Patrice Lumumba et Thomas Sankara : deux grands Africains
 

de Giustiniano Rossi,

Gauche Européenne – Rifondazione Comunista Paris

traduit par rosa&karl

Presqu’un demi-siècle nous sépare du jour de l’assassinat sur commande de Patrice Lumumba, le héros de la lutte pour l’indépendance du Congo à l’égard de la Belgique, mais sa figure est bien présente dans le souvenir de beaucoup de jeunes Africains.

Voici sa dernière lettre, écrite à sa femme, de prison :

Ma compagne chérie,

Je t’écris ces mots sans savoir s’ils te parviendront, quand ils te parviendront et si je serai en vie lorsque tu les liras. Tout au long de ma lutte pour l’indépendance de mon pays, je n’ai jamais douté un seul instant du triomphe final de la cause sacrée à laquelle mes compagnons et moi avons consacré toute notre vie. Mais ce que nous voulions pour notre pays, son droit à une vie honorable, à une dignité sans tache, à une indépendance sans restrictions, le colonialisme belge et ses alliés occidentaux – qui ont trouvé des soutiens directs et indirects, délibérés et non délibérés, parmi certains hauts fonctionnaires des Nations-unies, cet organisme en qui nous avons placé toute notre confiance lorsque nous avons fait appel à son assistance – ne l’ont jamais voulu.

Ils ont corrompu certains de nos compatriotes, ils ont contribué à déformer la vérité et à souiller notre indépendance.

Que pourrai je dire d’autre ?

Que mort, vivant, libre ou en prison sur ordre des colonialistes, ce n’est pas ma personne qui compte. C’est le Congo, c’est notre pauvre peuple dont on a transformé l’indépendance en une cage d’où l’on nous regarde du dehors, tantôt avec cette compassion bénévole, tantôt avec joie et plaisir. Mais ma foi restera inébranlable. Je sais et je sens au fond de moi même que tôt ou tard mon peuple se débarrassera de tous ses ennemis intérieurs et extérieurs, qu’il se lèvera comme un seul homme pour dire non au capitalisme dégradant et honteux, et pour reprendre sa dignité sous un soleil pur.

Nous ne sommes pas seuls. L’Afrique, l’Asie et les peuples libres et libérés de tous les coins du monde se trouveront toujours aux côtés de millions de Congolais qui n’abandonneront la lutte que le jour où il n’y aura plus de colonisateurs et leurs mercenaires dans notre pays. A mes enfants que je laisse, et que peut-être je ne reverrai plus, je veux qu’on dise que l’avenir du Congo est beau et qu’il attend d’eux, comme il attend de chaque Congolais, d’accomplir la tâche sacrée de la reconstruction de notre indépendance et de notre souveraineté, car sans dignité il n’y a pas de liberté, sans justice il n’y a pas de dignité, et sans indépendance il n’y a pas d’hommes libres.

Ni brutalités, ni sévices, ni tortures ne m’ont jamais amené à demander la grâce, car je préfère mourir la tête haute, la foi inébranlable et la confiance profonde dans la destinée de mon pays, plutôt que vivre dans la soumission et le mépris des principes sacrés. L’histoire dira un jour son mot, mais ce ne sera pas l’histoire qu’on enseignera à Bruxelles, Washington, Paris ou aux Nations Unies, mais celle qu’on enseignera dans les pays affranchis du colonialisme et de ses fantoches. L’Afrique écrira sa propre histoire et elle sera au nord et au sud du Sahara une histoire de gloire et de dignité. Ne me pleure pas, ma compagne. Moi je sais que mon pays, qui souffre tant, saura défendre son indépendance et sa liberté.

Vive le Congo ! Vive l’Afrique !

Patrice Lumumba

Le Congo, la Belgique, les USA et la CIA

Lumumba fut assassiné le 17 janvier 1961, moins de sept mois après la déclaration d’indépendance du Congo dont il était Premier ministre. Comme tant d’autres leaders nationalistes africains, il devait diriger un pays dont les frontières arbitraires avaient été tracées au 19ème siècle par les vieilles puissances coloniales pour mieux diviser et conquérir l’Afrique.

80 ans durant, la Belgique avait exploité avec une brutalité inouïe la population de l’immense pays, réduisant les Congolais à être des bêtes de somme pour les industries minières (uranium, cuivre, or, étain, cobalt, diamants, manganèse, zinc) et pour les autres activités profitables à la puissance coloniale.

Les intentions de la Belgique étaient que ses investissements et que ses intérêts financiers devaient être sauvegardés et que la passation des pouvoirs ne devait être que virtuelle, alors que le Mouvement National Congolais dirigé par Lumumba voulait un Congo uni au-delà des différences ethniques et régionales.

Lumumba disait :

“Nous avons connu le travail harassant, extorqué en échange de salaires qui ne nous permettaient ni de manger assez pour éloigner la faim, ni de nous vêtir, ni de nous loger décemment, ni d’élever nos enfants comme des êtres qui nous sont chers. Nous avons connu des railleries, des insultes, des coups que nous avons endurés matin, midi et soir parce que nous sommes des noirs Nous avons vu nos terres confisquées au nom de lois prétendument légitimes, qui en fait ne reconnaissaient que la raison du plus fort. Nous n’oublierons jamais les massacres où tant d’entre nous ont péri, les cellules où étaient jetés ceux qui refusaient de se soumettre à un régime d’oppression et d’exploitation.”

Le destin du grand leader fut décidé par son programme qui prévoyait avant tout l’indépendance économique, la justice sociale, l’autodétermination politique, l’hostilité envers une organisation politique basée sur les divisions tribales. Son appel aux Nations Unies retomba dans le vide : l’ONU ne leva pas le petit doigt pour empêcher son assassinat.

En 1965, le Congo devint le Zaïre, après le coup d’état de Joseph Mobutu, un des assassins de Lumumba, qui garantit pendant 32 ans à l’allié américain la base d’opérations nécessaire à ses interventions contre-révolutionnaires contre les mouvements de libération en Afrique du Sud.

La tardive reconnaissance de responsabilité de la part du gouvernement belge, 40 ans après les faits, n’a été qu’une maladroite tentative de masquer ses vues sur les ressources de l’ex-colonie après la chute de Mobutu, en concurrence avec son rival économique étasunien.

Deux gouvernements, celui de la Belgique et celui des Etats-Unis, divisés sur l’entité de la part de gâteau congolais mais unis en leur qualité de commanditaires de l’assassinat : l’ordre venait du gouvernement belge (le bon roi Baudouin !) et de l’administration Eisenhower : ils se servaient tous les deux de la CIA – dont le directeur, Allen Dulles, qualifiait Lumumba de “chien fou” – et de sicaires locaux.

Une curiosité : un des jeunes agents de la CIA de l’époque, Franck Carlucci, a fait carrière. Conseiller pour la sécurité nationale et secrétaire à la Défense, sous Reagan, il préside aujourd’hui le groupe Carlyle, banque d’affaires toute-puissante qui compte parmi ses administrateurs George Bush senior.

Malheureusement, la concession officielle de la souveraineté nationale n’a signifié, dans aucun pays d’Afrique, la réalisation des aspirations des masses africaines. Et même dans les régions où la fin du colonialisme fut le fruit d’une lutte armée, l’indépendance de l’Etat n’a servi que de couverture au maintien de l’impérialisme sur les masses des ex-colonies, avec la collaboration d’ « élites » corrompues de la bourgeoisie nationale, formées dans les universités occidentales, qui utilisaient et utilisent aujourd’hui encore l’état pour s’enrichir aux dépens du progrès social.

46 ans après l’assassinat de Lumumba, la situation du Congo confirme le caractère réactionnaire de sa bourgeoisie nationale et le poids écrasant de l’impérialisme. Mobutu fut renversé en 1997, après que son régime, noyé sous les dettes, avait cessé d’être utile à Washington. Son successeur, Laurent Kabila, fut assassiné et remplacé par son fils Joseph, plus accommodant avec les intérêts financiers occidentaux. Des millions de Congolais sont morts durant la guerre civile qui a ensanglanté le pays, pour la plupart des femmes et des enfants victimes de la faim et de maladies. Les régimes des pays voisins, le Rwanda, l’Ouganda et le Zimbabwe, sont intervenus pour s’emparer, en les exploitant illégalement, des installations minières afin d’enrichir les militaires et leurs amis en politique et en affaires.

De la Haute-Volta au Burkina-Faso

Il y a trois mois, c’était un autre triste anniversaire, celui de l’assassinat de Thomas Sankara, premier ministre, puis président du Burkina Faso de 1983 à 1987, quand il fut assassiné, à 37 ans – comme Che Guevara – à la suite d’un coup d’état qui porta au pouvoir son “meilleur ami”, Blaise Compaoré, encore aujourd’hui président du Burkina.

Sous la conduite, brève mais intense, de Sankara, le pays commença par se libérer de son nom colonial, Haute-Volta, pour adopter celui de Burkina Faso (“pays des hommes intègres”), engageant le processus qui, dans la vision de Sankara, aurait dû le mener à une révolution démocratique et populaire.

Sankara soutient que “Le pays doit vivre de ses ressources et au niveau de ses moyens pour clore le chapitre de la domination par les grandes puissances et favoriser la participation au pouvoir des masses populaires.”

Au Burkina Faso, la moyenne de vie ne dépasse pas 40 ans. La grande campagne de vaccinations voulue par Sankara fait chuter le taux de mortalité infantile, le plus haut en Afrique à l’époque, des millions d’arbres sont replantés pour faire reculer le désert du Sahel, les taxes sur les produits agricoles sont supprimées, une série de mesures pour la libération des femmes sont mises en œuvre et un programme de construction d’écoles et d’hôpitaux est lancé.

“Tant qu’il y aura l’oppression et l’exploitation, il y aura toujours deux justices et deux démocraties : celle des oppresseurs et celle des opprimés, celle des exploiteurs et celle des exploités. La justice sous la révolution démocratique et populaire sera toujours celle des opprimés et des exploités contre la justice néo-coloniale d’hier, qui était celle des oppresseurs et des exploiteurs. “

” Il n’y a de révolution sociale véritable que lorsque la femme est libérée. Que jamais mes yeux ne voient une société où la moitié du peuple est maintenue dans le silence. J’entends le vacarme de ce silence des femmes, je pressens le grondement de leur bourrasque, je sens la furie de leur révolte. J’attends et espère l’irruption féconde de la révolution dont elles traduiront la force et la rigoureuse justesse sorties de leurs entrailles d’opprimées.”

” Il faut proclamer qu’il ne peut y avoir de salut pour nos peuples que si nous tournons radicalement le dos à tous les modèles que tous les charlatans de même acabit ont essayé de nous vendre 20 années durant. Il ne saurait y avoir pour nous de salut en dehors de ce refus là. Pas de développement en dehors de cette rupture là. Il faut ranimer la confiance du peuple en lui-même en lui rappelant qu’il a été grand hier et donc, peut-être aujourd’hui et demain. Fonder l’espoir. “

” La plus grande difficulté rencontrée est constituée par l’esprit de néo-colonisé qu’il y a dans ce pays. Nous avons été colonisés par un pays, la France, qui nous a donné certaines habitudes. Et pour nous, réussir dans la vie, avoir le bonheur, c’est essayer de vivre comme en France, comme le plus riche des Français. Si bien que les transformations que nous voulons opérer rencontrent des obstacles, des freins.”

” L’esprit de liberté, de dignité, de compter sur ses propres forces, d’indépendance et de lutte anti-impérialiste [.] doit souffler du Nord au Sud, du Sud au Nord et franchir allègrement les frontières. D’autant plus que les peuples africains pâtissent des mêmes misères, nourrissent les mêmes sentiments, rêvent des mêmes lendemains meilleurs.”

Aujourd’hui comme hier, la meilleure partie des jeunes du Burkina Faso est contrainte à émigrer, confirmant la vocation historique du pays à être fournisseur régional de main d’œuvre à bon marché. Le projet de Thomas Sankara, visant à privilégier l’agriculture et les paysans, le choix de construire un marché interne de biens de consommation de masse accessibles, la volonté de satisfaire la plupart des besoins essentiels, celle de contribuer à l’émancipation des femmes et de réaliser une gestion patriotique de l’argent public en refusant le rôle subalterne imposé par le système mondial, tout cela s’est heurté et se heurte aux lois non écrites du néo-colonialisme.

Comme disait Mao, les dirigeants doivent avoir une longueur d’avance sur les masses, jamais deux. Peut-être l’avant-garde révolutionnaire africaine a-t-elle pêché par subjectivisme, certaines étapes du processus révolutionnaire ont-elles été sautées, peut-être les désirs ont-ils parfois été pris pour la réalité. La politique des alliances tactiquement nécessaires et l’analyse rigoureuse des rapports de force entre les classes n’ont peut-être pas toujours soutenu l’action.

Mais le grand projet panafricain ne meurt pas avec Lumumba, ne meurt pas avec Sankara, leur lutte contre l’impérialisme n’a pas été inutile et leurs figures sont bien présentes à l’esprit des Africains d’aujourd’hui, qui envahissent par centaines de milliers une Europe engraissée du sang des peuples de l’Afrique, de l’Asie, de l’Amérique et de l’Australie, au long de cinq siècles de colonialisme, d’impérialisme et de néocolonialisme.

La dette de l’Occident

Cinq siècles qui ont signifié la destruction des économies, des civilisations et des sociétés d’une grande partie de l’Afrique, de l’Asie, de l’Amérique et de l’Australie, le déracinement de leurs cultures et de leur patrimoine forestier pour faire place aux cultures utiles à l’exportation vers l’Europe.

La dette contractée par la “civilisation occidentale” est immense. Des dizaines de millions d’hommes, de femmes et d’enfants ont été déportés. La moitié mourait durant le voyage vers les Amériques. De ceux qui débarquaient, une autre moitié mourait tuée par les maladies qui les trouvaient sans défense et par la “justice” des colons. (Aux Etats-Unis d’Amérique, au début du 20ème siècle encore, des citoyens américains envoyaient à leurs amis et parents des cartes postales avec la photo, bien mise en évidence, de noirs pendus, victimes de lynchages, très communs à l’époque).

La “préférence nationale” n’est pas une invention de Le Pen, mais la politique mise en œuvre par son pays durant la phase vétéro-coloniale, durant la phase impérialiste et durant la phase néo-coloniale, qui dure encore aujourd’hui, de même que l’ “immigration choisie”, slogan à sensation inventé par son digne compère Sarkozy, n’est qu’une définition “créative” de la traite et de la vente de viande humaine hier sur le marché des esclaves et aujourd’hui dans les “ventes aux enchères” qui se déroulent tôt le matin, dans certains quartiers de Paris et de sa banlieue, pour engager une main d’œuvre sous-payée et sans droit.

Les “grandes démocraties occidentales” ont été en première ligne dans la conquête coloniale, qu’il suffise de considérer que font partie de l’actuel territoire national français la Guyane ou l’île de la Réunion, du territoire anglais les îles Malouines (pardon, Falkland) ou le rocher de Gibraltar, du territoire espagnol Ceuta ou Melilla qui se trouvent en …Afrique ainsi que les îles Canaries.

Les “petites” démocraties occidentales n’ont pas été en reste : il est suffisant de penser à l’immense empire colonial du Portugal, à celui des Pays-Bas et au territoire sans fin du Congo “belge”.

La démocratie occidentale par excellence, la démocratie étasunienne, fier paladin des droits de l’homme, est même allée jusqu’à soutenir que l’entier Continent américain est son “jardin privé”, étendant progressivement ce concept à la totalité de la planète.

Et, alors que les négriers des siècles de l’esclavagisme devaient affronter des dépenses pour la capture de la “marchandise” et pour son transport, y compris les coûts accessoires en découlant, avant de pouvoir encaisser leurs profits , les négriers actuels encaissent carrément gratis les considérables dividendes produits par des secteurs entiers d’activité économique qui n’existent et ne produisent des richesses que grâce au travail de dizaines de millions de migrants “clandestins” qui se sont payés chèrement même le voyage.

Les derniers arrivés au banquet colonial n’ont pas été en reste : qui le veut peut se documenter, en profitant utilement des études d’Angelo Del Boca, sur l’expansion coloniale italienne en Erythrée, en Somalie, en Libye et en Ethiopie. Leurs horreurs sont en tous points dignes de celles dont se sont entachés les autres “commensaux” européens.

Et que dire du dernier – façon de parler – colonisateur, Israël? Ses frontières, mobiles depuis plus de cinquante ans – toujours pour garantir sa sécurité, bien sûr – rappellent l’héroïque “Nouvelle Frontière” des colons américains. Aux classiques éléments du colonialisme, les Israéliens ont apporté quelques ajouts : par exemple, pour procéder à l’exécution, sans aucun procès, d’un suspect “terroriste” on envoie un missile sur une maison, sur une rue, sur une école ou sur un marché, en espérant que parmi tous les morts, il y aura aussi lui ou elle. L’avion qui lâche le missile s’appelle drone et son “pilote” est confortablement assis aux commandes à …70 kilomètres de là. L’idée a plu : des avions américains ont bombardé ces jours-ci un territoire somalien habité par des nomades pour tuer les supposés responsables de deux attentats commis il y a dix ans : le gouvernement des Usa lui-même a admis que l’opération avait échoué, tandis que des sources somaliennes communiquent que les bombardements ont coûté la vie à plus de cent personnes ! Un succès !

Le fil rouge de la résistance

Et pourtant, dés le début de cette énorme boucherie, les Africains se sont rebellés, ont combattu pour leur liberté. Il y a eu, dans les immenses territoires colonisés, dépeuplés par le génocide des populations autochtones et repeuplés par la traite des esclaves africains, des expériences de révolte victorieuses, de créations d’états avec leurs propres économie, institutions et gouvernements .

Bien sûr, étant donné, comme dit Marx, que l’histoire est l’histoire des classes dominantes, il n’est pas facile de trouver trace de cette gigantesque bataille qui a commencé au 16ème siècle et qui est toujours en cours aujourd’hui. Et pourtant certains de ces états ont réussi à subsister, par exemple sur l’immense territoire du Brésil, un siècle même !

Pour un Toussaint Louverture qui est passé à l’histoire, même si ce fut en mourant dans une obscure prison française, il y en a tant d’autres que l’histoire officielle a effacés. Mais il est tout aussi difficile de cacher la vérité que de la dire, disait Che Guevara et, même si c’est au prix d’énormes efforts, la vérité finit toujours par faire surface.

Les migrants

Les migrants africains qui risquent leur vie pour avoir le droit de vivre et de travailler, en traversant la mer et le désert, tandis que les nouveaux négriers font une nouvelle fois main basse sur leurs ressources en leur vendant cher l’espoir d’un avenir meilleur, sont les enfants et les petits-enfants des Lumumba et des Sankara.

Leur contribution au nouveau mouvement ouvrier qui fait ses premiers – et difficiles – pas en Europe est fondamentale : les rues des grandes villes européennes commencent à s’habituer à leurs manifestations et leurs habitants à se reconnaître dans leurs revendications, les syndicats s’enrichissent de l’apport de nouvelles cultures et de nouvelles sensibilités, et pas seulement de nouveaux adhérents, les sociétés européennes aussi exsangues qu’opulentes sont revitalisées par ces travailleurs qui représentent l’avenir commun.

Et pour ces jeunes, l’exemple de Sankara, de Lumumba, de N’Krumah, de Mandela et de beaucoup d’autres, moins connus mais tout aussi importants, constitue un patrimoine inestimable et une base solide pour construire un projet politique en mesure de faire face aux défis actuels.

Une grande alliance entre la nouvelle gauche européenne, les mouvements émergeant en Amérique latine, où les descendants des survivants du génocide avec ceux des déportés africains se battent avec intelligence et beaucoup de courage pour se débarrasser de la botte de fer étasunienne, et le nouveau mouvement syndical dont les migrants représentent une grande part est en cours de constitution pour permettre la réalisation de cette partie essentielle de la pensée de Marx qui sous-tend le terme d’internationalisme prolétarien.

Dans un monde désormais globalisé, la lutte des classes opprimées des pays occidentaux se fond naturellement à celle des masses opprimées des pays où sont délocalisées les entreprises industrielles, la pollution et les déchets co-produits et avec celle des migrants, cobayes utilisés pour expérimenter les traitements futurs réservés aux autochtones.

L’humanité a peut-être oublié : tous les peuples de la Terre ont émigré, il y a très longtemps, et ont peuplé la planète en partant de l’Afrique, premier continent habité de l’histoire.

 

 

De : Giustiniano Rossi
samedi 13 janvier 2007

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