Nous vous présentons ci-dessous un document historique sur les relations entre la République Populaire du Congo et le Burkina Faso. Fidèles que nous sommes à notre projet de livrer au public le maximum de documents sur la révolution.

Il convient cependant de rappeler que Sassou N’guesso est depuis devenu un président emblématique de la Françafrique, opprimant son peuple et enrichissant sa famille, grâce notamment au pétrole exploité dans son pays. Il se présentait à l’époque comme un révolutionnaire.

Ainsi la justice française, sous l’impulsion de plusieurs ONG ayant porté plainte pour “biens mal acquis”, enquête sur la façon dont il a bâti son patrimoine, comme elle enquête sur les fortunes accumulés par d’autres présidents ou ex-présidents.

La rédaction


Sur invitation du camarade Thomas Sankara, président du Conseil national de la révolution, chef du gouvernement révolutionnaire du Burkina Faso, le camarade Denis Sassou N’guesso, président du Comité central du Parti congolais du travail, président de la République populaire du Congo, chef du gouvernement, a effectué une visite de travail au Burkina Faso du 20 au 22 février 1986.

Les liens de fraternité et d’amitié profonds qui unissent les peuples burkinabè et congolais, leur attachement à la lutte anti-impérialiste, ainsi qu’aux mêmes idéaux de paix et de démocratie, ont valu au chef de l’État congolais, ainsi qu’à la délégation qui l’accompagne, un accueil particulièrement chaleureux et enthousiaste de la part du peuple burkinabè mobilisé au sein des Comités de défense de la révolution.

Au cours de son séjour, le chef de l’État congolais s’est rendu à Bobo-Dioulasso où il a reçu un accueil populaire, rencontré des responsables et visité des réalisations socio-économiques.

Le camarade Thomas Sankara a eu avec son illustre hôte des entretiens en tête-à-tête qui se sont déroulés dans l’atmosphère de fraternité et de cordialité qui a toujours caractérisé les relations entre les deux pays.

Au cours de ces entretiens, les deux chefs d’État ont procédé à un large tour d’horizon et à un échange de vue tant sur les questions de coopération bilatérale que sur les principaux problèmes internationaux.

Ont pris part à ces entretiens,

– du côté burkinabè :

Les camarades capitaine Blaise Compaoré, ministre d’État délégué à la présidence du Faso, ministre de la justice ; capitaine Pierre Ouédraogo, secrétaire général national des Comités de défense de la révolution ; chef de bataillon Boukary Jean-Baptiste Lingani, commandant en chef du Haut-commandement des Forces armées nationales, ministre de la défense populaire ; Basile Laetare Guissou, ministre des Relations extérieures et de la Coopération ; Béatrice Damiba, ministre de l’Environnement et du Tourisme ;

– du côté congolais :

Les camarades Antoine N’dinga Oba, membre du bureau politique du Parti congolais du travail, ministre des Affaires étrangères ; Jean-François Bembet, membre du Comité central du Parti congolais du travail ; Douniam Ossebi, ministre de l’Économie forestière.

Sur le plan bilatéral, les deux présidents se sont félicités des succès remportés par les deux révolutions. Dans ce cadre, le président Thomas Sankara a fait un exposé succinct sur la mobilisation de plus en plus forte du peuple burkinabè, ce qui a permis des réalisations socio-économiques importantes, notamment en matière d’agriculture, de maîtrise de l’eau, d’habitat et de protection de l’environnement.

En réponse, le président de la République populaire du Congo a félicité les vaillants militants du Burkina Faso pour la lutte acharnée qu’ils ont résolument engagée contre le sous-développement et ses conséquences aliénantes qui sont : la pauvreté, l’analphabétisme et la malnutrition.

Les relations entre les deux pays ont fait l’objet d’un examen attentif. Les deux présidents se sont félicités de leur évolution heureuse et de leur qualité ; ils ont convenu de mettre tout en œuvre pour les renforcer davantage afin de les amener à un niveau de développement conforme aux aspirations de leur peuple.

Dans ce contexte, les deux chefs d’État ont relevé la dimension de l’importance de l’accord général de coopération entre le gouvernement du Burkina-Faso et le gouvernement du Congo, et constaté avec satisfaction la tenue régulière des réunions de la grande commission mixte de coopération qui existe entre les deux pays.

Au plan international, les deux présidents ont relevé avec satisfaction leur similitude de vues sur l’ensemble des problèmes évoqués, et réaffirment leur volonté commune d’œuvrer pour une paix durable en Afrique et dans le monde. À cet égard, ils ont renouvelé l’indéfectible attachement de leurs deux États à la charte de l’Organisation des Nations Unies, à celle de l’OUA et aux principes fondamentaux de non alignement.

En abordant tout d’abord la situation en Afrique, ils ont constaté avec satisfaction qu’en dépit des obstacles que leur impose l’impérialisme, le colonialisme et le néocolonialisme, les peuples africains ne cessent de renforcer de grandes victoires dans la réalisation et le parachèvement de leur indépendance politique et économique.

Examinant la situation en Afrique australe, les deux chefs d’État ont condamné les manœuvres impérialistes visant à perpétuer l’hégémonie du régime colonialiste et raciste de Pretoria en Afrique australe, en tentant de maintenir le système inhumain de l’apartheid, en retardant l’indépendance de la Namibie et en exerçant une pression continue sur les pays dans la région.

À cet égard, les deux présidents ont réaffirmé leur engagement ferme aux côtés du peuple d’Afrique du Sud, ce sous la direction de l’ANC, pour faire de 1986, l’année de l’assaut final contre l’apartheid et pour la proclamation d’un État libre et démocratique en Afrique du Sud.

Ils ont renouvelé avec force leur soutien indéfectible et leur solidarité agissante au peuple frère de Namibie dans son combat libérateur sous la direction de la SWAPO.

Ils ont lancé un appel pressant à la communauté internationale afin que les résolutions de l’ONU et de l’OUA sur l’Afrique du Sud et de la Namibie soient appliquées dans les meilleurs délais. Ils ont demandé notamment l’application immédiate de la résolution 635 du Conseil de sécurité sur l’indépendance de la Namibie, et rejeté le lien artificiel et fallacieux entre cette indépendance et le retrait des troupes cubaines d’Angola. Ils ont condamné l’aide massive accordée par certains pays à Jonas Savimbi, allié patenté du pouvoir raciste en vue de semer la mort et la désolation, et aussi de contrecarrer les efforts de reconstruction nationale entrepris en Angola, pays africain indépendant, membre de l’OUA, de l’ONU et du mouvement des pays non alignés.

Ils ont enfin exprimé leur solidarité et décidé d’apporter leur soutien aux pays de la ligne de front dans leur lutte contre les agressions du régime de Pretoria et lancent un appel pressant à tous les peuples africains afin qu’ils apportent leur aide matérielle et morale à ces pays.

Abordant la question tchadienne, les deux présidents ont exprimé leur profonde préoccupation devant la recrudescence des combats et les risques d’internationalisation du conflit. Ils ont condamné avec vigueur les interventions étrangères dans ce pays et demandé le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale du Tchad. Ils lancent un appel à toutes les parties tchadiennes pour promouvoir de toute urgence une réconciliation nationale sous l’égide de l’OUA.

Le camarade président du Faso a félicité le camarade Denis Sassou N’guesso pour ses inlassables efforts en faveurs de la paix du Tchad. En ce qui concerne le Sahara occidental, ils ont réaffirmé leur soutien aux résolutions de l’OUA et demeurent convaincus que seule la négociation directe entre le Maroc et le Front Polisario, conformément à la résolution 104/ANG du 19e Sommet de l’OUA et aux résolutions 39/40 et A/40/906 de l’ONU portant reconnaissance des droits internationaux du peuple sahraoui, de résoudre le problème.

Faisant le point sur la situation au Moyen-Orient, les chefs d’État ont réitéré leur soutien indéfectible et constant au peuple palestinien sous la direction clairvoyante de l’OLP pour la création d’un État palestinien libre et indépendant, conformément aux résolutions pertinentes des Nations-Unies. Ils ont condamné les complots de toutes sortes visant à liquider la cause palestinienne.

Ils ont dénoncé et condamné énergiquement la collaboration croissante et l’alliance odieuse qui existe entre Israël et le régime raciste d’Afrique du Sud, surtout dans les domaines militaire et nucléaire qui mettent en danger la paix et la stabilité de l’Afrique et du monde entier.

En ce qui concerne la situation entre l’Iran et l’Irak, ils lancent un appel pressant afin que les armes se taisent et que les deux pays frères règlent leurs problèmes autour d’une table de négociation.

Analysant la situation politique internationale, les deux chefs d’État ont réaffirmé leur conviction quant à la nécessité pour les peuples de resserrer leurs rangs dans la lutte contre l’impérialiste et pour l’avènement d’un monde de paix et de liberté conforme à leurs aspirations.

Ils ont également exprimé leur intime conviction que la sauvegarde de la paix et de la sécurité dans le monde passe incontestablement par l’instauration d’un nouvel ordre économique international, mettant fin à la domination et à l’exploitation que les pays industrialisés imposent aux pays en voie de développement. À cet égard, ils ont insisté sur l’importance du renforcement des relations économiques interafricaines et sur la complémentarité des économies des États africains.

Les deux dirigeants réaffirment leur engagement révolutionnaire à pratiquer un internationalisme militant et conséquent, basé sur la lutte implacable contre la réaction, l’impérialisme et pour le bonheur des peuples dans leur liberté.

Les deux présidents se sont félicités du climat de franchise et de fraternité révolutionnaire qui a caractérisé leur échange de vues et ont salué les résultats positifs auxquels ils sont parvenus dans les domaines politique, économique, culturel et de l’information. Ils ont insisté sur la nécessité de poursuivre de telles concertations afin de consolider les liens d’amitié et de coopération qui unissent les deux pays.

À l’issue de son séjour au Burkina Faso, le président Denis Sassou N’guesso a, en son nom et au nom de la délégation qui l’accompagne, vivement remercié le peuple burkinabè, le Conseil national de la révolution et le gouvernement révolutionnaire pour l’accueil chaleureux et authentiquement africain qui leur a été réservé.

Fait à Ouagadougou, le 22 février 1986.

Pour la République populaire du Congo,

Le président du Comité central du Parti congolais du travail,

Président de la République du Congo,

Denis Sassou N’guesso

Pour le Burkina Faso,

Le président du Conseil National de la révolution,

Président du Faso,

Chef du gouvernement,

Capitaine Thomas Sankara

Carrefour africain N° 924 du 28 février 1986

 

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