Par Bruno Jaffré

Le 28 novembre 2024, à Ouagadougou, des membres du comité international du Mémorial Thomas Sankara (CIMTS), Daouda Traoré, président, Luc Damiba, secrétaire général et Etienne Lompo, coordonnateur du projet de construction des infrastructures du Mémorial Isidore Thomas Sankara (PCIM-INTS) ont tenu une conférence presse pour annoncer une campagne de récupération des archives sur la Révolution, et les objets personnels de Thomas Sankara.

La conférence de presse

« Pour la préservation de l’histoire du Burkina Faso, nous voulons rassembler les archives et les artéfacts pour alimenter les services d’archives, les bibliothèques et la maison des mémoires et la bibliothèque numérique qui font partie des infrastructures à réaliser dans le projet de construction du mémorial. Ensuite, à travers l’éducation des générations futures, la collecte   de ces documents et objets, nous souhaitons éduquer nos enfants et petits-enfants sur les luttes et sacrifices qui ont façonné notre pays ; enfin la promotion du dialogue le dialogue social : la révolution a été une période d’innovation mais aussi de conflits. En invitant chacun à partager ses souvenirs et ses expériences, nous souhaitons favoriser un dialogue inclusif autour de notre histoire commune, permettant de renforcer notre cohésion sociale »,(voir https://directinfoburkina.net/collecte-darchives-et-dartefacts-de-la-revolution-daout-1983-une-campagne-lancee/)  a décliné comme objectifs de ladite campagne, Etienne Lompo.

Selon Luc Damiba : « Les objets recherchés incluent la guitare et l’alliance de Thomas Sankara, des photos, vidéos, discours, articles de presse, archives administratives, ainsi que des souvenirs et témoignages emblématiques de l’époque révolutionnaire, a précisé le secrétaire général du CIMTS. Les personnes détenant de tels éléments, au Burkina Faso comme à l’international, sont invitées à contribuer à cet effort collectif. Les archives collectées seront centralisées au mémorial, avec un appui régional pour faciliter les dépôts » (voir https://netafrique.net/burkina-faso-des-objets-appartenant-a-thomas-sankara-dont-sa-guitare-et-son-alliance-recherches/). Un appel a donc été lancé à toute personne détenant des archives à se manifester. La campagne soit se dérouler à l’échelle nationale et internationale. Les archives seront récupérées par les directions régionales et centralisées au site du Mémorial.

Les détenteurs de documents d’archives pourront, soit céder les originaux, ou céder des copies. Pour les objets de grande valeur, il sera possible de les vendre. Une négociation interviendra pour en fixer le prix. Un SOS a même été lancé par Etienne Lompo, pour que les personnes qui détiendraient la guitare, l’arme et l’alliance de Thomas Sankara, se manifestent et que soit négociées les conditions d’acquisition de ces objets. Un budget de 15 millions a été mis à la disposition du projet qui soit servir aux déplacements pour la campagne et à sa médiatisation. Une quinzaine de services divers, de ministères sont partenaires, parmi lesquels on note la présence de deux membres de la famille Sankara.

On notera que plusieurs ministères et services ont été associés à cette initiative parrainée, par le ministère de la culture, mais seuls les membres du Mémorial étaient présents à la conférence de presse.

Petit rappel sur une autre méthode suggérée en octobre 2023 et questions sur la méthode annoncée

Dans une longue interview publiée par lefaso.net le 15 octobre 2023, intitulée « Les recherches sur Thomas Sankara et la Révolution sont loin d’être terminées », j’avais déjà attiré l’attention sur la nécessité de récupérer les archives et proposé quelques pistes pour y procéder. Ainsi j’avais déclaré : « Et de nombreux documents non-exhumés sont au Burkina. Je connais pour ma part plusieurs collaborateurs (vivants ou décédés) du président qui ont (avaient) des documents que, pour l’instant, ils ont refusé de rendre publics. Peut-être même sont-ils arrêtés par la douleur qu’ils ressentiraient en les rouvrant. Il faut vite prendre des initiatives pour les récupérer, avant qu’il ne soit trop tard. Ces personnes ont besoin de confiance pour confier leurs archives personnelles. Mieux vaut donc des initiatives hors du monde politique, mais plutôt du côté des historiens, universitaires ou pas, et des archivistes. Pour ma part, je suis prêt à participer à un tel travail. On pourrait imaginer une commission d’historiens, d’archivistes, d’auteurs et éventuellement de membres de la famille Sankara, si elle le souhaite, qui consisterait à aller à la rencontre de ceux qui ont des documents et qu’ils négocient à quelles conditions ils pourraient les confier à un organisme public. Les archives nationales semblent le mieux indiqué ! ».

Ce n’est pas la méthode qui a été décidée. Un membre du Mémorial m’a, il est vrai, proposé d’être associé à cette initiative le lendemain de la conférence de presse. J’ai décliné l’invitation. Aurai-je accepté si on m’avait sollicité ? Je ne le pense pas, car mes rapports avec les membres du Mémorial ne sont pas sous le signe de la confiance. Et puis la méthode n’est pas du tout celle que j’avais préconisée. Si on m’avait consulté auparavant je n’aurai fait que répéter mes suggestions. Elles me semblent toujours raisonnables et aptes à rassurer ceux qui voudraient bien céder leurs archives, dont certaines sont certainement précieuses, et à conserver les archives dans de bonnes conditions.

Lancer une campagne de récupération des archives est en soi une excellente initiative. Il ne faut effectivement pas attendre, sous peine de voire des archives précieuses disparaitre. Mais de nombreuses questions demeurent. Le site du Mémorial est-il près à stocker et à conserver des archives ? Il n’y a qu’un ou deux archivistes associés mais six membres du Mémorial et trois du projet de construction des infrastructures ? Ces personnes ont-elles les qualifications requises pour effectuer ce genre de travail ? Pourquoi ne pas stocker tous les

M. Ouattara Souleymane, dans les rangées de cassettes
Une vue du rangement des archives de la Télévision burkinabè (photo Bruno Jaffré)

documents aux archives nationales qui contiennent déjà pas mal de documents sur la Révolution ? Va-t-on les déménager au Mémorial où n’existe pas du tout les mêmes conditions d’accueil ? Les archives de la télévision nationale sont d’une grande richesse et conservées dans de bonnes conditions de conservation. Va-t-on les extraire alors qu’elles ont été rassemblées et réhabilitées après un énorme travail, particulièrement fastidieux du service des archives de la Télévision dont nous avons déjà loué la qualité et qui manquait à l’époque cruellement de personnel (voir https://www.thomassankara.net/le-service-des-archives-de-la-television-burkinabe-motive-manque-cruellement-de-moyen/ )? Le lancement de cette initiative, annoncé trois jours avant les début des collectes, n’est-il pas précipité ? Les deux membres de la famille Sankara associés ont-ils, l’aval de l’ensemble de la famille ? Les universités, des chercheurs, des historiens, les principaux destinataires des ces archives n’auraient-il pas du être associés ? Voilà les quelques questions que j’aurai posées si on m’avait sollicité.

Bruno Jaffré


On trouvera ci-dessous les renseignements pratiques de cette initiative.

Le processus de collecte est placé sous la supervision du Secrétaire Général du MCCAT (ministère de la communication, de la culture, des arts et du tourisme), Président du Comité  de Pilotage du PCIM-INTS, il sera secondé par un représentant de CIMTS. Les archives et artefacts collectés peuvent être transmis directement aux entités, ci-après, qui constituent des points focaux de cette campagne : les gouvernorats, les directions régionales de la culture, les missions diplomatiques et consulaires, le PCIM-INTS sise au Mémorial Thomas SANKARA, au CIMTS et ses points focaux dans les différents pays. Les instances suivantes sont partenaires de la collecte : Le Musée national, Les archives nationales, la Radiotélévision du Burkina (RTB), l’Etat major Général des armées – Musée des Forces armées nationales.

Pour toute information jugée utile, Monsieur LOMPO Etienne, coordonnateur du PCIM-INTS se tient à votre disposition. Tel+226 04 04 40 40 (WhatsApp) /+226 58 01 04 04

Contacts utiles pour la collecte : Tel+226 04 04 40 40 (WhatsApp) /+226 58 01 04 04 / +226 01 31 31 36 / +226 76 24 14 59 (coordo) Email : collectesank@culture.bf

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