Publié le 18 octobre 2013 par sogodo
Cette semaine est marquée par le souvenir d’un digne fils de l’Afrique. Thomas Sankara. En effet, cela fait vingt-six ans qu’est assassiné l’ancien président du Burkina-Faso. Trois décennies environ après sa mort, les idéaux qu’il défendait sont toujours intacts. L’occasion de se rappeler d’autres anciens leaders dont la lutte pour une Afrique épanouie mérite d’être saluée.
Difficile de ne pas commencer cet hommage à Thomas Sankara par cette citation de Martin Luther King tirée d’un discours légendaire qu’il a prononcé le 23 août 1963 devant le Lincoln Memorial, à Washington, D.C. « I have a dream » ; « J’ai fait un rêve… » Le rêve de la liberté des Noirs Américains entièrement partagé par leurs frères du continent africain. Martin Luther King disparu le 04 avril 1968, assassiné par des extrémistes opposés à la cause de liberté, de justice et de dignité de son peuple qu’il portait.
Impossible de parler de Thomas Sankara sans lier aussi son sort à celui de Patrice Lumumba assassiné le 17 janvier 1961 du fait de sa témérité exceptionnelle à tenir tête à l’envahisseur et à réclamer pour lui-même et pour ses compatriotes ce qui leur appartient et qui leur a été ravi.
Impensable d’évoquer la vie de Thomas Sankara sans penser également à l’ancien président de l’Afrique du Sud, Nelson Mandela. Lui qui, dans sa juste lutte pour l’abolition de l’inhumaine politique de l’apartheid, a eu un sort, il est vrai, un peu moins tragique que celui de Martin Luther King, Patrice Lumumba ou Thomas Sankara. Cependant, bien que n’ayant heureusement pas connu la mort physique effroyable de ceux-là, il fit injustement la prison pendant plus d’un quart de siècle et souffre encore jusqu’à ce jour de maux contractés dans sa geôle, maux dont il mourra certainement.
En dehors de ces cas cités, ils sont légion, les leaders Africains, à avoir payé de leur vie, leur tentative de prendre des initiatives pour l’émancipation de leur peuple. Ces dirigeants Africains assassinés, torturés ou réduits au silence étaient tous porteurs d’un rêve pour leur peuple respectif, tout comme Martin Luther King en a porté pour les Noirs Américains.
Le 15 octobre passé, l’Afrique s’est encore souvenu de l’un d’eux, Thomas Sankara.
Né le 21 décembre 1949 à Yako en Haute-Volta (actuel Burkina Faso), Thomas Sankara fut un militaire accompli et talentueux, entré dans l’armée à seulement 19 ans. Son désir de changement des choses l’amena à s’intéresser à la politique. C’est ainsi qu’il fut ministre dans différents gouvernements de son pays avant d’accéder à la magistrature suprême le 04 août 1983 à la faveur d’un coup d’État dont il n’était pas l’initiateur.
« Malheur à ceux qui bâillonnent le peuple ! » Pour Thomas Sankara, la liberté des citoyens passe avant tout.
Thomas Sankara était connu pour son franc-parler qui lui permettait de dénoncer les dérives autoritaires des pouvoirs politiques dans son pays et ailleurs en Afrique. Cette franchise était aimée de la majorité de ses compatriotes et appréciée au-delà des frontières burkinabés. Mais cela ne lui avait pas attiré que des amis. Qu’à cela ne tienne. Thomas Sankara mit en place dès son accession au pouvoir, une politique d’émancipation de son pays à l’égard de toutes puissances étrangères. L’acte symbolique le plus fort qu’il posa en cette matière fut le changement au pays. De la « Haute Volta » qu’il était, « nom issu de la colonisation », ce dernier devint en 1984 et ce jusqu’à ce jour, « Burkina-Faso », « qui est un mélange de moré et de dioula et signifie pays des hommes intègres »[1]. Pour lui, Il ne faut pas « tenir le peuple en respect mais réserver tout le respect pour le peuple ». En cela, il se voulait exemplaire par son train de vie et celui qu’il avait imposé à tous les membres de son gouvernement. Les ressources du Burkina-Faso devaient servir exclusivement, selon lui, au développement de la nation et au bien-être des couches déshéritées.
Appel à une prise de conscience de la génération actuelle pour relever les défis du continent noir. La voix des héros nous parle.
En bon panafricaniste convaincu qu’il fut, l’exemple de Thomas Sankara est à propos pour éclairer les générations actuelles et futures de l’Afrique. Les défis qu’il voulut relever et dont il a été empêché sont toujours d’actualité et les traces de ses pas sont encore visibles sur des sentiers certes douloureux à emprunter mais qui méritent d’être suivis ; peut-être autrement. Refusons les voies de la fatalité, de la facilité et de la lâcheté. Tel est le cri de cœur de Thomas Sankara qui sonne encore fortement et qui dit : « L’esclave qui n’est pas capable d’assumer sa révolte, ne mérite pas que l’on s’apitoie sur sort. Seule la lutte libère ».
Patrice Lumumba hier ne disait pas autrement ; y compris Nelson Mandela aujourd’hui. Sachons que par les luttes de ces derniers, des parcelles ont été conquises ; mais « nous ne sommes pas encore libres. Nous avons [seulement] atteint la liberté d’être libres ».
Thomas Sankara est mort, assassiné, comme tous les autres. Mais les idéaux qu’il portait ne sont pas assassinés.
Donc la voix de ces héros doit continuer de raisonner dans le cœur des Africains, particulièrement des jeunes à qui revient la responsabilité de l’avenir de l’Afrique. Cet avenir commun ne doit point être trahi et vendu pour des intérêts partisans et égoïstes.
Sankara est mort laissant des idéaux qui ne peuvent mourir !
Le rêve de Martin Luther King se réalisa, du moins en grande partie, les Noirs Américains pouvant jouir aujourd’hui d’une plus grande liberté grâce aux luttes d’antan. Le rêve de Thomas Sankara, celui de Patrice Lumumba, Nelson Mandela et d’autres encore, pour une Afrique débarrassée des préjugés et des liens qui la retiennent captive doit aussi se réaliser. Cela est possible grâce aux jeunes générations ; grâce à chacun de nous. Car demain l’Afrique, une autre Afrique est possible !
1] Thomas Sankara , [En ligne]. [http://fr.wikipedia.org/wiki/Thomas_Sankara (Page consultée le 11 octobre 2013).