POURQUOI L’AFRIQUE NOIRE EST-ELLE MALADE ?

Konan N’GUESSAN

 

La question de la politique dès son commencement s’est intéressée à la fin de l’Etat. C’est dire que l’expérience originelle de l’Etat remonte à la nuit des temps.

En effet dans son ouvrage intitulé La politique, Aristote écrit que : «  La cité est une sorte de communauté constituée en vue d’un certain bien, un bien qui est le plus haut de tous ». L’association politique qui est conforme à la nature de l’homme est la plus élevée de toutes les associations ( couples, familles, villages…), car elle poursuit un but qui est général : elle ne prétend pas satisfaire l’intérêt particulier, mais recherche le bien commun. Le pouvoir doit s’exercer dans le sens de l’avantage commun. Car un régime qui ne s’exercerait qu’au profit des dirigeants serait despotique. Autrement dit, le commandement politique ne se manifeste pas comme simple pouvoir de commander, de donner des ordres ou de prendre des décrets, mais s’exerce au moyen d’un ensemble de principes, de lois ou normes qui tendent à la réalisation du bonheur des hommes. Donc l’Etat achève l’humanisation de l’homme.

 

Thomas SANKARA est à cet égard l’un des hommes d’Etat contemporains qui a le plus fermement établi la spécificité de l’Etat. L’icône de la gouvernance pour l’essor de la paysannerie, de la femme, des jeunes, des pauvres et des populations dans leur ensemble, Thomas SANKARA a prôné une conscience politique, économique,  sociale, culturelle et une éthique à la mesure des enjeux de l’émergence socio-économique de son chère pays, le Burkina Faso et de l’Afrique. Pour donner corps à cette politique, il a vécu en phase avec son idéologie de prise de conscience des gouvernants de leur responsabilité face au sort des populations et de promotion chez le citoyen de sa prise de conscience d’un réel engagement de sa part en faveur des actions visant son propre épanouissement. En quatre année seulement, Thomas SANKARA a initié des actions concrètes à travers notamment la construction d’une trentaine de petits barrages, pratiques et adaptés aux besoins des paysans, l’équipement en hydrauliques villageoises, la construction d’écoles et de centres de santé, l’accroissement de la production agricole, la réduction considérable de la dépendance alimentaire vis-à-vis de l’extérieur, la plantation de million d’arbres pour lutter contre la désertification, l’amélioration de la condition de la femme, la lutte contre la corruption et la nécessaire et indispensable rationalisation du train de vie  des gouvernants et de l’Etat. L’icône de lutte contre la pauvreté vivait au niveau de  vie réel de son pays. Il a par cette attitude emmener son peuple à s’accommoder aux changements, à disposer sa mentalité aux changements, à admettre qu’il lui revient également de consentir des efforts, de s’invertir corps et âme dans les actions visant à améliorer sa condition. Cette contribution de la population a été obtenue sans que Thom SANK ait pris un décret, car l’adhésion du peuple ne s’obtient pas à partir de la promulgation de textes, il s’acquiert à partir du modèle des dirigeants.

 

Les « ennemis du peuple » ont vit fait de noyer l’espoir des peuples africains en l’assassinant lâchent, prématurément. Dès cet instant, « cette faune suceuse du sang du peuple », ceux qui n’attendent que les élections pour parcourir les campagnes, ceux qui préfèrent se délecter des produits de l’impérialisme au détriment de l’économie nationale, de la production locale, au détriment de l’effort, des souffrances de la paysannerie, la plus grande majorité de nos populations ont poursuivit et accentuer la souffrance des populations. L’irresponsabilité, le mensonge, la désinvolture non des dirigeants mais des dirigistes, de guides éclairés mais non éclairant, d’Excellences Messieurs les Présidents, ces élites qui s’emploient à entretenir un train de vie coûteux au niveau de l’Etat maintiennent les populations dans un état d’extrême pauvreté. Ils ont confiné l’Afrique noire dans un imaginaire d’infériorité du fait de leur propre turpitude. L’Afrique noire évoque la dérive, le désespoir, le désastre, le désarroi. La plupart des gouvernants ignore les préoccupations des populations. Ils ont une étonnante idée que l’Etat c’est eux en exerçant prioritairement le pouvoir au profit de leur clan, leurs tribus, leurs affidés. Que ce soit au point de vue économique, politique, social et culturel ce continent est sinistré, sans créativité, sans initiative devant les défis majeurs de ce 3è millénaires. Face à ces défis, les pays d’Afrique noire sont des consommateurs passifs des produits sous-produits des cultures occidentales envahissantes et dominantes, au lieu d’être des co-créateurs des formes de vie sociale, des co-productions de valeurs. Des communautés entières sont au bord de la famine, du désespoir. On assiste à une excroissance de la misère, par la paupérisation accrue des populations due à l’accentuation de la faillite de la politique économique, la subordination des économies africaines à celles des anciennes puissances coloniales. Les roitelets et autres dictateurs ont séquestré politiquement, économiquement, moralement, socialement l’Afrique par des comportements les plus rétrogrades.

 

Aujourd’hui malgré l’avènement de la démocratie, c’est la misère. En effet, après les conférences nationales, c’est le retour au clanisme, au tribalismes, à la confiscation du pouvoir, au pilage de l’économie. Le contenu de la démocratie change selon la position politique des acteurs politiques. On observe un déphasage entre la théorie et le pratique. Tout cela a pour conséquence de plonger nos populations dans une nuit sans précédent d’où il leur sera très difficile de s’en sortir. Dans nos pays, le mauvais exemple vient des dirigeants. Les dirigeants n’ont pas une idée nette de leur mission. Si ce n’est s’enrichir de façon théâtrale, distribuer les dividendes de l’effort du peuple aux membres d’un cercle de copins, à des bénis oui oui. L’Afrique vit une dramatisation constante. Elle a été purement et simplement ruinée par ses propres dirigeants. L’économie est sinistrée. Les dirigeants de l’Afrique noire ont mis en place des politiques économiques de prestige, superflues; des programme de développement audacieux mais irréalistes. Les emprunts n’ont servir qu’à favoriser la consommation des produits importés au lieu de réaliser des instruments de production capables de rembourser la dette. L’Afrique est dépouillé de son symbolisme, de sa métaphysique naturelle.

 

 

 

Konan N’GUESSAN, Côte d’ivoire. juillet 2007

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