Andile Mngxitama | The Sowetan (Afrique du Sud)

18 octobre 2011 traduction le courrier internationale

Le 15 octobre 1987, le président du Burkina Faso, Thomas Sankara, une figure très populaire, était assassiné. Une perte irremplaçable pour l’Afrique noire. Un commentateur du journal The Sowetan, provocateur, le propose en modèle à la jeunesse du pays.

Nelson Mandela en 1990. Trois ans plus tard, il recevait le prix Nobel de la paix. L’année suivante, il devenait président de la République.

Au moment de son assassinat, Sankara était alors le président populaire du Burkina Faso. Une semaine plus tôt, il avait déclaré : “On peut tuer un homme, mais on ne peut pas tuer ses idées.” Sankara est plus important que ces géants du siècle dernier qu’étaient Steve Biko [martyr de la lutte antiapartheid, mort en 1977] et Robert Sobukwe [héros de la lutte antiapartheid, mort en 1978]. Sankara a mis le pouvoir au service du peuple. Nous ne savons pas ce que Biko et Sobukwe en auraient fait. Quant à Nelson Mandela et l’ANC, ce qu’ils en ont fait n’est pas beau à voir. Sankara le visionnaire a montré que seul le peuple peut changer ses conditions de vie.

Vers le milieu des années 1980, Sankara affirmait déjà que la libération de la femme était la clé de voûte de la libération de tous. Et il avait tenu parole, prenant des mesures pratiques pour mettre fin à l’oppression des femmes, interdisant la polygamie, les mariages forcés (ukuthwala), la mutilation génitale (rites initiatiques aussi nocifs que dégradants). Il a été le premier à veiller à ce que les femmes se voient confier des rôles jusque-là traditionnellement réservés aux hommes. Nos dirigeants, qu’ils soient au pouvoir ou non, peuvent-ils tirer les leçons de l’œuvre de Sankara ? Il a réduit les salaires de tous les hauts fonctionnaires, à commencer par le sien, mis fin à l’utilisation des chauffeurs et des billets d’avion de première classe. Il a redistribué les terres des riches et les a données directement aux paysans. En trois ans à peine, la production de blé est passée de 1,7 tonne par hectare à 3,8 tonnes par hectare, permettant à son pays d’atteindre l’autosuffisance alimentaire.

Sankara s’opposait à l’aide étrangère, affirmant que “qui vous nourrit vous contrôle”. Il a transformé le magasin de l’armée en supermarché d’Etat ouvert à tous (le premier supermarché du pays). Il a contraint les hauts fonctionnaires à consacrer un mois de salaire aux projets publics. Il refusait la climatisation dans son bureau, car un tel luxe n’était accessible qu’à une poignée de Burkinabés. En tant que président, il avait considérablement diminué ses émoluments et ses biens se limitaient à une voiture, quatre vélos, trois guitares, un réfrigérateur et un congélateur en panne.

Aujourd’hui, notre pays traverse une grave crise politique, économique et morale. La jeunesse souffre pendant que ses dirigeants se battent pour des privilèges et des postes. Nos intellectuels ne savent pas penser en dehors des idées dominantes. Il est temps de considérer l’exemple de Sankara, de s’en inspirer et d’avoir de nouveau confiance dans le peuple. Le temps des politiciens est révolu !

J’espère que les jeunes Sud-Africains seront plus nombreux à s’inspirer de Sankara, plutôt que des millions qu’amassent Kenny Kunene [ex-détenu devenu riche homme d’affaires, connu pour ses extravagances] et Julius Malema [leader des jeunes de l’ANC] pendant que le peuple souffre.

Andile Mngxitama

Source : http://www.courrierinternational.com/article/2011/10/26/sankara-modele-au-pays-de-mandela

source de l’article original en anglais : http://www.sowetanlive.co.za/columnists/2011/10/18/more-young-people-in-sa-should-be-inspired-by-sankara

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