Arrêt sur l’histoire : 15 Octobre 1987, l’Espoir de plus d’un peuple assassiné
Bassèlougou KAZAGABOU
Le jeudi 15 Octobre 1987, dans les environs de 16h, le processus révolutionnaire qui était engagé dans notre pays connaissait un arrêt brusque. Un Jeudi qui restera dans l’histoire de l’humanité comme le Jeudi noir de la crise économique de 1929.
Thomas SANKARA, le Leader charismatique de la Révolution démocratique et populaire et 12 de ses compagnons étaient abattus par des traîtres sur instigation de la mafiafrique et de tous les réseaux mafieux de même acabit.
Après cette haute trahison comparable à celle que Judas a réservée à Jésus, une campagne d’explications des événements du 15 Octobre fut menée par des renégats sous l’applaudissement d’une poignée d’individus qui avaient vu leurs privilèges injustifiés supprimés sous la Révolution.
Malgré l’absence physique du ”Prophète”, ces explications mensongères mal ficelées n’ont pu convaincre personne.
L’appel à des manifestations de soutien après le forfait tomba dans le vide. Au contraire, des milliers de Burkinabé braveront la peur pour aller se recueillir sur les tombes de SANKARA et des siens.
Orateur et homme d’actions hors pair, l’accession de Thom Sank au pouvoir le 4 Août 1983 avait suscité l’espoir de plus d’un peuple. De son vivant, il prônait la répartition équitable des biens, luttait farouchement contre l’injustice sociale et appelait constamment le peuple à libérer son génie créateur, seul gage d’une indépendance vraie.
La confiance, le mérite et le respect dont jouissaient les Burkinabé étaient dus à la Révolution de Thomas SANKARA.
Par ses œuvres indélébiles et sa clairvoyance, il a su tracer des sillons de progrès pour notre peuple.
En quatre ans, il a fait ce que les autres ne pourront pas faire en un siècle. Cela fait 20 ans que l’homme n’est plus mais ses idées restent et demeurent une source d’inspiration intarissable pour le monde d’aujourd’hui et de demain. Un monument en sa mémoire est érigé à New York dans le quartier Harlem (quartier habité presqu’exclusivement par des Noirs) aux côtés de Nelson Mandela, Ché Guevarra et Martin Luther King. De nombreux établissements et avenues portent son nom dans le monde entier.
Le Héros est reparti tôt comme la plupart des héros. Mais comme Martin Luter King l’a dit ”Ce n’est pas la durée de la vie qui compte mais sa teneur et ce qu’on fait pour l’humanité.”
20 ans donc après que SANKARA ait été poignardé dans le dos par des individus qui ne constituent aucune référence ni hier, ni aujourd’hui, ni demain pour nous, notre pays se trouve à la croisée des chemins.
Cet acte ignoble et tout ce qui s’en est suivi ont fini par nous convaincre, si besoin en était, que les autres étaient tout sauf des révolutionnaires.
La débauche, la corruption, les détournements massifs, une justice à 2 vitesses sont entre autres les maux qui minent notre Société.
Quelques villas luxueuses et quelques kilomètres de bitume construits sur des détournements de fonds et du blanchiment d’argent sont exhibés comme tout bilan.
” Malheur à celui qui bâtit une ville avec le sang, qui fonde une ville avec l’iniquité” (Habacuc 2 : 12).
Quand on fait un tour dans le Burkina profond, on revient en larmes (pour ceux qui en ont toujours). Le sort du peuple est décidé pendant des heures de distraction dans des salons à l’harmonie douteuse.
Des lieux de culte sont construits dans le pays sur la base de fonds dont l’origine est autre que ce qu’on veut nous faire croire ; tout cela pour endormir le peuple.
Nous n’allons pas jusqu’à dire comme Karl Max que la religion est l’opium du peuple (nous ne sommes pas athée) mais nous disons et nous insistons qu’au Burkina Faso, la religion est utilisée par des gens sans scrupule comme opium.
En attendant la grande messe d’Addis Abeba, j’invite le peuple à plus de vigilance et de discernement pour mieux prendre son destin en main. Le laisser aller Epicurien ne nous mènera nulle part.
Quand la Russie était à la croisée des chemins, Lénine s’est interrogé à travers un livre célèbre dont le titre est ”Que faire ?”. Nous gagnerons beaucoup à suivre cet exemple.
Sur ce, je lève ma plume tout en ayant une certitude : l’image que ceux qui ont trahi la Révolution d’Août laisseront à la postérité ne sera pas autre que celle que Judas a laissée au monde chrétien n
Bassèlougou KAZAGABOU basselougou@yahoo.fr
Source L’Evènement N°125 du 10 octobre 2007 http://www.evenement-bf.net