Par Thibaut FRANÇOIS
L’ambition était de taille pour le colloque qui s’est tenu en à l’Université de Ouagadougou du 26 au 28 juillet 2022. Elle était à la mesure de la cérémonie d’ouverture où ont discouru devant une salle comble Alain Coeffé, ancien ministre de la Révolution et Parrain du colloque, Albert Ouédraogo, Frédéric Ouattara, respectivement Premier Ministre et Ministre de l’Enseignement Supérieur, et le Professeur Pam Zahonogo, Président de l’Université. Il faut dire que le thème « Thomas Sankara et le Développement » ne cesse de mobiliser les Sankaristes revendiqués – le Mémorial Thomas Sankara a ainsi organisé des navettes pour se rendre au colloque – et la jeunesse politisée. Tout en assurant une vitrine sur la scène internationale à l’Université, c’était donc un évènement à la fois scientifique et politique qui eut lieu pendant ces 3 jours.
Ainsi, pas moins de 85 communications ont été délivrées, sur des thématiques très différentes, par des chercheurs venant de divers horizons, aussi bien nationaux que disciplinaires – économie, histoire, littérature… Certaines étaient en lien direct avec Sankara et la Révolution, d’autres avaient un aspect beaucoup plus contemporain et pragmatique. Les séances débutaient par l’intervention d’un panel de personnalités, principalement des témoins de la Révolution, ce qui montre également la dimension mémorielle de ce colloque.
Lors de la cérémonie de clôture, une synthèse des discussions et des propositions ont été faites pour éclairer les politiques publiques :
- Axe 1 – Actualiser et appliquer la politique nationale de l’habitat, s’inspirer de la politique étrangère de Thomas Sankara, mener avec volonté lutte contre la fraude.
- Axe 2 – Sauvegarder l’environnement avec une actualisation des 3 luttes, Veiller à ce qu’à la fin des visites officielles l’on procède à une plantation et à l’entretien d’arbres.
- Axe 3 – Reformer la propriété foncière, s’approprier le contenu du Ditanyè a travers la formation des agents.
- Axe 4 – Puiser a la source du patriotisme et de l’intégrité – Renforcer l’estime de soi a travers la production de la culture.
- Axe 5 – Financer les capitaux endogène.
- Axe 6 – Réexaminer le refus du paiement de la dette et le néolibéralisme, réformer le système éducatif.
Ci-dessous une vidéo de “capitalisation du colloque” réalisée par la RTB (Radio télévision burkinabè).
On peut peut-être regretter l’aspect vaporeux de telles propositions, notamment lorsqu’on les met en rapport avec l’exigence de concret du PF. Et il est certain que ce colloque a encore confirmé l’aspect de plus en plus consensuelle de l’image de Sankara et même de la Révolution. « Sankara partout, Sankara nulle part » écrivait Ra-Sablga Seydou Ouédraogo (voir http://www.thomassankara.net/30-ans-apres-sankara-partout-sankara-nulle-part/) et l’on pourrait dire que le meilleur moyen de sortir de cette aporie est aussi de rendre à celui qui n’a jamais prétendu être un messie ou même un romantique sa place dans l’Histoire. Et l’on fera remarquer non sans malice, aux vues des réactions du public face aux intervenantes du panel « Femme, jeunesse et politiques de développement au 21ème siècle », que le seul Sankara qui continue de déranger, y compris parmi ses fervents admirateurs, est le Sankara féministe. Aux Sankaristes conséquent.e.s d’en tirer les conclusions qui s’imposent.
Dans tous les cas, l’évènement s’est terminé par la proposition d’Alain Coeffé d’institutionnaliser ce colloque tous les 2 ans, ce à quoi le Président de l’Université a répondu que cette proposition serait étudiée avec le plus grand sérieux à l’interne. De même, les meilleures communications devraient être publiées prochainement. Affaire à suivre donc…
Thibaut FRANÇOIS
Thibaut FRANÇOIS est un doctorant qui a participé au colloque et avec qui nous échangeons régulièrement des réflexions et des archives. Nous publierons bientôt son intervention sur le thème de “Thomas Sankara corruption et développement”
