Il y a quelques mois, San Finna rédigeait un article sur le président Tomas Sankara. Beaucoup de commentaires suivirent, dont certains plutôt négatifs, pour affirmer que nous avions évoqué les points faibles en omettant de citer tout ce qu’il avait réellement fait de positif. Ce dont nous nous défendons. Le sujet est en réalité si vaste qu’il faudrait bien plus qu’un simple article pour raconter toute sa vie .
Quelques jours après ce qui aurait dû être son 62eme anniversaire, San Finna revient en quelques lignes sur cet homme qui aura tant apporté au Burkina Faso ( ainsi qu’à l’Afrique toute entière ) et lui rend hommage, tout en gardant les pieds sur terre et sans faire dans le sentimentalisme lié à sa mort brutale.
Thomas Isidore Noël Sankara ( Décembre 1949 / aout 1987 ), aurait normalement dû fêter ses 62 printemps le 21 décembre 2011. Il avait 38 ans le jour de son assassinat, le 17 octobre 1987.
Plus de 24 ans après sa tragique disparition, Sankara, le capitaine Burkinabé, symbole de la lutte contre l’impérialisme, contre l’oppression, siège fièrement au côté de personnages tout autant historiques tel que patrice Lumumba, Ernesto Ché Guevara, pour ne citer que ceux là. Leader intègre, intrépide et audacieux, Thomas Sankara aura beaucoup oeuvré envers l’agriculture et les paysans pour le sursaut national, se sera évertué à créer un marché intérieur de biens de consommation de masse accessibles, variés et, en avance sur son temps,contribué à l’émancipation de la femme et au changement des mentalités chez la gente masculine. De même, il n’aura eu de cesse de réduire le train de vie de l’état ( parfois un peu trop sévèrement, il faut bien le reconnaître..) et sa gestion scrupuleuse des deniers publiques restera un bel exemple d’honnêteté et de désintéressement dont beaucoup feraient bien de s’inspirer.
L’apothéose dans la carrière de l’homme restera sans aucun doute le fameux discours d’Addis Abéba qui reste encore gravé dans toutes les mémoires et qui n’a toujours pas pris une ride. Le président Burkinabé, alors plus jeune président parmi ses pairs, plaidant contre la dette et l’appauvrissement de l’Afrique, avait donné un coup de pied magistral dans la ruche et montré à tous ces » vénérables…. » ainés, pour la plupart tributaires de la France à fric, que la valeur n’attend pas le nombre des années.
Tout en œuvrant pour le panafricanisme, Thomas Sankara n’aura eu de repos de pointer du doigt la dette odieuse et le diktat des puissances occidentales. Son assassinat ( en compagnie d’une dizaine de ses camarades ), fut justement commandité par ces mêmes puissances étrangères qui voyaient en lui un perturbateur, un empêcheur de tourner en rond, mettant en péril la politique honteuse de la France dans toute la sous région.
Ce qu’on pourra retenir aussi de l’homme fut sa politique axée principalement vers les besoins de son pays : consommons Burkinabé, habillons nous Burkinabé . Féru de cyclisme, Thomas Sankara a également voulu inculquer le gout du sport au sein de la population.
A la mort du premier des hommes intègres, son certificat de décès énonçait une curieuse «mort naturelle» – ainsi que ses 12 collègues – et à ce jour, aucune explication des circonstances de leur mort n’a jamais été donnée.
Il faut cependant reconnaître que la jeunesse, la fougue et l’inexpérience de l’homme auront été pour beaucoup dans ce drame du 15 octobre. Etait-il arrivé trop jeune au pouvoir?? On peut penser que le vin se bonifiant avec l’age, la fin eut été toute autre s’il y était arrivé 10 ans plus tard.
Au point de vue sécurité intérieure, il aura pêché par excès. Jamais auparavant les droits de l’homme ne furent autant bafoués dans un pays. Toute contestation était durement réprimée, les locaux des journaux hostiles étaient brûlés et les opposants emprisonnés sans autre forme de procès. Maintenir la révolution sur de bons rails avait un prix : celui du sang.
Un pays se doit d’être stable et la situation au Burkina Faso laissait entrevoir le drame à venir. Il ne faut pas oublier que la haute Volta de l’époque sortait d’une longue série de coups d’état et qu’elle faisait partie des pays les plus instables de la sous région. Il fallait au pays un homme capable de rester au pouvoir un certain temps donné afin d’engager de profondes réformes nécessaires. Cet homme ce fut Blaise Compaoré.
Thomas Sankara est devenu éternel et il aura amplement mérité de rester parmi les légendes.
Il faut cependant mettre toute passion de côté et reconnaître que sa mort héroïque en aura fait un martyr et contribué grandement au mythe qu’il représente aujourd’hui.
Yann-Yéc’han 27 décembre 2012
Source : Sann Finna http://www.sanfinna.com/?p=16402