envient, mais n’a pas réussi la transformation qualitative qu’il en espérait. Mais quatre (4) années, d’août 1983 à octobre 1987 le permettaient-ils vraiment ?

C’est pourquoi, si l’on doit reconnaître que le chef de la révolution d’août s’est soucié plus qu’aucun autre dirigeant de ce pays du sort de la population, s’il a tracé les voies principales du développement pour notre pays, il convient, pour ce qui concerne le domaine économique de n’accepter son héritage que sous réserve d’un inventaire détaillé.

Philippe Ouedraogo

Ouagadougou, Octobre 2007

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